XXVI : The Deeper – The Better débarque chez toi un peu comme Michael Douglas dans une épicerie coréenne, il vient pour faire de la monnaie et repart en ayant à peu prêt tout éclaté.
Destination nulle part, le précédent rejeton de Necroblaspheme, avait déjà pas mal marqué son territoire à grands coups de latte dans la gueule. Mais par rapport à ce nouvel opus c'était de la petite violence, du babillage presque. Enfin, plus exactement, des défauts de jeunesses. Fort de cette solide base le groupe pousse maintenant le concept encore plus loin, un jusqu’au-boutisme pertinent.
Il faut garder à l'esprit qu'il y a un truc chiant avec les « musiques extrêmes ». À toujours vouloir avoir la plus grosse queue, ça bande mou, ça se ressemble, bref ça devient une surimpression de merde. Là c'est totalement le contraire, le groupe s'approprie pleinement son univers, il le transcende. Pleins de petites trouvailles, avec des morceaux de bravoures. Prêt pour le high kick ?
On commence par en prendre pleins les yeux avec l'artwork. C'est une claque infligée aux photoshopages sans âmes qu'on peut trouver sur le marché. Un visuel esthétique, plein de sens, en parfaite harmonie avec le contenu du disque. Rien n'est gratuit. Ça devient trop rare pour ne pas être souligné…
Puis vient le viol net et sans bavure de vos petites oreilles. Seated To The Left Of The Sick, débarque avec un riff d'intro qui monte comme le fait l'adrénaline dans une bagarre entre gros bras. Mais ici, il n'y a pas de débordement, non, non, tout est contenu,. Dans les règles de l'art. Une marave à l'ancienne quoi. C'est la sincérité qui parle.
C'est vraiment quand H. vs H. : Last Exit se fait entendre que l'on comprend l'étendue du chef d'œuvre. Prêt de 6 minutes sur de la dentelle. Ouais, de la dentelle. Quelque chose de fin, de précis, dans cette déferlante de puissance. On en arrive là. Sur le fil. À saisir l'instant. Cette putain de fin… Elle est est juste magistrale, la lumière… le fonds du tunnel… la chute libre, perpétuelle. Je peux crever.
Mais pas tout de suite, la perfusion continue, I, Shemale fait l'effet d'un défibrillateur, on repart pour un tour, pour une nouvelle vie. Un nouveau sexe. « I wanna be somebody else », négation ultime, pulsion destructrice et créatrice à la fois. Le néant. Cela conduit à rythmer des trucs improbables. Un putain de groove sans pour autant que ça sonne « amateur de musique qui veut jouer trop de notes, trop vite ». On est dans la maîtrise encore, toujours. Puis vient LA surprise de l'album. The Sound Of Silence… oui, une reprise, et quelle reprise. Je me répète, mais cohérence absolue, il n'y a pas de mise au poing à faire, la place de cette chanson est évidente. Les paroles sont portées dans un autre monde, mais elles ne deviennent pas vide de sens. Loin de là.
On approche de la fin Vautour vient planer au dessus du cadavre, le blast est toujours omniprésent, entêtant comme cette rythmique super punchie. Et encore une fois je bloque sur la fin, la fin… ouais… toute les chansons de cet EP se clôturent de façon magistrale, lourd de sens.
Vient The Great Dead Moose, le véritable poing final, la perfection. Les mains sont endolories d'avoir trop cogné, on mouche rouge, mais on danse, danse, cette dernière piste est une putain d’apocalypse. Comme dirait l'autre c'est « quand le mouvement du dedans rejoint celui du dehors et que toutes vos idées alors s’éparpillent et vont s’amuser enfin avec les étoiles. ».
Ne faites pas chier avec vos chichis trouducuteux, oui, c'est court, trop court, mais l'épicerie en gros mène la danse, achetez l'EP et fermez vos gueules.
Ymishima (08 /10)
www.myspace.com/necroblasphemeband
Season of Mist – Deeper & Sons / 2012
Tracklist (28:02)
1.Seated at the Left of the Sick 2.Human vs Humans : Last Exit 3.I, Shemale 4.The Sound of Silence 5.Vautour 6.XXVI : The Great Dead Moose