Avantasia – The Mystery Of Time
Posted by BaptisteMar 10
Tobias Sammet avait « promis, juré » qu'Avantasia ne referait plus surface et que les deux excellents derniers albums, The Wicked Symphony et Angels Of Babylon, constitueraient un point d'orgue à son projet parallèle à Edguy. Il n'en a rien été… La faute à une inspiration galopante selon le chanteur, inspiration qui l'aurait lancé vers l'écriture d'un concept album tourné autour du Temps, de la Connaissance et de Dieu, qui serait parfait pour Avantasia. Faisons crédit à Tobias Sammet d'une certaine bonne foi et écartons l'idée de motifs plus « mercantiles » à la remise sur pied d'un projet quand même bien plus inspiré qu'Edguy et sans doute plus vendeur. Et ce alors qu'une suite à ce nouvel album est déjà annoncée. Mais passons.
Un orchestre… quel orchestre ? …et pourquoi un orchestre ?
Pour proposer ce The Mystery Of Time aux auditeurs après deux très bons opus qui semblaient avoir fait le tour de la question, il fallait proposer un peu de neuf, sans pour autant décevoir les fans de heavy mélodique qui recherchent avant tout les mélodies réussies, les chœurs majestueux, les orchestrations grandiloquentes mais aussi quelques tempos bien enlevés. Si l'on retrouve bien ces derniers ingrédients à de forte dose, Sammet propose toutefois du neuf sur deux points.
Tout d'abord il a pu faire appel à un orchestre classique, le Babelsberg Film Orchestra, alors que jusqu'alors les orchestrations étaient « reproduites » par force samples et claviers. Ce qui pourrait sembler une coqueterie de nanti n'en est pas une puisque l'orchestre est ici très bien utilisé. Car il n'est pas trop envahissant sans pour autant se révéler « accessoire ». Sur « Spectres », « Black Orchid » ou « The Great Mystery » l'apport est indéniable. Et il faut dire d'emblée que les deux dernières chansons citées, si on lui adjoint l'autre titre épico-symphonique « Savior In The Clockwork », s'affichent comme des moments forts d'un heavy symphonique de haute tenue en partie grâce à l'orchestre. Par ailleurs, introduire un orchestre a incité Sammet et son producteur, l'incontournable Sascha Paeth, à choisir une production plutôt chaude et organique, à la manière d'un son de batterie qu'on n'entend pas beaucoup dans le metal symphonique. Un son de batterie issu tout droit des baguettes de Russell Gilbrook… d'Uriah Heep.
Quelques chanteurs fourbus et d'autres plus vaillants
La deuxième nouveauté est le recours à quelques nouveaux chanteurs et l'abandon d'autres comme Jorn Lande qui n'a pas été invité. Parmi les nouveaux venus on trouve Ronny Atkins de Pretty Maids pour un furieux « Invoke The Machine » très enlevé. Ou Eric Martin pour une power ballade très réussie, « What's Left Of Me », sur laquelle il se montre très à l'aise. Voici pour les bonnes surprises. Car ni Biff Byford (sur « The Watchmakers' Dream » ou « The Great Mystery ») ni Joe Lynn Turner (sur « Spectres » trop poussif, ou sur « The Watchmakers' Dream ») ne se montrent franchement à la hauteur. S'ils ont du métier, leur chant me paraît bien fourbu, surtout à côté de celui d'un Michael Kiske ou de Sammet lui-même qui se montre toujours très à l'aise sur ses propres compositions.
Car c'est sans doute la prestation de Michael Kiske qui s'avère la plus marquante de toutes. Si son chant n'est mis en avant que sur deux titres – « Where Clock Hands Freeze » et « Dweller In A Dream » –, il y fait une apparition de très grande classe, proposant notamment de superbe montées dans les aigus et des lignes de chant à la manière des plus grands moments des Keeper Of The Seven Keys. Manifestement Tobias Samett sait parfaitement utiliser la voix de son idole et maître. C'est peut-être moins le cas pour Turner ou Bifford. Dommage. Et on lui conseillera aussi de cesser de faire appel à Cloudy Yang dont le chant souvent sirupeux s'avère encore une fois assez pénible sur la première partie de la semi-ballade « Sleepwalking », avant qu'un très bon break ne lance enfin le morceau.
