Unisonic – Michael Kiske et Kai Hansen (2012)
Posted by PolochonAvr 24
Unisonic, au départ, c'est « le nouveau groupe de Michael Kiske ». Pour ne pas dire « son premier vrai groupe depuis Helloween ». Et en mars 2011, quand il a été annoncé que Kai Hansen les rejoignait (merci la tournée d'Avantasia où ils se sont retrouvés sur scène!), tout le monde a commencé à rêver sur cette nouvelle association « Michael Kiske au chant + Kai Hansen à la guitare… et composition ». Ne pas s'y tromper cependant: comme ces deux messieurs vont l'expliquer dans les lignes suivantes, il ne s'agit pas d'un groupe de speed ou power-metal. Ce qui ne les empêche pas de croire énormément en ce nouveau projet… il faut dire qu'il y a un petit côté « vieux couple » dans leur relation, c'est plutôt mignon!
Quoi qu'il en soit, Michael s'éternise avec l'interview précédente (il parle d'Elvis avec une autre inconditionnelle, forcément ça inspire!), commençons donc avec Kai, Michael nous rejoindra un peu après.
MetalChroniques: Pendant très longtemps, on peut dire que tu n'envisageais pas vraiment de refaire un groupe avec Michael [Kiske]: qu'est-ce qui a permis à la roue de tourner?
Kai Hansen: En fait ça n'est pas moi qui ai changé d'avis, c'est Michael qui a changé, encore! C'est ça qui nous a donné une nouvelle chance. On me demandait tout le temps si je pensais que je pourrais faire quelque chose avec Michael à nouveau, et je répondais qu'en dehors de le voir chanter sur nos albums [de Gamma Ray] de temps en temps, peut-être, c'était peu probable. Il ne voulait pas partir en tournée etc. après tout. Mais de manière générale, en ce qui me concerne, il n'y avait aucun problème avec ça, j'ai toujours pensé que ça serait génial de le voir revenir à ça: quand j'ai appris qu'il lançait Unisonic, j'étais vraiment très heureux pour lui. Je me disais: « oh mon Dieu, merci, il sort de son trou à nouveau, enfin! »
M.: Vous avez eu l'occasion de partager une scène à nouveau pendant cette tournée d'Avantasia l'année dernière, mais au final… retrouver quelqu'un est une chose, mais commencer un nouveau groupe, alors en plus qu'il y a déjà (et encore!) Gamma Ray, en est une autre: qu'est-ce qui t'a fait accepter le challenge?
K. H.: Le challenge! Il y a comme… je ne sais pas comme l'exprimer, disons une « connexion profonde » entre Mike et moi. C'est impossible de l'ignorer! C'est toujours palpable, quelque chose dans l'air, et puis j'ai toujours eu cette idée que ça serait bien de faire quelque chose ensemble à nouveau. Quand nous avons parlé sur la tournée d'Avantasia, nous étions tous les deux d'accord pour dire qu'un « projet » n'était pas une option. Qu'est-ce que c'est un « projet » après tout? Pitié!
M.: Ennuyeux?
K. H.: Oui, c'est ennuyeux, et surtout le monde n'a pas besoin d'un nouveau « projet ». Pour faire quelque chose de mieux, il faut le faire correctement. Et puis nous ne rajeunissons pas, nous vieillissons comme tout le monde: peut-être que dans 10 ans ça ne sera plus sympa de le faire. Alors que là, maintenant, nous avions l'opportunité et l'occasion de le faire. Un peu comme une porte ouverte: on a jeté un oeil, et ça avait l'air sympa à l'intérieur. On ne peut jamais savoir comment les choses vont tourner, peut-être que dans 6 mois nous nous tapperons dessus jusqu'à la mort!
M.: Mais bien sûr!
K. H.: J'en doute, évidemment, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver.
M.: Donc tu voulais tenter le coup et point?
K. H.: Exactement. Le résultat à obtenir avec ça, faire de la musique tous les deux, était trop tentant pour gâcher cette chance.
