Avec déjà vingt ans de carrier derrière eux, les suédois de MANEGARM font partie des piliers de la scène folk/Viking métal scandinave. Cette longétivité constitue une belle consécration pour Jonas Rune Almquist (guitares et ses petits camarades). Certains proposent des disques anniversaires en carton, MANEGARM n’en a cure et continue son bonhomme de chemin en proposant un nouvel opus, le neuvième, qui porte le nom du groupe histoire d’enfoncer le clou.
Cinq après le début de leur collaboration avec Napalm Records et trois ans après Legions of the North (chronique ici), les suédois annoncent la couleur avec une pochette bien rentre dedans. Cela ne signifie qu’ils se prennent désespérément au sérieux, ils n’hésitent pas à propose des titres entrainants et presque fun (« Odin Owns ye All »). Les suédois ne laisseront personne indifférent avec leurs compositions racées et variées. Le disque oscille ainsi entre les passages extrêmes (chant et interludes black métal) et des respirations très douces à l’image d’un « Blot » ou d’un « Vigverk – del II » charmant, avec guitare acoustique, cordes et chant féminin. Erik Grawsiö prouve également son talent aussi bien en chant clair que dans un registre extrême. Cet éclectisme est très agréable, il emporte l’auditeur dans un voyage coloré, folk dans les riches contrées scandinave. Månegarm, l’album, s’apparente presque à une musique de film, les chansons proposées possèdent une grande puissance d’évocation.
Comme l’a si bien dit John-David dans Secret Story 2, « c’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire des limaces… » (véridique !). Sur ce nouvel album, comme sur les précédents, MANEGARM accouche d’un disque fort et rafraichissant qui démontre leur complète maîtrise du sujet, ils connaissent toutes les ficelles du pagan/viking/folk métal. C’est du tout bon, n’hésitez pas.
Tracklist (51:46 mn) 01. Blodörn 02. Tagen av daga 03. Odin owns ye all 04. Blot 05. Vigverk – del II 06. Call of the runes 07. Kraft 08. Bärsärkarna från Svitjod 09. Nattramn 10. Allfader
« Bienvenue dans un monde sans joie. » A tout le moins, Prong nous aura prévenus. Pour ce 10e album (on ne compte pas le recueil de covers Songs From The Black Hole), le groupe mené par Tommy Victor ne respire pas la joie. C’est évident, c’est aussi inhérent à l’univers musical exploré, depuis sa création, par le trio. Cela étant, l’absence de joie c’est aussi ce que ressent le chroniqueur à l’écoute de ces 13 pistes. Il faut dire que nous avons pris en pleine poire les premiers exercices long format d’un groupe qui comptait alors Paul Raven dans ses rangs et qui a musclé son hardcore aux relents trash pour explorer des voies déviantes rapprochant les ambiances générées par Prong d’un métal industriel.
Aussi, entendre des relents quasi mainstream, taillés pour assurer le passage en heavy rotation sur des chaînes musicales, sur des titres tels que la – presque – ballade Do Nothing, ça ne peut que dérouter le vieux con qui écrit ces lignes. Certes, la mode est aux refrains choraux et aux solos empruntés aux groupes de hard du début des années 80. Certes, Tommy Victor a assez défriché de terres vierges pour ne plus avoir à se justifier. Certes, la crédibilité de Prong est assise, sans aucune réserve, depuis des opus aussi magistraux que Beg To Differ ou Cleansing. Mais, justement, on aimerait que le désormais trio ait encore envie de différer, de sonner autrement que les autres.
Or, dès Ultimate Authority et son chant hurlé, ouverture portée par une batterie martelante, on aura compris : il n’y a rien qui permette de faire sortir ce X – No Absolutes du commun. C’est de la belle ouvrage. Les musiciens maîtrisent toujours aussi bien leur truc. Mais il manque ce petit tour de main qui fait que l’auditeur a, finalement le souffle coupé, la tête en vrac, l’envie d’en entendre plus. La férocité y est, indubitablement, comme sur ce No Absolutes hurlant de désespoir. Mais… Eternelle difficulté, cent fois illustrée, d’être après avoir été. Prong ne sait plus déroger à cette règle.
Et puis, en sortant l’objet du délit du lecteur, il faut se rendre à une évidence. Si l’ado que je n’ai pas déboulait à la maison avec cet album en criant que « c’est de la balle », je serais quand même sacrément fier d’être son père. C’est Prong, quand même.
