Archive for août, 2016

Biohazard – State Of The World Address

Fin juin, il y a 20 ans, dans les couloirs de mon école. J'attends mon bulletin (moyen, comme d'hab, je ne me suis pas foulé pendant toute l'année), et mon meilleur pote me file une K7. Non, pas une K7 : LA K7, celle qui allait tout déclencher, celle qui m'a accompagné pendant des années, que j'ai usée jusqu'à la corde. Sur cette K7, un peu de Pro-Pain, un peu de B-Thong, un peu de Beastie Boys (époque Ill Communication) et surtout Biohazard, State Of The World Address. LA révélation. Les années ont passé, mais cet album reste encore et toujours une pierre blanche dans le calendrier de ma vie de Metalleux.

Et pourtant, on est loin du Metal, de celui que j'affectionne tant, avec du sang, du blast, du growl d'ours en rut. Biohazard, c'est du hardcore comme on en fait quasi plus. Vous me direz que je raconte n'importe quoi, et vous me citerez une chiée d'obscurs groupes qui, selon vous, portent bien haut l'étendard du NYHC. Mais vous en connaissez beaucoup, des groupes qui ont su pondre un album aussi efficace que celui-ci ? Dès le premier morceau, Biohazard assène un violent uppercut avec le morceau éponyme pour ensuite enchainer sur une chiée de classiques : "Down For Life", "What Makes Us Tick", "Tales From The Hard Side"… Du kiff en barre non-stop, des hymnes HxC qui restent gravés dans ma mémoire vingt ans après. Putain, j'ai chanté "What Makes Us Tick" en traversant tout le site du Hellfest en 2010 alors que Biohazard jouait à l'autre bout du site, et ça m'avait foutu une banane d'enfer.

Ajoutez à cela quelques petits trucs qui rendent cet album un poil différent des concurrents (l'énorme "How It Is" avec Sen Dog de Cypress Hill) et vous avez un album presque mythique à mes yeux. Certains lui préfèrent Urban Discipline, mais on touche ici au subjectif, au vécu. State Of The World Address n'est pas seulement un album de qualité supérieure. C'est la soundtrack de mes 15 ans.

Mister Patate (classic/10)

Facebook officiel

Warner Bros / 1994
Tracklist (57:36) 1. State of The World Address 2. Down For Life 3. What Makes us Tick 4. Tales From The Hard Side 5. How It Is 6. Remember 7. Five Blocks To The Subway 8. Each Day 9. Failed Territory 10. Lack There Of 11. Pride 12. Human Animal 13. Cornered 14. Love Denied

 

Malevolent Creation – Retribution

Parmi tous les albums de Death Metal que j'ai eu la chance d'écouter, il y en a quelques-uns qui, malgré leur âge, restent de purs joyaux à mes yeux. Et de manière assez étonnante, presque tous sont américains. Tomb of The Mutilated, Leprosy, Covenant, Slowly We Rot : de grands classiques, indémodables, indéboulonnables. Et parmi toutes ces pépites, il y en a une que j'affectionne plus particulièrement : Retribution de Malevolent Creation.

Les raisons de cet amour ? Tout d'abord, il y a ce chant. Je le disais encore l'année passée dans ma chronique de leur dernier album : Brett Hoffmann est un des frontmen les plus efficaces du genre. Son timbre transpire la haine, la rancoeur tout en restant intelligible. Quand il crie "Die Motherfucker" pendant "Slaughter Of Innocence", on l'imagine presque avec un sourire sadique sur les lèvres. En 1992, il était déjà au sommet de son art… et il l'est toujours aujourd'hui.

Mais un grand chanteur n'est rien sans des compos efficaces, et à cette époque, Malevolent Creation a pondu quelques-un de ses meilleurs morceaux : "Eve Of the Apocalypse" et son intro au clavier avant la première déferlante, l'énorme "Slaughter Of Innocence" suivi d'un "Coronation Of Our Domain" au mid-tempo ravageur et "Monster". Le travail réalisé à l'époque par le tandem Fasciana-Barrett à la guitare est énorme : barrage de riffs, quelques soli pas trop long et toujours à propos, le tout soutenu par une section rythmique aux petits oignons (bon, la basse est un peu en retrait, mais c'est une constante dans le monde du Death à tendance brutale). Par contre (et c'est assez rare pour le signaler), Retribution ne souffre pas de vrai temps mort : certes, les autres compos sont moins énormes que les quelques hits de cet album, mais aucune ne ressort négativement du lot. Chacune a sa place sur cet album complet et efficace en diable.

