On connaissait les groupes actuels s'inspirant de Black Sabbath (Witchcraft), de Led Zeppelin (The Answer, Scorpion Child), Deep Purple (Spiritual Beggars)… il manquait à l'appel un groupe s'inspirant des premier disque d'Iron Maiden et de Saxon pour que le revival soit complet. Black Trip veut manifestement jouer ce rôle de groupe hommage aux premiers pas de la NWBHM. Pourquoi pas ? Surtout si le résultat est concluant. Or, il l'est et ce Goin' Up est franchement réussi.
Il est vrai que les musiciens ayant mis en route ce projet en 2013 ont du savoir-faire : le chanteur Peter Stjärnvind a déjà officié – mais comme batteur – pour Entombed, Nifelheim and Merciless et le guitariste Joseph Tholl vient de Corrupt et d'Enforcer. Le tour de force est évidemment de n'en rien laisser directement paraître : Goin' Under sonne comme un pur produit du tournant des années 70-80. La production est minimaliste et chaude en diable, les guitares ont ce grain qui indique qu'on n'a bien eu que peu recours à la compression et la batterie de l'excellent Jonas Wikstrand sonne parfaitement organique. On remarquera sur le clip de l'excellent single « Radar » que le look est l'avenant : cartouchières, perfectos et tee shirt à rayures sont du meilleur effet.
Les compositions sont excellentes et ce même si l'influence des deux premiers disques d'Iron Maiden, mais aussi, au niveau du chant, de Thin Lizzy et de Motörhead, est évidemment très présente. La voix de Peter Stjärnvind, rocailleuse et plus aggressive que celle de Paul Di'Anno ou de Bill Byford, donne une personnalité réelle au groupe qui ne réduit pas sa musique à une quelconque repompe des plans de Killers ou du Strong Arm Of The Law. Il n'y a bien qu'un franc défaut : la courte durée du disque (35 minutes). Sans doute une volonté de coller à une époque qui est ici joliment célébrée.
Baptiste (7,5/10)
Steamhammer – SPV / 2014
Tracklist (35:00) : 1. Voodoo Queen 2. Radar 3. Putting Out The Fire 4. No Tomorrow 5. Tvar Dabla 6. The Bells 7. Thirst 8. Goin’ Under
On savait Glenn Hughes très déçu du split de Black Country Communion, abandonné par un Joe Bonamassa bien désinvolte. Comme le sieur Bonamassa a exigé que le nom de Black Country Communion ne soit pas réutilisé par Glenn Hughes (qui en était pourtant le principal compositeur et de loin), ce dernier a décidé de continuer l'aventure sans le guitariste narcissique mais avec Jason Bonham, déjà de la partie. Le nom de California Breed acte donc ce changement ainsi que le recrutement d'un jeune guitariste, Andrew Watt en remplacement de Bonamassa. Sinon, California reprend largement les choses où Afterglow de Black Country Communion les avait laissées.
On découvre donc ici un hard rock brûlant et groovy, porté par le savoir-faire et la voix toujours intacte de Glenn Hughes. Une énorme impression de fraîcheur se dégage dès l'entame du formidable titre d'ouverture, « The Walk », doté d'un riff de break amené à devenir fameux auprès des fans. Et le début de l'album sera du même acabit, faisant une très grosse impression : « Sweet Tea » et son riff entêtant, « Midnight Oil », la semi ballade très expressive que se révèle être « Chemical Rain »… On remarquera la qualité toujours là du jeu de Jason Bonham, bien dans les traces de son père pour combiner la puissance, la personnalité et le groove qui sied à la musique de California Breed. Je suis personnellement très heureux de constater que la carrière de Jason Bonham commence de plus en plus à se montrer au niveau de son talent.
Quant au nouveau venu, Andrew Watt, il ne serait sans doute pas approprié à le comparer à Bonamassa ou aux autres grands guitaristes qu'a pu côtoyer jadis Glenn Hughes : son style se veut plus simple et dépouillé, plus proche de Page que de Blackmore en quelque sorte. Et cela convient bien au propos de California Breed, un poil moins sophistiqué que celui de Black Country Communion, ne serait-ce que du fait de l'absence de claviers.
On lorgne ainsi parfois plus vers un rock plombé, mâtiné d'influences stoniennes (l'énorme « Spit You Out » et son refrain à la Mick Jagger), que vers le heavy, mais cela donne un côté très spontané à l'ensemble. Si le disque ne perdait pas un peu de qualité dans sa seconde partie, on ne regretterait absolument pas Black Country Communion. Mais pour un premier essai, California Breed s'avère déjà de très haute tenue. Il faut se rendre à l'évidence : la fin de carrière de Glenn Hughes est exemplaire. Et California Breed le démontre encore.
Baptiste (7,5/10)
Site officiel
Frontiers / 2014
Tracklist : 1. The Way 2. Sweet Tea 3. Chemical Rain 4. Midnight Oil 5. All Falls Down 6. The Grey 7. Days They Come 8. Spit You Out 9. Strong 10. Invisible 11. Scars 12. Breathe
Il est difficile de dire du mal de Sebastian Bach : le chanteur historique de Skid Row est assurément une personne dévouée à sa musique et à ses fans, continuant vaille que vaille à maintenir une certaine flamme musicale. Une flamme musicale que ses ex-comparses de Skid Row ne tiennent pas vraiment flamboyante de leur côté, comme en témoigne leur dernier EP, chroniqué sur notre site. Alors que Skid Row est en panne d’inspiration à peu près totale, la musique du père Bach tient, elle, toujours la route. Certes, elle n’invente plus rien : malgré le limogeage de Nick Sterling et les interventions de Duff Mc Kagan, de Devin Bronson et de Steve Stevens aux compositions, le contenu de ce Give ‘Em Hell reste typé, dans le sillage de celui de Kicking & Screaming.
Il s’agit donc toujours d’un hard rock américain très heavy, fondé sur de grosses guitares qui tâchent, et ce dès le titre d’ouverture, « Hell Inside In My Head ». Le topo pourrait être reproduit, tout le long du disque : les compositions sont bien fichues et assez accrocheuses, malgré le classicisme. Elles envoient la sauce avec générosité et spontanéité et ce malgré certaines paroles assez sombres (« All My Friends Are Dead », au refrain par ailleurs trop facile). On remarquera un certain côté punk, peut-être amené par Duff Mc Kagan (le riff d’intro de « Harmony »). Mais on déplorera surtout la mauvaise production du chant de Bach, trop en arrière, ce qui est quand même un comble. Par ailleurs, on perçoit aussi les signes d’un certain déclin : en route vers la cinquantaine Bach, n’a plus le gosier de jadis, malgré de beaux restes.
Le disque de Bach est donc avant tout destiné aux nostalgiques du chanteur et de son groupe et les autres passeront sans doute vite leur chemin. Dire que Skid Row a vendu jadis près de 20 millions de disques… Cette époque est bien révolue car l’on peut présumer que l’accueil fait à ce disque sera bien plus timide.
Baptiste (6/10)
Frontiers / 2014
Tracklist (50:00) : 01. Hell Inside My Head 02. Harmony 03. All My Friends Are Dead 04. Temptation 05. Push Away 06. Dominator 07. Had Enough 08. Gun To A Knife Fight 09. Rock N Roll Is A Vicious Game 10. Taking Back Tomorrow 11. Disengaged 12. Forget You