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Soulfly – Savages

383466Y a-t-il plus régulier que Max Cavalera sur la scène métal ? Je veux dire, ça fait quand même depuis 2008 que le frontman Brésilien nous assène un album chaque année, soit avec Soulfly, soit avec Cavalera Conspiracy ; et toujours pour un résultat mine de rien assez proche. Ainsi, tout comme le Beaujolais, le Cavalera nouveau est arrivé ! Sa précédente sortie, Enslaved, avait été une très agréable surprise pour moi, après deux albums en demi-teinte Max était de retour avec un peu plus de hargne et de diversité, à grands renforts de blast beats asséné par David Kinkade entre autres.

Seulement, Max n’arrête jamais de nous répéter que la famille tout ça, c’est plus fort que toi ; et sur ce Savages signé chez Nuclear Blast, exit Kinkade, bienvenue à Zyon, l’un des trois gamins Cavalera derrière les fûts. Bien que le rejeton se débrouille relativement bien les baguettes en main, pour l’avoir déjà vu en live à plusieurs reprises (notamment en 2008 où, « haut comme trois pommes », le sieur Cavalera junior a assuré un Troops of Doom du feu de dieu avec Conspiracy), il n’empêche qu’il est jeune, et a l’air bien plus influencé par la nouvelle scène hardcore / metalcore que par son thrasheux de tonton ; et autant dire que ça se ressent très fortement à l’écoute de l’album.

Tandis qu’Enslaved proposait donc un jeu de batterie lorgnant allègrement vers le métal extrême, on retrouve sur Savages énormément de rythmiques mid tempo, pas dénuées de groove certes, mais manquant quand même parfois fortement de pêche et de diversité. Ne me demandez pas si Max a adapté ses compos au jeu de son fils, mais toujours est-il que les morceaux composant ce nouvel album restent majoritairement dans cette optique de groove sans trop de surprises. Ainsi, exit les accents percussifs à la Joe Nunez, ils passent à la trappe comme pour accompagner les blast beats de David Kinkade, pour un résultat assez poussif à l’arrivée : toutes les compos ou presque présentent des riffs sympa et des lignes de chant efficaces ; mais le groupe tire chaque chanson en longueur, finissant quasi systématiquement par les emmener eux même à l’abattoir, en donnant envie à l’auditeur d’appuyer sur la touche « Next » de son installation audio.

Pour résumer, l’album me fait penser au Blunt Force Trauma de Cavalera Conspiracy avec pas mal de plans dans la même veine, à la différence où ce dernier proposait tout de même des morceaux plus brefs et concis. Pour continuer dans les comparaisons avec les précédentes sorties de Soulfly, on peut aussi facilement assimiler Savages à 3, les deux albums offrant un contenu inégal, du morceau qui tue ("Masters of Savagery" malgré son riff d’intro pompé sur "Angel of Death" de vous savez qui, "Cannibal Holocaust") à la chanson poussive à souhait que l’on ne sera pas près de réécouter de si tôt ("Ayatollah of Rock’n’Rolla"). Impossible de ne pas aborder le sujet du chant, la voix de Max étant affublée en permanence d’une compression bizarre dans le mixage, achevant de tristement nous rappeler qu’avant de tirer sur la corde à tout prix chaque année comme pour occuper un créneau, une tête de gondole dans un magasin de disques ; Max Cavalera n’était pas loin de la légende vivante en charismatique frontman de Sepultura puis d’un Soulfly autrement plus novateur… Ah qu’elle est loin l’époque des lives à Nulle Part Ailleurs ! 

Petit message adressé vite fait aux fanboys de Max qui continuent d’y croire : j’accepte toutes les lettres d’insultes sans problème, mais avant d’y aller de ta plume incendiaire, réécoute juste Dark Ages à tête reposée avant, ok ? 

Mass (4/10)

 

Facebook officiel 

Nuclear Blast Records / 2013

Tracklist (58:10) : 1. Bloodshed 2. Cannibal Holocaust 3. Fallen 4. Ayatollah of Rock 'n' Rolla 5. Master of Savagery 6. Spiral 7. This Is Violence 8. K.C.S. 9. El Comegente 10. Soulfliktion

384524Tout le monde connait Erik Rutan. La plupart le connaissent en tant que leader de Hate Eternal et ex-guitariste de Morbid Angel, mais notre homme aime aussi officier dans l'ombre et produire les galettes d'autres groupes, et c'est sur la nouvelle offrande de ses poulains de Rivers of Nihil que nous allons nous pencher aujourd'hui.

