Lorsque j’ai fait la chronique de la réédition du premier album de Ataraxie (chronique ici) je vous ai parlé longuement de mon grand intérêt pour la scène Doom Metal extrême afin de vous présenter le contexte dans lequel j’avais alors découvert la musique de ce dernier. J’ai  donc à cette occasion abordé mon rapport avec ce sous genre du Doom Metal en citant de nombreux groupes. Je me suis concentré principalement sur des formations Doom Death et Funeral Doom mais j’ai omis de citer quelques autres acteurs évoluant dans ce que ce courant a de plus Ambient, Atmosphérique ou Symphonique et qui ont eux aussi grandement participé à l’émergence de cette scène en France au même titre que Ataraxie l’avait fait dans une veine plus brute et Doom Death Metal tels que Despond (notre chronique ici) , Monolithe, Amphitryon, Nidafell ou Anthemon (notre chronique ici).

L'occasion m’est donnée en ce début d’année de palier à cette légère carence de ma part en vous présentant le dernier effort longue durée de Monolithe. Je me rappelle être tombé littéralement sous le charme du premier album de cette formation parisienne. Il faut dire que Monolithe abordait la chose Funeral Doom sur Monolithe I (2003 notre chronique ici) d’une belle manière et surtout par la face expérimental de son successeur Monolithe II (2005) puisqu’il allait même jusqu’à utiliser des sonorités improbables pour ce genre comme l’accordéon. Ces deux premiers albums aussi jetaient les bases du concept que la formation n’aura de cesse que de décliner lors des trois albums qui suivirent : Monolithe III (2012) Monolithe IV (2014) ainsi que sur les EP Interlude Premier et Second. Monolithe depuis le début de son parcourt s’articule autour de Sylvain Bégot un ex Anthemon ex Evolvent (guitares, basse, claviers et composition) épaulé par Benoît Blin un ex-Inheritance (basse et guitares) et Richard Loudin au chant que l’on retrouve également dans Nydvind, Nunkthul, Haceldama, et fut un ex-Despond et ex-Bran Barr. Ce noyau dur a été rejoint en 2012 par Sébastien Latour au clavier et à la programmation un ex-Anthemon et ex Evolvent. En 2015 Olivier Defives à la basse et Thibault Faucher à la batterie ont fini de compléter le line up.

Depuis Monolithe III, la formation bosse avec le label français Debemur Morti Productions(site ici) qui a aussi réédité Monolithe I ainsi que les EP Interlude Premier et Second dans un même package dénommé Monolithe Zéros. C’est d’ailleurs sur ce même label qu’est sorti leur dernier opus Epsilon Aurigae en décembre de l’année dernière. Je n’ai pas encore eu l’occasion de plancher sur les paroles et ai abordé surtout la chose musicale mais selon les dires de Sylvain : « Epsilon Aurigae est le nom d’une étoile supergéante dont la particularité est de faire partie d’un système binaire, c’est à dire qu’un second astre orbite autours du même centre de gravité ». Il faut par là en déduire que premièrement Epsilon Aurigae est le premier album d’une série de deux albums qui ont été enregistrés en même temps et dont le second volet sortira dans le courant de l’année 2016. Deuxièmement que le groupe ne s’est pas résolu à laisser complètement tomber son concept autour du monolithe retrouvé sur Terre dans « 2001 l’Odyssée de l’Espace » et son attrait pour l’espace et l’univers.

On peut dire que sur la forme Epsilon Aurigae s’inscrit dans une certaine continuité et malgré le fait qu’il soit composé de 3 titres d’une durée de 15 minutes chacun (par le passé Monolithe nous avait habitué à de longues et uniques plages avoisinants l’heure) il reste encré dans l’identité que la formation s’est taillée au fur et à mesure des années. Plusieurs choses me permettent d’affirmer cela ! Tout d’abords l’artwork qui est comme d’habitude soigné et est une nouvelle fois l’œuvre de Robert Høyem (facebook ici et site là). Il a une nouvelle fois fait un travail très classe ! Continuité toujours avec le travail sur le son de l’album puisque le groupe s’est chargé des prises de son de tous les instruments hormis la batterie et à une fois de plus travaillé avec Andrew Guillotin du Hybreed Studio (site ici) en lui confiant le mixage. Personnellement j’ai vraiment apprécié ce son plus charpenté et axé sur la section Metal. Les ambiances et autres nappes atmosphériques  sont toujours bien présentes mais un peu relayées au second plan. Ce qui a pour effet principal de donner un aspect plus frontal aux nouvelles compositions.

A l’écoute du premier des trois titres « Synoecist » on est directement frappé par cet alliage du son, des riffs et des rythmiques qui donne un aspect très physique à la musique de Monolithe ! C’est marrant mais j’ai immédiatement pensé à du Meshuggah qui se serait exercé à faire du Doom Metal ! Massif et percutant avec toujours ces légères dissonances qui ont toujours été présentes dans la musique du groupe mais qui ici prennent beaucoup plus d’ampleur. Monolithe déploie toute sa carrure et frappe lentement mais avec minutie et précision ce qui le rend d’autant plus destructeur ! J’ai adoré aussi un passage dans la seconde moitié du morceau avec ses rythmiques tribales et quelques percussions du meilleur effet ! Un très bon morceau dont il est vraiment difficile de décrocher ! « TMA-0 » (pour Tycho Magnetic Anomaly Zero)  est un morceau instrumental qui arbore un apparat plus ambient et atmosphérique que le premier morceau mais toujours avec ce riffing lentement balancé et dissonant qui rappelle toujours les expérimentations de Meshuggah. Ce titre rompe à plusieurs reprises avec son aspect lourd, dissonant et monolithique par des envolées de lead guitares et de nappes de claviers saisissantes. Un bon interlude lui aussi de 15 minutes. L’album se termine sur « Everlasting Sentry » un morceau toujours très charpenté et massif mais qui contrairement aux deux autres développe une emphase très Symphonique et accrocheuse. Beaucoup de claviers sur ce titre, il y a bien quelques passages très pesant mais dans l’ensemble on a à faire à un morceau bien épic ! Dernière chose j’ai beaucoup apprécié les voix et leur alternance qui alliées aux côtés des claviers symphonique m’ont rappelé un peu certains passages du regretté Despond. Les vocaux dans l’ensemble son bien puissants et assez percutants ce qui parachève de donner au tout un aspect vraiment ultime !

Un album dans la continuité donc mais qui vous réservera tout de même quelques bonnes surprises ! Epsilon Aurigae est encore un très bon album dans la catégorie Doom comme ceux que j’ai chroniqués tout du long de l’année dernière ! Il ravira les fans comme moi de la première heure tout comme ceux qui ont connu Monolithe sur le tard. On attend donc la suite avec impatience puisque je vous le rappelle, elle doit arriver dans le courant de l’année ! Quant à moi il me reste plus qu’à enfin aller écouter le dernier album Enfant de la Nuit de Ixion (Facebook ici) une autre formation Doom Metal Atmosphérique qui a sorti ce deuxième album presque en même temps que celui-ci … 

FalculA (8/10)


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Debemur Morti Productions / 2015
Tracklist (45:00) : 1. Synoecist 2. TMA-0 3. Everlasting Sentry.