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Mastodon – Leviathan

MastodonleviathanVoilà qu’arrive la tant attendue suite de 'Remission', l’album précédent de Mastodon. Une évolution notable est perceptible dès la première écoute, la lourdeur oppressante du précédent opus s’est amenuisée et le côté hardcore, même s’il est toujours présent, occupe désormais un rôle de figurant. Certes, le groupe a toujours eu pour principe de sonner ‘différemment’, mais cette fois-ci, c’est une réussite totale. On en viendrait presque à oublier le passé de deux des musiciens qui, fut un temps, officièrent au sein du bruitiste combo TODAY IS THE DAY.

Leviathan est un parfait amalgame sonore de styles aussi divers que le thrash, le stoner, le heavy, le prog, le hardcore à tendance torturé ainsi que celui à tendance punk et, enfin, même le grunge ! Au niveau des voix, on a affaire à un trio. Ce sont donc les deux guitaristes et le bassiste qui s’y collent. La variété est de mise et les lignes vocales alternent entre hurlements inquiétants, voix cassée à la Al Jourgensen, chantonnement d’une voix grave ou encore mélodies grungy accrocheuses ; le tout sans oublier quelques choeurs hardcore, bien entendu.

Du thrash et du heavy, MASTODON s’inspire principalement de certains riffs mélodiques. Les rythmiques, elles, sont beaucoup trop complexes et décalées pour être catégorisées (le batteur est tout simplement monstrueux). Du stoner, on retiendra principalement le groove et la lourdeur de certains passages ; du prog la complexité des chansons et leur faculté à étonner toujours de part leur construction, originale, inattendue mais toujours à-propos. Au niveau hardcore enfin, on dénote pléthore de moments faisant furieusement penser à la vague post-HxC actuelle, ainsi que quelques embardées punk, dans l’âme du moins. L’ombre des MELVINS plane sur nombre de ces passages.

Même l’humour n’a pas été oublié comme en témoigne la fin country d’un des titres. La dernière piste, quant à elle, est instrumentale, acoustique et plutôt planante dans une ambiance rock/prog. Bien que pas franchement déplaisante, celle-ci ne restera pas gravée dans les mémoires pour autant. Le son gras et lourd caractéristique du groupe est toujours au rendez-vous, non sans rappeler les MELVINS ou encore ENTOMBED. Bref tout est parfait ou presque sur ce CD. L’originalité, la qualité de composition, le son, l’interprétation, la hargne, la mélodie, la lourdeur, la technique… Ca donne envie d’aller faire un plongeon avec Moby Dick et, plus sérieusement, de ne pas les louper avec SLAYER, SLIPKNOT et MACHINE HEAD à Bercy !

Rano (09/10)

www.mastodonrocks.com

www.facebook.com/Mastodon

Relapse records / 2004

Tracklisting (47:45) 1.Blood and Thunder 02.I am Ahab 03.Seablast 04.Island 05.Iron Tusk 06.Megalodon 07.Naked Burn 08.Aqua Dementia 09.Hearts Alive 10.Joseph Merrick

 

 

Monolithe – I

monolithe-1Quand des membres d’Anthemon, The Old Dead Tree et Despond unissent leurs forces pour créer un side-project, il en résulte Monolithe, un groupe-concept qui officie dans un registre doom/death planant parfois à la limite du funeral doom. Pari risqué que de se lancer dans le grand bain avec un premier album constitué d’une seule et même piste de 52 minutes, pari en partie relevé. Il va sans dire que cette oeuvre s’adresse avant tout aux fans inconditionnels du genre, les autres risquant d’être bien vite rebutés par l’extrême lenteur de la musique et la linéarité (certes relative pour le style) de l’ensemble. Sylvain Bégot, maître à penser et unique compositeur de Monolithe a pris soin de diversifier les ambiances et alterner les dynamiques afin de garder l’attention de l’auditeur éveillée jusqu'au bout de l’aventure.

De ce point de vue là, Monolithe I est une réussite. Les passages s’enchaînent presque toujours naturellement, tantôt aériens, souvent funèbres et parfois plus lourds et rythmés. Il suffit de fermer les yeux pour devenir l’auditeur privilégié de la B.O d’une épopée mystique, aux prémices de l’Ere Quaternaire. Enregistré ‘à la maison’ il y a maintenant plus d’un an, cet album bénéficie d’une production honnête. Le son caverneux fait la part belle aux reverbs en tous genres, ce qui ne manque pas d’amplifier le côté mystique de cet effort. Le chant de Richard Loudlin est principalement axé sur l’aspect guttural et linéaire. La voix intervient en effet de manière assez sporadique et discrète, rarement plus de 3 ou 4 syllabes d’affilée. A noter qu’une voix déclamée et suave ainsi qu’une autre plus chuchotée ponctuent quelques-uns des breaks les plus aériens.

