Sur le papier un groupe qui affirme haut et fort que son nouveau disque pourrait se résumer à une synthèse entre le Metropolis Part 2: Scenes From a Memory de DREAM THEATER, le Catch 33 de MESHUGGAH et les albums de PERIPHERY ne peut être fondamentalement mauvais. Déjà techniquement parlant, la barre est placée tellement haute que BEYOND THE DUST serait alors soit totalement inconscient soit sûr de son fait et de son talent. L’écoute de leur premier véritable album, Khepri, nous fait pencher pour la deuxième option. Leur premier EP, New Dawn, nous avait déjà bien tapé dans l’œil à l’époque (chronique ici). Honte à nous, leur single, Reality Deformed, nous avait échappé en 2012.
Il n’y a, en tout cas, pas mensonge sur l’étiquette, les influences de la scène Djent ou pour être encore plus clair un mélange de Math Metal et de Death avec une dimension progressive, sont évidentes et les groupes cités ci-dessus en ajoutant peut-être TESSERACT ou encore TEXTURES constituent sans aucun doute les disques de chevet de nos amis franciliens. Je parlais d’un haut niveau et effectivement, BEYOND THE DUST s’en donne à cœur joie en multipliant les compositions complexes, à tiroir et en reculant pas devant la difficulté technique. On devine de longues heures de pratique de la part de chacun de ses membres pour parvenir à ce niveau, à la subtile mise en place de ces chansons. A ce niveau-là, cela devient de l’horlogerie de haute précision. Après « Rise » un sympathique instrumental qui annonce d’entrée la couleur, les choses sérieuses débutent avec « Clarity ». Le feu d’artifice de la guitare et du duo basse/batterie peut commencer. Andrew derrière le micro n’est pas en reste et alterne chant hurlé et chant clair selon le besoin.
BEYOND THE DUST est assez bavard et n’hésite pas à pousser son propos assez loin. Les chansons de plus de cinq minutes sont légions même si le groupe sait aussi faire dans le sobre et l’épuré avec « Last Breath » ou encore « Zero ». Le premier équivaut à une dernière décharge d’adrénaline ante-mortem et le deuxième démontre encore une fois, en instrumental, le talent du quatuor. Le reste s’apparente plutôt à un feu d’artifice pour les amateurs de motifs et de rythmes complexes. Un « After the Light » devrait faire des malheurs sur scène. Notons la participation sur ce titre d’Aaron Matts chanteur du groupe de deathcore BETRAYING THE MARTYRS. A l’image des américains de PERIPHERY, les parisiens tombent parfois malheureusement dans le piège de la démonstration technique un peu stérile et sans grand intérêt pour les non musiciens par nous. Des chansons comme « Relief » et « The Edge Of Earth and Sea – Part 1 » auraient gagnées en impact à être plus ramassées.
Décidemment, peu de genres échappent au foisonnement de la scène française et la catégorie Djent/ Math Metal possède elle-aussi ses champions hexagonaux. BEYOND THE DUST a fait ici du très bon travail et impressionne par la maîtrise et la talent affiché. La pochette très soignée ne gâche rien non plus à la fête. A voir dès que possible (genre le 18 févier 2015 à la Boule Noire à Paris) sur scène pour confirmer ces bonnes impressions.
Tracklist (55:50 mn) 01. Rise 02. Clarity 03. After the Light 04. Relief 05. Last Breath 06. Zero 07. Silence and Sorrow 08. The Edge Of Earth and Sea – Part 1 09. The Edge Of Earth and Sea – Part 2 10. The Edge Of Earth and Sea – Part 3
Enfin un skeud de Grindcore à chroniquer pour Metalchroniques ! C’est vrai qu’en regardant bien à part la discographie de Idiot Parade ici, je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer sur ce genre qui a pourtant grandement contribué à façonner le metalhead que je suis. Unsu avait déjà tout d’un grand dès la sortie de son premier EP Moral Distortion (2010). J’avais en revanche moins apprécié The Filthy leur second EP, non pas à cause du contenu car les quelques nouvelles compositions étaient toujours aussi géniales, techniques et avec ce son très affuté mais plutôt à cause du format. En effet je trouvais que deux années après la sortie du très réussi Moral Distortion, Unsu aurait dû mieux soigner son retour et nous pondre un véritable nouvel album complet. C’était un grief rempli de bienveillances donc et j’avais maintenu malgré tout que Unsu faisait partie de cette génération dorée du Grindcore français avec Blockheads, Departement Of Correction, Nolentia et bien d’autres.
Vous allez me dire : Stef tu n’en fais pas trop là ?! Il ne s’agit que d’un énième groupe de Grindcore comme il y en a à la pelle ! Vous me permettrez alors de vous répondre que non ! Il y a peu de groupes capables de vous décrocher la tête en ayant pris soins avant de vous faire sauter les ratiches une à une avec la convivialité d’un groove dévastateur et une mélodicité récurrente, sournoise et entêtante. En gros leur Grindcore se situe dans une veine entre celui de Gadget et Rotten Sound. Quand je cite Gadget c’est un sacré compliment pour Unsu et comme vous allez le voir, ils le méritent amplement !
