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waytoendWay to End est formé en 2006 en Normandie par Hazard, et probablement par accident. On me rétorquera que de grandes découvertes ont eu lieu par hasard. Et je suis d'accord. D'ailleurs, si péter dans un vase était une expérience scientifique, ce Various Shades of Black serait en lice pour le prix Nobel. Malheureusement, ce n'est pas encore le cas. On dit souvent que la vie est injuste avec ceux qui ont raison trop tôt  ; je vais me contenter d'être cynique avec ceux qui arrivent trop tard. Qu'une chose soit claire. Certains mettent un pied dans le metal noir avec un pied dans le fossé. La carte du "on cherche à s'éloigner des sentiers battus", ce n'est pas la première fois qu'on me la fait. L'inventeur du dimanche, on en connait tous un. Il entre d'ailleurs dans sa phase créative de préférence quand l'individu lambda essaye de dormir. En soi, c'est déjà un pousse-au-crime. Transposer cette situation dans le domaine musical, c'est me délivrer un permis de tuer. Je n'ai rien contre l'originalité, la vraie. Celle qui cherche à dépasser les limites. Celles qui connait les règles et se permet de les briser – plutôt que de me les briser.

L'intro de l'album est tout ce qu'il y a de plus basique. Il y a peu d'instruments en action, et la pression monte lentement. Rien de plus normal pour un album qui revendique plusieurs nuances de noirceur. Et justement, c'est au stade supérieur que ça se gâte, quand "L'apprenti" commence. Ouais, c'est vraiment le titre. Ils me facilitent le boulot c'est pas croyable.
Way to End considère que rien n'est satisfaisait en terme de black, car personne ne va assez loin dans le coté extrême. C'est un peu l'équivalent artistique du  "je pisse plus loin que tout le monde". Soit. Après tout le metalhead a une fascination pour tout ce qui touche aux sécrétions humaines. Seulement le groupe brasse du vent. Et je ne saurais rappeler la mauvaise interaction de cet élément avec les liquides….

Tenter de conserver l'héritage du black, y ajouter des structures alambiquées et du triturage de manche est totalement vain. L'approche en elle même n'a aucune raison d'être, car elle ne change pas la façon d'appréhender la musique. Ce n'est que de la paraphrase. Pendant près d'une heure.  La démarche est vide, outrances gratuites, montées délires, lyrisme con… On assiste à une surimpression et surcompression d'éléments inutiles. Comme pour créer une symétrie dans le néant, le chant subit le même traitement. Tous les membres exécutent des parties gaffeusement abusives – le chaos né de l'impuissance. On sent l'idée qui sous-tend "Oh et on va mettre beaucoup de voix bizarres. Comme ça on peut revendiquer un  cheminement différent. Et puis ça fait penser à la folie, c'est trve ça, la folie".

Les petits fantoches pseudos-virtuoses rassemblés à baver dans le Palais de la découverte parlent de black avant-gardiste. Forcément ça devait me mettre la puce à l'oreille. Comme quand j'ai lu dans le press kit que " les morceaux sont difficiles à appréhender à la première écoute". Ou encore que "plusieurs écoutes sont nécessaires pour tirer la subtilité de chaque instrument". À moins qu'il ne s'agisse d'un moyen de mettre en avant la sublime prod de l'album? Non, je déconne. Elle est aussi crédible qu'un client du Black Dog avec une culture musicale.
En somme, heureusement que d'autres groupes n'ont pas attendu nos géniaux précurseurs Way To End pour réinventer le black. La boucle est bouclée, on peut pousser le tabouret une fois pour toutes. 

