Archive for décembre, 2013

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01. Pour ceux qui ne vous connaitraient pas malgré une déjà belle carrière, pourriez-vous présenter TAD MOROSE à nos lecteurs ?

Christer 'Krunt' Andersson: Nous sommes un groupe de heavy métal suédois, rien de très particulier ni d’extraordinaire nous concernant. Nous sommes cinq personnes normales qui faisons ce que nous aimons, de la musique. Simplement un heavy métal honnête. Pour ce qui me concerne j’ai toujours joué de la musique, de la guitare en particulier et j’ai créé TAD MOROSE il y a bien longtemps de cela. J’ai toujours été dans différents groupes mais rien ne se passait alors où n’avançait vraiment. Je ne pouvais pas rester ainsi à tourner à rond, en changeant constamment de musiciens… Et moi je voulais voir afin aboutir mes idées et j’ai pu atteindre cet objectif via la création de ce groupe.

Nous entamons désormais un deuxième chapitre comme tu l’appelles même si en réalité nous n’avons jamais abandonné le groupe. Nous travaillons sur cet album depuis dix ans. Chaque fois que nous étions prêts à rentrer en studio pour donner un successeur à Modus Vivendi, un membre du groupe nous quittait et nous étions alors coincés et nous repartions donc pour quelques années de galère pour trouver un remplaçant et à nouveau se préparer. Puis un autre membre nous quittait et rebelote. En plus de ces écueils, de mon côté et également pour Pete, le batteur (NDLR : Peter Morén), nous avons eu chacun de notre côté des enfants et donc c’est la vie quotidienne de monsieur tout le monde qui nous a pris également du temps pour finaliser le disque. Et donc malgré ces dix ans nous avons pris un plaisir fou à faire Revenant, c’est tellement de plaisir et de joie. Je voyage dans le monde, je rencontre beaucoup de gens, je bois des bières, nous profitons de la vie !

Ronny Hemlin : Je connais ces mecs depuis toujours. Quand le batteur de STEEL ATTACK est parti, nous avons demandé à Peter de TAD MOROSE de nous rejoindre pour enregistrer notre disque. Il l’a fait. Ensuite STEEL ATTACK s’est transformé et je n’en faisais plus parti. Peter m’alors dit, je joue sur ton album donc maintenant tu dois chanter sur le mien. Pour ainsi dire, il s’agissait d’un échange de bons procédés, histoire de rendre courte une longue histoire. En fait TAD MOROSE m’avait déjà demandé de les rejoindre comme chanteur il y a des années de cela mais à cette époque-là j’étais très occupé avec STEEL ATTACK donc cela ne s’est pas fait. Avec le recul, j’aurais aimé avoir dit oui à TAD MOROSE à ce moment-là mais on ne refait pas l’histoire.

CA : Oui c’est vrai quand Urban (NDLR : Urban Breed) a quitté le groupe, bien sûr notre premier choix s’est porté sur Ronny. Nous en avons longuement discuté mais STEEL ATTACK lui laissait peu de temps disponible. Donc nous avons eu Joe Comeau (ex-OVERKILL, ex-ANNIHILATOR) pendant un certain temps mais il est ardu d’être un groupe pleinement fonctionnel en ayant ton chanteur de l’autre côté de l’Atlantique. Nous avions en anticipé cette difficulté mais nous nous sommes dits qu’il était dommage de ne pas essayer. Et donc nous avons à nouveau relancer Ronny et à ce moment il avait le temps donc cela s’est enfin fait. A la fin nous avons compris qu’il nous fallait un chanteur suédois car nous sommes un peu old-school dans la démarche et dans l’esprit. Pour nous, il faut pouvoir se voir et répéter souvent donc la proximité géographique est importante. Internet c’est bien pour s’envoyer des idées via des fichiers, nous le faisons mais être face à face c’est vraiment mieux. Nous sommes des amis et nous prenons du bon temps ensemble en jouant de la musique. Et il faut donc se connaître aussi sur le plan humain avant de pouvoir partir de longues semaines en tournée…

RH : le mot old-school est important à mes yeux, nous nous voyons, nous répétons tous ensembles toutes les semaines. Cela se perd et c’est bien dommage. C’est naze de ne bosser que pas fichiers interposés.

