Il est faut être honnête : les escapades solo des guitaristes virtuoses sont rarement de grandes réussites, sauf si la carrière solo est leur centre de gravité en terme d’implication. En général, on refourgue quelques riffs et mélodies sympa-thiques mais incasables dans le groupe officiel, on fait appel à quelques amis pour interpréter les autres instruments, puis le tour est joué. Ce Bad Mad Man du soliste de Galleon, Sven Larsson, correspond tout à fait au schéma que je viens d’évoquer. Bien interprété, il manque cruellement de points forts ce qui rend l’écoute très vite décevante.
Car on pouvait concevoir des attentes envers ce guitariste extrêmement brillant qui marque de son empreinte le combo de progressif Galleon mais aussi, dans un genre AOR, Street Talk. Chacun de ses solos y est proprement lumineux. Or, Ici, nada. Il n’y a rien de bien « méchant » ou « fou » sur ce Bad Mad Man fort mal nommé. Refusant d’enregistrer un disque de guitare instrumental, Sven Larsson a pris lui même le micro pour chanter ponctuellement et a fait appel à Goran Edman, Anders Åhlund ou Thomas Eriksson pour s’acquitter de cette tâche sur la majorité des chansons. Le tout sonne parfois un peu à la manière d’un Eric Johnson, ce qui pour moi serait plutôt un compliment.
Le problème est que beaucoup de compos lorgnent vers une pop gentillette, pas désagréable, mais assez secondaire (« Dance The Night Away », « How Could It Come To This » et j’en passe). On remarque bien que le rythme s’accélère sur le plus AOR « Sin City », un titre doté d’une bonne prestation de Göran Edman. Dans un genre plus rock « Bad Mad Man » tient aussi assez la route. Et il faut reconnaître par ailleurs, la qualité de l’accompagnement. Les sonorités jazzy de « Look The Ghost In The Eyes » sont franchement bien intégrées notamment de ce fait. Mais rien ne décolle réellement.
On déplorera notamment le manque de flamboyance des parties solos de Larsson. C’est quand même un comble que Sven Larsson ne se soit pas lâché plus sur son disque solo ! On trouve bien sporadiquement de belles parties, notamment sur les deux intrumentaux (« Green Unit » et son super solo de clavier et « Welcome To My Island ») mais surtout sur « The Missing Link », où il retrouved de sa superbe pour de très beaux duels de solo avec le claviériste. Les influences West Coast sonnent alors pour le mieux. Mais cela semble globalement peu.
Ses prestations vocales sont par contre elles plus que correctes. Il n’est pas ridicule comme pouvait l’être un Satriani, lorsqu’il empoigne le micro pour les gentilles ballades « Forever You & Me » ou « The House Upon The Hill ». Le problème en fait n’est pas ici l’interprétation – irréprochable – que l’orientation – contestable. Déçu je suis déçu, même si je dois reconnaître objectivement les qualités réelles formelles de Bad Mad Man… Faisons l’hypothèse que Larsson a cherché avant tout son plaisir personnel. Dans ce cas : pourquoi pas ?
Baptiste (6/10)
Avenue Of Allies / 2012
Tracklist (51:05) : 01. Dance The Night Away (03:10) 02. Sin City (03:12) 03. How Could It Come To This (04:39) 04. Bad Mad Man (05:53) 05. Forever You & Me (03:07) 06. Missing Link (06:56) 07. Green Unit (05:29) 08. Look The Ghost In The Eyes 03:09) 09. The House Upon The Hill (04:09) 10. Castle Of Mine (04:38) 11. Welcome To My Island (05:58)