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Anathema – Weather Systems

Cet album est sans doute le plus « lumineux » d'Anathema. Ce qui ne veut surtout pas dire l'album le plus positif: aucune chanson n'est véritablement heureuse, ça n'est certainement pas le but. Même sur les plus « positives » on ressent quelque chose de négatif, comme un souvenir qui a été vécu, digéré, accepté, « voyons l'avenir ». Mais autant We're Here Because We're Here avait tendance à nous montrer la lumière au bout du tunnel (vu l'enchaînement des chansons), autant Weather Systems nous place devant les faits, chaque chanson racontant une histoire, dépeignant un sentiment, un état d'esprit: chacune contient son lot de sentiments négatifs ou de vide passés et d'espoirs présents. « The Storm Before The Calm » en est l'exemple le plus explicite. Lee est un peu plus présente aussi, elle prend même un rôle assez amusant sur cet album: elle a tendance à chanter les mots ou les notes destinés à renforcer la personne, donner de l'espoir, aider à trouver la paix… un peu comme une figure maternelle, je trouve. Ce qui va d'ailleurs très bien à sa voix, à la fois chaleureuse et rassurante (là où celle de Vinnie continue d'être « à fleur de peau », forcément.)

Une autre caractéristique amusante de Weather Systems est que l'on a vraiment l'impression que, pour chaque chanson, ils ont cherché à peindre une toile avec des notes. Je ne sais pas si ça a vraiment du sens, mais vous aurez rapidement des images, des tableaux qui se dessineront et s'affineront sous vos yeux au fil du morceau, chaque chanson représentant une scène différente. L'inconvénient étant que l'on a du mal à écouter cet album en faisant autre chose.

Malgré tout, j'ai du mal à crier au génie aussi immédiatement que je l'avais fait pour We're Here Because We're Here. Alors-même que là, quand il faut s'énerver ils le font, vive le passé metalleux ça désinhibe, dira-t-on. Alors-même que la fin de We're Here… me plaisait beaucoup moins que le début, tandis que sur Weather Systems la qualité est égale et constante, du début à la fin. Mais il y avait plus de recherche sur We're Here…, Weather Systems a quelque chose de plus conventionnel, il n'y a plus le détail harmonique ou l'arrangement qui étonne autant qu'il ravit. Il n'empêche que l'album est rempli de choses qui ravissent et inspirent, du début à la fin, et que pour peu que vous ayez le temps de rêvasser dans un fauteuil, vous pourrez apprécier un voyage qui vous fera partir complètement ailleurs pendant les … minutes que dure le CD.

Site officiel: http://www.anathema.ws/
MySpace officiel: http://www.myspace.com/weareanathema

[09/10] Polochon

Tracklist (55:45) : 01.Untouchable, Part 1 02.Untouchable, Part 2 03.The Gathering of the Clouds 04.Lightning Song 05.Sunlight 06.The Storm Before the Calm 07.The Beginning and the End 08.The Lost Child 09.Internal Landscapes
Entretien avec Vincent Cavanagh.

Son: Vraiment bon… sauf une guitare de Vincent Cavanagh, non branchée, et le chanteur de The Amplifier, sans doute pas assez fort.
Lumières: Simples mais classes.
Affluence: Dans les 1400, à vue de nez.
Ambiance: Chaleureuse, mais calme.

