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01. Peux-tu présenter à nos lecteurs EPYSODE ?

EPYSODE est un concept avant tout. Je n’aime pas beaucoup les étiquettes mais disons que certains qualifie ce travail d’opéra métal. Pour moi le principe reste de composer de la musique et ensuite inviter des guests pour donner vie à tout cela. Donc on peut parler de super-groupe avec tous les artistes impliqués mais cela reste forcément éphémère.

 

02. Des mois après la sortie de ce deuxième album comment te sens-tu vis-à-vis de ces chansons ?

Oui toujours très heureux, tout n’est pas parfait mais à chaque fois nous essayons de faire le mieux, en tout cas au mieux. Si tu veux vraiment t’attarder, tu trouveras à redire ici ou là mais il ne s’agit pas de vivre avec des regrets. Mais ce n’est pas trop mon genre. Je veux être fier de mon travail et donc j’essaye d’être très pointilleux, attentif à tous les détails pendant la genèse du disque, après c’est trop tard. Quand j’écoute Fantasmagoria, je reste satisfait et je ne me pose pas plus de question. Juste après le studio, il est difficile de s’y remettre et d’écouter son œuvre avec détachement et recul. Pendant quelques semaines j’écoute autre chose, carrément un autre style mais après quelques temps nous y revenons toujours.

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03. De ton point de vue, quelles sont les principales évolutions musicales entre Obsessions et Fantasmagoria ?

Déjà avant de commencer à bosser sur Fantasmagoria, je ressentais une certaine pression. Certains fans étaient très heureux du premier et souhaitaient plus, encore mieux… Les standards de qualité étaient déjà fixés au plus haut et donc il ne fallait pas que je puisse faiblir et rendre une copie moyenne. Donc j’ai essayé de travailler sans avoir cela à l’esprit et au moins reproduire la même qualité. Nous avons travaillé pour améliorer le son, la production. J’ai travaillé avec une autre personne pour le mixage par exemple. Pour le mastering aussi chez Jacob Hansen qui a déjà un beau CV et un super son. J’ai surtout voulu suivre mon instinct par rapport à l’histoire. J’écris d’abord la trame scénaristique du disque avant d’attaquer la partie musicale. Ce fut mon fil rouge. Les fan de progressif risquent d’être plus satisfait avec le premier album alors que le deuxième est plus dans une veine power mélodique, de mon point de vue en tout cas. Une des grandes différences est également temporelle.

Le premier album a mis énormément de temps à voir le jour, pour trouver un deal avec une maison de disque. Les démarches ont été tortueuses, nous sommes dans une époque qui ne favorise pas la nouveauté. Quand tu arrives sans grande expérience, sans disque connu à ton actif, il faut parvenir à vaincre certaines frilosités. Et il faut un truc en plus qui va séduire et intéresser. A la base mon label, AFM Records, ne fait pas de groupe à tendances progressives et donc il a fallu bien des efforts pour les convaincre. Ils voulaient avoir l’album en main pour se décider et cela s’est fait quand ils l’ont eu. Nous avons enregistré l’album et nous leur avons envoyé avant de le mixer. Cela a pris du temps car nous n’avons pas eu de financement de leur part et donc il a fallu nous-même réunir les fonds à chaque étape pour réussir finalement à tout boucler. Le deuxième album étant déjà signé, je n’avais plus qu’à me concentrer sur sa réalisation, l’histoire et la musique.

Contractuellement, j’ai une option pour un troisième mais on verra bien. Le label voudrait le voir sortir vite mais je leur ai dit qu’il fallait que je m’accorde un peu break après ces dernières années de folie, prendre un groupe et faire un peu de scène entre temps pour voir autre chose. Il faut continuer à imposer EPYSODE dans le paysage européen avec un style particulier. Le label voudrait aller vite mais moi je ne veux pas saturer les gens et j’ai peur que le troisième ressemble trop au deuxième.