Ymishima (3/10)

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LADLO Productions / 2013

Tracklist (50:41): 1. Sous les Rangs  2. L'Apprenti  3. Evolution Fictive   4. Vain   5. Aganippe   6. La Figure Dansante de l'Incompréhension   7. A Mon Ombre  8. Au Fond d'un Verre de Poussière   9. Ixtab   10. La Ronde des Muses Fânées  11. Various Shades of Black

 

Nom d'une PipeLa massification de la musique force à faire le tri entre artistes véritables et enculeurs de tous domaines. Il se trouve que Pensées Nocturnes est dans la seconde catégorie. Sans vouloir dresser une liste exhaustive des enculeurs, on y trouve les crétins du tube, les ouvriers du néant, les branleurs de pines… Comme si cela ne suffisait pas, on peut bien entendu cumuler les vices. Il suffit de regarder Sektemtum (celle là, c'est cadeau).

En revanche, ils partagent tous deux attributs. L'impression d'être unique et l’exhibitionnisme. Ce qui conduit à saturer la scène musicale d'un tombereau de productions sans intérêts. Un peu comme la neige qui s'accumule devant votre porte en hiver et la bloque. Sauf qu'à la place des petits flocons de neige uniques et gracieux, il faut plutôt imaginer un gros tas de compost organique.

Il est rare que l'enculeur soit un précurseur. Auquel cas on parle d'« avant-gardiste ». Catégorie à laquelle notre enculeur s'accroche souvent comme une tique. Puisqu'il est unique, personne ne peut avoir eu une idée aussi merveilleuse avant lui. Dans son délire d'hyperbole le press kit va jusqu'à dire que Nom d'une pipe est « plus qu'une album de metal d'avant-garde ». Plus simplement, il était un annonciateur avant que ça soit cool. Je crois qu'actuellement, on dit juste « hipster ».

Maintenant que vous savez reconnaître un enculeur, nous allons voir pourquoi nous sommes en présence d'un spécimen de concours.

L'ouverture de l'album se fait dans une sorte de délire où se mêlent, guitares, samples, cuivres, grosse caisse, frime, foire d'eunuques et godes-prétextes. Pensées Nocturnes multiplie les instruments comme Eluveitie ses musiciens sur scène. Entre enculeurs, ils se comprennent. Il y a des signes qui ne trompent pas. Le drame, c'est que tout ce Nom d'Une Pipe est comme ça. C'est rigoureusement la même chose du début à la fin.

L'artiste véritable compose pour mener la musique au delà des limites. Il assume la responsabilité de ses transgressions, et n'en a globalement rien à foutre si cela ne plait pas à l'auditeur. Pour faire simple Darkthrone s'en branle de savoir que tu n'as pas aimé son virage punk ou glam. Comme Peste Noire se sent concerné par le rejet de son dernier album. L'enculeur, lui, s'adresse aux « amateurs de musique ». Nom politiquement correct donné aux gens chiants, mais passons. Il craint (à tort souvent), que ceux-ci ne comprennent pas ou ne pardonnent pas ses violations. Alors, il explique, il traîne, il rabâche. Ou comment conduire une révolution avec l'accord des autorités compétentes. On a donc un album qui utilise en permanence les mêmes ficelles déjà bien usées. Les structures, bien nazes, le chant bien lourd… On surnage dans la redite – du touchage de nouille pour du touchage de nouille.

Par exemple, le premier morceau se termine sur une rythmique free jazz foireuse. En plus d'être un style particulièrement en vogue chez les hipsters et les lignes téléphoniques payantes cela n'a rien d'innovant.

De même, sur « La chimère », on trouve un piano, et… Coluche. Le sample revendique un peu, on sent le frisson parcourir l'échine du tiède qui se branle à blanc. Ce n'est pas le seul morceau pilleur (de folklores et de musique classique), à qui mieux mieux, angoissé de bluffer, putassier jusqu'aux fibres. En effet Devos est également samplé. Il est vrai que son sketch « Parler pour ne rien dire » colle bien à l'album. Sans surprises et encore moins d'espoirs, les morceaux se terminent tous dans la même parade pour aliéné, pirouettes à rebours. Sans intérêt. Je parle d'aliénation, parce que le press kit (encore lui) me dit de glisser le mot « folie ». Mais il faut retenir que je tourne plus difficilement le dos à quelqu'un qui a l'air fou sans rien dire, qu'à quelqu'un qui le hurle sur tous les toits. Finalement, quand « Greensleeve » a retenti après un énième passage free jazz pour salle d'attente sur « La Sirène », j'ai craqué. La musique classique c'est le running gag du metalhead. Il est peut être temps de comprendre que non, ce n'est pas orignal, et que ceux qui savent bien le faire ne sont pas nombreux.