Dans une discographie aussi riche que celle de Malevolent Creation, Retribution fait partie des meilleures sorties du groupe : court, efficace, violent, il fait partie, à mes yeux, de ces grands classiques intemporels du Death ricain.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel

R/C Records / 1992
Tracklist (34:09) 1. Eve of the Apocalypse 2. Systematic Execution 3. Slaughter of Innocence 4. Coronation of Our Domain 5. No Flesh Shall Be Spared 6. The Coldest Survive 7. Monster 8. Mindlock 9.Iced

Interview Nervosa (Brésil)

DSC_9269 Interview réalisée pendant la tournée européenne du groupe, avant l'annonce par La batteuse Pitchu Ferraz de  son départ de Nervosa.


De gauche a droite: Fernanda Lira – Bass et chant, Pitchu Ferraz – batterie, Prika Amaral – Guitare).

 

Je suppose que vous voulez faire l’interview en anglais et pas en français ?
Fernanda Lira: Ouais, ça serait mieux
Ok, alors vous êtes Nervosa du Brésil.
Vous avez déjà sorti trois albums, dont le dernier qui s’appelle Agony
Fernanda Lira: Ouais

Et vous êtes en tournée pour environ trois mois maintenant, c’est ça ?
Fernanda Lira: Ouais, on avait fait une tournée pour la promo de ‘Victim of Yourself’, et maintenant on a lancé notre première tournée pour la promo d’Agony

Et vous avez joué où jusqu’à présent ? 
Fernanda Lira: Cette année, on a fait l’enregistrement d’Agony en Californie et directement après ça, on a fait une petite tournée West Coast pendant un mois et demi. On a fait beaucoup de dates en Amérique latine, on a joué au Mexique pour la première fois, le Pérou, la Colombie, l’Argentine… et maintenant l’Europe

Et vous passez également en France ?
Fernanda Lira: Uhuh, sur ce tour, on fait quelques concerts en France, on fait Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne et ouais, on revient en septembre et octobre avec Destruction, Flotsam and Jetsam et Enforcer et là on fera Paris aussi.

Alors c’est une bonne année?
Fernanda Lira: Ouais! J’ai hâte d’y être, on aime jouer en France tu sais, certains de nos fans européens les plus fous et passionnés viennent de France et nos shows les plus intenses en Europe ont eu lieu en France. On adore la France!

Parlons un peu du nouveau album, ‘Agony’, c’est vachement lourd, bien plus lourd que les albums précédents
Fernanda Lira: Oui, quand tu le compares avec ‘Victim of Yourself’, c’est bien plus agressif, je trouve
Oh oui, je suis bien d’accord là
Fernanda Lira: Je suis contente d’entendre ça, c’est plus rapide, plus brut, ça te prend direct à la gorge
Prika Amaral: On a aussi bien plus d’influences Black Metal
Fernanda Lira: Je pense aussi qu’une des raisons de cette évolution est le fait que l’on écoutait plein de Death Metal. Et puis, Pitchu Ferraz a aussi joué un gros rôle dans l’écriture. Elle est formidable à la batterie, très technique, elle nous poussait à faire des riffs plus agressifs, plus rapides, elle a su faire évoluer toutes nos idées. C’est grâce à Pitchu que l’album est si solide
Pitchu Ferraz: Mon Dieu, arrêtez de me faire rougir, je suis timide!
C’est pour ça que tu te caches dernière la batterie !
Pitchu Ferraz: Oui…

Il y a un morceau sur l’album qui est bien différent des autres morceaux
Fernanda Lira: Hahaha !
C’est quoi l’histoire derrière ce morceau ?
Fernanda Lira: Tu parle de Wayfarer ?
Oui
Fernanda Lira: C’est le bonus, moi et Prika, on a toujours voulu le faire, on écoute plein de blues, c’est probablement notre genre préféré à côté du Metal, et on a toujours voulu essayer d’utiliser ça, elle (Prika) continue à nous pousser, elle dit qu’on devrait essayer quelque chose de plus bluesy.
Prika Amaral: Sa voix est fabuleuse et je lui ait dit qu’on doit faire ça, un morceau ou elle chante en chant clair. 
Fernanda Lira: C’est moi qui suis toute rouge maintenant !

