Archive for septembre, 2012

Feastem – World Delirium

À l’approche du Bloodshed Fest, la grand-messe hollandaise du grind et du bourrin, il est grand temps de me pencher sur le dernier effort d’un des groupes figurant à l’affiche et qui, au moment de sa sortie, était passé inaperçu chez votre serviteur : World Delirium, par les furieux finlandais de Feastem.

Feastem ne recherche pas la difficulté : 18 plages expédiées en à peine 27 minutes, nos amis finlandais nous gratifient d’urgence grindiloquente dans toute sa splendeur. Aucun temps mort. Aucun répit. Un sentiment d’agression continu. Pour les influences, tournez-vous vers le Napalm Death des débuts, les regrettés Nasum ou leurs compatriotes de Rotten Sound. Pour le son et la prod’, là aussi, on est très proches des Nasum et autres Rotten Sound : gros son, une guitare qui grésille un peu, une batterie impitoyable et un beugleur qui s’égosille tout du long. Un seul ton, aucune variation, mais le bougre s’y connaît pour transmettre ce sentiment de hargne à la face de ses auditeurs.

Feastem ? Fist Them, plutôt ! World Delirium fait mal par où il passé. Sale, méchant, rugueux, cet album ravira les oreilles les moins chastes et égaiera les dîners en famille. Ou pas. À (re)voir en tournée cet automne avec Kill The Client !

Mister Patate (8/10)

Myspace officiel

Obscene Productions – 2011
Tracklist (26:45) 1. Redeemer 2. The New Practice 3. Nalka 4. Dead Eyes 5. I Create 6. Lighter 7. Pohjalta Kuuluu 8. Kahdella Haulilla 9. Fucktory 10. The Lie 11. Rahateuras 12. Working Man Blues 13. Momentary 14. Trapped 15. God's Perfect Creation 16. Squeal 17. Riot 18. One More

 

Hess – Living In Yesterday

On suivait un peu de manière intermittente Harry Hess depuis la fin des regrettés Harem Scarem en 2008. Le chanteur du combo canadien s'est depuis consacré à la production (il possède un studio à Toronto) et avait enregistré un disque typique du label Frontiers : First Signal. Malgré la présence de Harry Hess mis en avant bruyamment par la promotion, ce dernier n'avait rien composé sur ce disque, œuvre des compositeurs habituels de Frontiers. Ici, sur ce Living In Yesterday, Hess est cette fois franchement aux commandes, même si on retrouve aux différents instruments des habitués de Frontiers comme Magnus Karlsson ou Tommy Denander. On peut parler donc de disque solo à part entière, même si Pete Lesperance – le compère de toujours – s'est occupé de la majeure partie des guitares et des basses.

Que nous propose donc Hess, au commande de son propre disque cette fois ? Malgré un « Living In Yesterday » en ouverture très dynamique qui rappelle furieusement les meilleurs moments de Harem Scarem, il faudra se rendre à l'évidence : le propos n'est pas vraiment le même que celui du groupe défunt. Même si la voix toujours aussi belle et identifiable permet de faire un trait d'union avec le groupe canadien disparu, la légéreté des guitares lorgnant plus vers le rock que vers le hard même mélodique (« Nothing Lasts Forever » au demeurant tout à fait agréable) nous montre clairement qu'il ne s'agit pas tout à fait de la même chose.

En fait le propos s'est apaisé, l'abondance des ballades (« It's Power ») ou power ballades (« Falling Down » ou « I Live For You » qui évoque clairement le Bon Jovi actuel) en témoigne nettement. Cela peut créer de forts beaux moments à l'image de la délicate « Where To Run », mais malheureusement les lignes de chant et les mélodies sont tout sauf novatrices : c'est le genre de chose que l'on trouve très régulièrement sur les ondes des grandes radios US. À savoir un rock lêché et plutôt bien fichu, mais à obsolescence programmée. Le très « power pop » pas très loin d'un The Rasmus, « I Don't Wanna Want You » est sur ce point exemplaire : tout ceci est très bien composé et accrocheur au diable, mais un peu trop propre pour être honnête.  

