Le Kommando Peste Noire arrête de dire « merde ! » et se met à casser des bouches. C'est un peu comme ça que je vois l'Ordure à l'état pur.
Ballade Cuntre Lo Anemi Francor commençait déjà à botter des culs… Mais ça ne sonnait pas vraiment babtous pur souche. Avec ce nouvel album, une étape est franchie. En commandant le CD, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre… Et en voyant le résultat, je crois que je ne pouvais de toute façon pas imaginer l'ampleur de la révolution qui a eu lieu.
Car oui, Peste Noire signe là une bande son à la hauteur de la « fin du royaume de France » et comme je vous le dis, ça tape fort. Un mélange explosif de différents styles musicaux, furieusement rock n'roll, terriblement punk… On range sa batte de base-ball et on écoute.

Première surprise avec « Casse, Pêches, Fractures et Traditions » (tout un programme), le son n'est pas cradingue ! Pour la première fois, le KPN a une production digne de ses prétentions : les instrument sont audibles, et foutrement diversifiés – accordéon, trombone, violoncelle… Ouais, on parle bien de Peste Noire là. Mais je calme directement les craintes des crétins bas du front, ça reste très incisif et on reconnaît sans problème la touche de DJ Famine. Heureusement, on ne tombe pas dans la cacophonie : ça joue la surenchère, mais propre, avec un incroyable sens du rythme et des gimmicks supers entraînants.
On le vérifie sur « Cochon Carotte et les soeurs Crottes. » Avec une deuxième surprise… Des putains de beats électros. Ouais, le dernier Peste Noire passerait bien en boîte : « au galop ma prolo », ça va choper sur le dancefloor : il y a de quoi shaker son booty… Et on peut en outre hurler les paroles en riant très fort. Je reviendrai sur le chef d'oeuvre qui nous est livré au niveau du vocable plus tard… Car arrive « J'avais rêvé du Nord ». La fête est troublée… alors on sort le pompe et en avant les vauriens !
Malgré le changement radical d'ambiance, on reste dans le délire incroyable d'un monde en totale déliquescence. Monument en flamme d'une vingtaine de minutes, le cœur même de l'album. Les passages chantés par Audrey sont lumineux, véritables odes au métal noir. Cette longue féérie s'achève avec l'arrivée de « La Sale Famine Von Valfoutre ». Un morceau qui relève du coup de pied au cul, de la trique… Une agression en règle. Plus proche des anciens albums du groupe, elle n'est pas pour autant en retrait, grâce à un tempo effréné et un sens du style inégalable. Sans oublié les samples qui sont assez renversants… Vient le moment d'en finir : l'album se termine sur La Condi Hu, et cette fois la fête est bel et bien achevée. On remballe, retour à la triste humanité qui nous entoure. Cette chanson est une énumération de maladie que le docteur Destouche aurait trouvée bien répugnante… Plein de panache, l'album s'endort, presque doucement…

On est à une paille du chef d'œuvre absolu. Epargnez moi les gouts et les couleurs, rien à voir.
L'album est d'une cohérence sans faille du début à la fin. Les paroles sont d'une truculence inégalable, tout en gardant un certain second degré et une part d'humour noir. Céline disait que « Les mots ne sont rien si ils ne sont pas notes », Famine l'a bien compris et fait danser le Français comme personne. Pour ce qui est du graphisme c'est Valnoir qui est aux commandes : celui qui voulait de longue date collaborer avec Peste Noire a eu l’occasion une fois encore de faire parler son talent. C'est un sans faute, et le groupe a enfin un écrin digne de son nom. Je regrette juste l'absence de digipack ; enfin, titilleries d'anus que cela… Alors fermez vos gueules et dansez!

Ymishima (09/10)

Tracklist (1:00:23)
La Mesnie Herlequin / 2011
1. Casse, Pêches, Fractures et Traditions 2. Cochon Carotte et les Sœurs Crotte 3. J’Avais Rêvé du Nord 4. Sale Famine Von Valfoutre 5. La Condi Hu