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02. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nom de groupe énigmatique ? Pourquoi ce choix ?

CA : C’est une expression an anglais typique des Etats-Unis. Cela signifie être « grincheux ». Je viens d’apprendre de te bouche que « morose » est aussi un mot en français, le sens est le même que dans ta langue. Et « Tad » signifie un petit peu. Donc le nom du groupe signifie « un peu grincheux » ou « un peu morose ». J’ai trouvé cette expression d’un un vieux magazine, Guitar World, il y a longtemps de cela. Il s’agissait alors d’une interview avec Michael Schenker (ex-SCORPIONS, UFO, MSG) qui était alors connu pour être une personne turbulente, détruisant des chambres d’hôtels… Et à la fin de l’article, le journaliste disait qu’en le rencontrant il avait découvert que ce n’était pas une mauvaise personne après tout, il était simplement « Tad Morose » (un peu grincheux en français). Et alors j’ai trouvé que cela ferait un très bon nom de groupe.

Et en général quand tu recherches le nom de ton groupe, quoique tu choisisses tu peux déjà parier que deux cents autres groupes ont déjà choisi le même que toi. Et là sans vérifier, avec TAD MOROSE, nous avons su que personne n’aurait eu la même idée que nous. Et de plus, j’aime les noms composés de deux mots qui claquent comme BLACK SABBATH ou IRON MAIDEN… Ce nom est assez inhabituel et se retient très facilement.

 

03. Bien évidemment le titre de l’album est fort pour un groupe silencieux depuis dix ans. Quelle était votre idée en débutant le travail sur Revenant ?

CA : Nous voulions vraiment que le titre de l’album et son visuel frappe les gens et rappelle que ça y est, TAD MOROSE est de retour ! J’aime beaucoup le choix de Revenant comme titre et cette pochette. Elle correspond au disque et elle correspond aussi au groupe.

RH : Et puis les chansons de cet album ont été écrites sur une période très longues, certaines datent de dix ans et certaines autres sont toutes neuves.

CA : Peut-être deux ou trois chansons datent d’il y a bien longtemps, quelques riffs de guitares sont également assez anciens mais plus de la moitié de ces compositions ont été écrites que très récemment. Dans l’ensemble, ce disque représente le groupe sur toute la dernière décennie.

RH : Il y a deux ans de cela, quand Markus a quitté le groupe (NDLR : Markus Albertson – guitares), il est parti avec les quatre ou cinq chansons qu’il avait composées. Nous avons donc perdu d’un coup presque la moitié de l’album

CA : oui car quand un des membres contribue à l’écriture des chansons et que finalement il part, il prend souvent avec lui les riffs qu’il avait apportés et donc nous perdons énormément de temps. Tu as écrit une chanson que tu ne peux plus utiliser.

RH : Il a fallu donc recommencer à composer pour compenser ce demi album désormais inaccessible. Nous avons composé de nouveaux riffs, des chansons que nous aimons. Notre processus de création est finalement très simple, rien de magique là-dedans.

CA : la touche peut-être plus agressive ou thrash de certaines chansons vient du fait que nous étions très énervés, frustrés de la situation du groupe, ne parvenant pas à avancer et enregistrer un nouvel album. Cet état d’esprit a donc forcément eu un impact sur la musique. Même si la chanson n’est pas spécialement agressive, si tu es dans cet état d’esprit en l’enregistrant, elle prend aussi cette couleur.

