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house_of_lordsIl faut être lucide : House of Lords n'est aujourd'hui plus que le groupe de James Christian. Cela fait bien longtemps que Gregg Giuffria n'est plus présent, ni le guitariste exemplaire Lanny Cordola et que c'est James Christian associé à quelques musiciens efficaces (Jimi Bell, B. J. Zamp) qui tient la barre du groupe. Le groupe est devenu tellement sa chose que sur ce nouveau disque, il partage même un duo chanté avec Robin Beck… sa femme dans le civil. Quel intérêt de maintenir House Of Lords dans ce cas ? Surtout que James Christian se produit aussi en solo, donnant lieu à un disque tout à fait honorable comme Lay It All On Me

En fait, ce que produit James Christian avec House Of Lords est franchement plus musclé que ses disques solos. Et ce Precious Metal plus que tout. S'ouvrant sur un puissant « Battle » qui donne beaucoup d'espace à l'excellent Jimi Bell mais aussi à B. J. Zamp très à l'aise aux fûts, il s'agit incontestablement d'un des disques de House Of Lords des plus heavy. C'es dire qu'il n'y a pas de traces d'AOR, mais plutôt des riffs puissants (« Battle », « Raw » ou « Permission To Die »), des refrains mémorables (« Epic » ou « Permission To Die »). Les claviers sont franchement aux abonnés absents, ce qui fait que le groupe perd un peu de son côté « pomp rock » habituel.

On retrouve toutefois assez de trace du hard FM de jadis pour ne pas effrayer les vieux fans conservateurs (« Break Free » et le fédérateur « Live Every Day (Like The Last) »). La très belle et majestueuse ballade « Precious Metal » évoquera aussi nettement la première inspiration du groupe. On y constate encore tout le savoir-faire de ce vieux briscard de James Christian. Il est vrai que sa voix n'a pas faibli malgré les ans et de récents problèmes de santé enfin résolus.

Le tournant semble donc bien négocié et capable de maintenir l'intérêt pour le groupe, tout en n'effarouchant personne. Tant que James Christian et House Of Lords seront capables de maintenir ce niveau de qualité musicale, les râleurs ne pourront que se taire.    

Baptiste (7,5/10) 

 

Site officiel de James Christian

Frontiers / 2014

Tracklist : 01. Battle 02. I'm Breakin' Free 03. Epic 04. Live Every Day (Like Its The Last) 05. Permission To Die 06. Precious Metal 07. Swimmin' With The Sharks 08. Raw 09. Enemy Mine 10. Action 11. Turn Back The Tide 12. You Might Just Save My Life
 

Manowar – Kings Of Metal MMXIV

manowarkingsofmetal2014_638Dans l’hilarant cycle des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett, il y a un personnage particulièrement intéressant : Cohen le Barbare, amusant décalque de Conan évidemment. À la différence de Conan toutefois, le légendaire Cohen, une fois rencontré en chair et d’os, s’avère un vieux guerrier borgne, chauve et maigrelet. Et bien, d’un point de vue musical, Manowar est à l’image de ce Cohen : malgré la réputation du groupe, il n’est plus visiblement que l’ombre de lui-même.

Or, dans le récit de Pratchett, il s’avère que Cohen a encore de beaux restes et que « vieux » ne signifie pas « fatigué » pour autant, ce qu’apprennent à leur dépens les aventuriers voulant le défier. Manowar est par contre « vieux » et « fatigué ». Espaçant la parution de disques de plus en plus médiocres comme le dernier The Lord Of Steel, le groupe de Joey DeMaio fait peine à voir. Rappelons que le dernier vrai bon disque du groupe est The Triumph Of Steel (1992), Louder Than Hell étant trop linéaire pour convaincre, et Warriors Of The World mal organisé.

Histoire d’assurer une certaine actualité (et des revenus), Manowar en est venu à réenregistrer ses vieux albums. Après un Battle Hymn 2011 sans intérêt, Manowar a choisi de jeter son dévolu sur son meilleur disque, le fameux Kings Of Metal (1988). Autant « moderniser » le son de Battle Hymns pouvait se comprendre, car le disque était vieux de plus de trente ans, autant s’attaquer à Kings Of Metal est d’emblée une mauvaise idée : le son du disque était déjà excellent et les musiciens à leur meilleur. Ross The Boss y était d’ailleurs aux guitares et ce n’est pas faire injure à Karl Logan de dire qu’il lui est inférieur en inspiration.

Le résultat est ainsi au final extrêmement décevant : les titres ne diffèrent que peu des originaux, malgré un tracklist bouleversé de manière bien artificielle. Eric Adams, qui a dépassé la soixantaine est encore vaillant, mais ne se révèle plus capable de monter dans les aigus comme jadis (c’est pénible sur « Hail And Kill » et très douloureux sur « Wheels Of Fire »). Les tempos paraissent comme ralentis (« Kingdom Come » qui se traîne) et l’accordage me semble plus grave, peut-être pour ne pas mettre mal à l’aise Eric Adams. Jetons un voile pudique sur l’infecte nouvelle version de « The Sting Of the Bumblebee », jouée à cent à l’heure mais très pénible. Au moins est-elle courte…

Histoire d’allécher les fans, le groupe a décidé de proposer un deuxième CD, non d’inédits, mais constitué de différents bonus totalement creux : des versions instrumentales et/ou orchestrales. Ces bonus n’ont évidemment aucun intérêt, à l’image du disque évidemment et de Manowar de nos jours. Il serait temps d’arrêter les frais.