Tracklisting : 1. Ultimate Authority (2:54) 2. Sense Of Ease (4:05) 3. Without Words (3:18) 4. Cut And Dry (3:51) 5.No Absolutes (3:17) 6. Do Nothing (3:40) 7. Belief System (3.21) 8. Soul Sickness (3:05) 9. In Spite Of Hindrances (2:45) 10. Ice Runs Through My Veins (4:04) 11. Worth Pursuing (3:12) 12. With Dignity (3:14) 13. Universal Law (Bonus Track).
01. Alors quoi de neuf depuis 2013 et notre précédente rencontre ?
Chaos Heidi : Nous avons pas mal travaillé, lors de la précédente journée promo, nous étions alors en pleine tournée et donc nous avons continué à donner un maximum de concerts en 2013. Fin de l’année nous nous sommes arrêtés et avons commencé à penser et travailler sur la suite, le nouvel album. Et cela a pris pas mal de temps en démo, pré-production, enregistrement en studio. Ensuite il faut préparer son arrivée et le faire connaître. Voilà les deux, trois dernières années résumées.
02. Si l’on revient un moment sur la période Fifty Years Later, que retiens-tu de cette époque ?
En discutant entre nous, ce qui revient souvent c’est notre concert en ouverture de DORO au Divan du monde à Paris. Ce n’était pas prévu à la base, nous sommes arrivés au dernier moment. Le public ne nous connaissait pas et ne nous attendait pas non plus car nous n’avions pas été annoncés. C’était salle comble, nous avons passé un excellent moment, un super concert et les retours ont été très bons. Beaucoup de gens nous suivent depuis ce moment-là et puis rencontrer une artiste confirmée, discuter avec elle c’était très sympa. Donc cela reste un moment marquant de la période Fifty Years Later.
03. Nouvelle signature chez Massacre Records surprise ou continuité normale ?
En fait pour l’album d’avant nous avions un deal particulier, un contrat dit de « newcomer » pour les groupes en devenir, pas encore confirmés. Donc il y a un côté essai, tu signes pour un seul album et tu vois comment cela se passe et si nous sommes satisfaits de notre collaboration mutuelle. Et le bilan s’est avéré très positif de notre côté et du leur, ils nous ont dit que nous faisions partie des nouvelles signatures avec les meilleurs résultats. Et donc ils nous en proposé de retravailler avec eux pour celui-ci et du coup c’est ce que nous avons fait. Effectivement, il y a une continuité et une logique. Nous avons discuté avec d’autres labels mais ce n’a pas été assez concluant. Donc finalement c’était bien pour nous de rester chez Massacre.
04. Que peux-tu nous dire des sessions d'enregistrement de Spirited Away? L’ambiance était-elle différente que pour Fifty Years Later ?
Oui il y a forcément eu une évolution. Toujours une certaine continuité avec Didier Chesneau toujours dans le même studio mais avec l’envie de creuser certaines choses et d’aller plus loin. Nous ne voulions surtout pas refaire le même album. Il nous fallait garder notre identité tout en intégrant de nouvelles choses. Nous voulions un son plus moderne, explorer de nouvelles voies, que ce soit au niveau des arrangements, des types de sonorités pas utilisées avant, des touches électro, au niveau des guitares (avec l’utilisation plus systématique des sept cordes)…
Et puis Didier est une nouvelle fois très investi au niveau guitare, sur tous les soli, au niveau des arrangements. Tout cela fait que nous continuons d’évoluer par rapport à l’opus précédent. Et si tu ajoutes le changement de thématique au niveau des textes et cela a eu un gros impact pour moi au niveau personnel. Je ne pouvais pas chanter cet album là comme j’avais pu le faire sur le disque précédent. C’était pas le même discours, pas la même charge émotionnelle, donc pas mal de changer ont dû évoluer. Avec l’album d’avant, quand j’ai intégré ASYLUM PYRE, nous étions alors à quelques mois de l’enregistrement. Les titres étaient déjà bouclés, sans être écrits pour ma voix et c’était alors plutôt à moi de m’adapter. Pour celui-ci j’étais présente dès le début du processus, Johann savait que c’était moi qui les chanterai et donc quand il a composé, il a aussi pensé au profil, aux capacités de ma voix. Donc nous nous sommes ouvert tout un champ de possible qui n’avait pas pu être exploré avant.