 

04. Que pouvez-vous nous dire des sessions d'enregistrement de Revenant ?

CA : Nous avons enregistrer dans différents endroit, ici et là mais principalement dans notre propre studio . Cela explique aussi pourquoi il nous a fallu trois ans pour venir à bout de l’enregistrement. Car dans ce cas là tu as toujours tendance à prendre ton temps et à être très perfectionniste. Tu te dis toujours, « ah je pourrais faire mieux et réenregistrer telle partie demain ». Tu repousses donc chaque fois d’autant la finalisation de l’enregistrement proprement dit.

RH : Mais finalement nous avions besoin de tout ce temps pour obtenir à un résultat satisfaisant à nos yeux.

CA : Et en plus pendant la phase d’enregistrement nous n’avions pas de contrat avec un label donc nous n’avions pas de calendrier précis à respecter. Nous étions les seuls décideurs et cela a pris quand même dix ans en tout. Bien sûr pendant cette décennie les choses ont changé dans le business musical. Avant tu rentrais en studio et tout le monde enregistrait ses parties. Maintenant les groupes agissent par étapes. Nous avons enregistré les guitares dans mon studio, la batterie, la basse et le chant dans le studio de Ronny, nous avons tout fait nous-même et cela a pu aussi engendrer des erreurs, des pertes de temps.

RH : En réalité pendant ce processus-là tu ne sais pas vraiment où tu vas, tu tâtonnes jusqu’à trouver le son qui te plait. Tu modifies encore et encore les différents réglages et boutons jusqu’à ce que le son te plaise. Rien n’est gravé dans la pierre. En studio de nouvelles idées émergent forcément et donc tu expérimentes. Tu ajoutes des couches et à un moment tu te dis stop car il faut bien finir le travail. Avant d’enregistrer nous avons des démo Cubase des chansons et donc je m’imprègne de la mélodie et je définis mes lignes de chant. Je m’assied devant mon ordinateur, j’écoute la musique et je chantonne jusqu’à trouver la bonne mélodie. Puis j’écris les paroles avant de tout essayer en grandeur nature en studio. Parfois cela ne passe finalement pas et donc il faut retravailler pour obtenir le bon mélange.

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05. Comment vous sentez-vous quelques semaines après la sortie de l’album ?

CA : D’habitude pour moi, pour nos premiers albums je ne pouvais plus les écouter pendant plusieurs mois après la sortie. Nous étions sortis exténués et « gavés » de l’enregistrement. Quand tu reçois le premier exemplaire dans ta boite aux lettres bien sûr tu regardes et tu écoutes une fois pour t’assurer que tout va bien mais c’est tout. Avec celui-ci la situation est assez différente. Nous avons vécu si longtemps avec ces chansons que finalement je continue à écouter régulièrement Revenant et il est toujours dans la stéréo de ma voiture. C’est vraiment le premier disque qui continue à me donner une vraie satisfaction. Tu écoutes toujours les défauts où les éléments que tu aurais pu faire différemment mais nous sommes plus vieux et plus matures et donc tu acceptes les qualités et les défauts des albums.

RH : Je l’écoute très régulièrement même si en général j’écoute peu de musique car rien de ce qui sort en ce moment ne me plait vraiment. Je me cantonne aux vieux trucs pour me détendre. J’apprécie certains groupes récents mais pas autant, pas avec la même passion que les vieux albums. Il n’y aura plus jamais un nouveau BLACK SABBATH, ou en tout cas un groupe fondateur de ce calibre. Je ne retrouverai plus jamais l’excitation de découvrir un album comme dans les années 80 ou 90 où tu pouvais écouter un disque dix fois par jour. Tu ne fais plus cela maintenant. Tu écoutes une demi-chanson puis tu skip vers la suivante. C’est peut-être une déformation professionnelle car je suis musicien, j’analyse tout. Et c’est franchement naze !

