Archive for février, 2013

ATBAs They Burn avait tout pour se faire descendre par Metalchroniques : frenchies singeant les américains, death-metalcore comme il pullule pour le moment, une originalité proche de zéro et j'en passe. D'ailleurs, Mr Patate ne les avait pas loupé pour le premier album et je n'aurais pas dit mieux que lui. Inutile de dire que mon a priori sur ce Will, Love, Life n'est pas vraiment en faveur des Parisiens, nouveaux poulains de l'écurie Victory, d'autant plus que le titre de l'album me fait furieusement penser au bouquin préféré des ménagères américaines Eat, Pray, Love (enfin, ça s'était avant 50 Shades of Grey). Et autant dire que ça m'a fait beaucoup rigoler.

Une bonne surprise

Mais, les premières mesures donnent plutôt dans la bonne surprise. Le titre « Medecine 2.0 » est un gros cran au dessus de ce qu'avait fait ATB jusque maintenant. Le son est énorme, la voix transfigurée. On retrouve le côté complexe des structures déjà présent sur Aeon's War mais en mieux. On retrouve aussi le côté « je tabasse », mais également en mieux. Le problème, c'est que tout semble s'écrouler dès le second titre. En effet, « Origin » n'est qu'une copie sans saveur de tout ce qui se fait en metalcore depuis des années. Absolument sans saveur. La peur de voir As They Burn retomber dans ses travers précédents est grande (enfin, « la peur », c'est une figure de style, moi je m'en fous pour dire vrai). La suite relève un peu le niveau mais sans être aussi percutant que le premier titre, et on peut en venir a se dire qu'ils n'ont écris qu'un bon morceau, ce qui est relativement faiblard pour un album. La suite donne tord à cet avis un peu trop rapide.

Dès le titre « Isis », on retrouve l'originalité qu'on avait perçu à l'ouverture de l'album. Soyons clair : ATB reste dans les balises du genre à la mode, mais réussi à ne pas se vautrer dans la pâle copie. Personne au sein de la rédaction ne voulait se coltiner l'album, mais ma première réaction lors de l'écoute initiale de l'album a été « mais, ce n'est pas si mauvais », et après plusieurs écoutes, je suis en mesure, tout élitiste musical que je suis, à trouver un vrai plaisir dans plusieurs titres de Will, Love, Life. Les deux « Frozen Vision » méritent eux aussi le détour. Beaucoup plus calmes et plus posés, ils montrent que les membres du groupe peuvent faire autre chose que mouliner comme de beaux diables en tentant d'accrocher un peu de la notoriété qui revient à tous ces groupes typiques d'outre-Atlantique. Le titre « When Everything Falls Apart », dispo sur Youtube depuis quelques semaines est pas mal non plus. De nouveau, on sent l'influence d'Emmure, de Victory, mais on a bien compris dès le départ que le but était de tenter de s'en approcher. Une fois cette donnée intégrée, le morceau n'est pas déplaisant. On retrouve ce « Emmure-like » de manière encore plus prononcée pour « F.R.E.A.K.S. », ce qui n'est guère étonnant quand on sait que le chanteur d'Emmure est venu prêter sa voix pour un featuring.

Récapitulons…

Récapitulons les points positifs. J'ai eu un gros coup de cœur pour la voix, entre growl et grouick, elle est aussi modulée en voix claire, mais, à l'inverse de tous les autres groupes, ne verse pas dans l'emo bon marché. Claire mais puissante. J'ai trouvé très intéressant le fait de varier le type de chant au sein d'une même phrase, voir d'un même mot. Pour être clair, ATB ne growl pas sur le couplet pour se retrouver en chant de minette sur le refrain. Non, il s'agit ici de mélanger les deux avec pas mal d'intelligence et de rendre le tout assez percutant. Ensuite, les morceaux me semblent bien mieux pensés qu'auparavant.

Par contre, je suis aujourd'hui persuadé que tous les ingés sons engagés par Victory n'ont qu'une seule référence en tête : l'album Catch 33 de qui vous savez (c'est extrêmement reconnaissable sur le dernier titre). J'ai déjà eu l'occasion de le dire pour d'autres groupes, mais ici, c'est flagrant. A croire qu'ils se prêtent tous la même console sans changer les réglages de Pro-Tools. Ensuite, tant que j'en suis à parler de Pro-Tools, avec ce genre de prod', on a aussi atteint les limites des batteries triggées. Parce que là, rien ne sonne comme une batterie : un programme aurait fait le même effet. Ni les cymbales, ni les grosses caisses et encore moins la caisse claire ne sonnent au naturel. Je ne comprends même pas qu'un batteur accepte ça (mais un musicien a-t-il vraiment son mot à dire là dessus dans ce genre de grosse production ?). Si je comprends parfaitement l’intérêt du trigg, je pense aussi qu'il y a une limite à tout.

