Archive for mars, 2014

Asia – Gravitas

oshy_23032014_AsiJe ne vous ferais pas l’affront, chers lecteurs, de vous présenter les progueux anglais d’ASIA. Si vous ne savez pas de qui il s’agit, votre culture générale rock fait preuve de sérieuses lacunes. Avec une très grande régularité depuis le retour du line-up classiques, les britanniques publient tous les deux ans un nouvel album. On se croirait revenu à l’époque bénie du milieu des années quatre-vingt-dix entre entre Astra et Arena. Autant Omega (ici) et Phoenix () avait convaincu la rédaction de Métalchroniques, autant XXX (ici) avait laissé poindre un essoufflement inquiétant. Avec Gravitas, la question est de savoir si Wetton/Downes & co ont su relever la tête. Soulignons la pochette encore une fois colorée et superbe signée par l’incontournable Roger Dean. Il fait, au même titre que Rodney Matthews, vraiment partie de l’univers ASIA (l’horrible pochette de Silent Nation – chronique ici – signée ni l’un ni l’autre marquera d’ailleurs la fin de l’époque John Payne).

Considérations d'âge

Le chapitre Gravitas commence par un coup de tonnerre, avec l’année dernière l’annonce de Steve Howe, trop occupé tant par sa carrière solo que par YES, qui décide de quitter donc ASIA. Il est remplacé par Sam Coulson, un guitariste prodige qui pourrait être le petit-fils de ces messieurs. Point de jeunisme déplacé ici, mais à voir les vidéos en concert récente du groupe, nous ne pouvons être que frapper par l’âge maintenant avancé des musiciens. Je me faisais la même remarque en voyant une récente interview de Jon Anderson (ex et futur YES). Tous les membres historiques de la galaxie YES/ASIA sont largement entrés dans la soixantaine et s'approchent joyeusement des soixante-dix ans. L’aspect physique de Steve Howe lui-même, très maigre comme toujours commence à faire un peu peur.

Mais ces considérations d’âge impliquent surtout une énorme expérience et un sacré savoir-faire. Depuis le retour du line-up classique, ASIA a soufflé le chaud et le froid mais a toujours su proposer au moins un tube imparable sur chacun de ses disques (sauf sur un XXX décevant). Ils cherchent clairement à reproduire le coup de maître du « Heat of the Moment » de 1982. Et le « Finger of the trigger » et le « Never Again » de Gravitas s’appelle « Valkyrie ». Cette chanson semble très basique, très (trop) simple pour bien des fans mais pourtant son potentiel est monstrueux. Le refrain rentre dans la tête en dix secondes et difficile de s’en dépêtrer à partir de ce moment-là. L’adjonction de cordes au rock progressif habituel d’ASIA est une riche idée qui apporte un peu de profondeur à cette chanson.

Nombreux seront ceux qui diront que le groupe ne capitalise que sur ses acquis et semble être en pilote automatique. Ce n’est pas faux mais avec un tel savoir-faire, ASIA parvient encore à nous donner des frissons. Le solo de guitare signé Coulson est tout à fait au niveau et se fond parfaitement dans le moule du groupe. A l’image de YES qui ne montre aucune pitié pour ses membres, le guitariste a intérêt à filer droit s’il ne veut pas être éjecté en un clin d’œil.

À boire et à manger

Et en dehors de ce « tube » me direz-vous ? Et bien Gravitas offre à boire et à manger. ASIA comme à son habitude continue à louvoyer entre hard rock gentillet, ballades sirupeuses et chansons presque plus pop que rock. Le propos est clairement assez doux, les titres plus couillus manquent nettement à l’appel. Faites votre choix dans ce pot-pourri de rythmes et d’ambiances. Toujours très sage, ASIA offre avec Gravitas un album consensuel à même de plaire à un large public. Les fans ne sont seront pas désorientés et peuvent le regretter. Les britanniques sont encore une fois restés très sages et c’est dommage. Je regrette personnellement le foisonnement de l’époque Arena, une musique alors plus riche, surprenante et enlevée. A l’écoute de Gravitas, un sentiment de mollesse et de lassitude fini par émerger.

Avec autant de compétences et d’expérience emmagasinées depuis des décennies, ASIA publie cette année encore un nouvel album appliqué à défaut d’être enthousiasmant. Les standards restent élevés même si nous sommes en droit d’attendre beaucoup plus des britanniques au vu de leur talent. Certainement plus réussi que XXX, Gravitas laisse quand même beaucoup de regrets. L’arrivée d’un nouveau guitariste aurait pu apporter du sang neuf, mais on sent bien que Wetton et surtout Downes tiennent fermement la barre du navire. Un peu d’audace ne ferait quand même pas de mal…

Oshyrya (6,5/10)

 

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Frontiers Records / 2014

Tracklist (49:31 mn) 01. Valkyrie 02. Gravitas a. Lento b. Gravitas 03. The Closer I Get To You 04. Nyctophobia 05. Russian Dolls 06. Heaven Help Me Now 07. a. Wings of Angels b. Prelude c. Heaven Help Me Now 08. I Would Die For You 09. Joe DiMaggio’s Glove 10. Till We Meet Again

oshy_23032014_Orde_o_IsComme souvent, en musique comme dans la vie, l’habit fait le moine. Regardez la pochette de cet album, les activités passées des membres du groupe et les titres des chansons et vous aurez une idée assez prise de la musique proposée ici. Et il aura pourtant fallu du temps pour que ce disque voit le jour tant les obstacles à surmonter ont été nombreux pour les Suédois. Enfanté en 2009 à Stockholm, ORDER OF ISAZ compte dans ses rangs des musiciens respectés comme Johnny Hagel, ancien bassiste de TIAMAT et Tobias Sidegård, ancien chanteur de NECROPHOBIC. Vous savez maintenant que vous ne trouverez pas ici de polka métal dansante mais bien un métal sombre et gothique. Rapidement après sa naissance, le groupe sort un EP éponyme pour ensuite disparaitre de nos radars pour une longue période. De cette période de « famine » va naître ce premier album.

