Trente ans… Europe est donc désormais un groupe de vétérans, un groupe dont la carrière ne se résume pas aux quelques hits Hard FM des années 80 (« Rock The Night », « Carrie », « Superstitious » et le trop entendu « The Final Countdown ») mais qui comprend une dizaine d'albums dont une majorité œuvrant dans un hard rock classique plus proche de Deep Purple et Thin Lizzy que de Bon Jovi ou Boston. Depuis sa reformation en 2003, Europe a cherché à renouer avec l'inspiration de ses deux premiers disques, pour un résultat plutôt heureux avec notamment un Bag of Bones aux forts relents de hard seventies.
Le groupe de Joey Tempest a par ailleurs occupé la tête d'affiche du Sweden Rock cette année, profitant de ce concert en sa terre natale pour y jouer deux heures, interprétant vingt sept compositions fêtant ainsi l'anniversaire de ses trente ans de carrière. À cette occasion, il a invité sur scène Michael Schenker pour exécuter une reprise de UFO bien sentie – « Lights Out » –, et a invité Scott Gorham pour jouer avec lui un excellent « Jaibreak », en hommage à deux groupes qui ont été, à l'origine, deux influences marquantes du combo.
Mené par un Joey Tempest qui a bel et bien conservé ses capacités vocales, le groupe est en grande forme, puissant et et évidemment très en place. Cela donne à la musique des Suédois un cachet évidemment plus heavy que sur disque, ce qui était l'effet recherché. John Norum est lui aussi plein d'allant, très en maîtrise sur ses solos mais aussi sur ceux de Kee Marcello, qu'il interprète à la perfection (« Superstitious » notamment dans une version bien plus plombée que l'originale). « Scream Of Anger » ou « Girl From Lebanon » sont particulièrement réussies.
Pourtant, on n'est pas totalement satisfait. Le groupe a fait le choix d'équilibrer sa setlist entre vieux titres et nouveaux. Ainsi The Final Countdown n'est pas trop représenté alors que le premier disque, Europe (1983), est rappelé à la mémoire de tous par trois morceaux très bienvenus (« Paradize Bay », « Seven Doors Hotel » et « In The Future To Come »), bien mieux joués que sur la version de l'album. Les chansons très récentes issus des quatre derniers disques sont là en force et représentent un bon tiers du disque, le dernier album était bien présent avec quatre titres. Cela évite le passéisme et la nostalgie mais la succession des morceaux et des styles est parfois un peu étrange. Entendre « Carrie » après les grosses guitares, accordées très grave de « Start From The Dark », crée un contraste pas toujours agréable. Par ailleurs, il est patent que les nouveaux morceaux, certes de qualité, sont bien moins accrocheurs que les hits de jadis. On aurait bien troqué un « Firebox » pour un « Cherokee » en fait.
Disons que les louvoiements de la carrière apparaissent de manière un peu trop voyante ici. Un défaut sans doute inévitable mais bien là. Mais à défaut d'être parfait, ce Live At Sweden Rock est relativement exhaustif et sincère. Comment le reprocher ?
Baptiste (7,5/10)
EAR Music / 2013
Tracklist : 01. Riches To Rags 02. Firebox 03. Not Supposed To Sing The Blues 04. Scream Of Anger 05. Superstitious 06. No Stone Unturned 07. New Love In Town 08. In The Future To Come 09. Paradize Bay 10. Girl From Lebanon 11. Prisoners In Paradise 12. Always The Pretenders 13. Drink And A Smile 14. Open Your Heart 15. Love Is Not The Enemy 16. Sign Of The Times 17. Start From The Dark 18. Wings Of Tomorrow 19. Carrie 20. Jailbreak (feat. Scott Gorham) 21. Seven Doors Hotel 22. Drum Solo 23. The Beast 24. Let The Good Times Rock 25. Lights Out (feat. Michael Schenker) 26. Rock The Night 27. Last Look At Eden 28. Final Countdow