M.: Je crois que certaines chansons étaient déjà prêtes, ou au moins très avancées, quand tu as rejoint le groupe: qu'est-ce que tu leur as apporté au final, en dehors de ta guitare (et quelques choeurs de ci de là)?
K. H.: Eh bien… Ma foi, peut-être que ça n'est pas à moi de le dire? Parce que j'adore quand Michael le raconte… c'est sans doute une question à laquelle il devrait répondre! Je pense que j'ai amené beaucoup de choses, mais laisse-le raconter ce que j'ai amené!
[Ouais… enfin il a l’air de prendre son temps à discuter d’Elvis ou je ne sais quoi… et la plupart de mes questions ont été prévues pour que vous y répondiez -tous les deux-, je confirme, donc là je commence à être un peu à sec, scrmbl!]
M.: Bon, alors passons à la « question Gamma Ray »! [qui était prévue pour être accessoire, juste au cas où j’aie le temps de la caser, double scrmbl!] L'année dernière je crois, Henjo a eu un problème avec un oeil, pour lequel il a dû se faire opérer, et il y a quelques années déjà il avait eu ce genre de problème: est-ce que c'est lié, le même oeil, réglé une bonne fois pour toutes, et toute cette sorte de choses?
K. H.: Non, c'était l'autre oeil!
M.: D'accord je vois! (rires)
K. H.: Enfin, cette fois il n'a pas attendu trop longtemps pour se faire opérer, alors que la dernière fois c'était presque trop tard pour récupérer une vue normale. Là il est allé voir le médecin un peu plus tôt, son oeil a été opéré, et jusque là son oeil tient le coup?
M.: Parfait!
K. H.: Et donc! Forcément, par la suite, il s'est cassé la clavicule, et deux côtes, pendant qu'une autre côte est rentrée dans un de ses poumons… parfois, il est assez représentatif du « type qui a la guigne »!
M.: Il adore se faire médiquer en fait… Mais je crois que vous avez des concerts prévus cet été, est-ce qu'il ira bien d'ici là?
K. H.: Absolument oui, pas de problème.
M.: Je ne pense pas vraiment que tu sois le genre de personne qui ferait à moitié un groupe et à moitié l'autre, comment envisages-tu de te consacrer à deux groupes… en même temps?
K. H.: Je ne peux pas! Je dois me consacrer à un groupe à la fois, d'une manière ou d'une autre. Nous en avons discuté, il fallait trouver une solution pour les autres membres de Gamma Ray aussi après tout: j'ai décidé que, en quelque sorte, une année Unisonic aurait la priorité, et l'année suivante Gamma Ray aurait la priorité. Ca ne veut pas dire qu'une année où Gamma Ray sera prioritaire je ne jouerai aucun concert pour Unisonic: je jouerai avec Unisonic même dans ce cas, mais quand il sera question de caller un concert etc. Gamma Ray sera prioritaire. Et vice-versa. Nous essayons de gérer ça comme ça… nous verrons bien où ça nous mène! Je ne peux pas faire autrement de toute manière, c'est la seule manière de s'en sortir à peu près.
M.: [Pour vous montrer que l’improvisation n’est pas toujours ma spécialité, merci Michael qui cause Elvis, triple SCRMBL!!!] Je crois qu'un album de Gamma Ray est prévu pour l'année prochaine?
K. H.: Oui, c'est ce qui est prévu. Et nous devons le faire, même, parce que nous avons déjà confirmé que nous serons en tournée l'année prochaine, ce qui impliquerait un album pour janvier. Donc il est largement de s'y attaquer maintenant! Parce que comme je tournerai avec Unisonic, je veux prendre mon temps avec ça.
M.: Justement, comme il y a des concerts prévus avec Unisonic jusqu'à la fin de l'année…
K. H.: Oui, nous commençons en mai en Amérique du Sud, puis quelques festivals cet été, et avec Gamma Ray aussi, nous ferons quelques festivals en France [dont un à Nancy avec Scorpions en juin, Kai avait dû retenir le « -cy » puisqu’il m’assurait que le festival était à Paris-Ber-cy, je me disais et lui ai fait remarqué que je ne me souvenais pas de cette date même s’il y avait bien un truc avec Scorpions… vérification faite c’est bien à Nancy, quadruple scmrbl!]. Ensuite à l'automne nous ferons quelques dates avec Unisonic, ici en Europe.