 

04. Comment s’est fait le choix des guests ?

Le processus est resté le même pour les deux albums, beaucoup au feeling. J’écris la musique et je détaille beaucoup mes personnages, je n’en prends que cinq. De là bien sûr, quand j’écris l’archétype du personnage, je me demande à chaque fois quelle voix j’entends. Je cherche, je cherche et je me fais alors une petite liste. De là je les contacte très simplement par Facebook ou par mail, ils écoutent les maquettes et c’est oui ou c’est non. Même chose pour Fantasmagoria sauf que c’est presque plus facile car le premier album existe. Donc c’est une belle carte de visite et nous avons vraiment sué, j’ai beaucoup travaillé avec Magali Luyten, pleurer des larmes de sang pour terminer le premier.

Donc cette expérience aidant, nous avons pu mieux travailler. Nous étions rôdés. Je n’ai jamais voulu inviter des noms avec l’idée de booster mon album et faire le buzz. Tout est venu de mon ressenti, des voix qui dans mon esprit devaient interpréter telle ou telle partie. J’écoute tout le monde dans me dire si son nom est « bankable ». J’écoute Tom d’EVERGREY comme les autres selon ma sensibilité. Je ne suis pas quand même idiot et si l’artiste me plait, qu’il est motivé et connu et bien tant mieux. Tant mieux si les fans d’EVERGREY sont curieux d’entendre et s’intéressent à EPYSODE. Mais donc avoir Ida de TRIOSPHERE par exemple même si elle est bien moins connue ne me pose aucun problème, l’important c’est sa voix et qu’elle puisse se fondre dans son personnage.

 

05. Que peux-tu nous dire des sessions d'enregistrement de Fantasmagoria ? Tous sont venus Noise Factory studio (Belgium), as-tu une fortune personnelle ?

Tu as raison cela coûte une petite fortune mais c’est un investissement personnel important. Je vis une passion et je suis donc prêt à faire certains sacrifices. Même si là pour le deuxième j’ai eu un petit peu plus d’aide du label par exemple, cela joue. Et c’est important pour moi de les avoir physiquement en studio. Pour le premier ce fut difficile pour Christophe Godin qui est constamment sur les routes, paris pour Daniel Gildenlöw de PAIN OF SALVATION. Donc nous nous étions débrouillés autrement.

Mais je m’étais alors juré pour le suivant que je pourrai travailler directement avec tous les artistes en studio. Nous pouvons alors vraiment travailler ensemble. Je voulais que le produit sonne groupe et pas concept, patchwork studio. Il m’a fallu environ un an pour composer et écrire l’histoire, pas à temps plein, je fais d’autres choses en parallèle mais cela prend beaucoup de temps quand même. Pour le studio, il a fallu compter environ cinq mois, là aussi pas tous les jours, selon les disponibilités des uns et des autres. Cela devient casse-tête pour que tout s’emboîte.

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06. Comment travailles-tu alors que tu ne sais pas en composant qui chantera ces chansons ? Tu peux vouloir l’une ou l’autre mais pas sûr qu’ils acceptent…

Oui c’est vrai mais comme je te le disais, en composant j’entends une voix et donc je me note l’artiste qui conviendrait à ce que j’entends. Mais cette liste ne contient pas d’un seul nom, pour chaque voix, j’ai un choix principal et aussi des choix secondaires. Donc en réalité, j’envoie à tous ceux qui m’intéressent et ensuite je vois et je fais un tri selon les réponses. Ils savent tous très bien qu’ils ne sont pas les seuls et donc j’ai eu plusieurs réponses positives pour certains rôles et j’ai dû faire un choix. J’en en tête un podium et donc si le premier dit oui, je ne donne pas suite aux autres. Mais tout le monde connait ces règles et ce processus dès le début.

 

07. Pour Obsessions je trouvais des ressemblances ou des influences d’un Jean-Christophe Grangé et des Rivières Pourpres, est-ce le cas ?

J’apprécie l’auteur et ses romans. Je suis un très grand fan de Stephen King donc tous les univers dans cette veine-là me plaisent. Des films comme Seven par exemple m’inspirent… Donc d’une façon ou d’une autre j’ai pu me nourrir inconsciemment du travail de Grangé.

