Author Archive

Djerv – Djerv

Les jours où la dèche de benzodiazépine est trop forte, je me pose des questions existentielles. Tu sais les trucs du genre « quel CD j'écouterais si je roulais en Mustang cabriolet sur Sunset Boulevard ». Ce CD, je l'ai trouvé. Et étonnamment il vient de Norvège. Peut être pour l'effet tornade glacée que ça ferait à côté du Pacifique.

Imagine le truc. Du Black 'n Roll. Ray Ban Aviator sur le nez, Rangers aux pieds, t-shirt d'un groupe qui te tient à cœur, un slim troué. Accoudé à la portière de ta belle. Façon Drive, mais en plus badass. Un petit côté Mad Max, si tu veux.

Je lance le disque et mets le contact au son de « Madman ». Et là, justement, la voix de Agnete Kjølsrud te hurle à la gueule un énorme « MAAAAADMAAAAN ». Tu fais chauffer les pneus, un burn pas possible pendant que le combo guitare/ batterie assomme tout sur son passage. Limite à couvrir le son du moteur. Et tu pars, d'un coup : le refrain commence. Cheveux au vent. « Never-ending madness », comme il est dit dans les paroles. Tout l'album a des passages cultes, à hurler à tue-tête. Genre sur « Headstone », complètement défoncé dans ma Mustang, je vois des zombies partout devant moi. Pour comprendre, regardez juste le clip et hurlez avec moi « I'm coming for your headstone, bringing a crew or doing it alone. Coming for your headstone… ». On ne peut pas résister à cette envie de crier, de chanter, tellement la prestation d'Agnete est parfaite. Débordante de charisme et de dynamisme, elle boxe dans des registres très variés, bien loin du black de cave qu'on connaît ; il n'est pas rare de l'entendre avec des accents carrément pop. Mais Norvège oblige, les influences blacks sont quand même présentes. Un peu de double ici et là, l'ambiance qui va bien – le tout servie par une production vraiment bandante. Et avec beaucoup de surprises. Presque trop en fait. On navigue tellement en eaux troubles entre toutes les influences du groupe, que parfois on se dit que trop de métissage nuit à la cohérence de l'ensemble. Un peu comme ces gimmicks et ces structures trop classiques. Mais pour un premier album, ce n'est pas si grave ; au contraire, j'ai toujours tendance à croire que la simplicité et l'efficacité vont de paire. Quand je tape du poing c'est que c'est bon, quand je tape du pied c'est que c'est excellent. Catchy ? Oui, clairement.

Pour revenir rapidement sur la production, elle est signée Daniel Bergstrand. Autant je ne blaire pas Meshuggah, autant putain ici le travail me plaît davantage. Le mixage est quant à lui signé Matt Hyde. Des gens qui ont travaillés avec du Lourd. Je précise juste, si jamais tu es un peu limité. Je continue ma chevauchée sauvage, le Pacifique commence à pointer le bout de son nez. « Immortal » se fait alors entendre, avec ses riffs dévastateurs. On approche de la fin, d'ailleurs la nuit tombe.

J'agite toujours autant la tête qu'au début, et je chante toujours aussi fort et aussi mal. « Win or die, eye for an eye, I'll burn your soul tonight, you won't see me faceless ». L'album m'a retourné pendant prêt de 40 minutes vraiment intenses. Définitivement, c'est ce disque là qui m'accompagnera quand, dos au mur, j'irai claquer ma thune aux US à terroriser les gens dans ma Mustang, un shotgun bien en poigne. Mais pour apprécier, vraiment, nul besoin d'avoir des envies aussi joyeuses. Le registre du groupe est accessible à un large public. Il faut être ouvert d'esprit, aimer le rock 'n roll. Et qu'on m'épargne les remarques sur les chanteuses metal : je suis fan de Plasmatics.

Ymishima (08/10)

 

http://www.djervmusic.com/

http://www.myspace.com/djervmusic

Indie Recordings / 2011

Tracklist (37:02) : 1. Madman 2. The Bowling Pin 3. Headstone 4. Gruesome Twosome 5. Only I Exist 6. Ladder To The Moon 7. Abmuse 8. Blind The Heat 9. Immortal

XXVI : The Deeper – The Better débarque chez toi un peu comme Michael Douglas dans une épicerie coréenne, il vient pour faire de la monnaie et repart en ayant à peu prêt tout éclaté.

