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Jeff Scott Soto – Retribution

Avec Soto, Jeff Scott Soto avait entamé un tournant musical vers un propos nettement plus heavy que de coutume. Inside The Vertigo et Divak avaient considérablement durci le ton et aussi modernisé le hard rock mélodique du chanteur américain. Personnellement je n’avais pas franchement suivi Jeff Scott Soto dans cette évolution : le résultat me semblait bien trop banal et calibré pour emporter la conviction. Il est difficile de savoir ce qu’en pense lui-même Soto car la communication des musiciens, surtout américains, n’est que rarement franche. Constatons toutefois que Soto est de retour sous son nom complet et revient en quelque sorte au hard mélodique dont il était coutumier sur ce Retribution. Au passage, Soto réintègre son label napolitain Frontiers, autre signe envoyé à ses auditeurs. Et il a de nouveau fait appel à Howie Simon, le guitariste l’accompagnant sur son premier début de carrière.

Toutefois, il ne faut pas croire que tous les compteurs ont été ici remis à zéro. Ce Retribution est assez éloigné des premiers efforts solo de Soto comme Prism et lorgne bien plus vers un Damage Control voire certains éléments de Inside The Vertigo. Les guitares sont ainsi au premier plan, la basse claquante et les claviers généralement inaudibles ; les paroles se font surtout vindicatives et la production est très puissante. On peut donc dire que Soto fusionne ici bien habilement ses orientations musicales. Il est difficile de ne pas taper du pied sur le heavy mélodique incarné par « Retribution », « Rage Of The Year » ou l’excellent « Bullet For My Baby » voire « Breakout » fichtrement efficace. Et même quand le propos se veut plus léger et groovy comme sur « Reign Again », évocation du passé Hard FM du chanteur, la mollesse n’est jamais de mise. Mais ces variations évitent au disque d’être trop écrasant, tout comme les ballades au demeurant peu novatrices(« Feels Like Forever » qui accumule les clichés du genre).

Une réserve, mais de taille : si Retribution est intelligemment fait et parfaitement interprété… il n’a rien d’essentiel. Je doute que les chansons de ce disque deviennent des classiques du chanteur. Il leur manque un soupçon de quelque chose pour devenir excellentes : un riff un peu plus original ou un refrain un poil plus marquant. La copie est propre mais on peine à vouloir la relire une troisième fois…

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2017

Tracklist : 01. Retribution 02. Inside/Outside 03. Rage Of The Year 04. Reign Again 05. Feels Like Forever 06. Last Time 07. Bullet For My Baby 08. Song For Joey 09. Breakout 10. Dedicate To You 11. Autumn

Set The World On Fire a un statut un peu spécifique dans la discographie d’Annihilator. Tout d’abord car durant quelques temps, on put penser qu’à la sortie de ce troisième opus du combo de Jeff Waters, ce dernier avait enfin accepté de transformer Annihilator en un vrai groupe et pas en projet totalement personnel. En effet avec des photos intérieures montrant un line-up sur un pied d’égalité et la participation de musiciens à la composition des morceaux – le second guitariste Neil Goldberg semble même avoir été le principal compositeur de « Don’t Bother Me » –, Set The World On Fire incitait à envisager qu’Annihilator fut devenu désormais un projet collectif. Las, il n’en sera en fait rien : une fois la tournée bouclée, Jeff Waters limogea tout son personnel, allant même jusqu’à prendre lui-même le micro sur le bien moyen King Of The Kill.

Cette forme de « retour en arrière » s’explique sans doute par les ventes décevantes de Set The World On Fire ; Annihilator fut d’ailleurs abandonné par son label Roadrunner à la suite du disque. Le contexte musical de l’époque pourrait expliquer ce relatif insuccès : malgré un excellent premier single ouvrant le disque, Set The World On Fire souffrait du recul du metal des années 80 – dont le groupe était lui-même une sorte de queue de comète – face au grunge. Par ailleurs, il faut bien dire que Set The World On Fire adoptait un profil musical si mélodique qu’il rompait quelque peu avec l’image du groupe. Si l’on met de côté le puissant et syncopé « Set The World On Fire », quelques riffs de « Knight Jumps Queen » et le baroque « Bats In Belfry », il reste peu de choses du style d’Alice In Hell sur ce nouveau disque. Tout est ici beaucoup plus mélodique et simplifié, même si les compositions ne sont pas indigentes : « No Zone », « The Edge » œuvrent dans un métal mélodique racé mais accessible et de qualité.

