HOLY CROSS (interview d’Adrien Liborio – guitares, novembre 2013)
Posted by OshyryaDéc 8
01. Peux-tu présenter à nos lecteurs HOLY CROSS ?
Adrien LIBORIO : Et bien nous sommes une joyeuses bande de cons. Très clairement. Nous sommes cinq : chanteur deux guitaristes, basse et batterie. Et on est là depuis fin 2006. Le groupe existait déjà avant mais il a fallu du temps pour trouver les bonnes personnes. On a commencé les concerts en décembre 2006, une démo l’année suivante. Notre premier disque est sortie n 2009 et cette année en 2013 voici le second disque, Place Your Bets. Nous proposons du heavy métal avec pas mal d’influences comme des touches trash ici et là. Et enfin nous sommes un groupe français, de Saint-Etienne plus exactement.
02. Pourquoi avoir choisi ce nom de groupe ?
Nous cherchions une identité comme tout groupe qui se forme. A l’époque on avait le délire autour de la mythologie nordique et donc en cherchant sur internet nous somme tombé sur un symbole, cette croix de la mythologie nordique. Elle apparait sous la forme du lustre sur le nouvel album. C’est une croix nordique, cinq croix qui en forme une seule, un symbole de ralliement, qui nous uni. Le choix du nom est venu de là. Le logo je l’ai dessiné en cours de sciences physiques lors de mon BTS CIRA (Contrôle industriel et régulation automatique) un lundi matin entre 8h et 10h. Je me faisais vraiment chier car le prof était nul donc j’ai passé le temps à dessiner ce logo. Merci le prof de physique, il est super sympa mais très chiant en cours.
03. Une semaine après la sortie de ce nouvel album comment vous sentez-vous vis-à-vis de ces chansons ?
Enfin, on peut lâcher ce nouvel album dans la nature et passer aux concerts. Là pendant huit à dix mois nous étions constamment sur la brèche, sous pression pour composer, enregistrer ce disque du mieux possible, la tête dans le guidon. Nous passons à autre chose, aux concerts, il faut que cela s’arrête, se finisse car le processus est super long. Nous voulons défendre ces chansons sur scène, rencontrer des métalleux et c’est là que nous atteindrons notre apogée de plaisir. Comment l’album est perçu c’est important mais tu n’y peux rien. Tu sais que des gens vont aimer et d’autres détester mais on fait de la musique pour nous d’abord, pour nous faire plaisir.
Nous ne sommes pas des professionnels, nous n’en vivons pas, chacun a un boulot à côté donc il s’agit d’assouvir une passion en faisant de notre mieux, pour que cela nous plaise avant tout et ensuite advienne que pourra. C’est de l’éclate pour nous et ce serait dommage de ne pas faire ce que tu veux. Il n’y a pas de stress du succès, nous faisons les choses bien mais si l’aventure un jour doit d’arrêter c’est que nous aurons atteint un palier. Nous faisons tout pour que cela dure encore et encore mais sans se prendre la tête. Nous restons les gros cons que nous sommes sans stress inutile.
04. Quelles sont vos principales influences ?
Déjà individuellement chacun d’entre nous est très éclectique dans ses goûts musicaux, nous sommes loin du cliché du métalleux avec des œillères qui n’écoute qu’un seul genre de musique. Moi-même j’écoute du classique, de la pop, de la variété italienne, de la dance old-school… Le batteur et le bassiste aiment l’électro à la JUSTICE que j’apprécie également. Donc tout cela ne se retrouve pas dans notre musique mais cela joue une petite part quand même. Cela forge quelque chose. J’ai commencé à apprendre la guitare avec AC/DC donc j’aime les grosses rythmiques. Côté influences il faut rechercher cela du côté du métal des années 80-92 avec JUDAS PROEST, IRON MAIDEN. Plus récemment tu trouveras des touches à la MEGADETH, nous voulions élargir notre spectre, on ne se fixe aucune barrière. Pourquoi se limiter alors que cela ne pourrait que gêner de la frustration. Nous laissons notre instinct et nos envies parler.