Baptiste (2/10)

Alive / 2014

Tracklist : CD 1 : 1. Hail And Kill 2. Kings Of Metal 3. The Heart Of Steel 4. A Warrior’s Prayer 5. The Blood Of The Kings 6. Thy Kingdom Come 7. The Sting Of The Bumblebee 8. Thy Crown And Thy Ring 9. On Wheels Of Fire 10. Thy Crown And Thy Ring (metal version) 11. The Heart Of Steel (guitare instrumental)

CD 2 : 1. Hail and Kill MMXIV (instrumental) 02. Kings of Metal MMXIV (instrumental) 03. The Heart of Steel MMXIV (Orchestral Intro Version) 04. The Blood of the Kings (instrumental) 05. Thy Kingdom Come (instrumental) 06. Thy Crown and Thy Ring (Orchestral Version instrumental) 07. On Wheels of Fire (instrumental)

HEAT-Tearing-down-the-wallsÀ ne rien attendre, on n'est jamais déçu. C'est ce que je me dis après avoir longuement pris connaissance du dernier disque de H.e.a.t., Tearing Down The Walls. C'est en effet un disque que j'attendais avec impatience : tous les albums du groupe suédois m'avaient plu. Et tout particulièrement leur troisième disque, le phénoménal Address The Nation (2012), sans doute le meilleur disque de hard mélodique depuis vingt ans. J'étais d'avis que l'intégration du talentueux Erik Grönwall au sein du combo avait permis au groupe de faire un énorme pas en avant. Et je n'ai pas changé de point de vue. 

Un début somptueux

Après une tournée à succès qui vit le groupe sortir de Scandinavie et profiter d'échos de plus en plus favorables, on pouvait imaginer que le successeur d'Address The Nation allait enfoncer le clou, selon l'expression. Or, ce Tearing Down The Walls ne jouera pas ce rôle. Non qu'il soit mauvais. Loin de là. C'est assurément un très bon disque qui reprend les choses où elles en étaient restées après Address The Nation. Malgré le départ d'un des deux guitariste, Dave Dalone, le hard mélodique de H.e.a.t. est toujours aussi musclé, les guitares prenant largement le dessus sur les claviers et les chœurs se montrent bien plus virils que jadis (« Enemy In Me »). Et la puissance vocale de Grönwall fait beaucoup pour impulser une énergie décoiffante au disque. Ce n'est pas pour rien que le groupe a choisi une illustration de pochette plus sombre et violente que d'habitude : pas de palmiers californiens à l'horizon ici. 

Les cinq premiers morceaux sont d'une qualité presque identique à celle du disque précédent : « Point Of No Return » est doté un refrain détonnant ; « A Shot Of Redemption » adopte un propos plus groovy et opte pour de gros chœurs très accrocheurs ; « Inferno » est si irrésistible qu'on l'aurait plutôt choisi comme single au titre précédent ; la power ballade « Tearing Down The Walls » est aussi extrêmement bien construite et donne plus d'espace aux claviers ; « Mannequin Show » marie très bien claviers et guitares pour un résultat de haute tenue. Comme à son habitude le groupe varie les tempos, les mélodies et les approches de telle sorte que rien de se ressemble. Si l'influence du hard FM des années 80 est là, on ne touche jamais à la redite.

Une fin de disque qui s'étiole quelque peu

La fin du disque – ce qui a une autre époque aurait la « face B » –, déçoit toutefois un peu. On y retrouve du très bon, tel le fougueux « Emergency » sur lequel Erik Grönwall est encore impérial. On en retiendra notamment le break sur lequel les guitares d'Eric River explosent d'un gros riff très syncopé et d'un très beau solo, aussi mélodique que technique. Succède aussitôt à ce brulôt, une fort belle ballade, toute en retenue cette fois : « All The Nights ». Le groupe finit son disque un futur classique : « Laughing At Tomorrow » dont le refrain est tout à fait mémorable. Au milieu de cela, on identifie quelques faiblesses : « We Will Never Die », « Eye For An Eye » et « Enemy In Me » ne sont que… bons. Beaucoup s'en satisferaient mais quand on est habitué à l'excellence… on est un peu désappointé. 

D'où ce constat : Tearing Down The Walls est un excellent disque de hard mélodique, puissant, racé et inspiré. Et on lui souhaite tout le succès possible. Mais il est un cran en dessous de son précédesseur, une chose à laquelle H.e.a.t. ne nous avait pas habitué. On trouve défaut plus grave cependant ! 

Baptiste (8,5/10)

 

Site officiel

earMusic – Replica / 2014

Tracklist (46:00) : 1. Point Of No Return 2. A Shot At Redemption 3. Inferno 4. The Wreckoning (instrumental) 5. Tearing Down The Walls 6. Mannequin Show 7. We Will Never Die 8. Emergency 9. All The Nights 10. Eye For An Eye 11. Enemy In Me 12. Laughing At Tomorrow