Nous avons donc à faire à un album en demi teinte. Il y a boire et a manger. ATB a réussi à retenir mon attention et c'était pas gagné, aussi, je suis curieux de savoir ce que la suite leur réserve. Si le groupe essaye encore de singer les gros groupes américains, c'est peut-être un bon pari à court terme, mais l'assurance de se vautrer a plus long terme. Le groupe à visiblement les moyens d'être un peu original, autant se diriger dans cette voie là.

Poney (6,5/10)

 

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Victory Records / 2013

Tracklist (34:40) : 1. Medicine 2.0 (4:13) 2. Origin (4:10) 3. Dream Collapse (3:27) 4. The Conscious Man (3:51) 5. Isis (3:54) 6. Frozen Vision (Part 1) (3:09) 7. Frozen Vision (Part 2) (2:19) 8. When Everything Falls Apart (3:49) 9. Z(h)ero (1:05) 10. F.R.E.A.K.S. (2:39) 11. Sons of Shiva (3:31)

Gamma Ray – Sigh No More

Sigh No MoreSigh No More de Gamma Ray est un disque franchement à part dans la discographie des Teutons de Kai Hansen. Et ce même s'il jouit d'une popularité certaine chez les fans et que ses titres sont interprétés en concert régulièrement, notamment sur le dernier live du groupe. Sorti en 1991, Sigh No More est sans doute le disque de Gamma Ray le plus éloigné d'un point de vue stylistique de ce que popose Kai Hansen depuis Walls Of Jericho. Alors que le premier essai de Gammay Ray, Heading For Tomorrow, se voulait clairement dans la continuité des Keepers Of The Seven Keys de Helloween, le guitariste brouille franchement les pistes ici. De manière paradoxale, Hansen suivait ainsi la voie de son ex-groupe qui avait commencé à édulcorer son propos sur le malaimé Pink Bubbles Go Ape. Toutefois à la différence d'un Helloween très poussif et en panne d'inspiration, Kai Hansen proposait un album de haute tenue, aux compositions extrêmement léchées et à la diversité parfaitement maîtrisée.  

Des éléments de continuité…

Ainsi lorsque « Changes » ouvre le disque, l'on est aussitôt surpris par la démarche affichée : le son de guitare est franchement plus léger, le tempo est intermédiaire et le riff lorgne plus vers le hard rock que vers le heavy à strictement parler. L'excellent refrain permet à Ralf Scheepers de démontrer toute son aisance dans les aigus puis… les guitares duellisent en solo et un break speedé surprend l'auditeur qui s'attendait à un tournant sera une nouvelle fois surpris. 

Car on retrouvera cette alternance entre titres assez classiques pour du Gamma Ray et expérimentations musicales sur les autres titres à suivre. « Rich And Famous » lorgne vers un speed mélodique très accessible à la manière d'un « I Want Out » et le très bon single « One With The World » rappelle l'intensité lyrique des meilleures compositions de Hansen. Le long titre en deux parties, « Dream Healer » est sans doute une des toutes meilleurs chansons du groupe, commençant dans une ambiance lourde et inquiétante pour s'embarder à partir d'un break et de solos somptueux. Quant à « Start Running » ou « As Time Goes By », on y remarquera des montées vertigineuses de Ralf Scheepers qui démontre une aisance musicale totale. 

…et d'autres plus nouveaux

Paradoxalement, le futur chantre du power metal classique de Primal Fear s'avère totalement à l'aise dans un registre fondamentalement varié. Si son chant est un peu moins proche de celui de Michael Kiske, c'est aussi qu'il s'aventure vers la ballade acoustisque (« Father And Son ») ou vers un hard rock groovy et cuivré (« (We Won't Stop The War »). Sa prestation est un des gros points forts du disque et l'on peut affirmer que Sigh No More est sans doute l'album sur lequel il a le mieux chanté de toute sa carrière. Je ne vois aucun couplet ou refrain raté sur le disque si ce n'est peut-être ce qui est proposé sur « Countdown », qui n'était toutefois qu'un bonus track. Le constat ne fera que regretter que notre homme perde son temps avec les besogneux de Primal Fear et qu'il tourne largement en rond. 

Mais on connaissait déjà les qualités de Scheepers, sur Heading For Tomorrow. Cette fois il faut s'attarder sur les autres musiciens car ils participent franchement du succès du disque. Kai Hansen a voulu dépasser le cadre d'un projet structuré comme un duo pour constituer un vrai groupe. Et il a manifestement soigné le choix de ses recrues qu'on pouvait déjà entendre tous ensemble sur le EP de transition Heaven Can Wait. Uli Kusch – qui ne fera qu'un passage éclair dans le groupe – est souverain aux fûts, notamment par sa vitesse et sa précision très impressionnantes à une époque ou le son des batteries était bien plus authentique que de nos jours. L'autre surprise vient d'Uwe Wessel : très en retrait sur le disque précédent Wessel affiche un jeu très fluide et technique, agrémentant d'excellentes parties « As Time Goes By » ou « Start Running » un peu à la manière d'un Harris des meilleurs jours. L'homme compose et co-compose d'ailleurs plusieurs titres. Quant à Dirk Schlächter il forme à la guitare une paire très solide avec Kai Hansen. Et sa power ballade en deux parties, « Father And Son » est un franche réussite. On peut se demander s'il ne s'agit pas du meilleur line up qu'ait connu Gamma Ray. 

