Archive for novembre, 2012

Comment se réinventer après une carrière de plus de trente ans ? Comme éviter les pièges de la répétition et de l'auto-citation ? Comment satisfaire toutes les générations de fans, certains conservateurs, d'autres friands de novation ? Ce sont les problèmatiques qu'affronte avec un certain brio depuis des années déjà Marillion. Le groupe est en effet un des rares groupe d'un âge franchement poussé à pouvoir produire non seulement de très bons disques (Hapiness Is The Road – 2009), mais de grands disques (le colossal Marbles – 2004). 

Pourtant tout n'était pas au beau fixe dans le groupe, de telle sorte que les fans durent attendre trois bonnes années pour écouter ce successeur à l'excellent Hapiness Is The Road. Ce délai s'explique notamment par la durée du disque qui en ferait presque un double à quelques minutes près : Sounds That Can't Be Made affiche 74 minutes au compteur. Par ailleurs, les musiciens de Marillion ont révélé que le groupe avait connu une grave crise récemment, crise qui avait failli déboucher sur le split. Je ne sais si comme certains groupes, la créativité de Marillion est proportionnelle à la tension agonistique entre ses membres, mais la qualité de ce nouvel opus le suggérerait fortement.  

Car ces « Sons qui ne peuvent être faits » constituent une fort belle réussite. Une réussite en rien révolutionnaire puisque le disque s'inscrit très nettement dans le prolongement de Afraid Of Sunlight ou de Marbles. Il n'en reste pas moins excellent. Un seul titre justifie l'existence du disque : le monumental « Gaza » en ouverture et ses dix-sept minutes d'une odyssée musicale visant à rendre compte de la situation dramatique des habitants de Gaza. À la fois en puissance (les gros riffs des premiers couplets), en cassure et en nuances mélodiques, doté un chant totalement habité de Hogarth, ce morceau est du calibre d'un « Invisible Man » ou d'un « Goodbye To All That ». La deuxième pièce épique, « Montreal », qui se veut plus légère en décrivant les séjours d'Hogarth dans la ville québécoise, est plus fluide dans sa construction mais n'atteint pas un tel niveau d'intensité. Et ce malgré un très beau break doté d'une belle structure impaire et de parties de claviers qui rappelleront le fameux « Supper's Ready » de Genesis. Cette remarque est évidemment un compliment et non un reproche. 

Entre des deux titres, on trouve trois joyaux de rock/pop sophistiqué. « Sounds That Can't Be Made » sur laquelle la prestation de Hogarth est totament décoiffante. « Pour My Love », extrêmement accrocheur. « Power » qui fait office de single imparable. La durée des compositions – jamais en dessous des six minutes – est un bon indice de la recherche musicale et de la belle place laissée à quelques solos de Kelly et surtout d'un Rothery en grande forme. 

La dernière partie du disque est un peu plus disparate : « Invisible Link », après un début tout en douceur, finit en un rock plus remuant, truffé de mélodies très riches. Plus franchement rock, « The Lucky Man » voit Rothery sortir sa guitare saturée pour un riff de très belle tenue.  « The Sky Above The Rain » s'étend sur une dizaine minutes. Bon en lui-même, le morceau a le défaut d'évoquer trop fortement tout une suite de choses que Marillion a proposé de nombreuses fois au passé à ses auditeurs. C'est là que l'impression de tourner en rond se manifeste le plus clairement. 

Voilà une fois encore un album subtil et personnel, aussi exigeant à maîtriser que gratifiant à découvrir pas à pas. Voici donc une réussite musicale dont seul Marillion a le secret. Par quelle alchimie ces gars arrivent-ils à être aussi bons ? 

Baptiste (8,5/10)

 

Replica-Edel / 2012

Tracklist (74:17) : 1. Gaza (17:31) 2. Sounds That Can't Be Made (7:16) 3. Pour My Love (6:02) 4. Power (6:07) 5. Montreal (14:04) 6. Invisible Ink (5:47) 7. Lucky Man (6:58) 8. The Sky Above The Rain (10:34)

The Moor – Year of the Hunger

Après une entrée sur la pointe des pieds via un premier EP édité uniquement au format digital, les italiens de THE MOOR font finalement leur grande entrée sur scène via un premier album titré Year Of The Hunger. Les fans de la première heure, déjà possesseurs de l’EP, risquent d’être un peu déçus car on retrouve les 5 compositions déjà disponibles au sein de cet amuse-bouche. Espérons pour eux que Lion Music propose un rabais pour leur fidélité.

