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Suffocation – Pinnacle Of Bedlam

suffgraDepuis la sortie de Blood Oath, Suffocation a traversé quelques turbulences : départ de Mike Smith au profit d’un Dave Culross qui avait déjà occupé ce poste pendant une brève période à la fin des nineties, une absence de Frank The Tank pendant l’été 2012 (absence palliée par un intérim de Bill Robinson)… Il n’en fallait pas moins pour que certains commencent à s’inquiéter pour l’avenir du groupe. Une inquiétude certes justifiée (je faisais partie de ceux qui commençaient à penser que ça sentait le roussi pour Suffocation), mais rapidement balayée par ce nouvel opus.

Dès la première écoute, un point saute aux oreilles : la production. Adieu la prod’ lourde et écrasante qui faisait le charme de Blood Oath, Pinnacle Of Bedlam sonne plus clair, plus « moderne » sans pour autant perdre de sa force. Chaque détail est mis en exergue, le mix est agréable et équilibré : à ce niveau, l’évolution affichée par Suffocation est appréciable.

Au niveau musical, par contre, la bande à Frank nous replace rapidement dans un environnement familier, fait de brutalité et de technique. Mis à part un « Sullen Days » un peu atypique pour le groupe, Suffocation nous délivre un album solide, ni trop technique, ni trop brutal. On soulignera surtout la prestation de Dave Culross : passer derrière Mike Smith n’est pas forcément un cadeau, tant ce dernier avait du talent, mais il relève ce défi avec brio et dévoile une qualité de jeu assez bluffante. Ceux qui craignaient que Suffocation ait perdu son cœur avec le départ de Mike Smith peuvent dormir tranquille : la qualité reste au rendez-vous !

Se renouveler sans pour autant dénaturer son propos : une formule gagnante que très peu de groupes parviennent à maîtriser. Sur ce Pinnacle Of Bedlam, Suffocation maîtrise une fois de plus son sujet et nous prouve – s’il fallait encore le prouver – qu’il compte bien se maintenir parmi les meilleures formations de death brutalo-technique, voire de death tout court pendant encore quelque temps.

Jäkelunge (8,5/10)

Myspace officiel

Nuclear Blast Records – 2013
Tracklist (38:17) 1. Cycles of Suffering 2. Purgatorial Punishment 3. Eminent Wrath 4. As Grace Descends 5. Sullen Days 6. Pinnacle of Bedlam 7. My Demise 8. Inversion 9. Rapture of Revocation 10. Beginning of Sorrow

 

Devourment – Conceived In Sewage

consewEn voilà un qui va faire grincer des dents. Fatalement, certains grincheux cracheront automatiquement sur Devourment pour la bonne et simple raison que le groupe a rejoint une grosse écurie (en l’occurrence Relapse Records), mais même les fans moins radicaux risquent de faire la grimace à l’écoute de ce Conceived In Sewage dont certaines évolutions semblent aller à contre-courant de ce que le genre nous propose pour l’heure.

Cette évolution, elle se ressent notamment sur « Fifty Ton War Machine », le premier morceau jeté en pâture aux fans. Un chant compréhensible ? À une époque où les groupes de brutal et de slam rivalisent à grands coups de gargouillis et autres grognements plus graves les uns que les autres, Devourment prend tout le monde à contrepied en sortant sur ce morceau un chant plus traditionnel, moins typé Brutal Death, et surtout un feeling moins pataud. Les purs et durs qui se touchaient la nouille sur « Unleash The Carnivore » risquent d’être désarçonnés à l’écoute de la doublette « Legalize Homicide » – « Fifty Ton War Machine ».

Cependant, passé cette mise en jambes plutôt étonnante, Devourment reprend ses bonnes habitudes en nous proposant une nouvelle leçon de brutalité auditive. Avancer que Devourment a adouci son propos depuis son arrivée sur un gros label serait ridicule, tant la bande à Mike Majewski dévoile sa force de frappe jusqu’à un final brutal à souhait sur « Parasitic Eruption », le tout enrobé avec amour par une prod’ solide signée Mister Rutan. Certes, certains passages s’éloignent du Slam pur et dur et peuvent sembler plus « soft » aux oreilles des puristes, mais en élargissant ses horizons, Devourment marque des points et nous propose un album moins linéaire, plus varié.

Devourment évolue, certes,  mais Devourment parvient surtout à le faire sans renier ses origines. Certains feront grise mine (c’est inévitable, toute évolution entraîne son lot de mécontents, aigris et autres vieux cons), mais Conceived In Sewage devrait tout de même séduire un public assez large, voire ouvrir de nouvelles portes au groupe. 

Jäkelunge (8,5/10)

Myspace officiel 

Relapse Records – 2013
Tracklist (33:26) 1. Legalize Homicide 2. Fifty Ton War Machine 3. Conceived in Sewage 4. Fucked with Rats 5. March to Megiddo 6. Today We Die, Tomorrow We Kill 7. Heaving Acid 8. Carved into Ecstasy 9. Parasitic Eruption

 

Centurian – Contra Rationem

cen333On connaît la qualité proverbiale de la scène Death Metal néerlandaise. Sinister, Asphyx, Severe Torture, Prostitute Disfigurment, Pestilence (même si ces derniers battent de l’aile depuis leur reformation)… autant de formations qui ont su se hisser parmi les groupes les plus intéressants de leur genre. Au milieu de ces groupes, Centurian passe quelque peu inaperçu, notamment à cause de sa longue période d’inactivité (au profit de Nox, autre projet batave très intéressant) et d’une discographie assez peu étoffée. Cependant, passer à côté de Contra Rationem serait bien regrettable.

En effet, Centurian fait partie de ces groupes qui ne misent pas tout sur la brutalité pure et dure, et ce malgré le CV des différents membres du groupe (la section rythmique de Severe Torture et le chanteur de Prostitute Disfigurment, rien que ça, des orfèvres de la violence auditive). Contra Rationem conserve une touche plus fine, plus recherchée. Le jeu de guitare, notamment, est plus complexe et travaillé que celui proposé par les deux groupes évoqués ci-dessus… même si le groupe sait aussi faire parler la poudre, comme sur ce « Judas Among Twelve » particulièrement efficace.

Douze ans après Liber Zar Zax, le Centurian 2.0 fait un retour fracassant. Brutal tout en conservant une touche qu'on pourrait qualifier de « civilisée », le Death pratiqué par le groupe fait mouche. On regrettera certes la durée de l’album (à peine 30 minutes), mais le résultat final est suffisamment efficace pour éclipser ce défaut. L’année 2013 vient de commencer, mais nous tenons déjà un des prétendants au trio de tête dans la catégorie Death Metal…

Jäkelunge (9/10)

Facebook officiel

Listenable Records – 2013
Tracklist (29:55) 1. Thou Shallt Bleed for the Lord Thy God 2. Crown of Bones 3. Feast of the Cross 4. Judas Among Twelve 5. Antinomian 6. The Will of the Torch 7. Sin Upon Man 8. Damnatio Memoriae 9. Adversus