On connaît la qualité proverbiale de la scène Death Metal néerlandaise. Sinister, Asphyx, Severe Torture, Prostitute Disfigurment, Pestilence (même si ces derniers battent de l’aile depuis leur reformation)… autant de formations qui ont su se hisser parmi les groupes les plus intéressants de leur genre. Au milieu de ces groupes, Centurian passe quelque peu inaperçu, notamment à cause de sa longue période d’inactivité (au profit de Nox, autre projet batave très intéressant) et d’une discographie assez peu étoffée. Cependant, passer à côté de Contra Rationem serait bien regrettable.
En effet, Centurian fait partie de ces groupes qui ne misent pas tout sur la brutalité pure et dure, et ce malgré le CV des différents membres du groupe (la section rythmique de Severe Torture et le chanteur de Prostitute Disfigurment, rien que ça, des orfèvres de la violence auditive). Contra Rationem conserve une touche plus fine, plus recherchée. Le jeu de guitare, notamment, est plus complexe et travaillé que celui proposé par les deux groupes évoqués ci-dessus… même si le groupe sait aussi faire parler la poudre, comme sur ce « Judas Among Twelve » particulièrement efficace.
Douze ans après Liber Zar Zax, le Centurian 2.0 fait un retour fracassant. Brutal tout en conservant une touche qu'on pourrait qualifier de « civilisée », le Death pratiqué par le groupe fait mouche. On regrettera certes la durée de l’album (à peine 30 minutes), mais le résultat final est suffisamment efficace pour éclipser ce défaut. L’année 2013 vient de commencer, mais nous tenons déjà un des prétendants au trio de tête dans la catégorie Death Metal…
Jäkelunge (9/10)
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Listenable Records – 2013
Tracklist (29:55) 1. Thou Shallt Bleed for the Lord Thy God 2. Crown of Bones 3. Feast of the Cross 4. Judas Among Twelve 5. Antinomian 6. The Will of the Torch 7. Sin Upon Man 8. Damnatio Memoriae 9. Adversus
Author:
Mister Patate
Jan
30
Tous ces groupes de Deathcore de seconde zone me font chier. Depuis qu’un groupe a inventé la mode du breakdown XXL, de la moshpart pachydermique et du duo ours en rut/castrat hystérique, il ne se passe pas une semaine sans qu’un groupe se laisse pousser la mèche et prenne en marche le train du Deathcore. Le Deathcore, c’est un peu le lapin crevé sur un bord de route en plein cagnard, les tripes à l’air, et toutes ces formations sont autant d’asticots qui viennent se tailler un bout de la carcasse, histoire de grandir et de devenir… une mouche à merde. Vous savez, la grosse mouche poilue qui bourdonne et vient vous les briser alors que vous essayez de poser votre pêche sur une aire d’autoroute en allant au Hellfest / Wacken / autre festival hors de prix. Alors, comment Idols For Dinner pourrait-il se distinguer de ses congénères
La réponse est simple : il n’y arrive pas. Même gros son (on soulignera le très bon travail de Stéphane Buriez au mix, décidément plus efficace derrière les manettes de son studio qu’à la tête de Loudblast depuis 2001), même clichés cent fois ressassés, même sentiment d’écœurement après une poignée d’écoutes. C’est creux, bruyant, pas inspiré, et ce malgré les moyens engagés pour que le tout sonne très pro. Oui, ça sonne pro, mais les compos en elles-mêmes valent-elles pour autant le détour ? Non.
Espérons pour eux que ce premier opus se vende correctement. Avec un peu de bol, ils toucheront suffisamment de thunes pour s’acheter la paire de burnes dont ils ont cruellement besoin pour se forger un caractère propre et quitter la cohorte des moutons qui suivent aveuglément le troupeau.
Mister Patate (j’ai perdu deux ans d’espérance de vie à cause de cet album/10)
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M & O Music / Rock N Growl Promotion – 2012
Tracklist (trop:long) 1. I Sell You That World 2. Legally Instituted Murder 3. Perpetual Decline 4. Scarlet 5. Prosthetic Memories 6. We The Lost Travelers 7. Mask Of Sorrow 8. Districts Of Fear
Shining et Monumentum se réunissent pour un split limité à 300 exemplaires. Tant mieux, ce qui est beau est rare. Deux morceaux sur ce vinyle 7”. En me renseignant sur le contenu, je m'attends à quelque chose de… surprenant. Et effectivement, c'est une nouvelle facette de la mélancolie qui s'offre à nous.
Shining livre une cover de "Pale Colors", de Bay Laurel. Ce groupe suédois, aujourd'hui disparu, officiait dans un registre assez proche de The Sisters of Mercy ou The Mission. Un mélange de metal goth, alternatif, assez sensuel. Et ça tombe bien, j'y suis très réceptif.
"Pale Colors" commence donc, lentement, batterie en avant. Tout en rythme. Niklas n'est malheureusement pas totalement convaincant dans son chant clair. C'est pourtant quelque chose qu'il sait faire, mais tirer la quintessence d'un art aussi exigeant n'est pas toujours évident. Surtout que le ton est ici très lancinant.
Vient le moment du refrain, une rafale chasse les nuages, le début d'une spirale. La guitare électrique se réveille : on est entraîné dans la danse. Le morceau n'est pas dénaturé, l'esprit d'origine demeure. Avec quelque chose de plus malsain qui se promène tranquillement en arrière plan.
Monumentum est un groupe italien assez proche de la scène expérimentale. Cette fois, le morceau repris est "The River", de l'anglaise PJ Harvey. Le travail de réinterprétation porte ses fruits et marque une intéressante différence avec l'originale. Le son des guitares est ample et occupe une large partie du spectre. Une atmosphère presque lascive envahit l'esprit.
La cover me touche tout de même un peu moins, à cause de la perte du coté cristallin de PJ Harvey, mais reste une réussite en son genre.
Finalement, il existe encore des groupes qui offrent du contemplatif pour pas grand chose. Ce n'est pas négligeable à une époque où la durée de vie de la musique fond comme neige au soleil. Réduite à l'état de bien consommable. On a ici un condensé original et vraiment surprenant d'une musique qui incite au rêve.
Ymishima (7/10)
Facebook Shining
Myspace Monumentum
Avantgarde Music / 2013
Tracklist (08:35) : 1. Pale Colors 2. The River