CA : En réalité, de mon point de vue, il me semble que la majorité des groupes modernes sonnent tous exactement de la même façon. On y trouve les mêmes accélérations, les mêmes parties agressives et cela devient inutiles finalement. Cela fait bien longtemps qu’un nouveau groupe ne m’a pas donné la chair de poule. C’est triste…

 

06. Quelles évolutions de votre point de vue entre Modus Vivendi & Revenant ? 10 ans c’est long…

CA : Bien sûr nous sommes désormais de bien meilleurs musiciens maintenant qu’à l’époque de Modus Vivendi. Et je pense également que nous sommes de meilleurs compositeurs. Nous avons amélioré tous les aspects. Et c’est l’avantage d’avoir tout fait nous-mêmes ici, si tu n’aimes pas telle ou telle partie, tu peux la refaire jusqu’à ce que tu sois satisfait. En général, la production de ce disque m’apparait être encore plus soignée et bien meilleure que n’importe lequel de nos disques précédents. Nous avons également voulu simplifier notre propos et notre son en ne multipliant pas trop les couches musicales sur Revenant par rapport à Modus Vivendi. Il faut dire que notre précédent chanteur Urban breed avait tendance à ajouter encore et encore des couches, des orchestrations, chœurs… et cela devenait finalement indigeste parfois.

Mais cela le rendait heureux. Mais là nous avons fait attention d’aller à l’essentiel. Le studio est un aspect mais le live est aussi un aspect important. Cela ne me dérange pas que de petites différences existent mais lors de l’enregistrement en studio nous avons constamment gardé à l’esprit que nous voulions aussi pouvoir jouer ces nouvelles compositions sur scène.

RH : Nous pensons vraiment à la scène, nos chansons doivent pouvoir donne leur plein potentiel dans ce contexte live.

CA : Sur ce disque tu trouveras ici et là des claviers par exemple mais tu peux sans problème jouer ces chansons sans ses parties là sans qu’elles soient dénaturées.

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07. Que pouvez-vous nous dire de la pochette, est-ce encore une œuvre de Jan Meininghaus ?

RH : Tu parles d’un artiste mais en réalité il s’agit d’une artiste.

CA : Pour les précédents disques nous fournissions la musique et nous laissions l’artiste peindre selon son choix, son inspiration lié à nos chansons. Mais nous n’avions jamais imposé de voir ceci ou cela sur la pochette. Mais pour celui-là le processus a été différent car nous avons imposé l’idée et c’est une œuvre digitale. L’artiste est Isis Sousa (site ici) et elle est très talentueuse. Elle nous a demandé ce que nous voulions et nous lui avons répondu, un crâne peut-être et nous avons eu l’idée de ce crâne sortant des eaux comme cela. Donc elle a fait quelques sketchs et nous a proposé que tout un corps émerge de ce drôle d’océan. Et nous avons trouvé ça cool et nous l’avons encouragé à poursuivre dans cette direction. Le choix des couleurs, ce rouge, est son idée. Nous n’avons imposé que cette histoire de crâne et le titre de l’album.

RH : En fait le processus de création de cette pochette a été franchement long. Elle nous envoyait des idées, des dessins et nous commentions, demandions des modifications ici et là.

CA : Cet aller-retour constant entre le groupe et l’artiste pour obtenir exactement ce que tu veux est possible dans le cas d’une œuvre digitale. Si comme auparavant il s’agit d’une peinture, les modifications sont forcément limitées.

 

08. Avez-vous des projets de tournées en Europe dans les mois qui viennent ?

RH : nous visons une domination mondiale (rires) !

CA : notre management est actuellement en train de chercher des opportunités et de définir de quoi sera fait les mois qui viennent. Rien n’est encore prévu pour ce que nous en savons mais nous espérons vraiment avoir plus de visibilité dans les semaines qui viennent. Ce serait génial de participer à des festivals l’été prochain, en attendant nous jouons ensembles au maximum pour être prêts le moment venu. Nous rassemblons également des idées, nous composons de nouvelles choses pour le prochain disque. Nous avons eu une release party en Suède avec beaucoup d’amis et c’était génial ! Nous faisons de la musique d’abord pour nous et même si cela n’intéressait personne nous continuerions à la faire.