Comme le précisais déjà notre ami Méliadus (chronique ici), la musique de THE MOOR est assez complexe tant elle mélange les styles et les atmosphères. C’est une bonne chose que les italiens ne se soient fixés aucune limite stylistique mais l’album en perd d’autant en cohérence. Une fois cet élément pris en compte, il faut bien avouer que le cocktail proposer est assez agréable. Dans une veine assez moderne, très à la mode en ce moment, les transalpins explorent de nombreux univers et les fans habituels du label Lion Music risquent d’être surpris par les nombreuses touches extrêmes dispersées ici et là. C’est assez logique puisque, rappelons-le, nous retrouvons les guitaristes (Enrico Longhin, Davide Carraro), le chanteur (toujours Enrico Longhin), et le bassiste (Massimo Cocchetto) de l'ancien groupe de death metal symphonique BLEED IN VAIN. Le propos est assez lourd et bourré d’énergie avec l’utilisation parcimonieuse de growls. La musique de THE MOOR se veut aussi très technique et emprunte bien souvent des chemins assez tortueux. Seul les auditeurs les plus courageux et persévérants iront jusqu’au bout de la démarche. Le mélange des styles, tantôt rock puis métal prog, tantôt death dans certains riffs complique encore plus la tâche. Les compositions ne sont pas immédiatement accessibles et ne se dévoilent que progressivement.

Au final, les italiens de THE MOOR font le preuve d’un gros potentiel mais le propos reste encore un peu trop décousu et manque un chouia de cohérence. L’impression de patchwork nuit à l'ensemble et l’immersion complète dans le musique du groupe est éprouvante. Il manque des compositions fortes à même de remporter tous les suffrages. Attendons la suite.

Oshyrya (07/10)

 

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Lion Music / 2012

Tracklist (54:43 mn) 01. Hyperuranium 02. The Others 03. The Road 04. Covered 05. Year Of The Hunger 06. Clouds and Shales 07. Before Abigail 08. Liquid Memories 09. Antikythera 10. Venice 11. The Arising of Volition 12. Venice (instrumental)

9MM – Volle Kraft Voraus

Je vois arriver ce nouvel album de 9MM avec un franche méfiance. Malheureusement pour moi, les allemands et le label Napalm Records ont décidé de poursuivre leur collaboration et voici un deuxième album après un Dem Teufel ein Gebet (chronique ici) déjà pas folichon. Donc on reprend les mêmes et on recommence. La recette elle n’ont plus n’a pas changé, les teutons proposent toujours un métal archi-classique et déjà entendu 250 fois qui évoque des groupes cultes comme MOTÖRHEAD ou encore ROSE TATOO. Il ne s’agit cependant que d’une évocation tant ces ritournelles basiques et sans imagination disparait de la mémoire aussi vite qu’un verre de bière à l’Oktoberfest. On ne peut pas forcément beaucoup le reprocher à 9MM, ils ont fait le choix d’un positionnement musique de bar / bande sonore de beuverie, pourquoi pas…

La bonne surprise vient du son, la production est claire et puissante. Dommage que cela ne soit mis au service que de ces chansons éculées et sans saveur. Bon allez, pour être honnêtes, quelques refrains restent sympathiques et le degré d’alcoolémie augmentant, on a vient à être moins sévère avec Volle Kraft Voraus. Par contre, je persiste et signe par rapport à ma précédente chronique, à jeun, le cocktail a franchement du mal à passer. Peut-être conscients de leurs limites, les teutons proposent des compositions très courtes, calibrées et l’album ne dépassent pas les 39 minutes. Le chanteur a autant de talent et de subtilité qu’un bulldozer et les paroles ne volent pas bien hautes. Dommage car techniquement, 9MM ne semblent pas composés de manchots derrière leurs instruments.

Les Bandidos ou autres Hells Angels qui nous lisent pourraient apprécier ce German Rock, j’ai quelques doutes pour les autres. Je me suis beaucoup ennuyé à l’écoute de cet album et ma cave à vin est malheureusement vide aujourd’hui. Il me manque l’élément indispensable pour pouvoir trouver un quelqueconque intérêt à la musique de 9MM.

Oshyrya (05/10)

 

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Napalm Records / 2012

Tracklist (38:56 mn) 01. Geh mir aus den Augen 02. Jetzt feiern wir 03. Volle Kraft Voraus 04. Libertad o Muerte 05. Nacht der Werwölfe 06. Mainstream 07. Dem Freund die Hand – Dem Feind die Stirn 08. Im Namen des Herrn? 09. Meine Kinder 10. Popstars 20/15 11. Ich will hier raus 12. Prosit