Les Marseillais de DAGOBA continuent leur petit bonhomme de chemin et se rappellent à notre bon souvenir avec un sixième opus, Tales of the Black Dawn. Ils roulent leur bosse depuis maintenant presque vingt ans sur les routes d’Europe et de Navarre et se constituent petit à petit une base de fan solide et dévouée. Ils profitent de toutes les opportunités qui se présentent à eux pour se faire connaître du plus grand nombre. Sa première tournée américaine avec DIR EN GREY en 2013 cristallise bien cette volonté implacable d’avancer. Malgré bien des qualités, le précédent album studio Post Mortem Nihil Est (chronique ici) nous avait déçus par son manque d’épaisseur et finissait par rapidement lasser. Espérons que Tales of the Black Dawn tienne la route de ce côté-là.
Le constat de Mister Patate en 2013 s’impose dès les premières écoutes de ce disque. Sans que ce soit forcément une tare, Tales of the Black Dawn s’avère direct et immédiatement accessible. Les chansons sont assez courtes, calibrées autour des quatre minutes pour avoir d’emblée le maximum d’impact et s’instiller en un clin d’œil dans l’esprit de l’auditeur. Les groupes enchainent offensives à vive allure sans temps mort ni respiration. Les guitares mènent bien entendu les débats à coup de riffs et de rythmiques rapides et tranchants. La section rythmique s’en sonne à cœur joie et la batterie en particulier ne ménage pas ses efforts. Ajoutez sur cette base un chant hurlé plutôt convaincant et tout un chacun secouera assez rapidement la tête en rythme.
DAGOBA sait se faire subtil et presque mélodique malgré l’énergie et l’agressivité distillées tout au long de l’album. En dehors du chant qui pourrait en rebuter certain, la musique reste finalement assez accessible pour tout fan de métal qui se respecte. L’album déploie ses ailes de façon assez naturelle, sans faute de goût ni erreur grossière. Les Marseillais ont su accumulé beaucoup d’expérience et ont désormais assez de bouteille pour éviter les principaux écueils. Il faut également constater qu’une certaine langueur s’installe petit à petit malgré les coups de boutoir de DAGOBA. Avec du recul, il manque deux ou trois chansons imparables permettant de maintenir un intérêt élevé tout au long de l’album. Après chaque écoute, une impression positive continue de planer sans qu’aucun titre ne surnage particulièrement.
Après avoir également longuement réécouté Post Mortem Nihil Est, Tales of the Black Dawn me semble être plus solide, plus abouti, sans parvenir cependant à faire des merveilles. Bien que très facilement accessibles et directes, les dix nouvelles chansons proposées peinent à donner leur plein potentiel et s’enfuient rapidement sans laisser beaucoup de trace. La forme est comme toujours sans reproche mais le fond laisse bien des questions ouvertes. Nous sommes loin de ressentir le même enthousiasme qu’à l’époque de Face the Colossus. Depuis DAGOBA semble s’être assagi, passé en pilote automatique. Leur planche de salut reste évidemment la scène où nous pourrons peut-être redécouvrir Tales of the Black Dawn sous un jour plus favorable.
Verycords / 2015 Tracklist (40:36 mn) 01. Epilogue 02. The Sunset Curse 03. Half Damn Life 04. Eclipsed 05. Born Twice 06. The Loss 07. Sorcery 08. O, Inverted World 09. The Dawn 10. Morning Light
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous présenter dans le détail cette formation ukrainienne qui est à présent bien implantée dans la scène Pagan Black Metal. De plus notre cher Mister Brute Force a très bien dépeint le tableau de leur discographie de manière brève mais juste (oui je pense tout exactement comme lui sur le sujet) lors de sa chronique de Eternal Turn Of The Wheel(chronique ici). Contrairement à ma grosse désillusion du moment en matière de Pagan Black Metal avec les français de Himinbjorg (ma chronique de leur dernier album ici) Drudkh avec son dixième album A Furrow Cut Short a pondu une réalisation remplissant amplement les critères inhérents à ce sous genre du Black Metal.
Si je me réfère à mon album référence de nos ukrainiens, le varié est parfait Microcosmos (2009), A Furrow Cut Short est lui plus basique et un peu moins contemplatif dans sa globalité. J’avoue que lors de mes premières écoutes de ce dernier skeud, le cachet plus propre, saillant et en un sens plus « metal grand publique », de sa production, m’a un peu déstabilisé. J’aimais beaucoup ce son caractéristique des productions indépendantes et à l’aspect feutré qui conférait à la musique de Drudkh une certaine magie mystique. Mais en fin de comptes je m’y suis fait et le fait que leurs compositions aient gardées beaucoup de mordant et des tournures épiques ont pris le pas sur la direction prise par la production du studio ViTeR Music de Kharkiv en Ukraine (la formation est pourtant coutumière de cet endroit pour enregistrer ses albums depuis Microcosmos). Les arrangements Folk ainsi que les claviers sont discrets mais récurents et on a toujours droit à de belles parties de guitares acoustiques tout du long de l’album.