Destination nulle part, le précédent rejeton de Necroblaspheme, avait déjà pas mal marqué son territoire à grands coups de latte dans la gueule. Mais par rapport à ce nouvel opus c'était de la petite violence, du babillage presque. Enfin, plus exactement, des défauts de jeunesses. Fort de cette solide base le groupe pousse maintenant le concept encore plus loin, un jusqu’au-boutisme pertinent.
Il faut garder à l'esprit qu'il y a un truc chiant avec les « musiques extrêmes ». À toujours vouloir avoir la plus grosse queue, ça bande mou, ça se ressemble, bref ça devient une surimpression de merde. Là c'est totalement le contraire, le groupe s'approprie pleinement son univers, il le transcende. Pleins de petites trouvailles, avec des morceaux de bravoures. Prêt pour le high kick ?

On commence par en prendre pleins les yeux avec l'artwork. C'est une claque infligée aux photoshopages sans âmes qu'on peut trouver sur le marché. Un visuel esthétique, plein de sens, en parfaite harmonie avec le contenu du disque. Rien n'est gratuit. Ça devient trop rare pour ne pas être souligné…
Puis vient le viol net et sans bavure de vos petites oreilles. Seated To The Left Of The Sick, débarque avec un riff d'intro qui monte comme le fait l'adrénaline dans une bagarre entre gros bras. Mais ici, il n'y a pas de débordement, non, non, tout est contenu,. Dans les règles de l'art. Une marave à l'ancienne quoi. C'est la sincérité qui parle.
C'est vraiment quand H. vs H. : Last Exit se fait entendre que l'on comprend l'étendue du chef d'œuvre. Prêt de 6 minutes sur de la dentelle. Ouais, de la dentelle. Quelque chose de fin, de précis, dans cette déferlante de puissance. On en arrive là. Sur le fil. À saisir l'instant. Cette putain de fin… Elle est est juste magistrale, la lumière… le fonds du tunnel… la chute libre, perpétuelle. Je peux crever.
Mais pas tout de suite, la perfusion continue, I, Shemale fait l'effet d'un défibrillateur, on repart pour un tour, pour une nouvelle vie. Un nouveau sexe. « I wanna be somebody else », négation ultime, pulsion destructrice et créatrice à la fois. Le néant. Cela conduit à rythmer des trucs improbables. Un putain de groove sans pour autant que ça sonne « amateur de musique qui veut jouer trop de notes, trop vite ». On est dans la maîtrise encore, toujours. Puis vient LA surprise de l'album. The Sound Of Silence… oui, une reprise, et quelle reprise. Je me répète, mais cohérence absolue, il n'y a pas de mise au poing à faire, la place de cette chanson est évidente. Les paroles sont portées dans un autre monde, mais elles ne deviennent pas vide de sens. Loin de là.
On approche de la fin Vautour vient planer au dessus du cadavre, le blast est toujours omniprésent, entêtant comme cette rythmique super punchie. Et encore une fois je bloque sur la fin, la fin… ouais… toute les chansons de cet EP se clôturent de façon magistrale, lourd de sens.
Vient The Great Dead Moose, le véritable poing final, la perfection. Les mains sont endolories d'avoir trop cogné, on mouche rouge, mais on danse, danse, cette dernière piste est une putain d’apocalypse. Comme dirait l'autre c'est « quand le mouvement du dedans rejoint celui du dehors et que toutes vos idées alors s’éparpillent et vont s’amuser enfin avec les étoiles. ».

Ne faites pas chier avec vos chichis trouducuteux, oui, c'est court, trop court, mais l'épicerie en gros mène la danse, achetez l'EP et fermez vos gueules.

