inamirrordarklyNous avions laissé Mekong Delta sur plutôt une bonne note avec le best of de titres réenregistrés, Intersections (2012). Mais il était évident que ce type de « toilettage » ne pouvait pas satisfaire bien longtemps la créativité du bassiste/leader omnipotent du groupe qu'est Ralph Hubert.

Deux ans après son dernier fait d'arme et quatre ans après son dernier album original intitulé Wanderer On The Edge Of Time (2010), revoici donc Mekong Delta pour un disque qui ne se veut ni un album concept, ni une adaptation d'une œuvre classique mais un disque de thrash metal plus « classisque ». Certes, on trouve bien trois instrumentaux (de très haute tenue par ailleurs), et des durées de chansons bien plus longues que celles des morceaux de Reign In Blood, mais il semble que Ralph Hubert se soit montré un peu moins ambitieux que de coutume. 

« Moins ambitieux » ne signifie pas forcément « dénué d'inspiration ». Car ce In A Mirror Darkly tient furieusement la route. Pour les puristes de la technique et de l'identité « techno-thrash » du combo allemand, d'abord du fait de la maîtrise musicale : Alexander Landenburg à la batterie est aussi précis que virevoltant derrière ses fûts que Eric Adam H. Grösch l'est aux guitares. Et ce bien que ses solos soient un peu sous-mixés et trop rares à mon goût. Quant à Martin LeMar au micro, il confirme qu'il est bien le meilleur chanteur qu'ait eu Mekong Delta au chant. Sa puissance vocale est capable de se nuancer pour des passages mélodiques jadis bannis dans le groupe, mais du meilleur effet aujourd'hui (« Janus » et surtout l'impressionnant « The Silver In Gods Eye »). Cela donne un côté un peu accessible que de coutume à une musique qu'il faut, de toutes façons, plusieurs écoutes pour l'apprivoiser.

Cette musique profite de tout le savoir-faire de composition de Ralph Hubert qui éclate notamment sur des brulôts de thrash technique que sont les instrumentaux du disque (« Introduction » à l'acoustique et « Inside The Outside Of The Inside » en mode électrique). Riffs, thèmes, mélodies, lignes vocales… : tout est de la plus haute tenue ici. Et, le bonhomme s'est même permis de concocter un excellent son à la production : d'un modernité mesurée, le son de In A Mirror Darkly fait beaucoup pour la qualité de la disque. On lui reprochera juste de ne pas mettre assez en valeur la basse de Ralph Hubert et certains solos. 

Des péchés mineurs toutefois. Car, devant le reste, on ne peut que s'incliner bien bas devant un si beau résultat. 

Baptiste (8/10)

 

Site officiel

SPV / 2014

Tracklist : 01. Introduction (instrumental) 02. Ouverture (instrumental) 03. The Armageddon Machine 04. The Sliver In Gods Eye 05. Janus 06. Inside The Outside Of The Inside (instrumental) 07. Hindsight Bias 08. Mutant Messiah