Bruce Soord reste le capitaine et l’inspirateur de THE PINEAPPLE THIEF mais il a pourtant ressenti le besoin de se lancer en solo, reprenant ainsi la démarche originelle de son projet avant que celui-ci ne devienne un véritable groupe. Il s’est lancé un défi créatif, réussir à composer un album en quelques mois quasiment tout seul, enfermé dans son studio. Mis en boite à l’été 2015, ce disque qui porte tout simplement le nom de son géniteur, voit simplement la présence de Darran Charles (GODSTICKS) à la guitare additionnelle.
Sur ce terrain vierge, désynchronisé du passé discographique de THE PINEAPPLE THIEF, Soord peut ici synthétiser tous ses influences et ses expériences des dernières années : WISDOM OF CROWDS, KATATONIA, son travail de producteur/ingénieur du son pour OPETH ou TESSERACT. Cela lui donne une liberté totale, il s’affranchit des convenances et des catégories. Il fait ici comme bon lui chante et propose une large variété d’ambiance et de rythmes : des titres assez doux et lents (les deux chansons d’ouverture) côtoient des compositions plus lumineuses, rythmées, presque pop (« The Odds »). Dans l’ensemble les titres sont plutôt courts, calibrés autour des quatre minutes. Pas de grande envolée ou de développement en longueur, le britannique a joué la carte de la simplicité et de la concision. Les chansons s’enchainent avec fluidité et naturelle sans anicroche ni violence mais peinent à vraiment captiver l’attention de l’auditeur. Le travail se veut très propre, Soord s’est appliqué mais le côté très atmosphérique et contemplatif du disque finit par nous faire tomber dans une certaine torpeur. Connaissant le talent de l’artiste, nous étions en droit d’en attendre plus de lui. Nous aurions aimé plus de chansons du calibre de « Leaves Leave Me » qui clôt le disque.
Au petit jeu des comparaisons, dans la même écurie, Steven Wilson propose lui aussi des disques très personnels mais il parvient quand même à capter notre attention et à la maintenir très éveillée tout au long de son album. A vouloir mettre uniquement l’accent sur la dimension la plus douce, Soord s’enferme et peut lasser in fine. Cet album ne manque pas de qualité mais il manque cruellement de caractère. Un joli disque qui n’intéressera que les plus fanatiques du travail du talentueux britannique.
Oshyrya (6,5/10)
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Kscope / 2015
Tracklist (40:34 mn) 01. Black Smoke 02. Buried Here 03. The Odds 04. A Thousand Daggers 05. Willow Tree 06. Born In Dilusion 07. Field Day Part 1 08. Field Day Part 2 09. Familiar Patterns 10. Leaves Leave Me
Après plus de dix ans de carrière et une discographie riche de six albums, il était temps pour les Suédois de BLOODBOUND de laisser une trace scénique à travers ce CD/DVD live. Ils ont profité de leur passage en République Tchèque, lors du Masters of Rock Festival de 2015 pour immortaliser ce moment et monter de quel bois ils se chauffent une fois sur les planches.
Evoluant dans un registre très classique de power métal mélodique, BLOODBOUND déploie ici tout son savoir–faire avec une paire de guitaristes en grande forme, moult chœurs masculins et des chansons simples mais accrocheuses dans l’ensemble. « Moria » par exemple continue de faire son petit effet. Oui bien sûr on pense aux compatriotes d’HAMMERFALL voir de SABATON mais les ressemblances avec l’école allemande représentée par HELLOWEEN ou GAMMA RAY restent pléthoriques. Les chansons s’enchainent sans temps mort et les six musiciens affichent un professionnalisme à toute épreuve. Le son est plus que correct et les diverses chansons sont fidèlement retranscrites. Patrick Johansson offre lui aussi une très belle prestation derrière le micro, très en voix il parvient sans problème à varier son chant et les montées dans les aigus sonnent assez naturelles. Certains continueront de lui préférer Urban Breed mais il n’a pas à rougir de son travail. La setlist reste équilibrée, tous les albums sont représentés à l’exception de Tabula Rasa. Le dernier rejeton, Stormborn (chronique ici), est mis en avant avec quatre titres mais cela semble plutôt normal. Rien à redire non plus du côté du son, les instruments sonnent tous bien et cet album live s’écoute avec un certain plaisir.
Fidèle témoignage du savoir-faire des suédois en concert, ce One Night of Blood reste un disque honnête. Le groupe reste appliqué et sérieux tout au long du show et démontre qu’il faut compter avec eux sur la scène power métal européenne. Rien d’exceptionnel sous le soleil mais un bon moment, tout simplement.
Oshyrya (07/10)
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AFM Records / 2015
Tracklist (69:42 mn) 01. Bloodtale 02. Iron Throne 03. When Demons Collide 04. In The Name Of Metal 05. When The Kingdom Will Fall 06. Moria 07. Nightmares From The Grave 08. Metalheads Unite 09. When All Lights Fail 10. Book Of The Dead 11. Metal Monster 12. Stormborn 13. Nosferatu 14. Nosferatu Symphony
Ne vous fiez pas au nom du groupe ou à la pochette de cet album, vous ne trouverez pas ici le dernier disque du rejeton contemporain de le scène Krautrock ou le fils spirituel de KRAFTWERK (à la grande déception de cotre serviteur). Les parisiens de COMPUTERS KILL PEOPLE font du rock, du bon vieux rock inspiré et couillu. Cette étiquette ne rend pas hommage au style du groupe qui laisse apparaitre des influences rock alternatif ou encore stoner.
Né il y a quelques années de cela dans la Capitale, le quatuor n’en est pas ici à son coup d’essai puisqu’il compte déjà à son actif un EP publié en juin 2012, The Fun Machine. Les deux disques sont d’ailleurs reliés car ils partagent certaines chansons, trois pour être précis. Le reste est tout nouveau tout beau et nous montre un groupe ayant gagné en expérience et en maturité artistique, sûr de son fait désormais. COMPUTERS KILL PEOPLE surfe sur une vague heavy rock tranchante à coup de riffs acérés mais qui ne manque cependant pas de groove entre une guitare au son chaud et une section rythmique basse/batterie à la fois précise et bourrée de feeling. Les parisiens parviennent à retrouver ce petit goût nostalgique d’un rock du passé comme sur « Love Me Two Times », une vraie madeleine de Proust. Cela reste une musique agréable et bien réalisée, sans chichi ni démonstration technique tapageuse. On sent bien que le groupe prend du plaisir et qu’ils ne calculent pas. Ludwig au micro s’en sort avec les honneurs même si on le devine encore un peu fragile.
Ici l’habit ne fait pas le moine et malin sera celui qui devinera le style proposé par COMPUTERS KILL PEOPLE à partir de son nom ou de ses visuels. Une fois la surprise passée, l’auditeur amateur de rock s’immerge avec plaisir dans l’univers des parisiens. Rien que l’écoute de la très longue chanson qui clôture l’album, « End Of Beauty » s’avère un petit voyage en lui-même avec moult variations au programme. Un disque, et plus largement un groupe, à découvrir.
Oshyrya (07/10)
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Kernel Panic Records / 2015
Tracklist (47:22 mn) 01. From Dust To Nothing 02. Dirt & Bad Whiskey 03. Blind 04. Parasite 05. Love Me Two Times 06. Cupid's Drunk 07. Self Made Mess 08. I Know You're A Freak (But I Love You Anyway) 09. Omega Male 10. End Of Beauty