Vous l’aurez compris, ce Monolithe I est donc avant tout une histoire de guitares. Celles-ci constituent les fondations de l’oeuvre et lorsqu’elles ne remplissent pas l’espace sonore à l’aide de lourds accords plaqués, elles se font plus intimistes par le biais d’arpèges ou de leads cristallins. Certaines mélodies reviennent d’ailleurs plusieurs fois sous différentes déclinaisons, telles un fil conducteur. Il est simplement dommage que les trois guitares ne soient pas plus souvent utilisées de manière distincte, à l’instar des quelques magnifiques soli harmonisés. La batterie est en fait une boîte à rythme, ce qui n’est pas dérangeant pour l’occasion car le côté froid de la machine sied plutôt bien au style éthéré du groupe. Les rythmiques lourdes comme une chape de plomb sont légion et les quelques accélérations de tempo sont intelligemment amenées. Là aussi un léger bémol cependant : quelques breaks improbables arrivent comme un cheveu sur la soupe vers la fin, décrédibilisant légèrement ce Monolithe I. Le clavier est le seul instrument qui pêche assez ouvertement.

Mis à part les nappes envoûtantes et les quelques arpèges de piano, le synthé s’illustre trop souvent de manière grandiloquente et le choix des sons me paraît parfois discutable. Au final, ce disque demeure une surprise plutôt agréable ainsi qu’un vivier d’idées très intéressantes. La composition tout comme l’interprétation et la production sont globalement très réussis et les quelques choix qui m’apparaissent plus maladroits ne gâchent pas franchement le plaisir. Monolithe II devrait être disponible à la rentrée, espérons que ces petits détails seront corrigés, que l’utilisation des guitares sera plus audacieuse et que les claviers seront utilisés avec plus de parcimonie. Que l’aventure continue !

Rano (08/10)

www.monolithe.free.fr

Appease Me Records / 2003
Tracklisting (51:57) 1. Monolithe

 

 

Chaosbreed – Brutal

chaosbreed-brutalComme quoi la Finlande n'engendre pas que des groupes de funeral doom ou de pop metal à tendance androgyno-suicidaire… Chaosbreed a fait le pari fort osé d'intituler son premier album Brutal, en toute sobriété… Ce titre aurait été nettement plus pertinent il y a une petite quinzaine d'années mais passons.
Chaosbreed a deux amours, le death metal old-school (variété scandinave bien entendu) et Slayer. En ce qui concerne cette dernière influence, il n'y a qu'à contempler l'artwork tout en bon goût et en croix de guerre pour s'en rendre compte ! Pour s'en convaincre un poil plus, on peut aussi écouter Faces of Death, et jouer au jeu du blind test pour retrouver quel est le titre des thrasheurs de la Bay Area qui a été pompé (indice : ça finit par " Abyss " …) Vous l'aurez compris, le problème de Chaosbreed est son manque totale d'originalité, son atout en revanche, l'efficacité totale. 
L'influence principale qui ressort toutefois de ce premier effort demeure Entombed. Celui des deux premiers albums. Même le son est à s'y méprendre, c'est à la fois rock 'n' roll et gras mais paradoxalement malsain et froid, comme l'étaient Entombed et plus globalement le death scandinave à leurs débuts. Le premier morceau, Wretched Life, rappelle fortement Left Hand Path (la chanson, c.f mélodie finale) tandis que Casket Ride lorgne du côté de Wolverine Blues. L'espèce du chaos pousse même le vice du clonage jusqu'à nous proposer un titre épique, sombre et rampant en guise d'épilogue, titre aux relents doom comme Entombed, une fois de plus, les affectionne particulièrement (d'autres morceaux tout au long de l'album exploitent également cet aspect lent et glauque).
Il n'y a donc pas deux poids deux mesures avec cet album. Soit on aime le death old-school à la suédoise et le thrash de la bay area, et à ce moment là, on aimera cet album sous réserve de ne pas être réfractaire au recyclage de riffs et plans en tous genres, et on pourra l'acheter les yeux fermés. Dans tous les autres cas de figure, Brutal n'est pas recommandé.
 
Rano (06/10)

 

Century Media – M10 / 2004

Track listing (40:23) 01. Wretched Life 02. Casket Ride 03. Faces of Death 04. Moralized 05. Rotting Alive 06. Demon Skunk 07. Shitgrinder 08. Symptoms of the Flesh 09. F/C/D/C 10. An Evil Eye