Satan Jokers mark II est donc un groupe stable, qui signe avec ce Addictions, son troisième opus en trois ans. SJ 2009 avait déjà posé les bases de cette nouvelle mouture dont – rappelons-le – Renaud Hantson est le seul membre originel : un hard rock chanté en français toujours très technique, mais dont les éléments de technicité s'étaient déplacés vers les parties lead et les harmonisations virtuoses, plus que vers les complexités rythmiques (malgré la présence d'un Pascal Mulot au rôle croissant). La fin du chant double, puisque Hantson se charge de toutes les parties vocales, instaurait une césure sur un autre point. Pour finir le son avait été clairement modernisé et s'avérait beaucoup plus puissant, faisant de Satan Jokers un groupe plus heavy que jadis. 

Le meilleur Satan Jokers ? 

Addictions ne change pas vraiment la donne, même si on remarquera cette fois que la basse de Mulot est bien plus mise en avant. Bondissante et tourbillonnante, elle participae plus nettement au son du disque (« Substance récompense » ou le très rapide « Appétit pour l'autodestruction »). Quant à Michel Zurita, sa technicité qui reste toutefois très mélodique, est un des autres points forts du disque. Si Renaud Hantson se charge de toutes les parties vocales et délaisse la batterie, on ne peut que constater que ce choix – peut-être douloureux – a été payant : ses lignes vocales sont ici franchement excellentes, le disque proposant un cocktail de refrains très très (j'insiste) accrocheurs, notamment sur « Euphorie », « Substance récompense » ou « Lune de Miel ». Globalement Addictions est un excellent disque de hard rock chanté en français et sans doute le meilleur de Satan Jokers toute époque confondue, notamment car il connaît très peu de moments faibles, tout en se montrant varié. 

Un thème fort

Mais l'essentiel n'est pas là, selon moi. Car le thème du disque qui transparaît à travers toutes chansons par les paroles est non seulement très fort mais le transcende directement pour en faire quelque chose de tout à fait mémorable. Ainsi « Une Semaine en enfer » aurait pu se contenter d'être juste une excellente power ballade mais elle est plus que cela. Le thème de la drogue et de l'addictions qui est à l'origine du disque est un élément essentiel. Il est un reflet de la vie de Renaud Hantson puisque celui-ci a entamé récemment une thérapie pour venir à bout d'une addiction à la cocaïne tenace avec le professeur Laurent Karila, celèbre addictologue.

De manière inattendue c'est de ce dernier – un grand fan de métal devant l'éternel – qui a proposé d'écrire des paroles retravaillées par la suite par Hantson. On y perçoit une très bonne connaissance de l'univers du toxicomane, ce qui nous permet de suivre au fil du disque la plupart des moments clés de l'histoire d'un drogué s'adonnant à la cocaïne. Le ton n'est pourtant pas du tout « clinique » car l'empathie du docteur est assez forte pour qu'il nous fasse réellement entrer dans un univers intime très spécifique – celui du toxicomane – en nous faisant parcourir toute la palette des sentiments éprouvés. Le tout n'est pas pour autant morbide, glauque ou moralisateur, mais se montre très prenant et participe pleinement du succès du disque. À recommander.

Baptiste (8,5/10)

 

XIII bis / 2011

Tracklist (48:15) : 1. Reine Cocaïne 2. Dealer (Docteur Vice) 3. Substance Récompense 4. Appétit pour l'autodestruction 5. Euphorie 6. Une Semaine en Enfer 7. L’Effet Parano 8. Detox 9. Lune de Miel 10. Mephedrone 11. Puzzle Cérébral 12. Chute, Rechute 13. Ma Vie sans