Devin Townsend, je te déteste. Je te déteste depuis que tu as tué Strapping Young Lad, un de mes groupes préférés, si pas mon préféré, même devant Slayer et Marduk – le groupe qui avait su canaliser l’essence même de la folie et la retranscrire en musique. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne réécoute le concert de SYL au Download : je le connais presque par cœur. Et si je te déteste tant, c’est parce que ta décision de mettre la clé sous le paillasson n’a pas débouché sur ta disparition pure et simple dans les rayons des disquaires. Au contraire, tu inondes les bacs avec des sorties au niveau de qualité fluctuant fortement. Là où Strapping Young Lad maintenait la barre suffisamment haut, tes nouveaux projets versent parfois dans la simplicité crasse ou le grand n’importe quoi. Et cette fois, c’est un double album que tu nous proposes. Le double album est par définition une idée merdique, et même si tu nous proposes en fait deux albums distincts, tu ne déroges pas à la règle et tu tombes dans ce piège.

La première galette ? Une resucée d’Epicloud. C’est heureux, aérien, gnangnan à crever. J’en attrape des envies de meurtre et de coups et des blessures avec un pied de chaise. Bon, cette fois, tu auras eu la décence de ne pas violer la dépouille de SYL (« Lucky Animals » sur Epicloud pompait allègrement une rythmique de « Monument »), mais ce mariage musical improbable avec Anneke est une fausse bonne idée. Cet album me saoule. Vous me direz que je ne dois m’enfermer dans le passé, que Devin est maintenant heureux dans ce qu’il fait. Bande de niais. Devin me donne l’impression d’un monstre bridé, d’un lion auquel on aurait arraché dents et griffes et qu’on aurait flanqué sous Xanax pour lui enlever toute envie de bouffer du steak d’homme. « Universal Flame » me donne presque envie de pleurer tant c’est cucul. Mais le pire reste à venir.

Parce que la deuxième plaque, c’est la suite de Ziltoid Ze Omnichiant. Et là je dis merde. Ici, Devin laisse libre cours à son imagination débordante pour nous balancer à la gueule un gloubiboulga indigeste à souhait, chœurs dignes d’un dessin animé de Disney (ils parlent même d’une princesse !) et narration. J’ai entendu des mimimimimimimimi sur « War Princess » et j’ai décroché. J’ai sorti la galette et je l’ai lancée loin, comme une soucoupe volante. Vas-y Ziltoid, retourne sur ta putain de planète et crève d’une overdose de caféine !

Devin était un génie. Jusqu’à présent, j’étais persuadé que le monde avait toujours besoin de Devin, toujours besoin de ce gars qui ne s’était pas contenté de toucher la perfection, mais qui l’avait prise et retournée dans tous les sens tout en dégueulant City. J’avais tort. Je lui suis juste reconnaissant d’une seule chose : qu’il ait solennellement promis de ne jamais réactiver Strapping Young Lad. Voilà au moins un mythe qu’il ne souillera pas. Si vous me cherchez, je me refarcis le live de Download. Fuck you all and your ugly mother.

Mister Porn (you gave us City, you’re such a pity now/10)

 

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HevyDevy Records / 2014
Tracklist
Disc 1 – Sky Blue (57:58) 1. Rejoice 2. Fallout 3. Midnight Sun 4. A New Reign 5. Universal Flame 6. Warrior 7. Sky Blue 8. Silent Militia 9. Rain City 10. Forever 11. Before We Die 12. The Ones Who Love  
Disc 2 – Dark Matters (60:23) 1. Z² 2. From Sleep Awake 3. Ziltoidian Empire 4. War Princess 5. Deathray 6. March of the Poozers 7. Wandering Eye 8. Earth 9. Ziltoid Goes Home 10. Through the Wormhole 11. Dimension Z