The Conscious Seed of Light, tel est le nom de ce premier album de Rivers of Nihil (après deux EP). D'entrée de jeu, la galette se démarque par sa production, offrant un son précis et agressif qui sert à merveille la musique du groupe. En effet, les compositions regorgent de plans techniques qui raviront les fans d'Origin entre autres, et toutes les subtilités du jeu de guitare sont un vrai régal à écouter grâce au travail soigné de Rutan sur le mixage de l'album. 

Mais la technique ne fait pas tout, bon nombre de groupes de death metal technique peuvent très vite tourner en rond et s'appuyer uniquement sur cette dernière, en transformant la moindre composition en démonstration de talent / concours de bite (biffez la mention inutile). Ce n'est pas le cas avec Rivers of Nihil, la technique servant la musique sans jamais la supplanter, et bien que l'album propose de nombreux riffs de guitare particulièrement bien exécutés (et qui rappellent sans cesse au gratteux que je suis qu'il faut toujours travailler, encore et encore), le point qui m'a le plus marqué sur The Conscious Seed of Light est le don qu'ont les musiciens pour installer une ambiance et offrir une âme à chaque morceaux. Ca commence dès l'introduction sur « Terrestria I: Thaw », une piste instrumentale mélancolique gorgée d'émotions qui s'enchaine sur le single « Rain Eater », et l'ensemble de la tracklist propose de très nombreux passages où les musiciens emmènent l'auditeur dans des horizons variés mais cohérents, jonglant avec des plans techniques en blast beat, des passages mid tempo écrasants (que ne renieraient pas Suffocation) et des breaks plus aériens. Mention spéciale au dernier couplet de « Soil & Seeds » flirtant allègrement avec le black metal. 

Malheureusement, tout ne saurait être parfait, et le point faible de l'album réside dans le chant. Le travail proposé par le chanteur du groupe a tendance à largement contraster avec la prestation des autres musiciens, et pas de la meilleure façon qui soit : ses vocalises manquent de puissance, de variété (quelques passages plus growlés auraient apporté plus de couleur à ses plans) mais surtout d'audace dans ses placements. Ainsi, quand les guitares proposent un plan technique redoré par une basse originale, le soufflé tend à retomber face à la ligne de chant peut être un peu trop facile, trop bateau. Mais que ce détail ne vous empêche pas de profiter de ce premier album prometteur, une très bonne surprise niveau death metal pour attaquer l'automne 2013 ! 

Mass (7,5/10)

 

Facebook officiel 

Metal Blade Records / 2013

Tracklist (40:46) 1. Terrestria 1: Thaw 2. Rain Eater 3. Birth of the Omnisavior 4. Soil & Seed 5. Central Antheneum 6. Mechanical Trees 7. Place of Serpents 8. Human Adaptation 9. A Fertile Altar 10. Airless

Epithète, Dominion, Epitaphe. Voici donc le titre de ce sixième album d'Aqme. Voilà un bien bel exemple de longévité pour un groupe que beaucoup associent encore à la fine équipe du mouvement Frenchcore, la Team Nowhere. Pourtant, bien que partie intégrante de ce collectif à ses débuts, Aqme aura rapidement quitté la bande, fait applaudi des deux mains par Nicola Sirkis d'Indochine, avec qui Aqme signera d'ailleurs un morceau présent sur Alice & June. Et pourtant, le spectre du néo-métal adolescent continue de planer pour beaucoup sur la réputation d'Aqme, à tord bien entendu. Après quatre albums studio et un combo dvd/cd live, le groupe se séparera de son guitariste Benjamin en 2008, afin d'accueillir en son sein Julien. Alors que les riffs de Benjamin forgeaient énormément le son Aqme, ce changement de line-up sera une véritable deuxième naissance pour le groupe, qui accouchera en 2009 d'un album particulièrement riche, En l'honneur de Jupiter. Un album que j'aurai pourtant eu énormément de mal à écouter, tout habitué que j'étais à l'empreinte de Benjamin dans la musique du quatuor. Et pourtant, deux ans après, après avoir pu réellement me plonger dans cette galette, et l'écouter plutôt que l'entendre, voilà que je ne jure plus que par ce dernier ! 