RH : On dirait que nos vieux fans apprécient également l’album et que nous gagnons également de nouveaux fans qui nous découvrent grâce à Revenant.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

1. Quelle est ta chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

CA : « Neon Knights » de BLACK SABBATH

RH : « Metal Church » de METAL CHURCH

 

2. Premier album acheté ?

CA : Rock and Roll Over de KISS

RH : Virgin Killer des SCORPIONS

 

3. Dernier album acheté ?

RH : Give Me Your Soul…Please de KING DIAMOND

CA : Le même que Ronny en fait

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

Site internet

Taux de remplissage : respectable 
Son : plutôt bon, pour la plupart des groupes
Lights : mauvais 
Ambiance : plutôt festive
Moments forts : Death to All, Satyricon, Heaven Shall Burn

Cette année, pas de Mass Deathtruction ni d’Eindhoven Metal Meeting pour moi mais un Distortion Festival fin du mois de novembre avec une affiche pour le moins éclectique. En effet, ce n’est pas tous les jours que My Dying Bride joue juste après Death to All ( !) et Papa Roach dans un festival à échelle plus modeste. Au programme : des infrastructures gigantesques et pas toujours remplies pour la peine, des prestations en grande majorité de qualité, et des consommations sur place relativement onéreuses. Qu’à cela ne tienne, retour sur une journée plutôt sympathique chez nos copains bataves ! 

Après une très longue attente aux guichets, les portes finissent enfin par s’ouvrir et les gens commencent seulement à entrer au compte-gouttes dans la salle quelques minutes avant le début du set des Taïwanais de Chthonic. Par conséquent, un public relativement réduit devant la scène vu que la majorité des gens faisaient encore la file dehors pendant la prestation du groupe. Prestation on ne peut plus satisfaisante comme ouverture de bal. Une musique certes pas des plus transcendantes, mais une mise en place carrée au poil près, rien n’est laissé au hasard (sauf les lights peut-être, j’y reviendrai plus tard) et des membres qui ne perdent pas la face devant le contraste saisissant entre le nombre de personnes présentes et la taille énorme de la salle. 

Si le son s’était avéré pour ce premier concert assez bon, cela ne fut pas le cas pour les Suisses de Darkrise et les Allemands d’Obscura. Certes, les deux tentèrent de donner le meilleur aperçu possible de leur (brutal)death metal, mais malheureusement ni le son, ni la mise en place, ni les lumières n’y étaient. Il faut dire aussi que cette manie qu’ont les Néerlandais de  pousser les lights et effets au maximum est à la longue franchement désagréable, voire pénible pour certains concerts. C’est donc d’assez loin que je regarderai ces deux prestations. 

Place à présent aux Américains de Dying Fetus. Quiconque les ayant déjà vus une fois en concert sait à quoi s’attendre la prochaine fois, surtout depuis la sortie de « Reign Supreme », vu que la setlist est sensiblement la même à chaque fois. Cinquante minutes de set étaient programmées en ce jour. Certes, le groupe assure et envoie une sévère claque dans la face, comme toujours, mais vu la longueur de leurs titres, cinquante minutes se révèle être long. Je quitterai donc la salle un peu avant la fin du set afin de me placer pour l’un des groupes qui m’avaient fait faire le déplacement : Hypocrisy.