Sinon la modulation dans le chant et la voix m’intéresse beaucoup, y compris dans un registre extrême. Il y a en avait déjà un peu sur Fifty Years Later mais cela était passé assez inaperçu ou les gens n’avait pas compris que c’était déjà moi qui chantait et là pour Spirited Away il y en a un peu plus et de façon plus marquée. Nous nous sommes effectivement donné à cœur joie là-dessus. Mais nous n’envisageons pas de passer sur un registre 100% extrême ne serait-ce que sur un seul titre. Pas sûr que cela ne corresponde à l’identité du groupe et nous utilisons justement ces différents types de chant comme des effets à même d’exprimer diverses émotions et que cela colle avec le thème du la chanson.
05. Il est surprenant de voir que Didier Chesneau est crédité pour la musique, il est beaucoup plus qu’un simple producteur ?
A oui complétement. C’est un artiste et là encore plus que dans le passé, il a pris une part importante dans le choix des arrangements, sur le jeu. Il fait partie intégrante du groupe et n’est pas qu’un acteur extérieur, un simple observateur. C’est nous qui lui avons demandé de prendre son rôle car d’abord nous sommes retournés chez lui car nous avons été très satisfait de son travail et de son apport sur l’album d’avant. Déjà sur Fifty Years Later cela s’était déjà un peu fait mais cela n’avait pas été prévu ni anticipé. Là nous savions où nous allions, ce que nous voulions et donc l’impulsion est venue de nous. Nous savions ce sont il était capable.
06. Pourquoi ce choix de titre d’album, n’est-ce pas une référence au Voyage de Chihiro du studio Ghibli ?
Dans l’hommage si forcément car nous savons parfaitement que le titre du voyage de Chihiro en anglais est Spirited Away et donc nous l’avons choisi comme titre du disque de façon consciente. Et la chanson elle-même « Spirited Away » est un hommage assumé à Miyazaki. Il est précédé d’un titre instrumental qui reprend carrément des éléments d’un des thèmes du dessin animé. C’est un gros clin d’œil pour le studio Ghibli et son créateur. Cela fait partie des œuvres qui plaisent au groupe dans son ensemble et pour la petite histoire nous avons ce titre sous le coude depuis près de trois ans. A la fin de la période Fifty Years Later, nous discutions et le sujet Miyazaki est arrivé sur le tapis et nous avons eu la même idée au même moment, l’impression que Spirited Away serait le titre parfait pour le prochain opus. Et donc nous avions ce titre bien en avance et le disque s’est plus tard dessiné avec un fil conducteur rattaché aux esprits, à l’âme au cerveau et donc nous avions ce lien qui correspondait bien à Spirited Away. Nous avons associé des idées et des thématiques propres à notre album en plus de la référence à Miyazaki.
07. Vous avez voulu prendre de la distance avec les thématiques développées sur vos deux premiers albums en abordant d’autres choses ?
Oui c’est vrai, sur les deux premiers nous avions beaucoup abordé les sujets écologiques assez naturellement, c’est ce que Johann avait à dire à ce moment-là. Mais nous ne voulions pas nous enfermer là-dedans car à force nous aurions peut-être fini par tourner en rond. Là, nous sommes partis sur autre chose sans que les thématiques abordées soient vraiment plus légères. Nous avons notre regard sur d’autres sujets.
08. Vous aviez tourné une vidéo pour la chanson « Only Your Soul ». Comment cela s’est-il passé et appréciez-vous ce type d’exercice ?
Alors il faut savoir qu’il s’agissait de notre premier clip, nous n’en avions pas fait sur l’album précédent. Johann lui-même n’est pas particulièrement fan des clips car ils sont souvent pas très intéressants. Cependant, nous sommes arrivés rapidement au constat qu’il fallait y passer car nous sommes quand même dans un monde de l’image aujourd’hui et que ce n’est pas un aspect anodin dans la vie d’un groupe pour diffuser et faire connaître sa musique, en faire la promotion. Donc quitte à la faire, nous voulions proposer quelque chose de scénarisé, qui ait du sens, qui illustre l’univers du groupe et les paroles. Nous avons choisi ce morceau qui traite de l’enfance perdu, des illusions que l’on perd au moment du passage de l’enfance vers l’âge adulte. Et l’aspect nostalgique que nous pouvons avoir par rapport à ça. Nous avons imaginé très facilement des images sur ces thèmes là et donc nous avons rédigé des idées de scénarios et nous avons travaillé avec l’équipe de production qui a pu apporter son expertise dans le domaine. Et nous avons emmené ce projet là où nous le voulions.