Généralement, un groupe en tournée, ça s'efforce de voyager léger. Plus exactement, n'importe qui dans leur situation voyagerait léger: il faut quand même que 5 personnes et plus (« les accompagnateurs ») cohabitent dans un bus pendant un mois et plus, soit pas de place pour le superflus. Petite surprise donc quand, attendant l'ouverture des portes, nous voyons passer un caddie de courses, visiblement plein à craquer… et puis un « casier en plastique » plein de casseroles et assimilés… et puis un autre avec de la vaisselle… un nouveau pour les boissons… encore un passage pour la cafetière et autres… et tuti quanti? Enfin, un véritable « essentiel de la cuisine » et même un peu au-delà! Honnêtement, à un moment donné, nous en voyons tellement passer que nous nous attendons presque à voir passer un petit frigidaire, en tout cas ça ne nous aurait pas surpris… On va dire qu'Anathema n'est pas du genre à se laisser aller quand ils partent en tournée! Même si la grande question se pose: qui fait le marmiton?
(Le premier qui répond « Lee Douglas! » juste parce que « c'est la fille » se prend la porte, m'en fiche de savoir si c'est vrai ou non!)

Je ne m'étais absolument pas renseignée sur le groupe de première partie, la lecture de leur nom sur la façade ne m'évoque rien de particulier… jusqu'à ce que je remarque « un certain logo » sur la cravate de types en train de sortir de la salle: la pieuvre bizarroïde! Le type de l'interview complètement partie en cacahuètes, à tel point qu'en 30 minutes je n'ai pu poser que 7 questions (la magie des digressions)! Le double album complètement space, avec sur un cd de la musique presque mathématique, et sur l'autre un espèce de concept musicalement beaucoup plus abordable… mais dont on sent qu'il est en fait tout autant allumé! J'avais beaucoup aimé le peu que je connaissais d'eux (enfin surtout la partie moins mathématique, quand même), mais je sais que leur musique peut être assez difficile à découvrir en live, il n'y a pas d'amusement immédiat etc., c'est… très travaillé, dirons-nous! Enfin, on verra bien. Cependant, je dois dire que j'ai parfois du mal à comprendre « mes comparses »: les voyant passer habillés en noir, tous, visiblement pour la scène, quelqu'un dit que « ça fait quand même un peu fasciste tous ces habits noirs! »… euh… pardon? La très grande majorité des groupes de rock et de metal sont fascistes alors! Ca permet de mettre le logo sur la cravatte en valeur, c'est classe, y'a un moment 'faut arrêter la parano quoi… ou sinon tous les groupes sur scène passent au rose et orange fluo, hopla, comme ça plus aucun risque!
*Non mais.*
Petit moment amusant quand Vincent [Cavanagh, chanteur d’Anathema] sort de la salle: un de ceux qui attendent avec moi n'a jamais vu Anathema sur scène, si bien que quand il voit Vincent, passer à 10cm de lui (littéralement)… il a cette (grosse) étincelle dans les yeux, type « aaaaah j'aime la vie, je ne suis pas une groupie, et puis timidité oblige, mais quand même! », pas aussi forte que le gars à Lyon en 2007 ou ce genre qui réalisait que Luis Mariutti allait jouer sous ses petits yeux ébahis, mais quand même bien reconnaissable… -J'adore- voir quelqu'un prendre ce genre de tête, c'est tout choupi!

Pendant l'après-midi, certaines personnes avaient fait plus ou moins semblant d'ignorer que l'entrée au Bataclan ne se fait jamais de face ou par la porte de gauche: ils s'agglutinaient au milieu, croyant passer devant ceux qui étaient arrivés 2h et plus avant eux (dans vos rêves!) Quand les vigiles nous « remettent en ordre », à savoir qu'ils demandent à tout le monde de se mettre à droite, je fais quelques déçus en les empêchant de me gruger (tout en laissant devant ceux qui étaient là avant moi)… c'pas des fans d'Anathema qui vont me passer devant, rotudju d'saleté d'sale bête! Le temps qu'un vigile fasse admirer sa nouvelle coupe (sourcils et barbe teints en blonds, sur un gros molosse noir, ouaaaaah ils étaient tous épatés les collègues!), et nous entrons. Je ne gère pas très bien ma « prise de position » et me retrouve un peu à droite (on entre par le côté au Bataclan, ça me « brouille » toujours un peu), mains sur la scène ça par contre j'aime peu: ça oblige à risquer le torticolli si on veut voir les musiciens quand ils approchent de la scène, et vu mes problèmes musculaires en général… c'est un exercice que je goûte très peu. Enfin, ça fait longtemps que je n'ai plus fait de premier rang: ça ira. En papotant autour de moi je m'aperçois qu'il y a un creux à côté de moi, en soit ça tombe bien j'attends une copine qui va me rejoindre sous peu, on n'avait pas prévu qu'elle vienne au premier rang mais tant qu'à faire… et pourtant je n'avais rien demandé à personne, le creux s'est fait tout seul, ça doit être les ondes, c'est magnifique.