 

08. Que peux-tu nous dire de la pochette plutôt sympa, comment travailler vous avec l’artiste ?

C’est très important pour moi mais je ne suis pas très fan des dessins. J’apprécie le beau travail, le beau coup de pinceau mais ce n’est pas mon style. J’étais par exemple en contact avec Eric Philippe qui est un artiste doué qui a fait de belles choses pour RHAPSODY par exemple mais ce n’est vraiment pas ma came. J’apprécie plutôt les photos, les scènes pures, des photomontages… Cela reste très travaillé pour créer un univers. Pour le premier album, il s’agit du travail de Nicolas Spreutels, le frère du claviériste Julien qui joue sur l’album. Nicolas est aussi graphiste de métier et il était très motivé pour travailler sur le projet. Un super boulot en représentant le tueur en série de la première histoire.

Ici, pour la pochette j’ai travaillé avec Alexandra V Bach qui fait plus dans le féérique et la fantasy d’habitude. Elle a fait des travaux pour ADAGIO ou KAMELOT par exemple. J’aimais bien son univers et donc on peut essayer. C’est comme pour la musique composée à partie de l’histoire, je m’immerge dans mon univers et je laisse mon imagination voguer. Je traine sur Deviantart et je vois si tel ou tel artiste m’inspire et colle à l’univers que je souhaite voir illustrer. Je donne beaucoup d’informations sur ce que jeux veux voir, j’ai déjà presque la pochette en tête mais ensuite l’artiste s’accapare mes instructions et les transforme. Ce n’est pas mon travail donc l’artiste peut s’exprimer dans le cadre que je lui fixe. On échange beaucoup à partir de mon descriptif de base.

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09. Le travail de Lucassen sur Ayreon est-il un modèle pour toi ?

C’est bien sûr flatteur pour moi ensuite j’ai eu l’occasion de croiser Lucassen, d’aller chez lui quand Magali a enregistré sur son album 01011001. Il est très simple, un mec fabuleux et gentil. Après on ne s’appelle pas tous les jours non plus mais nous nous apprécions. Cela reste flatteur même si au niveau musical nous sommes très différents. Par contre au niveau de l’approche et du concept, les similitudes sont effectivement nombreuses.

 

10. Quelles sont tes principales influences ?

Elles sont forcément très vastes. Je suis un grand fan de Gilmour par exemple. Pour le deuxième album, j’ai voulu une approche plus pêchue et je préfère quelques notes qui claquent qu’une avalanche qui n’en finit plus qui tombe dans la démonstration technique. Sinon j’aime beaucoup SOILWORK, IN FLAMES qui m’emportent malgré leur agressivité. J’ai beaucoup écouté DREAM THEATER dans le temps, cela a pu jouer.

 

11. Comment abordes-tu la scène à venir au PPM Fest ?

Un gros travail de répétition et de mise en place non ? C’est de la folie furieuse. Tony l’organisateur m’a un peu lancé un défi. Il m’a dit : « tu es belge donc il serait génial que tu offres au public chez nous EPYSODE sur scène ». J’y avais déjà joué avec mon premier groupe lors de la première édition. Le défi est d’avoir tout le monde avec moi sur scène et ce sera bien le cas, tous les participants du deuxième album seront présents. Notre temps de jeu est limité donc je ne peux pas faire de même avec les musiciens du premier disque mais peut-être dans le futur.

Nous aurons cinquante minutes donc une grosse partie du second album. Rien du premier car je n’ai pas les participants avec moi. C’est dommage mais bon on ne peut pas tout faire. Je me vois mal interpréter le premier si je n’ai pas les camarades de cette aventure-là auprès de moi. Réunir tout le monde est un sacré travail pour Tony, il nous faut un hôtel rien que pour nous…

 

12. Vous aviez tourné une vidéo pour la chanson « Obsessions » avec Kelly. Comment cela s’est-il passé et appréciez-vous ce type d’exercice ?

C’est beaucoup d’attente et donc le défi est de faire crédible pour offrir un produit de qualité à même d’illustrer le concept lui-même, des scènes du disque. Il faut faire attention de ne tomber dans le ridicule. Engager des comédiens ce n’est pas facile et donc il faut que les chanteurs puissent s’improviser acteurs. Pas simple du tout.

 

Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview

1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« Shivers » de DIO mais j’en ai pleins d’autres aussi

 

2. Premier album acheté ?

Use Your Illusion de GUNS N’ ROSES, j’aimais bien « Don’t Cry ».

 

3. Dernier album acheté ?

Le dernier SOILWORK, le double qui me semble plus ouvert et mélodique.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

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