Le tournage s’est déroulé sur trois jours de façon assez intense mais ce n’était pas désagréable non plus. Ce fut une belle expérience, personnellement j’avais très envie de faire ce clip, l’aspect visuel me plait et me parle beaucoup donc cela s’est finalement avéré assez amusant. Nous avons énormément fait appel à l’entourage, les amis, les enfants des amis car nous avions des besoins de figuration. Ensuite, comme nous étions aussi passés par une campagne de financement participatif, cela faisait partie des « lots » des contributeurs de devenir figurant. Nous avons eu un vivier assez large de gens à faire participer.
10. Pourquoi avoir fait le choix du crowfunding pour sortir cet album ? Est-ce l’avenir du music business ?
Oui, nous avions demandé près de trois milles euros pour la réalisation du clip et nous avons rapidement reçu la somme demandée et même plus et cela fait plaisir. Nous avons le soutien de nombreuses personnes qui sont prêtes à nous soutenir, à même beaucoup nous soutenir. Même encore là alors que le clip a été mis à disposition, il est très largement diffusé… C’est très encourageant pour nous. Cela se fait de plus en plus et ce n’est pas pour des raisons très joyeuses. Cela prouve que les structures qui sont censés assurer l’enregistrement ne le font plus et que donc les groupes doivent se débrouiller. Et cet autofinancement peut vite s’avérer très lourd donc il est normal que beaucoup de groupes passent par ce système pour avancer. Certains s’en servent pour financer un album, d’autres juste pour un clip ou une tournée. Effectivement, tout coûte énormément d’argent. Est cela l’avenir ? Grande question mais je ne sais pas. Mais on se rend compte que les groupes n’ont plus tellement le choix. Le marché n’est pas facile et ce plus en plus repose sur les épaules du groupe.
11. Comment avez-vous travaillé l’aspect visuel comme la pochette avec Mythrid Art ?
Eh bien nous sommes par hasard tombés sur un de ses travaux qui circule, sur Facebook je crois. Cela nous a bien plus et nous l’avons donc contacté par ce biais en lui demandant tout simplement si cela pouvait l’intéresser de bosser avec nous. Et il accepté. Nous lui avons donné des indications, le titre de l’album, les thématiques et ce que nous voulions passer comme message. Il nous a fait rapidement des propositions qui ont plu au groupe. On a affiné, affiné et nous sommes parvenus à ce résultat. Il y a eu beaucoup d’aller retours, le concept de base nous a rapidement séduits mais le diable se cachent dans les détails. Ce qui est bien c’est que l’image reste soumise à interprétation et les différents éléments peuvent être compris de différentes manières.
12. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour ASYLUM PYRE ?
Nous espérons que l’album sera bien accueilli, les premiers retours sont tous positifs donc tant mieux. Ensuite pouvoir jouer un maximum et nous commençons déjà à annoncer nos premières dates de concerts comme en première partie de STREAM OF PASSION dans plusieurs villes. Espérons que cela soit le début de d’une longue série de beaux concerts et de belles rencontres avec notre public. Nous voulons continuer à progresser et à grandir, aller encore plus loin et continuer à le faire vivre.
Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:
01. Titre que tu aimes le moins de ta discographie ?
Je pense que je dois chercher cela du côté du premier album. Quand j’ai intégré le groupe j’avais dû apprendre quelques morceaux car nous en jouons sur scène. Je dirais « Love Ecstasy », je ne sais pas ce titre ne m’a jamais parlé.
02. Chanson que tu aurais adoré avoir composée ?
C’est pas facile non plus ça, les chansons merveilleuses ne manquent pas. Tiens parlons d’un titre inattendu mais qui a eu du succès et qui contient tous les ingrédients nécessaire, un super morceau : « Chandelier » de SIA.
03. Tu as le choix d’un guests (morts ou vivants) pour le prochain opus, qui choisis-tu ?
J'ai l’embarras du choix. Je vais être très égoïste mais disons Bruce Dickinson car je rêve de le rencontrer. L’artiste et le personnage me séduisent.
04. Tu as la possibilité de te produire n’importe où dans le monde, ou vas-tu ?
Rock in Rio me parle bien, vraiment trop la classe !
05. Ton album de l’année jusqu’à présent ?
Toujours très dur comme réponse, je n’écoute pas énormément de choses comme vous les chroniqueurs. J’écoute beaucoup notre album en ce moment pour préparer le live mais sinon c’est Titan de SEPTIC FLESH qui tourne pas mal sur mon lecteur.
Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)