La voix du nouveau Aaron Randall est parfaitement en osmose avec le propos : s’il est caricatural de dire que Jeff Waters venait d’embaucher un chanteur de Hair Metal, il est clair qu’il n’a pas l’agressivité de Randy Rampage ou la rugosité vocale de Coburn Pharr. Il n’est reste pas moins un chanteur compétent au timbre agréable mais qui peut se montrer puissant quand le propos le justifie (« Set The World On Fire »). Il signe quelques bons refrains (« Sounds Good To Me ») et s’avère très à l’aise sur… les ballades. C’était ainsi la première fois que Jeff Waters se lançait dans ce style et il fut beaucoup critiqué pour cela. « Phoenix Rising » a été l’objet de nombreux quolibets que je trouve exagérés. La mid-tempo « Sounds Good To Me » passera mieux mais surtout « Snake In The Grass » doté d’un d’une structure plus complexe à tiroirs et d’un refrain franchement hard rock.

Si on ajoute une tableau une excellente production, très claire et léchée, œuvre de Jeff Waters même, on pouvait imaginer que ce dernier devait concevoir les plus grandes attentes envers ce Set The World On Fire. Elles furent bien douchées et l’on connait le tournant alors opéré par Jeff Waters. Il faudra attendre plusieurs années pour voir Jeff Waters restabiliser son projet autour d’un autre chanteur que son auguste personne. Set The World On Fire a donc un statut un peu à part et une image trop négative car c’est un bon disque, s’inscrivant dans une première séquence musicale très féconde pour Annihilator.

Baptiste (8/10)

 

Roadrunner / 1993

Tracklist : 1. Set The World On Fire 2. No Zone 3. Bats In The Belfry 4. Snake In The Grass 5. Phoenix Rising 6. Knight Jumps Queen 7. Sounds Good To Me 8. The Edge 9. Don’t Bother Me 10. Brain Dance

Unisonic – Live in Wacken

Il est peu dire que le festival de Wacken est utilisé à plus soif par les groupes pour en tirer un enregistrement live proposé avantageusement aux fans ayant eu le malheur d’être absents. Certes, les setlist pâtissent d’un temps imparti restreint même pour les gros groupes, mais les conditions sonores sont généralement bonnes au Wacken et les fans nombreux et enthousiastes. Après Kai Hansen & Friends, c’est Unisonic qui sacrifie aussi au rituel avec ce Live In Wacken, au titre aussi peu inspiré que sa pochette.  Voilà pour le plumage…

Le ramage est d’un autre acabit. Car c’est peu dire qu’Unisonic est un vrai groupe professionnel en diable sur album mais aussi en live comme on peut le conclure très vite ici. La bande à Michael Kiske et Dennis Ward est impressionnante dans son interprétation. Aisance, mise en place, puissance… tout est là pour faire de ce concert de métal un petit must.

On remarquera évidemment la performance de Michael Kiske de très bonne tenue tout le long du concert. Certes, il semble avoir légèrement perdu dans ses aigus qu’il n’atteints plus tout à fait comme avant. Mais cette réserve mise à part, il s’avère très en forme et son talent explose tout particulièrement sur l’hommage à « Victim of Changes » de Judas Priest inséré de manière bienvenue au sein de la reprise d’Helloween « A Little Time ». De même son interprétation du single de Light Of Dawn, « Exceptional » est excellente, le titre se voyant opportunément musclé. Une remarque qu’on peut étendre à l’ensemble du live : ici Unisonic sonne plus clairement « heavy metal » que « hard rock ». Il faut dire que l’interprétation plus vigoureuse va tout à fait dans ce sens. On n’a pas lieu de s’en plaindre. Cela fait beaucoup de bien à un « Star Rider » par exemple qui gagne beaucoup en dynamique.

Pourquoi mettre juste un 8 sur 10, après de tels propos dithyrambiques ? Tout simplement parce que ce live, si l’on met de côté l’introduction « Venite 2.0 », ne comprend que 11 titres. C’est bien peu et l’on aurait apprécié entendre quelques autres morceaux d’Helloween et surtout des brulots de Light of Dawn comme « Find Shelter » ou « Night Of The Long Knives ». En fait, peut-être que ce dernier disque, incontestablement supérieur au premier opus d’Unisonic, aurait pu être un peu plus représenté. Espérons qu’Unisonic propose un live plus exhaustif la prochaine fois et que l’on n’ait pas à faire comme les fans d’Helloween qui doivent se contenter d’un Live In The UK trop tronqué pour être pleinement satisfaisant.

Baptiste (8/10)

 

Avalon / 2017

Tracklist : 01. Venite 2.0 (intro) 02. For The Kingdom 03. Exceptional 04. My Sanctuary 05. King For A Day 06. A Little Time 07. Your Time Has Come 08. When The Deed Is Done 09. Star Rider 10. Throne Of The Dawn 11. March Of Time 12. Unisonic