« Si j’aurais su, j'aurais pas venu » est mon état d’esprit suite aux nombreuses tentatives d’écoutes de ce douzième album des allemands de Suidakra. Effectivement nous avons à faire ici à une formation rodée et plutôt bavarde en termes de sorties d’albums. Je vous renvoie donc à nos précédentes chroniques pour ce qui est de faire les présentations. J’ai souvent eu l’occasion d’évoquer dans les colonnes de metalchroniques mon intérêt pour le Metal folklorique ou Pagan. Le fait d’avoir accroché à leur précédent album, le très « epic » et réussit Eternal Defiance (nos chroniques et articles ici), m’a donné envie de voir ce que Realms of Odoric avait dans le ventre. J’aurais mieux fait de m’abstenir.

En effet la magie n’a absolument pas opéré sur moi cette fois-ci ! Déjà rien qu’au niveau de l’artwork mon ressenti fut assez mauvais. Le trip héroic fantasy très peu pour moi. En vingt années de maraudes et autres pérégrinations dans le milieu Metal, non merci car j’ai eu mon quota. Il se trouve en plus qu’ici le rendu est tout à fait moche, putain ça aurait pu être une jaquette d’« Un livre dont vous êtes le héros » ou d’un vulgaire jeu en ligne. Surtout quand on le compare à ce que le groupe nous avait proposé avec celui de Eternal Defiance qui à défaut d'être exceptionnel avait un peu plus de bagout. J’ai d’ailleurs appris en faisant quelques recherches que les textes ainsi que la thématique de Realms of Odoric sont en fait basés sur un comic book de 1996 « The Wall of Doom » de Kris Verwimp & Filip Keunen. On ne peut pas s’empêcher de ressentir comme un malaise : la vague impression que Suidakra a voulu draguer de l’ado pré-pubère ou du vieux garçon immature. Si ce n’est pas le cas c’est qu’ils ont des goûts de chiottes, ce qui pourrait expliquer bien des choses comme nous allons le voir…  

Pour ce qui est de la musique Suidakra use et abuse des reflexes qu’il a développé tout au long de sa carrière. Ceux-là même qui lui faisaient office d’atouts auparavant  mais qui ici sonnent de manière lourdingue car nos allemands se rabâchent et tournent en rond tout simplement. Toujours ce Death Metal Melodic aux contorsions Heavy Metal avec ce petit côté à la Children of Bodom où viennent se greffer des éléments tantôt symphoniques (on pense également à Therion), tantôt folkloriques (le premier qui me dit Finntroll se prend un coup sur la truffe !) quand le tout ne vire pas dans la power ballade pop-folk putassière et chiante. J’ai trouvé l’album super long. On se retrouve vite largué là où Suidakra arrivait si bien à nous tenir en haleine tout du long des compositions de Eternal Defiance. Realms of Odoric sonne juste comme une suite décousue de compositions plus ou moins redondantes. Pourtant j’ai presque apprécié le début d’album avec les titres « The Serpent Within », « The Hunter's Horde »,  « Creeping Blood » ou  « Lion of Darcania ». Par contre si musicalement le très Heavy et frontal « Undaunted » m’a agréablement surpris, ses vocaux féminins en revanche ont failli me faire vomir. C’est étonnant car il s’agit de Tina Stabel qui chante également sur l’album précédent mais bizarrement ici ça ne fonctionne pas du tout dans ce registre Heavy Metal énervé. De manière générale l’éventail des vocaux utilisés est large et varié allant de registres extrêmes à des chœurs folkloriques en passant par des assauts aux refrains Heavy Metal masculins ou féminins voire des passages narratifs ou d’autres plus pop. Certe techniquement rien à dire car Suidakra maîtrise son sujet mais ses compositions manquent cruellement de cet aura épique et de ce magnétisme dont Eternal Defiance était chargé. 

Pour finir au rayon des choses plutôt réussies on peut également parler de la production (prises son, mixage et mastering) du Gernhardt Studio qui sonne brute et travaillée à la fois. C’est une petite prouesse en soit qui évite à Suidakra le camouflet total en tombant dans le poncif pouette pouette souvent inhérent au style Folk Metal. De sorte qu’il parvient à garder un propos très Heavy Metal efficace sans négliger les nombreux instants symphoniques ou folkloriques. Cet album plaira certainement à beaucoup d’entre vous mais moi je dis NEIN !

FalculA (5/10)


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AFM Records / 2016 
Tracklist (47:20) : 1. Into the Realm 2. The Serpent Within 3. The Hunter's Horde 4. Creeping Blood 5. Undaunted 6. Lion of Darcania 7. Pictish Pride 8. On Roads to Ruin 9. Dark Revelations 10.    Braving the End 11. One Against the Tide 12. Cimbric Requiem 13. Remembrance(bonus)