Un concert de Peter Tägtgren et de ses collègues, c’est généralement quitte ou double (et  surtout fortement lié à leur consommation d’alcool, la plupart du temps). M’enfin vu que la tournée n’avait pas débuté depuis longtemps, les risques d’une mauvaise prestation, exécutée à l’arrache étaient plus faibles. Le set commence d’emblée avec « End of Disclosure » et of « Tales of thy Spineless » et s’enchaînera sans relâche avec quelques autres titres du dernier album ainsi que des classiques, attendus par le public et bien évidemment très bien rôdés (« Left to Rot », « Fire in the Sky », « Roswell 47 », « The Eraser »). « A Taste of Extreme Divinity » et « Virus » passeront malheureusement une fois de plus à la trappe, mais qu’à cela ne tienne, la setlist de cinquante minute est impeccable et l’interprétation scénique fort heureusement excellente. Si les lumières sont comme d’habitude avec eux, catastrophiques (bonne chance aux photographes pour avoir un cliché correct entre les éclairages rouges, les fumigènes et les ‘effets’ aveuglants), le son s’avère par contre être très bon. Les titres se succèdent donc les uns au autres et le show prend fin bien trop rapidement à mon humble avis.

Pas de temps à perdre, en route pour enfin voir Heaven Shall Burn, qui doit être à peu de chose près le seul groupe de metalcore digne d’un tant soit peu d’intérêt de nos jours. La réputation des Allemands sur scène n’est plus à faire et en effet, quelle claque ! Des morceaux puissants, relativement variés (la part belle étant laissée au dernier album « VETO », tout de même) sans oublier des titres de la belle époque d’« Antigone ». La motivation des membres est communicative et le public répond plus que favorablement aux demandes de Marcus Bischoff (même si l’on a déjà vu des pits plus dangereux que celui-là, certes). Les titres s’enchaînent à la vitesse de l’éclair et la fin du set arrive avec « Endzeit » (évidemment, le seul morceau qu’absolument tout le monde aime et attend). Sauf que manifestement, les Teutons l’ont tellement jouée qu’ils continuent à le faire plus par obligation morale que par envie, ce qui se ressent et se voit, vu le résultat clairement bâclé. Dommage car le reste du set était vraiment réjouissant pourtant ! 

Ah Satyricon. Leur dernier album éponyme, et leur nouvelle attitude « black metal pop stars » étant loin de convaincre tout le monde, c’est néanmoins avec enthousiasme que je me rends dans la salle car après tout, leur prestation de l’année dernière à l’Eindhoven Metal Meeting m’avait énormément plu. Et il en fut de même cette fois-ci. Un groupe très en forme même si Satyr ne s’est toujours pas racheté de charisme entre-temps et une setlist plutôt variée, et surtout pas trop axée sur cet immonde dernier album (mais soyons honnêtes : des titres d’albums récents et groovy comme « Now, Diabolical » ou « The Pentagram Burns » font quand même leur effet en live). Le public est conquis, et c’est avec le sourire aux lèvres que je m’apprête à assister au clou de la soirée ! 

Cette fameuse tournée d’hommage à Chuck Schuldiner a suscité une multitude de réactions et de débats quant au bienfondé de cette démarche. Cependant, pas de débat aujourd’hui, mais de la solidarité et de la musique à pleins tubes. Contrairement au Neurotic Death Fest de mai dernier, le line-up de cette tournée était presque le même que celui de « Human », avec Max Phelps au chant. Ses performances en tant que guitariste étaient déjà une valeur sûre, mais c’est au niveau du chant qu’il a surpris tout le monde, tant sa voix rappelait les débuts de Chuck Schuldiner. Dans l’ensemble, le son était plutôt bon, la mise en place y était et chaque titre était joué plus lentement que l’original. D’ailleurs, la setlist comportait quelques bonnes surprises comme notamment « Withing the Mind » ou « Human Force ». En parlant de bonnes surprises, Hannes Grossmann d’Obscura s’est chargé de la batterie sur « Crystal Moutain » et « The Flesh and the Power It Holds », accompagné sur cette dernière par Steffen Kümmerer (d’Obscura toujours) à la guitare et au chant. Une très belle prestation, qui aurait bien mérité de terminer la soirée ! 