[Et Michael Kiske entre en scène, magnifique, miracle, inespéré, Hosanna au plus haut des cieux!]
M.: Pour commencer, ça fait quoi d'être de retour -dans un groupe- après tout ce temps, faire la promo de ce groupe et tuti quanti… avec et pour un groupe? [oui, je sais qu’il a fait partie de trucs divers et variés depuis son départ de Helloween, mais lui-même admet sans problème et tout le temps que c’était plus des projets montés autour de sa personne que des groupes à part entière.]
Michael Kiske: Beaucoup plus facile. J'avais l'habitude de tout faire par moi-même, mais maintenant que tout est en place, avec un groupe qui a sa propre dynamique. Par exemple, si j'ai une bonne chanson c'est bien, mais rien ne m'y oblige. Parce qu'il y a trois compositeurs dans le groupe, peut-être quatre: tout s'emboîte beaucoup plus rapidement! Un management qui s'occupe de toute la partie « business », que je n'aime pas du tout. J'adore ça, c'est beaucoup plus facile. Et puis il y a toutes ces interviews, regarde ça… [il me sort un document de plusieurs pages, avec des interviews callées partout, description des medias etc…: j’avoue qu’à vue de nez, ça a l’air assez effrayant!] Ils sont fous!
M.: Mais c'est bon pour vous!
K. H.: Oui, complètement! Comme je le disais, c'est beaucoup plus facile. Un groupe a sa propre dynamique, ça n'est pas une seule personne, j'aime ça.
M.: Comment est-ce que ça a commencé, quand il n'y avait encore aucun Kai à l'horizon?
M. K.: Ca a commencé avec Denis [Ward, bassiste et producteur du groupe] et Kosta [Zafiriou, batteur… et manager, qui m'ont contacté. Le premier a été Kosta, qui est aussi le manager du groupe, et il m'a contacté en tant que manager au départ, il voulait devenir mon manager. Il me disait qu'il trouvait que je n'étais pas bien managé… dis plutôt que je n'étais pas managé du tout! Plus depuis que Smallwood a arrêté de travailler avec moi en tout cas [Rod de son prénom, surtout connu pour être le fondateur de Sanctuary Group et le manager d’Iron Maiden]… en 1998 ou un truc du genre. Smallwood est un type génial, je n'ai jamais eu de problème avec lui. Mais il ne savait jamais comment me prendre en main, et donc voilà, à partir du moment où il est parti je n'ai plus eu de manager. C'est pourquoi Kosta m'a contacté et, en tant que manager, il a suggéré: « et pourquoi pas un groupe? » Je travaillais déjà avec Denis [avec Place Vendôme, puis sur l’album-projet avec Amanda Sommerville]: nous avons commencé ce groupe ensemble, il avait Mandy [Meyer, guitariste] en tête, qui est une belle personne [littéralement « beautiful » en anglais, qui a aussi le même sens un peu vieillot mais très parlant qu’en français], une personnalité très agréable et un bon musicien. C'était bien, mais je sentais qu'il manquait quelque chose, j'ai mis du temps à trouvé quoi… mais dès que Kai est entré dans le groupe, c'était bon. Parfois il suffit juste d'un petit quelque chose en plus, et évidemment il y a cette chimie particulière entre lui et moi. Et très rapidement, les chansons se sont mises en place.
M.: Quand le groupe a commencé, Unisonic était toujours décrit comme « le nouveau truc de Michael Kiske ». Est-ce que c'est toujours le cas, ou est-ce que c'est vraiment -un groupe- pour vous?
M. K.: C'est un groupe, vraiment. Il n'y a qu'une seule chanson de moi sur l'album, par exemple. Ca n'est pas du tout un « groupe solo » pour moi, du tout.
