Anaal Nathrakh – The Whole Of The Law
Posted by Mister PatateSep 6
Au fil des ans et des sorties, le duo le plus bruyant au monde a su se forger une réputation de machine de guerre bien huilée sur album. Certes, le rendu final en live a pu, parfois, laisser à désirer, mais en studio, rares sont ceux qui arrivent à proposer une déferlante de haine aussi jusque-boutiste qu'Anaal Nathrakh. Desideratum avait repoussé les limites du genre grâce à ses ajouts électro. The Whole Of The Law, la nouvelle offrande du groupe, a-t-elle su passer la barre mise si haut il y a deux ans.
Tout d'abord, un constat, et non des moindres, Anaal Nathrakh a fait un petit pas en arrière, en réduisant la touche électro qui avait fait le charme (et la force de frappe) de Desideratum. Dans l'ensemble, The Whole Of The Law est plus traditionnel, plus organique (même si, ici et là, quelques éléments électroniques viennent encore aiguiser le propos). Mais cette régression apparente est trompeuse. Anaal Nathrakh cogne toujours aussi fort, toujours aussi bien, des titres comme "We Will Fucking Kill You" sonnent comme une promesse, comme la menace d'une ratonnade sonore imminente. Et plutôt que de tomber dans la redite, le groupe ose, avec un "Extravaganza!" aux vocalises follement aiguës et hallucinées. Quelle ambiance de fin du monde !
D'aucuns reprocheront à Anaal Nathrakh de s'être enfermé dans un carcan. Oui, The Whole Of The Law rappelle, à certains égards, ses prédécesseurs Vanitas et Desideratum. Et pourtant, malgré ces ressemblances, ce nouvel album semble encore plus radical, encore plus épuisant, encore plus cathartique, sans pour autant tomber dans l'excès. J'ai écouté cet album 7 fois de suite, sans interruption, et je n'ai ressenti aucun épuisement. Au contraire, j'aurais encore pu aligner les écoutes de ce petit bijou de misanthropie auditive. À noter que la version limitée reprend aussi les reprises de "Powerslave" d'Iron Maiden et de "Man At C&A" des Specials dans un registre plutôt différent. Et c'est là aussi que l'on doit reconnaître le talent du groupe qui a su s'accaparer des compos pour en faire quelque chose de tout à fait neuf, de tout à fait jouissif.
L'album de l'année ? Comme en 2014, et comme en 2012, la lutte s'annonce serrée avec The Project Hate MCMXCIX qui a annoncé la sortie de son album vers la fin de l'année. En 2012 et 2014, les Anglais avaient fini sur la première marche du podium, devançant d'un cheveu le monstre suédois. Jamais deux sans trois ?
Mister Patate (9,5/10)
Metal Blade Records / 2016
Tracklist : 1. The Nameless Dread 2. Depravity Favours the Bold 3. Hold Your Children Close and Pray for Oblivion 4. We Will Fucking Kill You 5. …So We Can Die Happy 6. In Flagrante Delicto 7. And You Will Beg for Our Secrets 8. Extravaganza! 9. On Being a Slave 10. The Great Spectator 11. Of Horror, and the Black Shawls 12. Powerslave (Iron Maiden cover) 13. Man At C&A (The Specials cover)
7 comments
Commentaire by Rob on 08/10/2016 at 23:36
Où quand la crédibilité de la critique s’effondre car elle prétends que Desideratum mettait la barre haut…
Commentaire by Hamster Forever on 09/10/2016 at 1:07
Lis la chronique de Desideratum et essaie de faire un commentaire qui élève le débat, si tu en es capable.
Commentaire by Rob on 23/10/2016 at 18:00
Il élève le débat. Je met en relation ta note et ton propos excessif avec le fait que tu trouves que Desideratum a mit la barre haute.
Ca mène loin mine de rien : est-ce que l’emballement dont tu fais preuve n’est pas à relativiser ? Est-ce qu’il n’implique pas que tu sois insensible à ce qui faisait la force d’Anaal Nathrakh ? Est-ce que ta façon de concentrer tes écoutes n’est pas limité à la simple forme ?
Mon propos ouvrait beaucoup de portes.