C’est encore plus prégnant sur ce K.I.A.I. ! Avec toujours cette attention particulière accordée à un son chaudement organique et à une technique instrumentale pleine de dextérité ! Les 17 ogives qui vous seront expédiées à la face ont toutes, et je dis bien TOUTES, la forte densité des compositions d’un Gadget au meilleur de sa forme. La grande prouesse de Unsu réside surtout dans le fait que contrairement à Gadget il n’utilise aucun artifice comme des claviers par exemple. Il mise tout sur son sens du groove et cette mélodicité qui pointe le bout de son nez par le biais d’harmonies de guitares. Un peu comme dans le Death Metal en fait ! Ces fous furieux sont brillant et de très bon musiciens avant tout ! Des preuves ?! Les morceaux que sont "Styx", "My Misery", "Cause Of Insomnia", "Napert Alive", "The Croft", "Save The Planet Kill Yourself", "Lamia" ou "Cut Throat With My Ass" étayent largement mon propos ! Tout le monde a bossé de manière optimale sur ce disque ! Les vocaux de Damien et Micky déchirent d'éfficacité !
Unsu m’a vraiment surpris avec ce nouvel album ! Avec son Grindcore au feeling Crust lui donnant des sonorités Swedish Death metal et une technicité très Death metal : Unsu rejoint directement avec K.I.A.I. les bijoux du genre que sont This World Is Dead de Blockheads et May the Hand That Holds the Match That Will Set This World on Fire Be Blessed Above All de Nolentia. A ce titre je ne peux que leurs décerner une très bonne note !
A travers notre activité de chroniqueur, nous sommes à bonne école pour apprendre l’humilité et la modestie. Nous avons beau recevoir et écouter des centaines d’albums par an, nous découvrons et redécouvrons sans cesse de nouveaux groupes. Et certains ont échappé malheureusement à nos radars malgré une solide carrière déjà derrière eux. C’est dans cet état d’esprit que j’entame cette chronique des lyonnais de STEREOTYPICAL WORKING CLASS et de leur nouvel album, Every Cloud Has A Silver Lining.
Mea culpa à la lecture de la riche expérience de nos compatriotes mais ils avaient jusqu’à présent échappé à nos sagacité. Et pourtant, comme ils l’écrivent eux-mêmes, les STEREOTYPICAL WORKING CLASS distillent leur rock puissant et mélodique depuis 1999. Ils peuvent fièrement afficher un très solide tableau de chasse avec pas moins de cinq albums et deux EPs au compteur. Cinq années de silence discographique depuis Day After Day en 2009 pourrait suggérer un groupe à l’arrêt. Et pourtant les concerts se sont enchainés toutes ces dernières années ainsi qu’une tournée en 2011 outre-Atlantique et une participation au Sziget Festival en 2012. Enrichi par toutes ces expériences, les batteries et la créativité rechargées, STEREOTYPICAL WORKING CLASS est désormais prêt à sérieusement parler de lui via ce nouvel opus.
Le quatuor évoluent dans une veine rock/métal avec des titres très travaillés mêlant force et mélodie. La bonne vibe et le bon feeling sont évidents et permettent à STEREOTYPICAL WORKING CLASS de pouvoir potentiellement toucher un très large public. Les chansons sont loin d’être de simples ritournelles, le structures s’avèrent assez complexes, ambitieuses sans jamais tomber dans une démarché élitiste stérile. Pas de guimauve ou de fioritures inutiles ici, les lyonnais vont droit au but et condense leur propos en quatre ou cinq minutes maximum pour donner du caractère, une épaisseur à l’ensemble. Difficile à l’écoute d'Every Cloud Has A Silver Lining de ne pas penser à cette nouvelle vague de groupe rock à la KARNIVOOL, JOLLY ou encore THE INTERSPHERE. Ajoutez à cela un soupçon de punk à l’américaine sur des chansons directes comme « The Best That I Can » et vous aurez une belle idée de la richesse du propos de STEREOTYPICAL WORKING CLASS.
Il convient de souligner la qualité du travail de production. L’album a été enregistré puis mixé par Fabrice Boy et masterisé par Fred Kevorkian (SONIC YOUTH, THE NATIONAL). Saluons également la performance de chacun des musiciens et en particulier celle de Martin derrière le micro. Vous ne trouverez pas ici d’accent prononcé. Très fort celui qui pourrait deviner l’origine hexagonale du groupe lors d’une écoute à l’aveugle. Quand on vous dit que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs…
Tracklist (54:54 mn) 01. Talkers Are Not Doers 02. Soon Enough 03. Walking over You 04. The Best That I Can 05. Song for Kepler 06. Your Own Way 07. More Than a Man 08. Perfect Frame 09. Live and Learn 10. Truth or Consequences 11. Friendly Fire 12. Something Good 13. Dead Men Walking