Après une courte attente, THE AMPLIFIER entre en scène:

Comme je le craignais, autant personnellement j'aime beaucoup, autant ceux qui découvrent avec ce concert… ont beaucoup de mal à rentrer dedans. Pourtant ils n'ont pas vraiment fait de trucs ultra complexes, mais c'est sûr que quand on découvre sur scène, cette musique peut paraître « épineuse »… Peut-être le son n'a-t-il pas aidé, aussi, puisqu'on entend peu le guitariste-chanteur (même si, en dehors de ça, le son est très bon). Notez au passage que le dit chanteur-guitariste vous permet de faire un entraînement express au « oula enlevons nos mains / tout objet 'sensible' le plus vite possible! » avec son jeu de pied… plutôt vif, ample, plein de surprises, et surtout très frappeur! Dans tous les cas moi je m'éclate avec les divers trucs alambiqués de leurs morceaux, souris en voyant toutes les pédales d'effets devant les deux guitaristes et le bassiste (à ce niveau-là ça devient de l'orgue!), soulève un sourcil amusé devant le batteur qui fait changer un de ses toms avant un des derniers morceaux puisqu'il a explosé la peau à force de frapper comme un malade… et puis voilà, pour ceux qui connaissaient déjà c'était très bien!

Set-lit de The Amplifier:
Continuum
Panzer
Motorhead
The Wave
Interglacial Spell
Interstellar
Neon

Pause assez comique, même si un peu gênante dans son comique: j'hésite à faire remarquer que « certains devraient porter une ceinture, quand même », sachant très bien à quel genre de réaction m'attendre, mais comme je ne peux jamais vraiment garder une ânerie pour moi… je n'arrive pas à m'en empêcher. Ce qui finira en commentaires pendant quasiment toute la pause sur les thèmes « ah, il l'a remonté! ah non, c'était son caleçon… il a donc quand même un caleçon! », et d'autres moins ragoûtant… mais justement, si c'est si laid, regardez ailleurs au lieu de commenter, c'était juste pour faire une blagounette de 2 secondes que j'avais dit ça!
*se taira la prochaine fois*
*tout en sachant très bien qu'elle en sera absolument incapable, mais histoire de se donner bonne conscience quoi…*

Mais trève de blagues débiles (vraiment débiles!), il est temps de passer à ANATHEMA:

