Avant toute chose, je dois dire que je suis un grand fan de Meshuggah, depuis le début de leur carrière, et que je connais la discographie des suédois sur le bout des doigts. Vous me direz qu’on s’en fout, et que je fais du hors sujet, parce que l’objet de cet article est le premier album de Bulweria Bifax. Ce à quoi je répondrais « Ecoutez d’abord l’album, et vous comprendrez, ensuite, nous en reparlerons… ».
Bulweria Bifax est un groupe doué, c’est indéniable, et One Day On Earth est un excellent album, et je dirais même une énorme claque…si l’on ne connait pas Meshuggah. Bulweria Bifax nous propose une galette exempte du moindre défaut technique, avec une excellente production, des compos puissantes, beaucoup de passages marquants, une exécution irréprochable, dans un style tellement carré qu’il ne pardonne pas le moindre écart ou la moindre approximation. Tout doit être propre, millimétré voire chirurgical, pour faire son effet, et Bulweria Bifax assure, car l’ensemble est propre, millimétré et chirurgical.
Mais, il y a un grand « mais », et un point qui me dérange profondément et qui a rendue cette chronique particulièrement difficile : Meshuggah est passé par là et a crée ce style, et Bulweria Bifax ne fait pas du Bulweria Bifax mais du Meshuggah ! Le seul et unique problème de Bulweria Bifax, et c’est un problème de taille, est cette proximité constante avec les suédois ; une proximité qui me dérange, et qui enlève une grande part du plaisir et des qualités de One Day On Earth.
Au risque de me répéter, l’ombre de Meshuggah plane invariablement sur ce premier album de Bulweria Bifax, à tel point que bien souvent j’ai eu l’impression d’écouter Catch 33 par exemple, et non One Day On Earth ! Cette proximité fait mal à la personnalité, à l’originalité et à la créativité des français, qui s’approche dès lors du néant… C’est dommage, car le potentiel du groupe est énorme, et j’irais même jusqu’à dire que jamais je n’avais encore eu l’occasion d’écouter un groupe s’inspirer d’un autre à ce point, et rendre une copie quasi conforme à celles de son influence. Bulweria Bifax est un talentueux clone de Meshuggah, c’en est confondant : même registre vocal, mêmes gimmicks, même section rythmique excellente et foutrement précise, même façon de composer, même utilisation de la guitare, mesures complexes, polyrythmie…bref, je crois que la coupe est pleine. On pourra certes faire un rapprochement avec Hacride par exemple sur certains passages, mais rien ne sert de se leurrer…Il s’agit quasiment d’un copier/coller, c’est assez hallucinant.
Je vais être honnête, en tant que fan de Meshuggah, j’adore cet album et je l’écoute très souvent, car il est vraiment très bon, mais s’être inspiré du groupe au point de faire dans le mimétisme est un point qui me gène profondément.
Si vous aimez Meshuggah, vous aimerez donc Bulweria Bifax, c’est évident, et si jamais vous n’arrivez plus à mettre la main sur l’un des albums du groupe, écoutez One Day On Earth, qui fera office de générique parfait. Si vous vous sentez concerné, procurez vous cet album sans attendre et faites vous votre avis. Pour ce qui est de donner une note à cet album, je préfère m’abstenir, je tiens juste à préciser que si Meshuggah n’existait pas, j’aurais mis un 9/10 bien mérité…mais c’est un fait, Meshuggah existe et je ne peux pas occulter ce « détail »…
Sheol
www.facebook.com/bulweriabifax
Lycaena Prod – 2010
Tracklist (49,50min) : 1. Getting started 2. My brother, man 3. Team spirit 4. Temporary pause 5. Joy money 6. Duality 7. Follow the guide! 8. Persisting noise 9. Follow the rhythm 10. So what? 11. Fondly thinking of you