Archive for février, 2013

Satan Jokers – Psychiatric

3426300089229_600C'est peut-être l'effet de la cure entamée auprès du docteur et ami Laurent Karila mais dans tous les cas, les faits sont là : Satan Jokers et Renaud Hantson sont en forme. Et cette forme se concrétise sous la forme d'albums réguliers et de qualité. Après un excellent Addictions paru en 2011 qui se plaçait assurément comme le meilleur disque de Satan Jokers, voici en quelque sorte le petit frère de ce disque, Psychiatric. « Petit frère » ou « grand frère » tant le niveau musical affiché ici est proche voire parfois supérieur à celui d'Addictions. Le groupe est toujours aussi impressionnant de virtuosité tout en nous proposant une suite de chansons extrêmement accrocheuses. 

Il y en aurait beaucoup à citer. Par exemple le titre d'ouverture très nerveux qu'est « Crime Tribal », qui pose d'emblée le cadre d'un hard fusionnant le meilleur des années 80 et les tendances actuelles. La forte présence de la basse d'un Pascal Mulot très en verve participe beaucoup de la conservation du son assez spécifique du Satan Jokers de l'époque de Trop fou pour toi (1984), dans un ensemble toutefois tout à fait modernisé du fait des parties de guitare de Michaël Zurita. Le dernier aura d'ailleurs fini de me convaincre que les fans n'ont pas tant que ça de raisons de regretter que Stéphane Bonneau n'ait pas participé à la reformation du groupe. Et quand les deux instrumentistes s'associent lors des parties solos d'« Obsession », la virtuosité devient étourdissante.  

Le sens de la mélodie, de l'accroche et du refrain instantané n'a pas disparu loin de là. À travers des titres immédiats – dans le bon sens du terme – tels que « Flashback Traumatisme », « Suicide » ou « Schizophrenic », Renaud Hantson nous rappelle quel chanteur il est. Un mention est à faire pour « Fracture Morale », totalement irrésistible et qui aurait bien mérité un passage sur les ondes radio. Cette dimension très accrocheuse des chansons est à signaler car elle se fraie un chemin dans un ensemble très sombre, à l'image de la pochette mais aussi de paroles tournant exclusivement autour du thème de la folie.

Car Renaud Hantson, comme sur Addictions, a laissé Laurent Karila se charger des paroles. Délaissant le sujet de la drogue pour celui de la folie, Karila évoque tous les aspects des troubles mentaux qui sont traités du point du vue du malade : les tendances suicidaires (« Suicide »), les TOC (« Obsession »), les manies de la persécution (« Persécuteur Désigné »)… L'ensemble n'est en rien léger et d'ailleurs ne vise pas à l'être. J'adhère cependant totalement à la démarche. Et j'y adhère d'autant plus que les paroles sont très bien écrites, à la fois adaptées à des lignes de chant aussi variées que convaincantes, mais aussi dotées d'une force de suggestion qui participe du succès total de Psychiatric. Le chant en français démontre de manière qu'il est non un handicap mais un « plus » pour un groupe sachant se l'approprier.

Et ce n'est là qu'un des nombreux atouts d'un disque qui clot en beauté une carrière que Renaud Hantson semble vouloir interrompre ou du moins suspendre. Si Psychiatric est une dernière révérence, c'est sans doute la plus belle que l'on pouvait souhaiter pour Satan Jokers.

Baptiste (8/10)

 

PS : Signalons que l'album est livré avec un DVD roboratif, indispensable pour tout fan par les vieilles vidéos du premier Satan Jokers qu'il contient mais aussi par un concert de la tournée Addictions proposant l'album in extenso. On ne se moque pas du monde là…

Replica – Brennus – Rebel Music / 2012

Tracklist (49:20) : 01. Crime Tribal 02. Flashback Traumatisme 03. Obsession 3’52 04. Phobies 05. Serial Killer 06. Suicide 07. Schizophrenic 08. Panique Hystérique 09. Fracture Morale 10. Persécuteur Désigné 11. Camisole Chimique 12. Psychodéréglé 

 

T&N – Slave To The Empire

tn_coverS'il faut juger un genre musical à certaines de ses productions, on peut avoir des raisons de s'inquiéter pour le heavy metal. Car comment qualifier de « créatif » un genre qui voit naître quelque chose comme ce T&N ? Pour comprendre où réside le « hic », il faut en fait se pencher autant sur l'historique du groupe que sur sa musique elle même. T&N est en fait l'acronyme de Tooth And Nail, référence à l'album le plus célèbre de Dokken. Pour d'obscures raisons de droit, le groupe formé de trois Dokken ou ex-Dokken (il faut suivre), le groupe n'a pu utiliser ce nom et s'est rabattu sur les initiales. Bon. 