Pendant la pause, ceux avec qui j'avais attendu dehors (et la copine qui nous avaient rejoints depuis) avions parlé du problème de son du groupe précédent: si on entendait aussi peu le chant pendant Anathema que pendant The Amplifier, nous irions sûrement derrière histoire de ne plus souffrir du son des retours, parce qu'un concert d'Anathema sans entendre correctement Vincent… c'est juste pas possible! Mais nous nous trouvons rassurés dès les premières secondes: le son est cette fois nickel chrome, en plus Vincent est bien en voix (il était un peu malade la dernière que je les avais vus à Paris, ça m'avait gâché la chose!) Lee aussi chante tout à fait bien, je trouvais que sa voix manquait de « petit truc en plus » quand je l'avais vue l'année dernière mais là elle sait garder « le petit truc chaleureux » que l'on perçoit déjà sur l'album. On pourrait donc croire que le son est magnifique parfait (pour ne pas dire aussi bon que pendant les balances de l'après-midi, remarquables!), et là vient la feinte: pendant une bonne moitié du concert (selon la guitare qu'il utilisait), la guitare de Vincent n'était pas électrifiée. A savoir que si vous connaissez les morceaux vous vous apercevez qu'il manque un truc, quand il vient jouer sous nos petits yeux à 5cm (si c'est pas 2) on entend le « tsoing-tsoing » caractéristique de cordes non électrifiées, il essaiera bien d'aller voir du côté de son ampli… mais rien, aucune solution ne sera trouvée, ce problème durera jusqu'à la fin du concert. Les morceaux d'Anathema sont suffisamment bien faits pour passer comme une lettre à la Poste malgré tout, mais… il manquait quelque chose, surtout qu'ils jouent beaucoup sur des effets de crescendo quand ils composent: si l'instrument censé apporter cette montée est muet, on peut certes apprécier la mélodie du truc, le chant de plus en plus poussé/oppressant et la batterie de plus en plus agitée donnent un peu le change… mais la montée manque quand même d'un gros quelque chose! D'où dommage…

Danny a vraiment un côté assez décallé sur scène: ça me sidère toujours autant de le voir arborer un énorme sourire du début à la fin, même sur les passages plus sombres… vas comprendre, Charles. Je trouve aussi que, si Vincent est plus en voix que l'année dernière à l'Elysée-Montmartre, il « entre » moins dans ses chansons… mais on est souvent un peu plus à fleur de peau quand on est malade, j'admets. Enfin, tout est relatif: « moins » que « énormément » signifie quand même « bien plus que la majorité des chanteurs actuels » dans son cas. Par contre j'adore les musciens « fidèles »: dès le début du concert, il a la très bonne idée de venir « faire le beau avec sa guitare » à peu près complètement devant moi; vers les 2/3 du concert, les photographes à ma gauche partent sans doute vers le bar, je m'incruste donc un poil plus vers le centre (en prenant la copine par le bras histoire qu'elle en profite aussi)… et v'là-t-y pas que le Vinnie se décalle lui aussi pour ses poses guitaristiques, c'est magnifique! Lee quant à elle va devoir commencer à sérieusement réfléchir à son jeu de scène: quoi qu'il arrive, elle fait le même « balancé droite-gauche » dès qu'elle est sur scène, que le passage soit lent ou rapide, « dansant » ou tristounet… parfois, là aussi, ça fait un peu décallé. Petit miracle enfin, j'ai vu Jamie sourire (et donner l'impression de s'amuser sur scène?), notamment quand il a vu que « Gentil Roadie » avait amené un verre de vin et de la bière sur scène: sourire jusqu'aux oreilles! Jamie! Sur scène! Le truc qui tient du miracle!

Le public est assez calme, dans l'ensemble… on le sent derrière le groupe, mais ça manque de folie. Ca s'affole un peu sur la fin, forcément vu ce qui est joué, avec même un gentil slammeur qui a la très bonne idée de finir son parcours sur notre gauche, évitant ainsi de nous mettre des vilains coups de chaussures dans la tête! Un gentil pogo vers le même moment, mais… ça manquait de chants en choeur, toute cette sorte de choses. A noter malgré tout quelques moments d'amusement extrême, où je confirme le fort potentiel de groupie en devenir de la dite copine, qui part de plus en plus en cacahuètes au fil du concert, le point d'orgue (pour moi du moins!) étant quand elle remarque que « Guitariste! » (à gauche, Danny quoi, mais elle ne connaît pas leurs petits noms) vient vers nous, j'ai donc enfin l'occasion de le prendre en photo d'un peu près: elle commence à l'interpeller en réclamant des poses pour que je photographie, mouvements de bras et grands cris à l'appui… un grand moment. J'en ris tellement que j'en tambourine la scène!