05. Que peux-tu nous dire des sessions d'enregistrement de Place Your Bets ?
Généralement, 75% du temps, j’amène les premières ébauches, les premiers riffs. Je propose un thème ou une couleur sur une nouvelle chanson. Et là soit ça parle ou ça parle pas aux autres. Si les autres ne sont pas réactifs on met de de côté et un beau jour cela ressortira avec une évolution, une maturité. Si tout le monde accroche, on travaille tous ensemble pour lui donner corps et la faire évoluer. Il y a beaucoup de discussions, d’échanges au sein d’HOLY CROSS. Pas forcément que sur le plan musical mais également sur le ressenti de chacun, voir si un passage doit être modifié ou accéléré pour coller encore plus à l’esprit du groupe… On parle beaucoup et tout le monde se comprend et la musique est évidente. J’aime beaucoup ce mot car quand la musique est évidente, elle coule de source est tout vient naturellement. Pour un groupe, c’est alors gagné.
Nous avons fait une autoproduction au DLM studio qui appartient à notre batteur. Il est ingénieur du son. Cela a duré environ deux ou trois mois maximum. Mixage au DLM également avant un mastering au Finnvox en Finlande. Comme sur Under the Flag en gros. C’est un gros avantage de bosser chez soi, moins de stress et le temps disponible pour faire les choses correctement. Nous sommes très concentrés en studio et cela fatigue énormément. Tes oreilles bouffent toute la journée du son, des décibels et cela fatigue.
06. Le chant en anglais a-t-il toujours été une évidence ?
Et comment vous partagez-vous le boulot pour l’écriture des paroles ? Le chant en anglais était une évidence. En français cela fait kitsch, un peu ringard sans vouloir être méchant. L’anglais est universel, le sonorité est meilleure, ça pète plus, musicalement c’est punchy. Le chant en allemand est horrible, ce n’est que mon avis, alors que l’anglais parle tout seul. Moi je suis à la base des thèmes mais c’est notre chanteur Mickey (NDLR : Mickaël CHAMPON) qui a fait un gros boulot sur les paroles avec l’aide précieuse de notre notre autre guitariste Loïc (NDLR : Loïc CHALINDAR). L’idée c’est que je suis arrivé avec mes compos en disant voilà, cela a telle énergie, telle couleur musicale. Cela t’inspire-t-il un sujet ? Et c’était oui à 99% et je leur laissais alors le bébé. Cela a super bien fonctionné comme ça !
07. Quels sont les thèmes de Place Your Bets ?
Sur Under the Flag nous étions plus jeune, moins mature plus fortement liés à nos influences. Donc il s’agissait d’un album vraiment pus identitaire, nous étions tout jeune sur le marché bien que je déteste ce mot. Pour ce deuxième nous voulions de trucs plus actuels, plus graves, les problèmes sociaux, les maux de notre société moderne. Le fil rouge de cet album est le choix foireux que nous pouvons faire individuellement pour essayer de nous en sortir. L’exemple c’est le mec qui vit difficilement, il a divorcé, il a des enfants et pour améliorer cela, comme un imbécile, il prend sa paye et va la jouer au casino en espérant résoudre ces problèmes. Et malheureusement cela arrive beaucoup de nos jours. On parle de la folie, la liberté, des sujets actuels, moins conventionnel, dragons, épées, nous sommes passés à autre chose. A cet instant de notre vie, nous avons eu envie de faire cela.
08. Vous avez signé avec Pure Steel Records, comment cela s’est-il passé ?
On fait une musique qui plait en Allemagne. Under the Flag proposait déjà une musique très germanique à la base et ils nous avaient contacté par l’intermédiaire de je ne sais plus qui pour la démo je crois au départ. Et quand notre premier disque est sorti, nous avons recherché un label, un distributeur. Nous les avons contacté et ils ont été intéressés et ils ont fait un super boulot. Pure Steel Records a été très enthousiaste alors que finalement peu de gens avait fait part d’un intérêt quelconque pour nous. Nous avions arrosé large. Donc on a signé, le boulot a été super, nous sommes passés au sein du mag Rock Hard en Allemagne via une chronique et sur le magazine Heavy également via une interview et une chronique. Vraiment des gros acteurs outre-Rhin.
La promo a été mondiale. Sur les mille Cds que nous avons pressés, une partie est allé au Japon, aux USA. L’album était dispo en France à la FNAC, chez Chapitre, saturne, Virgin, même chez Leclerc… Donc on a vite su que ce n’était pas des amateurs. Donc pour ce second opus, nous retravaillons avec eux avec d’autres acteurs comme aujourd’hui avec Replica Promotion.