C’est mon morceau favori de l’album
Fernanda Lira: Génial! Comme c’est quelque chose complètement différent, le label voulait un bonus et on s’est dit que ça conviendrait.
Ça commence un peu comme du gospel pour passer à du lourd et finalement on arrive au blues, c’est excellent
Fernanda Lira: Oh oui, la fin a capella, j’ai bien aimé faire ça, j’aurais jamais imaginé faire ça, j’aime bien le chant clair, mais d’habitude, je ne chante comme ça que sous la douche ! J’avais jamais fait un enregistrement comme ça, j’étais un peu timide, je le suis encore un peu, mais j’aime le résultat
Parlons un peu de la scène metal Brésilienne, c’est comment ?
Prika Amaral: La scène est géante ! Au Brésil, on a plein de bons groupes qu’on aime tous, comme Sepultura, Krisiun, Disgrace and Terror et bien évidemment Wolsom qui joue aussi aujourd'hui (au Summerrock en Belgique)
Fernanda Lira: Il y a plein de bons groupes
Prika Amaral: Ouais, et on a aussi plein de groupes de filles, Sinaya, Vocifera, Valhalla, Girlie Hell, on en a beaucoup

Beaucoup de différences avec l’Europe ?
Fernanda Lira: Je pense que toutes les communautés sont différentes, en Amérique du sud, on a une communauté solide avec pleins de bons groupes. Tu peux aller partout, tu auras plein de fans fidèles et passionnés, qui te supportent et qui te rendent fier de faire partie de cette scène. L’Europe, c’est différent. Les gens sont plus réservés, mais ils observent plus. Quand ils viennent voir un show, ils ont toujours une analyse très détaillée du concert après quand tu parles avec eux, ça aussi c’est très important pour un groupe, ce Feedback. Mais ouais, c’est différent, ils supportent tous les groupes à leur manière.

Le Metal est grand au Brésil
Fernanda Lira: Ouais, c’est grand. Bon, ça reste underground par rapport à la pop, mais malgré ça, on a une grande communauté qui aime le Metal, malgré le manque de soutien des médias et du gouvernement. 
Prika Amaral: On a nos médias underground pour ça
Fernanda Lira: Mais quand même, c’est grand. C’est une scène riche en talent et en fans
Es-ce que la religion a un impact sur la scène dans votre pays ?
Fernanda Lira: Je suppose un peu, cela dépend un peu de la religion, c’est traditionnel de penser qu’on est toutes folles et droguées

Ça m’est familier
Fernanda Lira: Ouais, je suppose que c’est comme ça partout, ces préjugés sur le metal, ils pensent tous qu’on est folles et comme on est un groupe de filles, ils pensent certainement qu’on est complètement tarées, qu’on chante comme le diable, mais ils nous laissent faire, ce n’est pas extrême comme dans certains pays, comme la Russie ou on a vu Behemoth et d’autres groupes qui ont eu des problèmes. Parfois ils peuvent jouer, parfois pas et parfois il y a même des manifs ! Au Brésil, ils nous détestent, mais ils nous laissent jouer. 
Pitchu Ferraz: Mais on fait nos prières tous les jours! (Rires)

Pour clôturer, vous retournez en France, vous allez jouer Montpellier, Paris et autres places, avez-vous un message pour nos lecteurs?
Fernanda Lira: Ouais, ne changez pas, vous êtes géniaux ! You guys fucking rock! Vous êtes comme nos fans d’Amérique Latine, pleins de passion. A chaque concert, y’a plein de moshpits, je me suis déjà pris mon micro deux fois dans la gueule pendant des concerts en France, c’était dingue. Ne changez pas, restez comme vous êtes et continuez à supporter les groupes qui jouent là, car c’est ça qui nous donne envie d’y jouer. C’est pour cela qu’on a plein de dates en France, on vous aime ! Merci pour votre accueil chaleureux !
 

www.facebook.com/femalethrash