Enfin voilà, globalement c'était bien, n'importe quel groupe serait ravi de réaliser un concert de ce niveau, mais sachant ce que peut faire Anathema sur scène… j'en ressors quand même avec un petit « bien mais…! » Ils font partie de ces groupes que j'aime tellement que j'en deviens extrêmement exigeante avec eux, eh oui eh oui. Vinnie dit à la fin du concert qu'il est question qu'ils reviennent en France à l'automne, même si ça reste à finaliser tout ça machin: mais quand tu veux coco, par contre n'oublie pas de brancher ta guitare avant de monter sur scène cette fois!

Set-list d'Anathema:
Untouchable, Part 1
Untouchable, Part 2
Lightning Song
Thin Air
Dreaming Light
Deep
Emotional Winter
Wings of God (deuxième partie seulement)
A Simple Mistake
The Storm Before the Calm
The Beginning and the End
Universal
Panic
Internal Landscapes
– Rappel –
Closer
A Natural Disaster
Flying
Fragile Dreams

-Polochon-
[Photos d'Anathema (avec le petit appareil: techniquement pas gégé + pas de The Amplifier, pas assez de bonnes photos pour mériter une gallerie.)
Chronique de Weather Systems (Anathema).
Entretien avec Vincent Cavanagh.]

Sonata Arctica fait partie de ces groupes qui ont beaucoup participé au « renouveau » du metal mélodique en France au début des années 2000, n'en déplaise à leurs détracteurs (généralement des vieux de la vieille qui ne supportent pas qu'on puisse faire du marrant pas bourrin décérébré… oui je suis méchante mais j'assume!). Ils connaissaient un beau succès en France… jusqu'à Unia, sorti en 2007, qui a marqué un tournant beaucoup moins metal, certains diront qu'ils ont tenté d'aller vers du prog… mouais. Toujours est-il que s'ils gagnent des nouveaux fans, ils en perdent beaucoup d'anciens. Qui ne retrouvent pas vraiment « leur » Sonata avec The Days Of Grays (2009)… mais pourraient bien se réconcilier avec les finlandais grâce à Stones Grow Her Name, qui sort dans quelques jours.
(Interview réalisée par email: pas de « rebond » possible sur ses réponses, même si parfois ça démange!)

Metalchroniques: Première question, évidente: que signifie le titre de l'album, comment des pierres peuvent-elles faire naître/pousser un nom? [la traduction littérale de « stones grow her name » étant: « les pierres font pousser son nom », grosso modo.]
Tony Kakko: Dans la chanson « Alone In Heaven » [sur l’album Stones Grow Her Name, forcément], j'écris « it hurts to be all alone on the field where the stones grow dead names » [soit: « ça fait mal d'être absolument seul sur le champ où les pierres font pousser des noms (de) défunts »], en référence à un cimetière. Les pierres tombales font « pousser » des noms de défunts, alors j'ai pris une petite liberté poétique pour l'occasion: « dead » défunts »] aurait faisait un trop sombre et lugubre pour un nom d'album, alors après y avoir brièvement réfléchi je l'ai changé pour « her » son », avec un « possédant » féminin]. Stones Grow Her Name [« les pierres font pousser son nom »]. Ca se réfère à la nature, avec toutes les pierres sur cette planète qui font pousser le nom de mère nature, pendant que nous, animal humain, la tuons.

M.: Qu'est-ce que la couverture de l'album représente et qui l'a faite? Parce qu'elle est très belle (du moins d'un point de vue féminin)… et très bizarre!
T. K.: C'est un concept d'un ami et réalisé par Toxicangel (Janne Pitkänen), la même personne qui a créé toutes nos couvertures depuis Winterheart's Guild. Ce que vous y voyez est une figure humaine à-tête-de-pomme-pourrie assise au-dessus d'une planète Terre détruite. Donc ça va bien avec le titre de l'album.