M.: Puisque Kai préférait que tu répondes à cette question allons-y: Je crois qu'au moins certaines chansons étaient déjà prêtes quand il vous a rejoints, alors qu'a-t-il amené de particulier au groupe, en dehors de… une guitare et deux cordes vocales en plus?
M. K.: A mon sens, ce qu'il est vraiment capable de faire, c'est cette écriture qui lui est propre, sa propre manière de faire les choses. Il n'a pas peur de complètement défaire une chanson, en quelques secondes. Je prends mes précautions avec tout, alors parfois c'est une bonne chose d'avoir quelqu'un à côté pour te dire: « je n'aime pas ça, ça n'est pas une bonne manière de passer au refrain! », ou quoi que ce soit d'autre. Il avait de bonnes chansons qui sont devenues très bien, et je donne toujours l'exemple de « Star Rider »: Dennis avait la base de la chanson, le « groove », le pont, et plus ou moins un refrain, mais le refrain n'était pas le « point culminant » de la chanson, il n'était pas assez fort. Kai a écouté la chanson, dit qu'il n'aimait pas le refrain, s'est assis, et Denis m'a raconté qu'en 20 secondes il avait trouvé le refrain de « Star Rider »! Et voilà une des meilleures chansons de l'album. C'est comme ça que marche un groupe!
M.: [à Kai, ne lachant pas l’affaire] Mais toi, qu'est-ce que tu dirais que -tu- as apporté au groupe?
K. H.: Six cordes! Quelque chose comme un côté metal…
M. K.: Oh oui, définitivement! C'est beaucoup plus metal que ça ne l'aurait été sans lui.
K. H.: Vraiment oui, je ne peux pas me renier après tout, j'aime quand ça devient puissant et fort!
M. K.: Et j'aime ce metal!
K. H.: Oui, c'est toujours positif, c'est pour ça. Voilà, je pense que c'est ça que j'ai amené dans le groupe.
M.: Généralement, quand je prépare une interview, je commence par écrire la chronique de l'album et après je m'attaque aux questions. Mais avec cet album j'ai dû faire face à un problème épineux: comment décrire -le style-?
K. H.: Aah bonne question, j'aime vraiment!
M. K.: Le style? Mmh… au final c'est de la musique rock, qui rencontre le metal parfois, et aussi… De toute manière c'est ça que nous voulions faire avec Unisonic, quand nous avons commencé. Nous ne voulions pas être « un groupe metal », nous voulions être « un groupe de rock », parce que ça ouvre plus de possibilités.
K. H.: [prenant une grosse voix caricaturale] Je croyais que nous étions heavy-metal!
M. K.: [après avoir fait « la seconde voix » sur le « heavy-metal » de Kai] Nous n'avons pas peur du metal, mais nous n'avons pas peur de quoi que ce soit d'autre non plus.
K. H.: Voilà, ça va vraiment du rock, ou même des éléments pop, jusqu'au metal… ce qui était déjà le cas dans Helloween!
M. K.: Exactement! Si tu prends Dr Stein, c'est une chanson pop!
M.: Et soyons honnêtes, ça arrive même dans Gamma Ray!
K. H. et M. K.: Oui, tout à fait!
K. H.: Mais je pense que Unisonic est beaucoup plus ouvert.
M. K.: Le nom du groupe l'annonce aussi: « universal-sonic » [sonique/son universel] ou « unison sonic » [sonique/son à l’unison].
K. H.: C'est pour ça que nous ne pouvons pas vraiment définir un style. Peut-être que les gens passeront une phase difficile en se disant: « alors, c'est… (gulp) qu'est-ce que c'est? » De toute manière qu'est-ce que le rock aujourd'hui?
M. K.: D'énormes possibilités.
K. H.: C'est devenu tellement large, même U2 est un groupe de rock, et pourtant aucune de nos chansons ne sonne comme U2.
M. K.: « I've Tried » sonne un peu comme du U2.
K. H.: Oui, mais… en ce qui me concerne, la première fois que j'ai entendu cette chanson, puisque c'est une des chansons qui étaient prêtes avant que je n'arrive, j'ai pensé à Franky Goes To Hollywood.