C'est donc déjà le second album du groupe sous cette nouvelle configuration, et déjà le dernier ! Thomas, le chanteur du groupe, a en effet annoncé, à la veille de la sortie de l'album, qu'il quittait Aqme pour se concentrer sur d'autres projets, hors de la musique. Et pourtant, la première chose qui frappe à l'écoute de cet Epithète, c'est la prestation vocale justement, le chant de Thomas dégageant moult maitrise, hargne et puissance. Tout au long des onze pistes qui composent ce nouvel album, sa voix se pose comme un véritable instrument, tantôt hurlée, tantôt chantée, proposant même des choeurs sur certains passages plus ambiant, suivant fidèlement certains riffs de guitare, on reste scotché face à cette dernière offrande d'un chanteur des plus charismatiques, emplie comme d'habitude d'une fragilité et d'une sincérité remarquable. Souhaitons déjà bonne chance à Vincent, le nouveau chanteur de la formation, qui au vu des quelques vidéos disponibles de-ci de-là sur la toile saura se montrer à la hauteur. 

Néanmoins, Thomas n'est pas le seul à avoir délivré une prestation exemplaire lors de l'enregistrement de ce sixième effort. Julien continue de renouveler la musique du quatuor, l'enrichissant de riffs surprenants et jouant avec le son, Etienne se fait également plaisir avec des rythmes soutenus et des breaks originaux, comme toute la progression de la batterie sur le refrain de « Quelque soit le prométhéen (ou le nihiliste) » pour ne citer qu'elle. La basse de Charlotte lie le tout avec brio, pour un ensemble qui concrétise l'album de la maturité pour Aqme. Le fan du groupe tirera certes une drôle de tête quand il entendra l'introduction de « Quelque soit… », le rythme effréné, à grand renforts de blast, de « La dialectique des possédés » ou encore la violence d'un titre comme « Adieu ! », mais l'ensemble jouit d'une cohérence et d'une richesse exemplaire. Comment ne pas citer l'éponyme « Epithète, Dominion, Epitaphe », la rythmique lourde de ses couplets, les envolées vocales sur les refrains, et la véritable descente aux enfers qu'est la dernière minute du morceau ! Citons aussi la superbe « Plus tard vs trop tard », une ballade poignante sur laquelle Julien balance un solo de guitare des plus réussis. Le seul véritable reproche que j'aurais à formuler ira à « My english is pretty bad », un morceau certes intéressant, avec des riffs construisant une rythmique que ne renierait surement pas Meshuggah, mais sur lequel se trouvent deux guests, Junior (Darkness Dynamite) et Stephane Buriez (Loudblast). Ca aussi, c'est une belle nouveauté dans la musique d'Aqme, mais force est d'admettre que ces deux voix plus extrêmes, mais également plus classiques « métal », dénaturent la prestation de Thomas et rendent cette partie de la chanson banale et fade. Désolé Steph, mais autant j'aime beaucoup Loudblast et ton chant sur tes propres compos, autant sur Aqme je n'y arrive pas ! 
 
En conclusion, Aqme s'est fait énormément plaisir sur cet album, en n'ayant pas peur de sortir des sentiers battus, comme à leur habitude. Ce sixième effort est véritablement l'apogée de la musique du groupe, remarquablement sincère et maîtrisé. In Aqme Veritas ! 
 
Mass (08/10)
 
Site officiel : www.aqme.com
Myspace officiel : www.myspace.com/aqme
 
At(h)ome – 2012
Tracklist 1. Idiologie 2. Quel Que Soit Le Prométhéen (Ou Le Nihiliste) 3. Epithète, Dominion, Epithaphe 4. Luxe Assassin 5. L’Empire Des Jours Semblables 6. Adieu ! 7. My English Is Pretty Bad 8. Marketing Armageddon 9. Plus Tard Vs Trop Tard 10. La Dialectique Des Possédés 11. 110.587