M.: Continuons sur les « qu'est-ce que… »: comment est-ce qu'un truc aussi bizarre que « Cinderblox » t'est venu en tête?
T. K.: J'ai juste commencé à faire le zouave avec mes claviers, trouvé un son de banjo et créé ce riff de bluegrass avec. Et tout à coup je me suis retrouvé face à une chanson complète. J'ai toujours adoré le bluegrass, surtout le pour le jeu rapide au banjo. C'est la chanson sur cet album qui me fait toujours sourire. 🙂

M.: Votre album précédent était assez sombre, et là vous revenez à des choses plus amusantes? (Du moins avec quelques « respirations » agréables ici et là.)
T. K.: Oui, c'est ce qu'on finit par comprendre quand on réalise à nouveau que cette chose, la musique, peut et doit être amusante. Ca n'est pas une compétition. Je n'arrive pas à comprendre les gens qui pense que c'en est une. C'est juste pathétique.

M.: Sur l'album précédent à nouveau, les chansons étaient souvent construite autour d'une mélodie, ou un rythme: tout évoluait à partir de cette base. Ici, les chansons ont différentes parties bien reconnaissables, les instruments ne se contentent pas de soutenir votre voix… à vrai dire, assez souvent, tout le monde (/chaque musicien) « vit sa vie », et, Magie!, ça devient un son, créant une chanson… tout à fait ce que vous faisiez par le passé, en fait?
T. K.: Oui. Tu as raison, d'une certaine façon. J'ai beaucoup appris sur l'arrangement des chansons avec les deux albums précédents. Si bien qu'on a pu laisser de côté beaucoup de choses inutiles. Les chansons tiennent vraiment très bien la route sans avoir à ajouter des couches massives d'instruments. C'est un album de rock. Et de beaucoup de manières, cet album referme un cercle. SGHN [Stones Grow Her Name] est plus proche du style que nous avions à l'origine, quand nous avons commencé en 1996, que du style de notre premier album Ecliptica (1999) [tout à fait tout à fait, et un peu Reckoning Night ou Winterheart's Guild aussi.]

M.: Il y a aussi beaucoup plus de solos, bien qu'il s'agisse plus de notes rapides que de parties instrumentales extrêmement réfléchies: en aviez-vous marre de vous entendre demander « où sont passés les solos »?
T. K.: Non, pas du tout. Je n'aime pas du tout les solos, mais j'apprécie les respirations occasionelles ici et là sur scène. C'est exactement ça que me donnent les solos. Et puis malgré tout, les solos collent bien avec ce genre de musique, grosso modo.

M.: Au bout du compte, cet album a un côté très « easy listening » facile à écouter »], je veux dire qu'il est très facile de « rentrer dedans ». Malgré tout, en étant attentif à la musique, je ne dirais pas forcément qu'il est moins complexe que The Days Of Grays ou Unia, peut-être même le contraire?
T. K.: Oui, « facile à écouter » est une manière de le décrire. Peut-être que certaines diraient « poppy », de manière positive. Du point de vue d'un compositeur, cet album est en fait le reflet exact de cette impression qu'il donne: beaucoup plus facile. Je me sentais même comme un « underachiever » en écrivant certaines de ces chansons. underachiever » est impossible à traduire mot à mot, signifie en gros qu'il avait parfois l'impression de ne pas aller au bout de l'aboutissement de ces chansons: « under » = sous / en-dessous + « to achieve » (« achiever » étant le substantif) = mener à bout, à terme]. Est-ce que ça peut être facile à ce point???! Je suppose que oui.