Bref, devant cette œuvre d'une profondeur insondable, aux multiples facettes et à l'originalité débordante, il est temps de s'incliner. Pensées Nocturnes a définitivement un train d'avance. Finalement, on ne peut que s'interroger sur la vacuité de nos existences tant ce pied de nez musical est une brillante satire de notre société. Ah, non pardon, ça c'est probablement ce que vont dire les autres chroniqueurs. En ce qui me concerne, je vais me contenter de m'en foutre.

Ymishima (Ø/10)

 

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LADLO Productions / 2013

Tracklist (50:04) : 1. Il a mangé le soleil 2. Le Marionnettiste 3. Les Hommes A La Moustache 4. Le Berger 5. La Chimère 6. L'Androgyne 7. La Sirène 8. Le Choeur Des Valseurs 9. Bonne bière Et Bonne Chère

regardeRegarde les Hommes Tomber. Je ne fais plus que ça. Regarder, la gabegie autours de moi. Je n'attends plus qu'une chose, que les digues cèdent et que l'on se repaisse du spectacle. Sous les hourras de fascination pour la fin des choses. Forcément quand un groupe et son premier album portent ce nom, j'attends au tournant.

La chute commence par un prélude qui donne le ton. La double martèle le rythme. Les guitares occupent le reste du spectre. Puis elles éclatent en plein lyrisme. On a la tête sous l'eau. Le morceau suivant nous maintient encore en apnée. En effet « Wanderer of Eternity » est une giclée de joules qui tourne en circuit fermé. Boucle infernal de puissance. Pluie de cendre dans les cieux. L'atmosphère est lourde mais avec un putain de groove. Le combo basse/guitare/batterie tabasse en rythme. Comme si Céleste et Cowards se foutaient sur la gueule dans une arène. On fait pire comme spectacle.

Pour autant, une certaine pesanteur commence à se faire sentir. Ouais, elle était facile celle là. Mais c'est réellement une impression qui perdure au long de mes écoutes. Certains passages trainent peut être un peu trop en longueur. Donner dans le contemplatif ne me dérange pas. Mais parfois on décroche. C'est l'inconvénient d'être rapidement pousser au bord de l'asphyxie. Les premiers morceaux sont très intensifs et les accents plus atmosphériques qui suivent gagneraient à être distillée de façon plus intelligente.

Cela n’entache en rien le travail fournit sur les ambiances. Un très bel effort de création a été mené dans ce domaine. Pour dire on passe par des influences qui vont de Deathspell Omega à Alcest. On retrouve d'un coté, des ambiances très pures, avec un son de guitare ample. Et en face de cela une noirceurs totalement black. Le véritable point d'orgue est de parvenir à faire coller la musique avec les concepts d'élévation et de déclin. Une atmosphère très travaillée, ravagée et torturée avec un chant éraillé et des riffs aiguisés. Le chaos est distillé de façon à rompre un équilibre établit.

Ça fait très ange déchu, ouais SATAN. Oups, pardon, réflexe conditionné.

Un album qui est à l'image de son artwork au final. Ce dernier a d’ailleurs été réalisé par Førtifem, étoile montante du graphisme Parisien. Cela donne un écrin vraiment envoûtant au groupe. Sans lequel il aurait été plus difficile d'être convainquant. L'ensemble est très prometteur pour la suite.

Ymishima (07/10)

 

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LADLO Production / 2013

Tracklist (38:59) 1. Prelude 2. Wanderer Of Eternity 3. Ov Flames, Flesh and Sins 4. Sweet thoughts and visions 5. Regarde les Hommes Tomber 6. A Thousand Years of Servitude 7. The Fall