Si vous aimez les ambiances sombres et gothiques vous avez ici à faire à des maîtres du genre. La présence d’un membre du TIAMAT de l’époque Wildhoney est tout sauf est une coïncidence tant l’ombre de ce disque et de ce groupe plane sur ce disque. Mais les influences ne s’arrêtent pas là et il serait injuste de ne pas citer les classiques du genre comme THE SISTERS OF MERCY, FIELDS OF THE NEPHILIM et même le TRISTANIA de Morten Veland, le chant extrême en moins. Car là aussi, la contribution de Tobias Sidegård et de sa voix grave est expressive est absolument fondamentale. Il parvient à faire transpirer beaucoup d’émotions, entre désespoir, souffrance et mélancolie. Ajoutez à cela une tapisserie musicale à la fois sombre, inquiétante mais tellement séduisante et vous aurez une bonne idée de la force de ce Seven Years Of Famine. Les guitares tissent une toile très épaisse mais parsemée ici et là de touches de lumières apportées par un piano ou quelques nappes de claviers. Finalement très classique au niveau de l’approche métal gothique, ORDER OF ISAZ parvient quand même à convaincre malgré l’absence de coups d’éclat. La maîtrise est là et cela faisait assez longtemps que je n’avais ainsi succombé avec plaisir à mes penchants les plus inavouables entre colère et dépression. Soulignons la présence ici d’une reprise du superbe « Spirit » de DEAD CAN DANCE. Il est toujours périlleux de se frotter ainsi à un groupe aussi fort mais ORDER OF ISAZ s’en sort avec les honneurs en restant finalement assez fidèle à la chanson originale.

Comme je le disais en introduction, tout dans cet album annonce la couleur et le travail a été parfaitement bien fait. Les fans de métal gothique pur et traditionnel sera ici comblé et retrouveront un peu goût du passé en se replongeant avec délice au milieu des années quatre-vingt-dix à l’époque de l’âge d’or de cette scène gothique. Démarche certainement un peu passéiste mais très agréable pour les vieux fans comme votre serviteur.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Season of Mist / 2014

Tracklist (51:01 mn) 01. The Coalesce 02. The Blackened Flame 03. Screeching Owl 04. Dancing Shadows 05. Drowning 06. UmbraSombra 07. Father Death 08. Spirit 09. The Dying Star

oshy_23032014_Crippl_Bla_PhoeniLa Galaxie CRIPPLED BLACK PHOENIX semble être, à l’image de la pochette de ce nouvel album, particulièrement complexe et touffue. Groupe rock britannique construit autour de la figure centrale du multi-instrumentiste Justin Greaves, on ne compte plus les musiciens qui ont évolué, en studio et en live, au sein de cette formation. Tout l’aventure a débuté en 2004 alors que Greaves commence a graver sur bandes des sons primitifs qui lui trottent dans la tête depuis des années. Encouragé par ses camarades, cette base donnera naissance à A Love of Shared Disasters sorti en 2006 chez Invada Records. Depuis, il reste le solide capitaine de ce navire et il assure la cohérence du propos musical.

Et il n’en fait qu’à sa tête, mélangeant allégrement les genres au sein de sa musique. Ce disque débute par une chanson calme et douce, simplement voix et guitare sèche. Les choses sérieuses débutent avec « No! Part 1 » et une approche plus rock progressive qui ne dépareillerait pas au sein de la discographie des Polonais de GAZPACHO par exemple. Vous trouverez aussi ce petit goût de rock alternatif typiquement britannique proche des IRON MONKEY (dont Greaves a été le batteur) ou encore de MOGWAI. Les chansons proposées sur White Light Generator sont, comme à chaque fois, bourrées de feeling. Le propos est assez subtil, chaque composition s’apparente à de l’horlogerie fine où chaque élément a son importance. CRIPPLED BLACK PHOENIX compte pas moins de six membres pour mettre toutes ces idées foisonnantes en musique. Les changements de rythmes et d’atmosphères sont innombrables et installent progressivement une ambiance lourde, encore douleur et recueillement. Difficile de ne pas se laisser happer par ce tourbillon CRIPPLED BLACK PHOENIX. Le MARILLION torturé des derniers albums, voir le THE CURE de Disintegration, me vient aussi à l’esprit à l’écoute de certains passages de White Light Generator. Ce disque nécessite une écoute attentive et répétée pour s’immerger complétement dans cet univers et en apprécier toutes les nuances de gris. Le rythme lent et rythmé d’un « Let's Have An Apocalypse Now! » capture l’auditeur dans ses filets et ne le laissera plus s’échapper. Le savoir-faire est évident et impressionnant de maîtrise.

Cette plongée dans les abysses est loin d’être dénuée d’intérêt mais le voyage s’annonce douloureux. L’éclectisme de la musique de CRIPPLED BLACK PHOENIX est assez envoutant à défaut d’être facilement accessible. Mais l’effort sera récompensé une fois cet univers apprivoisé. L’auditeur ressort essoré mais un peu plus riche émotionnellement de l’écoute de White Light Generator. C’est assez rare pour être souligné.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Mascot Label Group / 2014

Tracklist (70:53 mn) 01. Sweeter Than You 02. No! Part 1 03. No! Part 2 04. Let's Have An Apocalypse Now! 05. Black Light Generator 06. Parasites 07. _______ 08. Northern Comfort 09. Wake Me Up When It's Time To Sleep 10. Caring Breeds The Horror 11. We Remember You 12. A Brighter Tomorrow