Avec tout ça, une petite pause boisson se fait nécessaire et l’arrivée de Papa Roach sur scène tombe à pic. Foncièrement, je n’ai rien contre le groupe, mais comme de l’eau a coulé sous les ponts depuis « Getting away with Murder » et que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils sont devenus depuis, je ne leur ai jeté que quelques coups d’œil furtifs au début du set. De prime abord, l’ambiance avait l’air d’y être et la motivation aussi ! 

Toutes les bonnes choses ont une fin et il en va de même pour ce festival qui se clôture avec les Anglais de My Dying Bride. Inutile de dire qu’un concert de doom qui se déroule en même temps qu’un concert de thrash (Havok si je ne m’abuse) et juste après Papa Roach… ça détonne un peu. Mis à part ce détail, la prestation du groupe fut largement en-dessous de ce que j’ai déjà eu l’occasion de voir à plusieurs reprises, à commencer par la setlist : assez courte (beh oui ! une heure, pour du doom, ne permet pas de jouer énormément de titres), mal organisée, commençant avec plusieurs titres d’ « A Map of all our Failures », leur –très mauvais- dernier effort et se terminant avec un titre totalement quelconque et vite oublié, en passant par quelques classiques qui tombaient un peu comme un cheveu dans la soupe. Difficile de se mettre dans l’ambiance dans de telles conditions. Les lights en revanche étaient excellents et mettaient enfin le groupe en valeur ! Côté attitude, toujours pareil : gesticulations exacerbées de la part d’Aaron, dont la fausseté du chant clair est devenu tellement récurrente qu’il s’agit désormais d’une marque de fabrique acceptée et/ou appréciée par tous. Pour la peine, il aurait mieux fallu placer Death to All en tête d’affiche, histoire de terminer le festival en beauté ! 

En guise de conclusion, l’expérience Distortion Festival fut plutôt positive. Les événements de ce genre sont toujours agréables à fréquenter aux Pays-Bas, mais l’affiche n’en restait pas moins un poil trop éclectique, et les infrastructures trop spacieuses. A ce niveau, et pour le même prix, le Eindhoven Metal Meeting reste le plus avantageux pour les fans d’extrême en manque de décibels.

 

1387032680_coverBrain Dead sait y faire pour attirer les regards. Avec son patronyme sympathique et une pochette évoquant les meilleures œuvres de Ed Repka, Menace from the sickness ne peut qu'éveiller l'intérêt des fans de thrash old-school. Sans cela, pas sûr que l'on s'y soit intéressé.

Actifs depuis 2001, ces vigoureux Italiens ne prétendent pas ré-inventer l'eau tiède, ce qui est tout à leur honneur. On le comprend rapidement ; il suffit de deux accords pour constater que Brain Dead baigne dans une nostalgie musicale bienvenue. Impossible de ne pas penser à tous ces bons groupes thrash de série B (Lääz Rockit, Re-Animator…) qui pullulaient alors entre 1988 et 1992. Les riffs sont directs, les rythmiques « moshantes », bref, rien ne manque au cahier des charges. Mais si le groupe respecte une formule établie et manque d'originalité, il n'en est pas moins efficace. « Evil dead », « Another way » et consorts sont des petites speederies que l'on déguste sur le moment.

Menace from the sickness est une friandise agréable et rafraîchissante. Même si l'on risque de l'oublier dans quelques mois, cet album a le mérite d'être, honnête, modeste et plutôt bien troussé. Ce qui n'est pas rien.

Nico (6,5/10)

Site Officiel: https://www.facebook.com/pages/Brain-Dead/45127691823

Punishment 18 Records / 2013

01. The Fallout 02. Land Of Cunning 03. Eye Of The Cyclone 04. Another Way 05. Evil Dead 06. Razor's Edge 07. The Mission 08. Pay For A Better Life 09. Menace From The Sickness 10. Final Truth 11. Total Despair