Et pourquoi voulais-tu que je lises ta critique de Desideratum vu que le fait que je vienne de la lire ne change absolument rien à ce qui s’est dit de base, tu trouves que Desideratum a mit la barre haut et ça décrédebilise ta chronique actuelle. C’est un fait, faut pas le prendre personellement. Et lire ta critique et comprendre pourquoi tu as aimé ne change rien à cela, j’imagine très bien pourquoi on pourrait aimer Desideratum et je comprends parfaitement que quelqu’un qui aime Desideratum aime ce dernier album (que j’ai écouté depuis et qui est comme je craignais, l’un des pires albums de Anaal Nathrakh, un peu plus intéressant que Desideratum mais très loin de la profondeur apocalyptique de Vanitas ou de tout ce qui a précédé In the constellation of the black widow)
Commentaire by Hamster Forever on 25/10/2016 at 12:07
Hé Ben voilà ! C’est si compliqué d’argumenter ? Ce commentaire est bien plus intéressant que le premier lapidaire et qui n’élevait rien. (mais je suis totalement en désaccord avec cela dit).
Commentaire by Rob on 26/10/2016 at 14:10
Disons que depuis Desideratum, il y a concrètement 3 choses qui ont changés et qui font qu’Anaal Nathrakh n’a conservé que l’habit de ce qu’il était :
-le son a gagné en compression, ce qui fait que le furie qui sortait avant est désormais contenue par un mur de son plus lourd. Or, lorsque le son est plus organique, le grain donne une authenticité et une énergie plus importante car il y a la respiration de l’instrument
-les mélodies. AN a toujours été un groupe mélodique, mais qui, avec Desideratum, a remplacé des mélodies d’inspiration plus classiques / celtiques en terme de gammes par des mélodies plus pop. C’est un détail car la différence n’est pas forcément flagrante quand AN continue a jouer le même genre, mais ce léger changement a un impact énorme sur le ton et donc le propos musical.
-Enfin, la composition en tant que telle. Avec Desideratum, on entrait dans un monde où les différentes mesures se complexifiaient pour donner quelque chose de structurelle experimental (pour du anaal nathrakh j’entends) ou codifié à d’autres moments. Or, ce qu’il y avait avant, c’était une sorte de suite logique qui donc faisait ressentir l’instinct avant tout. Après coup, ils ont trop réfléchis et cela se ressent. Quand dès le premier morceau de TWOFTL, AN tente une intro grandiose pour cumuler ça à une experimentation mélodique sur une rythmique moyenne, il y a un problème de structure parce qu’elle a trop (et mal) pensée.
On peut aimer, mais Desideratum a marqué une rupture profonde de ce qu’est AN.
Si mon commentaire initial était si court, c’est parce que je n’avais pas encore écouté le dernier album.
Commentaire by Mister Patate on 27/10/2016 at 9:53
Un commentaire comme je les aime :
Pour ce qui est du son : oui, c’est en effet moins organique qu’avant, et cette impression de mur que tu évoques est tout à fait exacte. Perso, ça ne me dérange pas vraiment.
Au niveau des mélodies : HA OUI. Oui, les mélodies évoluent, et oui, il y a maintenant un côté plus catchy, mais c’est justement ce qui renforce le groupe à mes yeux. Arriver à faire du Anaal Nathrakh avec des passages catchy, c’est un tour de force que très peu de groupes peuvent faire.
Enfin, pour le côté instinct vs réflexion : Même si c’est plus réfléchi qu’avant, Anaal Nathrakh reste un sacré bordel. J’en discutais avec Lord K (The Project Hate MCMXCIX) à l’époque, en comparant son groupe et Anaal Nathrakh. TPH est un tueur froid, méthodique, qui ne laisse rien au hasard. Le Thrakh est un psychopathe incontrôlable qui éviscère sa victime et se fait un collier avec ses intestins. Mais au final, le résultat est le même.
Desideratum, une rupture dans la discographie d’Anaal Nathrakh ? Je vois plutôt cet album comme un carrefour. Le groupe s’est engagé dans une nouvelle voie, quitte à perdre quelques passagers en route.
Commentaire by Hamster Forever on 27/12/2016 at 17:58
Et le voilà second du référendum 2016 de la rédaction.