Satan Jokers – Sex Opera
Posted by BaptisteJan 19
Le Satan Jokers mark II eclipsera-t-il un jour la première formation du groupe, celle qui a donné lieu à Fils du métal (1983), à Trop fou pour toi (1984) et au fameux EP, III (1985) ? Car il faut reconnaître que les récentes sorties de Satan Jokers s'avèrent d'un cran au-dessus des premiers essais du groupe : Addictions (2011) ou Psychiatric (2013) étaient d'excellents disques, d'un hard rock à la fois traditionnel mais durci et toujours extrêmement virtuose dans l'interprétation. Ils étaient en outre portés par des paroles intelligentes et bien écrites, donnant une envergure à la musique. Parfois les paroles en français, lorsqu'elles s'associent à une vraie exigence, portent la musique plusqu'elles ne la desservent.
Un thème insolite
Pour ce Sex opera, on retrouve toujours l'ami et le thérapeuthe de Renaud Hantson aux paroles pour un album concept qui ne s'attarde pas sur l'addictions aux drogues ou sur la folie mais sur la dépendance sexuelle. Suivant le parcours d'un « sexaholoic » narré par Brigitte Laghaie, des premières obsessions jusqu'aux pratiques les plus extrêmes (le sadisme dans « Asphyxie érotique ») et jusqu'aux conséquences les plus sombres (la marginalisation sociale sur « Milfs » ou « Vip-Hiv »), le propos ne se veut pas grivois. Il est intéressant de voir traiter la sexualité de cette manière dans le rock, où l'on se contente généralement d'allusions salaces de bas niveau. Encore une fois, ce Sex Opera est porté par un thème fort et, de plus, inattendu.
Toutefois, ce disque se veut aussi un opera rock, un sous-genre que maîtrise bien Renaud Hantson puisque ce sont certaines comédies musicales qui lui ont ouvert les portes de la notoriété vers le grand public. Cela signifie qu'une histoire se développe : de la rencontre d'un diabolique « King Sodom » interprété par un Stéphane Buriez parfait dans l'emploi, à la fréquentation d'un club de débauche « Club 6 Six 6 » jusqu'à la contraction de la maladie. Et qu'on rencontre de nombreux personnages tels que cette Cassandra interprétée par Virginie Goncalves (Kells), ou que cette transexuelle parfaitement peinte par Céline Lacroix (« Transex » très accrocheur). Autant les personnages féminins donnent lieu aux titres parmi les plus réussis, autant je suis plus réservé sur la participation de certains chanteurs (Boban Milojevic de Snake Eyes ou Olivier La Valle de Shannon).
Haute tenue globale
Il faut bien reconnaître que ces invités n'arrivent pas à faire de l'ombre à un Renaud Hantson très en forme qui enchaîne les refrains prenants (« Milfs » ou « Préliminaires à l'infini ») et les mélodies captivantes, le tout avec une volonté de varier les angles d'approche, du presque pop (« Exhibition ») au très venimeux (« Promis »). Hantson est encore et toujours la puissance créatrice du groupe même si les prestations de ses trois compères, Pascal Mulot, Aurélien Ouzoulias et Michaël Zurita sont de haute tenue. Et quand ces derniers s'effacent derrière d'autres exécutants comme Christophe Godin (sur « King Sodom ») ou Sébastien Bizeul (sur « Promis ») ou Gildas Arzel (« Vip, Hiv »), nous ne perdons pas au change.
Si Renaud Hantson exécute sa promesse de mettre en sommeil Satan Jokers et d'abandonner définitivement le heavy metal, nous y perderons beaucoup. Ce nouveau disque de Satan Jokers le confirme encore une fois.
Baptiste (8/10)
Brennus / 2014
Tracklist (56:00) : 1. Intro 2. Préliminaires à l'infini 3. Sexaholic 4. King Sodom 5. 666 (diction Brigitte Lahaie). 6. Club 6 Sex 6 7. Asphyxie érotique 8. Charnel déclic 9. Professionnelle 10. Mothers I'd Like To Fuck (diction Brigitte Lahaie) 11. Milfs 12. Promis 13. Voyeurs (diction Brigitte Lahaie) 14. Exhibition 15. Transex 16. Royaume décadence 17. Outro 18. Vip-Hiv
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