M.: Je pense que tout le monde sait maintenant que tu n'es pas en fait un grand fan de heavy-metal, en dehors des trucs plus doux ou mid-tempo. Pourtant, même si c'est surtout pour des trucs gentils et mid-tempo, tu continues à faire de la musique metal: quelle est la partie « amour » dans cette relation d'amour-haine que tu entretiens avec la musique (heavy-)metal?
T. K.: J'aime tous les genres de musique, dont la plupart des genres de metal. Même le metal très rapide et très heavy [/ou « lourd » en vf]. Il y a des tonnes de bons trucs là-dedans et dix tonnes de trucs horribles pour chaque bonne tonne. Je ne suis pas vraiment dans le « générique » dans aucun des genres que j'apprécie, je recherche plutôt les artistes plus créatifs. La partie « amour » dans cette zone metal est devenue Devin Townsend récemment, dans ses deux projets. Un chanteur et compositeur incroyable.
[Vrai, je me souvenais mal, c’est en fait qu’il aime avant tout -jouer- les trucs plus calmes et mid-tempo… mais comme c’est un type bien il m’a quand même fait une bonne réponse à une question mal posée!]

M.: Serais-tu d'accord si je disais qu'il est en fait à peu près normal que tu composes des trucs bizarroïdes, puisque c'est au fond un assez bon reflet du grand bazar qui se déroule dans ton esprit?
T. K.: Non. Mon cerveau n'est pas en bazar. Je ne pense pas en tout cas [c’est plutôt ça, je confirme…]. Je suis en fait un type plutôt calme et « normal ». Je n'aime pas beaucoup les gens, donc je préfère rester dans mon coin la plupart du temps. Peut-être que ça donne l'impresion que mon esprit est un grand bazar, je ne sais pas. [Je lui répondrais bien que je l’ai déjà vu dans des situations forts inhabituelles pour « un type normal », mais le principe de l’interview par email m’en empêche!]
J'aime juste écrire de la musique qui ait quelque chose de frais, d'une certaine manière, avec des tours et des détours qui me font sourire. Ou ressentir quelque chose, quoi que ce soit!

M.: J'ai lu une interview bizarre où tu disais ne pas écouter tellement de musique, peut-être de temps en temps quand tu conduis mais guère plus. Pourtant, deux questions plus tard, tu dis: « je [n’ai pas de chanson préférée]. Il y a tellement de belles musiques dans le monde que si j'en citais une maintenant, j'en aurais une autre en tête une minute après »… on dirait bien les mots de quelqu'un qui écoute de la musique, pour de bon, pas juste « de temps en temps, toutes les deux semaines peut-être »? [<- de moi, pas une citation].
T. K.: Bien vu! Oui, j'en écoute. Haha! C'est juste que je ne veux pas expliquer mes perversions musicales à qui que ce soit, alors mon échapatoire a toujours été de dire que je n'écoute pas de musique. Jamais. En fait j'entends de la musique partout. Même dans des endroits où il n'y en a aucune. Le silence reste quand même la plus belle des musiques.

M.: Henrik [Klingenberg, claviériste de Sonata] a sorti un album solo un peu plus tôt cette année… et ça fait des années (nombreuses) que tu parles d'en sortir un toi-même: quand vas-tu le faire pour de bon?!
+ Est-ce que le style serait très différent de ce que tu fais déjà avec Sonata Arctica?

T. K.: Dans un avenir proche, j'espère. J'ai maintenant une sacrée pile de chansons bien en forme qui n'iraient pas pour Sonata Arctica. Le style sera assez différent de Sonata Arctica. Du moins c'est ce que je pense en ce moment précis. L'idée en tout cas est de vraiment séparer ces deux « projets », de manière claire.

M.: Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que tu veux dire mais que j'ai oublié de demander?
T. K.: Jetez une oreille au nouvel album! Si vous l'aimez, envoyez-moi un email. Si vous ne l'aimez pas, envoyez un email à Henkka [surnom de Henrik]. Haha! Soyez sympas! [ou « des gens bien »… « be good » quoi, 30 traductions possibles au bas mot!] A bientôt sur la tournée quelque part!

– Questions et traduction par Polochon.
Photos lâchement piquées sur le site officiel.
Chronique de Stones Grow Her Name (Sonata Arctica). –