M. K.: Vraiment?
K. H.: « Welcome To The Pleasuredome », c'est la chanson que ça m'a rappelé.
M. K.: Pour moi ça me rappelle le guitariste de U2!
K. H.: Voilà, la preuve, c'est ouvert! Nous laissons la porte grande ouverte à tout le monde pour définir notre style, nous nous contentons de jouer les notes!
M. K.: [retour de la grosse voix] Nous faisons notre propre style!
M.: Cet album dégage également quelque chose de très positif, est-ce que c'était important pour vous d'avoir cet aspect extrêmement, extrêmement positif?
M. K.: Honnêtement ça fait un peu partie de ce qu'il a amené au groupe [parlant de Kai], ce côté positif. C'est quelqu'un de très positif, drôle etc. Je me souviens quand il a écouté ce qu'on avait de prêt, il a trouvé que ça faisait un peu tristounet, que ça pourrait être plus positif. Puis il nous a amené des chansons comme « Never Too Late » ou « Never Change Me », tous ces trucs un peu punk-pop-rock'n'roll. Ceci-dit il y a aussi des chansons plus mélancoliques sur cet album, comme « I've Tried », « No One Ever Sees Me » ou « Renegade », elles ont un côté un peu plus tristounet.
M.: Oui, mais même ces chansons ont une atmosphère assez positive dans le fond?
M. K.: Peut-être que c'est juste nous? Nous sommes comme ça après tout.
K. H.: C'est sorti comme ça, quand nous jouions ensemble ou que nous répétions ces chansons, il fallait qu'elles aient ce petit truc, en quelque sorte.
M. K.: Et chanter me plaît beaucoup plus maintenant qu'il y a quelques années, ça joue peut-être. Je ne dis pas ça juste pour faire la promotion de l'album, c'est vraiment honnête: je prends beaucoup plus de plaisir à chanter aujourd'hui.
K. H.: Et c'est bien mieux comme ça.
M.: Dans les paroles, il y a une sorte de thème principal à travers tout l'album: « je suis qui je suis, et si ça ne te plaît pas… tu connais la sortie » [volontairement mignon/gentil, parce que dans le fond l’album -est- mignon/gentil]: n'avez-vous pas peur que ça fasse un peu trop… « adolescent »?
K. H.: Comment ça?
M.: Eh bien, dans le fond c'est le genre de paroles qu'on retrouve même chez Helloween, mais de ci de là seulement, alors que là… c'est omniprésent, et 20 ans après?
M. K.: Mais je suis comme ça, toujours.
K. H.: C'est un thème qui demeure d'un bout à l'autre de ta vie, ça ne s'arrête jamais. Personnellement, je continue d'écrire des chansons à ce sujet parce que c'est toujours dans mon esprit. Je n'y peux rien, ça sort comme ça! Je ne sais pas ce qui cloche avec moi, mais c'est comme ça, je pense que ce « vivre et laisser vivre » est une des choses les plus essentielles dans la vie. Parce que ça se réfère… pas seulement aux gens et à leurs relations entre eux, mais aussi ce « laisser vivre », accepte-le et laisse-moi tranquille! N'essaie pas de me changer, n'essaie pas de me convaincre, contente-toi de me laisser respirer et amusons-nous.
M. K.: Je pense que la musique a aussi cette… mission, disons, libératrice, ouvrir les esprits. C'est aussi pour ça que je suis absolument contre tous ces gens qui deviennent fanatiques avec les styles de musique: c'est génial d'adorer un genre de musique, il n'y a absolument rien de mal à ça, mais rien n'oblige non plus à écouter ce genre de musique si on ne l'aime pas. D'une certaine manière, la musique est liée à la culture je pense, et en tant que musicien c'est presque notre travail de nous libérer nous-mêmes et d'exprimer ça en musique, plus ou moins. Beaucoup de gens ont un travail difficile, physiquement ou même parce qu'ils ne l'aiment pas, et quand ils écoutent de la musique ils veulent en retirer quelque chose, une certaine force. Si c'était toujours la même atmosphère et la même musique, ils n'en tireraient pas grand chose. Et je pense qu'en tant que musiciens, c'est notre travail de nous libérer, de vivre de manière très libre d'une certaine manière, et d'exprimer ça dans nos chansons, pour donner quelque chose au public et lui donner de la force.