Malgré les qualités d'accroche réelles de ce Living In Yesterday, je doute que malheureusement il traverse le temps aussi bien que « Mood Swings » d'Harem Scarem. Il reste néanmoins à profiter d'un vrai instant agréable avec ce nouvel essai solo de Hess, un essai qui correspond sans doute pleinement à la musique qu'il compose et enregistre pour d'autres. 

Baptiste (6/10)

 

Site officiel

Frontiers / 2012

Tracklist : 01. Living In Yesterday 02. Reach For You 03. It’s Over 04. Don’t Leave Me 05. What If 06. Nothing Lasts Forever 07. Falling Down 08. I Live For You 09. I Don’t Wanna Want You 10. Where To Run

Le papier, juste bon pour se torcher ?

 
Un titre accrocheur, certes, un brin provocateur, reconnaissons-le. J’en vois qui sortent déjà le popcorn et s’attendent à une diatribe anti-presse papier de la part de votre cher serviteur, une attaque sabre au clair face aux Rock Hard, Hard Rock et autres Rard Hock (ouais, ils ont tous le même nom, avec juste une petite variante)… Que nenni ! Aujourd’hui, dans un grand fracas, j’ai découvert une nouvelle utilité au papier : il permet aux organisateurs de festival de séparer le bon grain de l’ivraie, le magazine papier du vulgaire webzine.
 
Le contexte ? La Belgique. Un pays plat, terne, dont les habitants sont assez cons pour se laisser monter le bourrichon les uns face aux autres pour une histoire linguistique. Retirez-leur les bières et le chocolat et il ne leur reste rien, si ce n’est une justice défaillante et une cohorte de ministres. Dans ce pays, un festival où la femme est mise à l’honneur. Une édition anniversaire regroupant la fine fleur du Metal à chanteuse. Un rendez-vous incontournable. Et la réponse, lapidaire, à notre demande de pass photo : « On ne donne pas de pass photo aux webzines, c'est marqué dans les formulaires ».
 
Je suis assez déçu. Je pensais que les organisateurs de festivals, avec le temps, auraient compris que les webzines peuvent aussi faire un boulot aussi pro que les magazines papier. Mieux encore : de par son format, le webzine est plus réactif et ne dépend pas des impératifs liés à l’impression. Soulignons aussi sa gratuité et son « pressage » virtuellement illimité (toute personne ayant Internet pouvant accéder aux photos, aux archives, aux articles pour pas un cent). Et pourtant, certains s’obstinent à considérer tous les webzines comme une équipe de bras cassés amateurs. Reconnaissons-le : nous ne sommes pas des pros. Nous ne gagnons pas un euro avec nos sites, au contraire : frais d’hébergement, essence pour se rendre aux nombreux festivals, tickets de concerts (car toutes les orgas ne nous laissent pas entrer aux frais de la princesse, quoi qu’on en pense)… Nous sommes des passionnés. Nous sommes comme vous, à la différence près que nous donnons notre avis sur le net alors que vous, vous lisez nos articles et écoutez des albums sans en faire part sur la toile. Nous sommes des fans qui ont la chance, l’espace de trois morceaux, de photographier nos groupes favoris, voire de les interviewer avant le show. Et malgré tout, certains nous considèrent encore avec dédain et nous excluent d’office, sans même prendre la peine de jeter un œil à notre travail. Tant pis pour eux. Nous ne mettrons pas un pied à leur festival et nous jugerons arbitrairement que leur organisation n’est pas à la hauteur d’autres fests plus « webzine-friendly ». Un raisonnement stupide, mais qui vaut le leur.
 
Qu’à cela ne tienne, attendez-vous encore à quelques photos d’ici la fin de l’année, la majorité des organisateurs étant, heureusement, moins intransigeants que ces quelques irréductibles qui ne jurent que par 50 pages de papier glacé…