09. Que peux-tu nous dire de la pochette, comment avez-vous travaillé avec une pointure comme Andreas Marschall (BLIND GUARDIAN, RAGE, RUNNING WILD) ?
Cela a été tout simple. Via son site internet, nous l’avons contacté via un mail courtois et c’est tout. C’est un mec simple, très sympa, très accessible, même financièrement. Et il est ultra professionnel. On lui a envoyé le premier album pour nous connaître et lui donner notre esprit. Ensuite nous lui avons transis un mail hyper détaillé sur ce que nous voulions pour notre futur projet. En fait plus tu lui donnes de billes mieux c’est pour lui pour bosser. Il doit comprendre ton idée. Nous lui avons décrit la scène que nous voulions voir, il nous a transmis en retour un croquis et c’était déjà ça. Et il nous a avoué, petite anecdote, qu’il n’avait pas été ainsi inspiré par un thème depuis plusieurs années. On voulait l’image d’un casino malsain, un peu cathédrale avec une ambition lourde. Vu la gueule du perso, il est mal barré. Nous sommes old-school au niveau musical donc Marshall était idéal pour nous, le visuel est important pour nous. Un Picture-disc-vinyle serait génial mais on négocie c’est compliqué et cher. La priorité c’est un clip.
10. La stabilité du line-up est compliquée à trouver pour un groupe. Bassiste et batteur ont changé, comment vivez-vous cela ?
C’est difficile en France car nous ne sommes pas professionnels donc il ne faut pas vouloir en vivre. Et puis il y a également la proximité géographique. Si les mecs habitent en Bretagne c’est compliqué de répéter. Notre batteur sur Under the Flag est passé intermittent du spectacle et donc il a besoin de bosser régulièrement et donc vivre de son activité. Financièrement on ne pouvait plus se comprendre, c’est normal. Niveau bassiste, Pélisson nous a dépanné mais Benoit (NDLR : Benoit VICARINI) est arrivé juste après l’enregistrement du premier. Il est lui aussi musicien pro et pendant un an il n’était plus avec nous pour suivre un cursus musical scolaire. Il est revenu juste après que le livret soit fait mais c’est lui sur l’album.
11. Vous sillonner en ce moment les routes de l’hexagone pour défendre et faire connaitre Place Your Bets. Comment cela se passe-t-il et que retirez-vous de ces expériences ?
Concert au Klub hier soir, génial. Et nous avons tourné très récemment avec BATTALION, un groupe génial thrash old-school suisse. Des mecs supers nous nous très bien entendus et le métal est un langage universel. Que du bonheur… Certaines dates sont plus difficiles au niveau des conditions de jeu ou du public mais cela forge aussi le caractère et un groupe comme nous apprend beaucoup de ces expériences. Cela nous fait relativiser et évoluer. Cela fait du bien. Les dix dates d’octobre sont bonnes, parfois difficiles mais l’éclate totale, des instants fabuleux.
12. Vu de Saint Etienne, comment voyez-vous la scène métal française ?
Sur car nous habitons un pays latin et la musique rock n’est pas à la mode. Mauvaise image et il est difficile de jouer. Même dans certaines villes comme Saint-Etienne où une belle petite scène existe, on rame, tous. Il manque des strcutures et pourtant les mairies aident parfois. Le métal n’est pas ancré dans les mœurs, il existe un public pourtant mais cela intéresse peu les décideurs.
13. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour HOLY CROSS ?
Surtout rester cons et débiles comme maintenant. Ne pas changer d’état d’esprit et s’amuser un maximum. Il faut garder la santé, malgré nos rêves de pseudo-gloire le plus important est l’aventure humaine. Il faut se marrer le plus longtemps possible. La chapitre Place Your Bets va durer encore longtemps et aller sur la route un maximum.
Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:
1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?
« Ecstasy of Gold » d’Ennio Morricone
2. Premier album acheté ?
Stiff Upper Lip d’AC/DC. Sinon Back in Black d’AC/DC en vinyle et Defenders of the Faith de JUDAS PRIEST en vinyle aussi. C’était des cadeaux.
3. Dernier album acheté ?
Le BATTALION Set the Phantom Afire acheté sur la tourné Sinon le Super Collider de MEGADETH que j’ai beaucoup apprécié.
Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)
Chronique de l'album ici
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