Le point fort de Drudkh sur A Furrow Cut Short est sa capacité de persuasion en usant de longues compositions toujours alambiquées mais à la dynamique rythmique inébranlable. Le groupe passe sans encombre du blastbeats à des downtempo parfois Doom et à d’autres moments à des marches typiquement Folk. C’est un peu ce qui manque au dernier album de Himinbjorg en fait et ce qui fait de A Furrow Cut Short un bon album du genre sans toute fois atteindre la magie des excellents Microcosmos ou de Eternal Turn of The Wheel.
Un autre fait notable est l’enrichissement de Drudkh dans son éventail de riffs en nous proposant à plusieurs reprises un riffing sortant des sentier battus et usant de tonalités modernes comme le Postrock ou le Shoegazing voire le Postcore dans les moments massifs. C’est certainement dû au fait du projet Old Silver Key (cf : lire la chronique de Mister Brute Force dont le lien est dans le premier paragraphe) auquel certains membres de Drudkh ont participé. C’est assez remarquable car malgré cette touche moderne le tout garde le caractère traditionnel du Pagan Black Metal. C’est discret et très efficace alors je félicite cette démarche audacieuse ! Ce que je dis est facilement vérifiable à l’écoute d’un titre comme « Прокляті сини I (Cursed Sons I) » (vidéo en pied de chronique) qui est de fait bien représentatif du reste de l’album, écoutez bien à partir de la sixième minute et jusqu’à sa fin. C’est vraiment cool !
Pour moi Drudkh fait toujours partie des leaders de la scène Pagan Black Metal qui a vu ses rangs se renforcer sévèrement ces dernières années avec de talentueux nouveaux arrivants comme Panopticon (chronique ici), Saor ou Downfall Of Nur (chronique ici). Il a toutes les armes pour jouer des coudes dans le peloton de tête de cette scène que je trouve assez palpitante contrairement à certaines idées reçues !
Season Of Mist / 2015 Tracklist (58:50) : 01. Прокляті сини I (Cursed Sons I) 02. Прокляті сини II (Cursed Sons II) 03. Епосі нескорених поетів (To the Epoch of Unbowed Poets) 04. Тліючий попіл (Embers) 05. Безчестя I (Dishonour I) 06. Безчестя II (Dishonour II) 07. Поки не засиплють чужою землею очі (Till Foreign Ground Shall Cover Eyes).
BOREALIS où le groupe que tout nous pousse à vouloir aimer. Ils sont canadiens (Orangeville en Ontario) et portent un joli nom, soigne leurs pochettes d’album et évolue dans une veine métal mélodique chère à notre cœur. Lors de la sortie de leur très bon second opus (chronique ici) en 2011 chez Lion Music nous souhaitions au groupe de rapidement pouvoir progresser et continuer à grandir. C’est chose faite au niveau du business en tout cas puisque ce troisième album, Purgatory, sort au sein d’une grosse écurie européenne, AFM Records. Ils pourront sans nul doute ainsi toucher un bien plus large public.
Les Canadiens n’ont pas changé leur fusil d’épaule depuis leurs débuts. Ils continuent de développer un métal sombre et mélodique, le pied à fond sur l’accélérateur. La bonne impression laissée par Fall from Grace leur disque précédent se poursuit naturellement avec « Past the Veil », le titre qui ouvre ce disque. On croirait vraiment écouter EVERGREY et même Matt Marinelli possède parfois certaines intonations assez proches de celles de Tom Englund. Sa prestation reste une des grandes satisfactions de cette album, il imprime nettement sa marque sur ce disque de son timbre à la fois grave et puissant. Il parvient tout au long du disque à insuffler beaucoup d’émotions et de conviction. « From the Ashes » possède aussi bien des qualités, dommage que ce son de violoncelle en intro sonne aussi cheap et tombe comme un cheveu sur la soupe. Les douze compositions sont calibrées autour des quatre minutes pour maximiser leur impact et éviter les longueurs inutiles. « The Chosen One » étonne avec son approche presque Hard FM via ces chœurs et ce refrain simple et efficace. Rien à redire au niveau technique avec des musiciens largement au niveau, des guitares en pleine forme aussi bien en rythmique que sur les divers soli, une section rythmique jamais prise en faute et des claviers qui oscillent entre discrétion et forte présence.
Difficile de ne pas faire le même constat que pour Fall from Grace. Les Canadiens n’ont pas à rougir du travail accompli et démontre un vrai talent pour accoucher de jolis titres métal mélodique. La production atteint haut la main les standards modernes, à la fois claire et puissante. Disons qu’à la longue l’ombre des EVERGREY et autre KAMELOT finit par devenir pesante. Si vous avez beaucoup aimé Hymns for the Broken des Suédois, vous tomberez sans aucun doute sous le charme de BOREALIS. Malgré tout le talent affiché ici, difficile de ne pas être gêné aux entournures devant ce manque flagrant d’originalité. Cela risque de sauter aux oreilles des spectateurs de la tournée commune avec EVERGREY à venir outre-Atlantique…
Tracklist (52:28 mn) 01. Past The Veil 02. From The Ashes 03. The Chosen One 04. Destiny 05. Darkest Sin 06. My Peace 07. Place Of Darkness 08. Welcome To Eternity 09. Sacrifice 10. Rest My Child 11. Purgatory 12. Revelation