Parfois, le métier de chroniqueur réserve de bonnes surprises, éparpillées ici et là au milieu d’une palette de sorties anecdotiques… et heureusement, ai-je envie de dire. Sinon, je passerais mon temps à coller des notes inférieures à 5/10 sur tout ce qui passe. Cette année, j’aurai même eu droit à trois bonnes surprises made in Belgium, toutes sorties sur une base indépendante et chacune dans leur propre genre. Après le Metal épique de Marrow Of Kaladrius et le Death travaillé d’Atroxentis, voici donc une troisième formation belge, Hexa Mera. Après un passage sur les planches du Graspop (le jeudi soir lors de la warm-up party), les voici avec un nouvel album sous le bras qui fleure bon la bonne pioche.

Tout d’abord, le packaging en soi fait très pro, avec un digipack et un artwork soignés. Venant d’un groupe non signé, on appréciera donc les efforts consentis au niveau de « l’emballage », même si, au final, c’est surtout la musique qui comptera pour moi. Sur le papier, on peut aussi constater que le groupe a fait appel à des gros noms pour le mix (Ace Zec, qui s'est occupé de Spoil Engine, Diablo Blvd, etc.) et la prod’ (Alan Douches, qui s'est occupé de Chimaira et de The Black Dahlia Murder pour ne citer qu'eux), et ça se sent immédiatement quand on appuie sur Play. Là aussi, Hexa Mera propose un son plus que correct, bien clair, assez puissant, bien équilibré. Là aussi, on peut ne pas être signé et proposer un résultat fini de qualité, qui n’a rien à envier à de plus grosses formations. Ce n’est peut-être pas aussi énorme qu’une prod’ 24 carats de la plupart des groupes de Metalcore du moment, mais c’est plus que suffisant.

Et les compos ? Sur le papier, le groupe nous annonce du Death mélodique. Moui. Mouais, même. Avec toute la bonne volonté du monde, le premier nom qui me vient à l’esprit quand j’écoute Human Entropy est Heaven Shall Burn, pas exactement un groupe de Death mélodique à mes yeux. Hexa Mera nous balance donc un Metalcore à l’allemande (enfin, à l’allemande… à la HSB), puissant, racé et résolument rentre-dedans. Pas de gnangnans, pas de chant clair à la guimauve, plutôt un barrage de riffs en béton qui tombe sur le coin de la gueule. Musicalement, le groupe tire clairement son épingle du jeu : on sent une claire montée en puissance par rapport à l’opus précédent (du moins, ce que j’ai pu écouter sur la toile). C’est plus pro, plus carré et on en a pour son argent.

Selon moi, le seul point faible de cet album est le chanteur. Enfin, je dis le chanteur, je devrais dire son chant, 45 minutes sans véritables variations, toujours le même ton, le même chant un peu forcé. À ce niveau, un peu de variation (ou l’ajout d’un deuxième chanteur au timbre plus criard) permettrait certainement à Human Entropy de passer du statut de « bon album » à celui de « très bon album ». Ici aussi, je reprendrais l’exemple d’Heaven Shall Burn et de son frontman aussi à l’aise dans les graves que dans les aigus.

Malgré ces reproches, Hexa Mera laisse augurer de très bonnes choses… à tel point qu’au final, je verrais bien le groupe fouler à nouveau les planches du Graspop, mais sans devoir passer par un concours cette fois. C’est tout le mal que je leur souhaite.

Mister Patate (8,5/10)

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Autoproduction / 2014
Tracklist (44:59) 1. Intro 2. Human Entropy 3. Scarred Eyes 4. Siegebreaker 5. Dead Inside 6. Inhale Chaos 7. Elemental's Rage 8. The Revenge 9. The System Has Failed 10. Carnage 11. Redemption 12. Anger Rising 13. Welcome to Reality