K. H.: Particulièrement dans la vie de tous les jours, c'est une des choses que j'aime dans la musique, ce coup de « boost » que peut donner la musique. Je sais que si j'écoute une chanson et qu'elle me libère complètement de mes pensées négatives ou de mes problèmes, j'ai l'impression de devenir le roi du monde!
M. K.: Et pour moi, c'est ça la mission de la musique. Elle devrait nourrir nos âmes avec de la force. Ca me fait ça avec Elvis, quand j'écoute Elvis… pas sa période sombre, quand il était malade, mais jusqu'à 1971-1972-1973, c'est l'Elvis que j'aime. Particulièrement entre 1968 et 1971. Quand je l'entends chanter, je me sens bien! Dès qu'il ouvre la bouche, quoi qu'il chante, même la chanson la plus mauvaise…
K. H.: Quand même, ça me rend toujours un peu triste quand j'écoute « In The Ghetto ».
M. K.: Oui, c'est une des chansons de ses plus dévastatrices qu'il ait faites… mais il sait tellement bien faire passer les émotions, je me sens tellement bien quand je l'écoute! C'est mon « chargeur ».
M.: Michael, es-tu en meilleurs termes avec la phrase: « je joue dans un groupe de heavy-metal »?
M. K.: Ca n'est pas un groupe de heavy-metal, c'est un groupe de rock.
M.: Certes, mais dans la vidéo où on vous voit en train d'enregistrer des messages promotionnels pour divers sites de vente de musique en ligne, tu sautes presque sur le type qui vient de dire « disco » [pour « disque », puisqu’espagnol ou portugais ou je ne sais plus quoi de ce genre] pour lui dire « METAL! »
M. K.: Oui, mais c'est juste qu'on s'amuse pendant ces prises. Je sais que nous avons quelques chansons metal, mais honnêtement je ne me préoccupe pas du tout de ces petites boîtes dans lesquelles les gens aiment mettre les groupes. Après, je viens de là, j'ai grandi avec ce genre de musique, j'ai grandi en m'éclatant sur Iron Maiden, Judas Priest et tous ces groupes. Ca, ça n'est jamais parti. J'ai eu une phase, ou des phases, où je ne voulais rien entendre à ce sujet, j'étais plutôt frustré etc., mais ça n'a duré très longtemps. J'ai apprécié la musique rock pendant presque toute ma vie, au moins depuis que je l'ai découverte. Alors je suis à l'aise avec tout ça: tant que les chansons sont bien, que les concerts sont bons et que c'est marrant à faire, j'adore ça! Que ça s'appelle du rock ou du metal, ça m'est complètement égal.
K. H.: Oui, et parfois les gens en font un peu trop avec les étiquettes, un peu comme avec une religion. Tous ces: « si tu fais ça, tu ne peux pas être 'metal'! Pourquoi est-ce que tu ne portes pas un blouson en cuir? Tu n'es pas metal! » Aaah laissez tomber, peu importe ce que vous dites!
M. K.: Voilà, c'est exactement ce que je veux dire, on ne devrait pas faire ça! Il faudrait s'ouvrir au contraire.
M.: Est-ce que vous voyez ce que je veux dire si je vous dis que Mandy fait un peu figure… d'intrus dans le groupe?
M. K.: Mandy? Un intrus?
M.: Oui, parce que… Pink Cream 69 – Andy Derris – Helloween, vous deux – Helloween, Place Vendome en quelque sorte… [Denis et Kosta étaient dans PC69 avant de rejoindre Kiske pour Place Vendome, où était Andy Derris avant de rejoindre Helloween, alors que Mandy Meyer vient de Gotthard: aucun rapport biographique avec Helloween, ‘tudju!]
