Après un Lawless Darkness de qualité supérieure, les Suédois de Watain étaient attendus au tournant. « Fatalement », me direz-vous, tout groupe qui parvient à repousser ses limites sur chaque sortie s’expose inévitablement à une pression supplémentaire, celle des fans qui en veulent toujours plus. En trois ans, le groupe a travaillé dur pour nous proposer un digne successeur à son dernier effort et le résultat est pour le moins… surprenant.
Watain, qui vient de changer de label, aurait pu opter pour la solution de facilité et sortir un album dans la lignée de son prédécesseur – et encore, peut-on parler de solution de facilité quand on voit à quel point Lawless Darkness était détaillé ? Il semble cependant bien que Watain ne soit pas un groupe comme les autres. The Wild Hunt marque ainsi une rupture – certes partielle, mais tout de même – avec les efforts précédents du groupe, mais le groupe a-t-il su digérer ces nouvelles influences pour les intégrer à son style propre ?
J’avoue être assez mitigé. Quand Watain reste enfermé dans ses gimmicks Black Metal, il reste assurément un des groupes les plus efficaces dans le genre. Le timbre d’Erik colle parfaitement à la musique, leur Black teinté d’une touche de groove, voire même d’une étincelle punk, fait mouche à chaque écoute… à ce niveau, la bande à Erik ne déçoit pas. Quand il s’en écarte, par contre, le résultat n’est pas toujours aussi efficace. Le propos devient alors plus poussif, moins captivant, presque ennuyeux. C’est bien beau de vouloir révolutionner son style, encore faut-il en être capable… Ici, à l’exception notable de « They Rode On » (le morceau en rupture totale avec le passé de Watain, l’ajout improbable du chant clair, l’ambiance presque mélancolique, le morceau où le groupe frise le génie pendant près de neuf minutes), Watain me fait l’effet d’un groupe en pleine mue, un peu comme la cigale qui vient de se défaire de son ancienne peau et est là, encore vulnérable, avant que sa carapace durcisse à nouveau.
Sans être foncièrement mauvais, The Wild Hunt suscite pas mal d’interrogations et de déception, tout en dévoilant un potentiel certain. Watain semble en pleine transition, et il y a fort à parier que cet album, d’ici quelques années, constituera un tournant dans la carrière du groupe, une étape transitoire entre un Black brut et quelque chose de plus grand, de plus ambitieux. Une déception, certes, mais c’est peut-être justement maintenant que j’attends Watain de pied ferme, car la suite s’annonce certainement bien plus passionnante que ce Wild Hunt en demi-teinte.
Mister Patate (6/10)
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Century Media Records / 2013
Tracklist (62:49) 1. Night Vision 2. De Profundis 3. Black Flames March 4. All That May Bleed 5. The Child Must Die 6. They Rode On 7. Sleepless Evil 8. The Wild Hunt 9. Outlaw 10. Ignem Veni Mittere 11. Holocaust Dawn