« …Soit on n'arrive pas du tout à rentrer dans Near Death Experience (et c'est vite arrivé, essayer par exemple de l'écouter un dimanche matin au petit déjeuner) et on ne le réécoute jamais. Pourquoi s'infliger une telle souffrance ? Soit on rentre dedans et on considère Spektr comme des génies… ». C’est également ce que je pense de la musique de Spektr et je trouve que cette formule de notre bien vénéré guide Hamster Forever (NDH : c'est une chronique de Yath que j'ai exhumée, je rends à César ce qui lui appartient) est parfaite en guise d’introduction à la chronique de leur dernier album The Art To Disappear. On peut dire que Spektr est plutôt du genre à avoir bonne presse chez nous autres chroniqueurs de Metalchroniques ! En effet cette formation française déjà bien établie puisque en activité depuis 2000, ne comptabilise pas moins de quatre albums ainsi qu’un EP. Vous pouvez retrouver nos chroniques de Near Death Experience (2006) ici, du EP Mescalyne (2007) ici et de Cypher (2013) là.
Après être passé respectivement par Candlelight Records et Debemur Morti, Spektr a décidé de traîner ses guêtres chez Agonia Records (site ici) depuis la sortie de leur précédent album Cypher. Un album qui s’était fait remarqué puisque Spektr y développait sa musique avec une approche totalement instrumentale, ce qui divergeait de ces productions précédentes où le chant était plus ou moins mis en avant selon les compositions. C’est donc dans la continuité de Cypher que The Art To Disappear s’inscrit que se soit en termes de démarche artistique et de support. Le duo affectionne toujours les bruits Noise et les boucles aux atmosphères Ambient et expérimentales qui viennent s’intercaler voire carrément se juxtaposer à des tournures Metal toujours au groove étrange et jazzy ainsi qu’à d’autres plus frontales et Black Metal. Le dernier morceau « The Art To Disappear » est une folie vénéneuse de 10 minutes distillant des effluves jazzy (mon dieu cette batterie tout du long est un délice de force tranquille qui n’oublie pas de blaster quand il le faut !), Trip-hop et Black Metal. Les temps contretemps s’y multiplient avec science et savoir faire !
Une chose a changé cependant, il s’agit de la production ! En effet elle se montre moins feutrée que par le passé et beaucoup plus saillante. Cela a pour principal effet de rendre la musique du groupe moins spatiale donc beaucoup plus terrestre mais également plus organique même si des zones de errances subsistent (ambient, noise, trip-hop ou industriel). On s’en rend très vite compte lors de l’évolution au sein de cet opus et ce dès l’entame de la seconde plage « Through The Darkness Of Future Past » avec son bourdonnement de basse et ses guitares tranchantes mais grasses. La batterie aussi participe à cet effet de pesanteur et leste la mécanique infernale de Spektr par le bas ! Le tout est frontal, gras mais tranchant ! J’ai toujours trouvé le propos de Spektr très en verve et il en va de même sur ce skeud et là mes amis cette nouvelle parure lui va à merveille ! C’est bien simple : ils réussissent à faire vibrer leur corde Black Metal avec un sacré panache ! Quand « From The Terrifying To The Fascinating » avec ses Blastbeat appuyés de redoutables guitares rythmiques survient, la mécanique de Spektr prend la forme d’une moissonneuse batteuse venant vous briser le cou et les genoux dans un même mouvement !
Un album qui s’écoute d’un trait comme si chacun de ses morceaux étaient liés les uns aux autres. Alternant soufflantes, transes en suspension, cavalcades de polyrythmiques et syncopes ! En y réfléchissant mieux l’artwork d’un blanc lumineux aurait du me mettre la puce à l’oreille puisque il prend le contrepied de ceux illustrant les opus précédents ! Je résume donc pour en revenir à la citation de Hamster en préambule : si vous étiez par le passé indifférant à la musique de Spektr, il est fort probable que vous ne soyez toujours pas réceptif à la musique exposée sur The Art To Disappear. Cependant malgré son aspect versatile et expérimental aucune longueur ou lourdeur ne vient pointer le bout de son nez et c’est ce qui en fait un album assez ultime en fait ! Même si le groupe reste fidèle à ses principes, ils les abordent d’une manière encore jamais exposée et je vous conseillerai tout de même d’y accorder de l’attention sous peine de louper quelque chose d’unique et de brillant ! Quant aux autres comme les aficionados de Spektr (oui il y en a j’en suis) jetez vous dessus si ce n’est pas déjà fait ! Pour ce qui est des néophytes, ce sera à vos risques et périls !
FalculA (9/10)
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Tracklist (39:19) : 01. Again 02. Through The Darkness Of Future Past 03. Kill Again 04. From The Terrifying To The Fascinating 05. That Day Will Definitely Come 06. Soror Mystica 07. Your Flesh Is A Relic 08. The Only One Here 09. The Art To Disappear.