Une production formidable

Les prestations sont, il est vrai, réhaussées par l'excellente production de Tommy Newton, qui était déjà aux manettes avec Tommy Hansen sur le premier Keeper Of The Seven Keys. Riche, chaud et dynamique, mettant en valeur tous les instruments et tout particulièrement le chant de Ralf Scheepers, le son du disque est sans doute le meilleur qu'ait jamais Gamma Ray. On peut dire que Noise a franchement soutenu son groupe en lui payant les services de Newton. Ce gros budget ne semble pas avoir concerné l'artwork, assez ridicule. Que vient faire là ce squelette en haut de forme ? Sa seule justification est sans doute de rompre avec l'imagerie trop positive de Heading For Tomorrow. Car ici, les thèmes évoqués (« (We Won't) Stop The War », « Dream Healer » ou « Rich And Famous ») sont franchement plus sombres que de coutume. Kai Hansen a d'ailleurs rappelé que le contexte de la Première guerre du Golfe qui fut aussi celui de l'élaboration du disque, l'incitait au pessimisme à l'époque. 

Qu'importe : Sigh No More n'est absolument pas lugubre. Il est totalement prenant. Plus mélodique que de coutume pour Gamma Ray et à la lisière du hard rock plutôt que du heavy metal, il n'obtient pas tous les suffrages qu'il mérite chez les fans malgré sa finesse et sa variété. Les plus « conservateurs » seront donc ravis d'entendre Gamma Ray faire un retour aux fondamentaux sur Insanity And Genius (1993). Il faut dire que le troisième volet de la première époque de Gamma Ray était lui aussi un très très bon cru. 

Baptiste (9/10)

 

Noise / 1991

Tracklist (46:57) : 1. Changes 2. Rich And Famous 3. As Time Goes By 4. (We Won't) Stop The War 5. Father And Son 6. One With The World 7. Start Running 8. Countdown 9. Dream Healer 10. The Spirit

 

Heavatar – All my Kingdoms

oshy_24022013_HeavataStefan Schmidt est décidemment un homme friand de concepts. Après avoir donné vie et développé VAN CANTO, le groupe de métal à capella, le voilà qui se lance dans une nouvelle aventure, plus traditionnelle du point de vue musical. Mais il y a là aussi un twist car les compositions présentées ici sont construites autour d’une œuvre célèbre de musique classique. Ainsi, au détour des chansons, l’auditeur pourra reconnaître ici une toccata de JS. Bach ou une composition de Mozart, Bizet ou Paganini. Pour mener à bien l’aventure HEAVATAR, Schmidt s’est entouré d’une équipe expérimentée avec Jörg Michael (ex-STRATOVARIUS – batterie), David Vogt (POWERWOLF – basse) et Sebastian Scharf (guitares).

En découvrant le concept du groupe je m’attendais à un album de métal néo-classique comme MALMSTEEN avait pu en proposer au temps lointain de sa splendeur. Et en fait pas du tout, les chansons de All my Kingdoms sont vraiment plus orientées Power Métal. Bien sûr on retrouve ici et là des référence aux compositeurs classiques cités ci-dessus mais cela reste léger et laisse largement la place à une musique puissante, avec grosses rythmiques et riffs bien sentis. Ce n’est pas de la dentelle mais plutôt une grosse étoffe, bien épaisse. On retrouve la patte de Schmidt au niveau des orchestrations et des très nombreux chœurs qui émaillent les différentes compositions. L’ombre de VAN CANTO n’est vraiment pas loin et les membres du groupe à capella sont d’ailleurs venus donner un coup de main à leur camarade. Les mélodies sont soignées et les refrains se veulent très catchy. Je dois avouer n’avoir adhéré qu’une fois sur deux, certaines chansons me laissant de marbre. Finalement le concept présenté est plus un gimmick qu’autre chose car cela n’impacte pas tant que cela les compositions. Les amateurs d’un bon Power métal des familles sauront trouver leur plaisir ici et tant mieux si on sourit en écoutant une référence à Bach ou Mozart ici et là. On passera sur le titre « To the Metal », vraiment cliché et un peu ridicule. Déjà GAMMA RAY, avec une chanson au titre identique, n’avait pas fait des étincelles.

Il me semble que le soufflé retombe rapidement avec All my Kingdoms. On présente un concept d’album qui finalement est tellement dilué qu’il n’apporte franchement pas grand-chose. Donc on finit avec un album de Power Métal honnête mais sans grand relief, difficile de s’enthousiasmer…

Oshyrya (06/10)

 

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Napalm Records / 2013

Tracklist (48:36 mn) 01. Replica 02. Abracadabra 03. All my Kingdoms 04. Elysium at Dawn 05. Long Way Home 06. Born to fly 07. Luna! Luna! 08. The Look above 09. To the Metal