À la fin de cette avalanche de remarques plus ou moins favorables, il faut toutefois faire le constat suivant : ces remarques ne se comprennent que parce que The Mystery Of Time, s'il nécessite un certain nombre d'écoutes pour rentrer pleinement dans son propos musical, justifie aussi par la richesse du travail de composition et de l'interprétation de nombreuses écoutes. Le metal symphonique d'Avantasia, oscillant plus que jamais entre Meat Loaf, Magnum, Savatage mais aussi Helloween ou Gamma Ray, est incontestablement de qualité. Et ce même si certains signes des redites frôlant le pastiche (écouter le deuxième break de « The Great Mystery » fortement réminiscent de « Vigilante » de Magnum) devraient inciter Tobias Sammet à ne pas se reposer sur ses lauriers de compositeur phare de la scène heavy mélodico-symphonique. Attendons de voir… jusqu'à un nouvel opus prévu pour 2015. Nous voici gâtés…
Baptiste (7,5/10)
Nuclear Blast / 2013
Tracklist (61:57) : 01. Spectres 02. The Watchmakers' Dream 03. Black Orchid 04. Where Clock Hands Freeze 05. Sleepwalking 06. Savior in the Clockwork 07. Invoke the Machine 08. What's Left of Me 09. Dweller in a Dream 10. The Great Mystery
One comment
Commentaire by Polochon on 30/03/2013 at 23:26
Pour donner un avis très personnel (qui n'engage donc que moi, j'ai préparé le mur anti-pierres, ch'uis parrée), je dirai que c'est la première fois depuis longtemps qu'un album "avec Tobias Sammet" (Avantasia mais aussi Edguy inclus) me déçoit autant. Je trouve les chansons très redondantes, il n'y a pas vraiment d'évolution dans la musique résultat on n'en ressent pas non plus dans l'histoire (alors que jusque là, tu "vivais" avec le personnage qu'il décrivait, en quelque sorte). C'est de la musique "oomphesque", ça va vite et fort, mais ça se répète trop et surtout ça manque de propos, de but.
L'orchestre… euh, il sert à quoi? Les arrangements orchestraux sont bien utilisés, certes, mais dans le cas présent ça sert à quoi d'avoir fait participer un orchestre? Rien qu'en écoutant l'album, je peux dire que celui qui a fait les parties orchestrales ne s'y connaît pas des masses en musique classique: les arrangements "grossissent le trait", à la manière des arrangements classiques dans le metal en général, mais on ne ressent pas la finesse que peuvent apporter des instruments réels, soit par l'intelligence dans la manière de les amener soit par la finesse dans le jeu. Ca fait peut-être bien sur le livret, mais si les arrangements sont correctement faits, l'orchestre est lui mal utilisé. Le résultat aurait été pratiquement identique avec les samples habituels.
Pour Biff, il est toujours très moyen sur album de toute manière donc… ni meilleur ni pire que d'habitude. (J'adore ce type hein, surtout en concert où il est grandiosissime, c'est juste que, à mon sens, il n'a jamais réussi à rendre en studio ce côté grandiose qu'il arrive à avoir sur scène.) (Et Tobias a l'air de beaucoup apprécier Cloudy Yang, perso je trouve sa voix assez basique… pour ne pas dire que je commence déjà à m'en lasser. Beaucoup.)
Excellent Kiske en effet, de toute manière je passe mon temps à dire qu'il chante bien mieux aujourd'hui qu'à l'époque de Helloween (si, si). Mention spéciale à Ronnie Atkins aussi, qui donne une patate du feu de Zeus à "Invoke The Machine", rien que pour les parties où il chante j'adore cette chanson.
En résumé, des "metal operas" il peut en faire tant qu'il veut le Tobias, ça m'est égal j'aime bien ce qu'il compose en général. Par contre, un "opéra", ça raconte une histoire, qui est aussi traduite dans la musique. Et là, sur ce Mystery Of Time, je suis complètement passée à côté de l'histoire tellement la musique se contente de faire du "boosté destiné à être repris en choeur en concert". Alors quand en plus ça se répète (mélodiquement, les structures, etc.), c'est le pompon…
*Et là, les fans peuvent s'estimer heureux que ça ne soit pas moi qui ait fait la chronique, sinon l'appréciation aurait été bien moins positive!*
(Enfin, d'un autre côté je n'aime pas Mandrake et autres Rocket Ride, alors que j'adore Tinnitus Sanctus, donc peut-être que le fan "habituel" de Tobias/Edguy aimera cet album, puisqu'il a un peu les défauts que je reproche aux dits-albums…)