M. K.: Nous lui avons demandé de venir et…
K. H.: Oui, c'est le seul qui n'ait pas « un corps »…
M.: Oui, c'est le seul qui ne vienne pas de « Helloween et affiliés »!
M. K.: Il a un passé quand même, il a été dans Gotthard, dans Asia aussi: il a un passé dans le rock! En fait, je pense même que c'est bénéfique pour le groupe: il peut avoir un point de vue complètement différent. C'est ça que j'adore avec un groupe, quelqu'un peut arriver avec une idée que tu n'aurais jamais eue.
K. H.: Mandy est vraiment un très bon guitariste, même s'il n'est peut-être pas aussi reconnu dans le « monde de la guitare » qu'il le devrait.
M. K.: Il le sera!
K. H.: Il est très bon, de bons accords etc.
M. K.: Et vous sonnez bien ensemble.
M.: Oui, parce qu'il a un côté plus « hard-rock » que toi [Kai].
K. H.: Oui, c'est vrai.
M. K.: Il est très mélodique, c'est là le secret. Kai aime l'énergie, les trucs rapides etc., alors que Mandy fera des choses plus coulées, plus mélancoliques… c'est une bonne combinaison!
M.: Evidemment, certains s'attendent à une sorte de « Helloween 2012 »: est-ce que ça vous désole que tant de gens n'arrivent pas à aller au-delà de ce qui s'est passé il y a 20 ans, ou est-ce que c'est sympa et un hommage agréable au bout du compte?
K. H.: De toute manière on ne peut pas s'énerver contre les gens qui pensent ça, c'est compréhensible puisque c'est la dernière chose que nous ayons fait ensemble et évidemment il y a des attentes dans ce sens. Je pense que certains arriveront à prendre cet album juste pour ce qu'il est et à l'apprécier, d'autres pourront être déçus en disant que ça n'est pas assez ce qu'ils attendaient, mais dans le fond peu importe: nous ne pouvons faire que ce que nous faisons.
M. K.: Et puis même si on ne parle que d'attentes, regarde l'histoire de Helloween: quand je les ai rejoints en 1986 ou ce genre j'avais 17 ans, ils venaient de sortir Walls Of Jericho, la maison de disques était fière des ventes, c'était un très bon début. Et pourtant nous ne sonnions pas du tout comme ça quand nous avons fait Keeper [Of The Seven Keys] 1! C'était complètement différent, et ça a très bien marché! Ensuite nous avons fait Keeper 2, qui ne sonne pas du tout comme Keeper 1 non plus! Alors après ces deux Keepers [quand Kai a quitté le groupe]… qu'est-ce que les gens en savent, un troisième album après ça, à quoi est-ce qu'il aurait ressemblé? Ils n'en savent rien!
K. H.: Et même à l'époque personne n'était d'accord. Pour certaines personnes Keeper 2 était -l'album-, pour d'autres c'était Keeper 1… et puis il y avait ceux pour qui c'était Walls Of Jericho! On évolue, c'est tout!
M. K.: Exactement, c'est ce que je veux dire: personne n'en sait rien! Peut-être que ça aurait donné quelque chose comme ça? Les gens ont beaucoup tendance à attendre d'un groupe qu'il refasse l'album qu'ils préfèrent.
K. H.: Oui, et si le groupe le fait, ils se plaignent qu'il fasse toujours la même chose! Il n'y a que quelques groupes qui peuvent continuellement refaire le même album: AC/DC, Status Quo, et peut-être quelques autres.
M. K.: C'est ça que j'adore avec Helloween, nous avons dépassé le destin, nous nous contentions de faire ce que nous voulions faire, même s'il fallait nous battre avec la maison de disques pour ça! Je me souviens qu'on avait fait une grève pendant la production du Keeper 2 au sujet de « We Got The Right », que j'avais écrite: la maison de disques n'en voulait pas sur l'album. Ca avait été pareil avec Dr Stein, ils ne l'aimaient pas non plus, les mixages que l'on faisait etc., nous avons dû nous battre mais heureusement qu'on l'a fait! Si nous avions laissé la maison de disques nous dominer, peut-être même qu'il n'y aurait pas eu de deuxième Keeper.
