La scène belge regorge de talents cachés blah blah blah, non, je ne commencerais pas cette chronique par ce lieu commun éculé qui finit toujours invariablement par 1. du namedropping de Channel Zero ou Aborted et 2. une référence à la frite ou à la bière. Venons-en directement à Räum, un quatuor liégeois qui vient de sortir son premier album chez LADLO et qui n’aurait probablement pas attiré mon attention si deux de mes amis n’avaient pas LOURDEMENT insisté pour que j’y jette une oreille.

Au menu, 4 morceaux et une grosse demi-heure de « Post-Black Metal » d’après l’étiquette, de « Black Metal pas chiant » d’après mon ressenti. Enfin, quand je dis « pas chiant », je dois tout de même avouer que la première écoute de l’opener « Andromeda » ne m’a pas marqué. Et les suivantes non plus. Le morceau n’est pas mauvais, loin de là, mais il pèche par sa linéarité relative par rapport aux autres pistes qui sont, elles, plus variées. Perso, j’ai un faible pour les openers qui m’en mettent plein les yeux et les oreilles en mode « voilà ma carte de visite, coco, on se rappelle sans faute la semaine prochaine ». Si « Andromeda » avait fait 3:30, ce sentiment de « machine à laver en mode essorage avec une vieille paire de baskets dans le tambour » n’aurait pas été aussi marqué.

Mais je pinaille. La preuve ? J’ai acheté l’album pendant le dernier Bandcamp Friday alors que je n’aime pas 1/4 de l’album. Les trois morceaux suivants sont, à mes yeux, clairement supérieurs, avec une mention spéciale pour le titre éponyme qui combine habilement les passages furieux et les pauses plus lumineuses en un peu moins de 10 minutes. Sur un morceau comme celui-là, Räum n’a absolument rien à envier à bien des groupes « connus » et signés sur de bien plus gros labels. Les mauvaises langues diront qu’on a un morceau qui suit parfaitement la checklist du Post-Black (du furieux, une pause lumineuse, un build-up, un petit spoken word, un final hypnotique), mais ça reste diablement efficace.

Est-ce que tout est parfait dans le royaume de Räum ? Non. L’opener est un peu faible (il serait probablement mieux passé s’il n’ouvrait pas l’album) et j’ai l’impression qu’il manque un petit quelque chose au niveau du chant pour faire passer le groupe à un niveau supérieur. Pas au niveau de la qualité, certainement pas (y’a une petite vibe So Hideous / Emperor qui me fait vibrer), mais au niveau de la variation. L’ajout d’un deuxième chant plus grave, par exemple, serait peut-être une piste à explorer… Mais bon, c’est purement subjectif et ça lorgnerait fortement vers les voisins de Ultha.

Au final, ce premier effort de Räum est prometteur. Le groupe reste pour l’heure un petit poisson dans l’océan des sorties Metal (7.289 albums, démos, EP et splits depuis le 1er janvier 2023 d’après Metal-Archives), mais il serait dommage de passer à côté. Là où certains grands noms se reposent sur leurs lauriers, les Liégeois sortent une première plaque intéressante.

(7/10)

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(Les Acteurs de L’Ombre Productions – 2023)
Tracklist (36:50) 1. Andromeda 2. Cursed By The Crown 3. Fallen Empire 4. Beyond The Black Shades Of The Sun