On parle de Dokken puisque les trois musiciens qui sont les piliers de T&N – George Lynch, Jeff Pilson et Mick Brown – appartiennent au groupe ou y ont appartenu. Comme George Lynch ne s'est toujours pas réconcilé avec Don Dokken, la reformation un temps envisagé a capoté et c'est en conséquence à cet échec que T&N a été monté. Pourquoi pas… 

Le problème est qu'en fait T&N cherche tellement à profiter de l'aura de Dokken que cela en est pénible : sur les douze titres de Slave To The Empire, cinq sont issus de la discographie de Dokken. Il s'agit donc ici de reprises que l'on a cherché à pimenter en faisant appel à des chanteurs fameux (Doug Pininck, Sebastian Bach…). Et les reprises tiennent bien la route au final, même si leur intérêt est relatif. Quand aux 60 % du disque restant, il s'agit de compositions tout à fait dans l'esprit de Dokken, souvent de qualité (« Slave To The Empire », « Rythm Of Love »). Jeff Pilson y fait un travail tout à fait convaincant au micro. Mais (et j'insiste sur le « mais »), ces titres s'avèrent bien inférieurs aux reprises de Dokken. 

D'où l'impression d'un « produit » et non d'une authentique démarche musicale. D'où aussi le fait que le disque n'intéressera sans doute que les amateurs de Dokken. Heureusement que pour T&N, Dokken soit sur le point d'être mis en veilleuse par son leader lui-même. Il y a donc un créneau à occuper. Mais est-ce vraiment engageant comme perspective ? Heureusement que le heavy metal a autre chose à proposer… 

Baptiste (5,5/10)

 

Replica – Rat Pak Records / 2012

Tracklist (66:03) : 1. Slave to the Empire 2. Sweet Unknown 3. Tooth and Nail (avec Doug Pinnick de King’s X) 4. It’s Not Love (avec Robert Mason de Warrant) 5. Rhythm of the Soul 6. When Eagles Die 7. Into The Fire 8. Alone Again (avec Sebastian Bach) 9. Mind Control 10. Kiss of Death (avec Tim « Ripper » Owens) 11. Jesus Train 12. Access Denied

Helker – Somewhere In The Circle

oshy_10022013_HelkeIl est de notoriété publique que les sud-américains sont dingues de métal et on ne comptent plus les concerts mémorables et les groupes de qualité. Le Brésil se taille la part du lion mais d’autres pays émergent petit à petit. Aujourd’hui l’Argentine a capturé notre attention grâce à l’un de ses plus beaux représentants : HELKER. Créé à Buenos Aires par le guitarist Mariano Ríos et le bassiste Christian Abarca, HELKER compte dans ses rangs un chanteur qui commence à se faire un nom sur la scène metal Diego Valdez. Il apparait comme guest par exemple sur le dernier TARJA. HELKER a déjà publié dans son pays deux albums chanté en espagnol, Resistir en 2008 et A.D.N en 2010. Souhaitant toucher un public plus large, les argentins s’entourent cette fois-ci d’une équipe expérimentée pour mettre en boite Somewhere In The Circle. Le groupe s’attache les services de Mat Sinner (SINNER, PRIMAL FEAR) à la production et à l’écriture des chansons et fait confiance à Achim Koehler pour le mixage et le mastering.

Dès les premières notes, l’auditeur se trouve en terrain connu, le Power métal des argentins restent d’une classicisme absolu. Ce n’est pas un gros défaut mais il est dommage de constater que la musique est assez formatée et pas très originale. Ce n’est pas très surprenant quand on sait que Sinner a participé à l’écriture des chansons et qu’il n’a jamais brillé par ses expérimentations musicales. Enfin l’essentiel est que les titres tiennent la route dans pour autant faire des étincelles. Diego Valdez tire effectivement son épingle du jeu avec son chant puissant et chargé d’émotion. Son timbre peut parfois rappeler le regretté RJ. Dio et il n’a pas à rougir faire à la concurrence. La meilleure preuve est le titre « Begging For Forgiveness » qui le voit partager le micro avec deux références : Tim ”Ripper” Owens (ex-JUDAS PRIEST) et Ralf Scheepers (PRIMAL FEAR). Et Valdez tient aisément la comparaison avec ses deux camarades.

HELKER ne démérite pas et fait preuve d’une belle maîtrise avec ce Somewhere In The Circle. On aurait simplement aimé que le groupe se distingue de la masse des sorties Power Métal et fasse preuve d’une peu de caractère et d’originalité. Ils ont choisis la sécurité avec Mat Sinner aux manettes pour plaire au marché européen et élargir ainsi leur audience. On verra si l’avenir leur donne raison. Soulignons que l’album existe aussi en version espagnol, En Algun Lugar Del Circulo.

Oshyrya (06/10)

 

Site Officiel

MySpace Officiel

 

AFM Records / 2013

Tracklist (46:29 mn) 01. Modern Roman Circus 02. Just Be Yourself 03. No Chance To Be Reborn 04. Begging For Forgiveness 05. Wake Up 06. At The End Of The Journey 07. Ghosts From The Past 08.Still Alive 09. Flying 10. Inside Of Me 11. Dreams