K. H.: Les choses n'ont jamais été affreuses non plus. En ce qui me concerne du moins, je n'ai jamais eu l'impression d'être dominé par une maison de disques.
M. K.: Ils avaient peur, aussi.
K. H.: Oui, mais il y avait beaucoup de pression pour réussir à nouveau ce qui avait été fait avec le premier Keeper. C'est pour ça qu'il y avait beaucoup de « en question », « en doute » ou « pas sûr ».
M. K.: Mais je respecte toujours les groupes comme ça. Je comprends que les fans puissent avoir du mal à suivre quand un album est différent du précédent, mais ils devraient dépasser ça parce que la musique c'est avant tout de la créativité, faire de nouvelles choses. Sinon le groupe meurt! Si tu ne trouves pas quelque chose qui te donne envie, et que tu finis par t'ennuyer, un jour tu n'auras peut-être simplement plus d'idées!
K. H.: Ca peut aussi être casse-gueule si un groupe change trop. Par exemple si tu fais du heavy-metal classique et que sur le suivant c'est du jazz… non, je n'aime pas ça!
M. K.: Oui, il faut avoir une identité quand même, évidemment!
K. H.: Oui, et puis… normalement ça ne change pas à ce point.
M. K.: Non, c'est vrai. Queen est un bon exemple de groupe qui a pu faire beaucoup de choses différentes. Pour moi, leur seul album véritablement mauvais est Hot Space, c'est le seul que je n'ai jamais aimé. Mais ils ont fait beaucoup de choses, et pourtant ils avaient toujours leur propre son.
K. H.: Avec chaque nouvel album ils combinent, ils mélangent des choses différentes, depuis le jazz jusqu'au metal. Et voilà, nous sommes ouverts à toutes ces choses.
M. K.: C'est une des missions de la musique d'aider les gens à s'ouvrir, c'est aussi ça la culture. Mais pour ça, il faut aussi que les gens donnent du temps aux albums, il faut prendre le temps de rentrer dedans, l'écouter plus d'une seule fois: c'est important.
M.: Et tout l'album, pas simplement une chanson.
M. K.: Exactement.
M.: [à Michael] Sur la version live de « I Want Out » que l'on trouve sur l'EP sorti en janvier, ta voix semble assez hésitante quand la chanson commence, mais petit à petit tu sembles prendre confiance, ta voix devient plus puissante etc.: étais-tu vraiment hésitant, ou est-ce que c'est juste mes oreilles?
M. K.: Je ne sais pas?
K. H.: Il avait oublié les paroles!
M. K.: Non… en fait, j'avais un petit problème avec le retour ce jour-là, il n'était pas de très bonne qualité. Mais c'est marrant que ça se remarque sur l'enregistrement? Il me semble qu'il y a eu quelque chose avec le micro aussi, je ne sais pas quoi… je ne me souviens pas? Je n'y ai plus pensé après.
K. H.: Il chante de manière très prudent sur le premier couplet [Kai imite quelqu’un qui marmonne dans son micro plus qu’autre chose]…
M. K.: Peut-être que je ne savais pas où j'étais?
K. H.: Il y avait quelque chose d'un peu incertain à ce moment-là, je m'en souviens! Mais ça arrive.
M. K.: Je n'ai rien re-enregistré après en studio!
M.: Oui, il n'y aurait rien à remarquer si ça avait été re-enregistré après tout!
M.: Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que vous voulez dire mais je n'ai pas demandé?
M. K.: Ce qui est important pour moi, je l'ai déjà dit, au sujet de la musique et ce qu'elle devrait porter, qu'elle devrait être liée à la culture, et pour ça elle doit être libératrice!
M.: [à Kai] Et pour toi?
K.: Je signe ça!
-Propos recueillis par Polochon en février 2012.
Chronique de Unisonic (l'album).-
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