Ymishima (08 /10)

thedeeper-thebetter.com

www.myspace.com/necroblasphemeband

Season of Mist – Deeper & Sons / 2012

Tracklist (28:02)
1.Seated at the Left of the Sick 2.Human vs Humans : Last Exit 3.I, Shemale 4.The Sound of Silence 5.Vautour 6.XXVI : The Great Dead Moose

Le Kommando Peste Noire arrête de dire « merde ! » et se met à casser des bouches. C'est un peu comme ça que je vois l'Ordure à l'état pur.
Ballade Cuntre Lo Anemi Francor commençait déjà à botter des culs… Mais ça ne sonnait pas vraiment babtous pur souche. Avec ce nouvel album, une étape est franchie. En commandant le CD, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre… Et en voyant le résultat, je crois que je ne pouvais de toute façon pas imaginer l'ampleur de la révolution qui a eu lieu.
Car oui, Peste Noire signe là une bande son à la hauteur de la « fin du royaume de France » et comme je vous le dis, ça tape fort. Un mélange explosif de différents styles musicaux, furieusement rock n'roll, terriblement punk… On range sa batte de base-ball et on écoute.

Première surprise avec « Casse, Pêches, Fractures et Traditions » (tout un programme), le son n'est pas cradingue ! Pour la première fois, le KPN a une production digne de ses prétentions : les instrument sont audibles, et foutrement diversifiés – accordéon, trombone, violoncelle… Ouais, on parle bien de Peste Noire là. Mais je calme directement les craintes des crétins bas du front, ça reste très incisif et on reconnaît sans problème la touche de DJ Famine. Heureusement, on ne tombe pas dans la cacophonie : ça joue la surenchère, mais propre, avec un incroyable sens du rythme et des gimmicks supers entraînants.
On le vérifie sur « Cochon Carotte et les soeurs Crottes. » Avec une deuxième surprise… Des putains de beats électros. Ouais, le dernier Peste Noire passerait bien en boîte : « au galop ma prolo », ça va choper sur le dancefloor : il y a de quoi shaker son booty… Et on peut en outre hurler les paroles en riant très fort. Je reviendrai sur le chef d'oeuvre qui nous est livré au niveau du vocable plus tard… Car arrive « J'avais rêvé du Nord ». La fête est troublée… alors on sort le pompe et en avant les vauriens !
Malgré le changement radical d'ambiance, on reste dans le délire incroyable d'un monde en totale déliquescence. Monument en flamme d'une vingtaine de minutes, le cœur même de l'album. Les passages chantés par Audrey sont lumineux, véritables odes au métal noir. Cette longue féérie s'achève avec l'arrivée de « La Sale Famine Von Valfoutre ». Un morceau qui relève du coup de pied au cul, de la trique… Une agression en règle. Plus proche des anciens albums du groupe, elle n'est pas pour autant en retrait, grâce à un tempo effréné et un sens du style inégalable. Sans oublié les samples qui sont assez renversants… Vient le moment d'en finir : l'album se termine sur La Condi Hu, et cette fois la fête est bel et bien achevée. On remballe, retour à la triste humanité qui nous entoure. Cette chanson est une énumération de maladie que le docteur Destouche aurait trouvée bien répugnante… Plein de panache, l'album s'endort, presque doucement…

On est à une paille du chef d'œuvre absolu. Epargnez moi les gouts et les couleurs, rien à voir.
L'album est d'une cohérence sans faille du début à la fin. Les paroles sont d'une truculence inégalable, tout en gardant un certain second degré et une part d'humour noir. Céline disait que « Les mots ne sont rien si ils ne sont pas notes », Famine l'a bien compris et fait danser le Français comme personne. Pour ce qui est du graphisme c'est Valnoir qui est aux commandes : celui qui voulait de longue date collaborer avec Peste Noire a eu l’occasion une fois encore de faire parler son talent. C'est un sans faute, et le groupe a enfin un écrin digne de son nom. Je regrette juste l'absence de digipack ; enfin, titilleries d'anus que cela… Alors fermez vos gueules et dansez!

Ymishima (09/10)

Tracklist (1:00:23)
La Mesnie Herlequin / 2011
1. Casse, Pêches, Fractures et Traditions 2. Cochon Carotte et les Sœurs Crotte 3. J’Avais Rêvé du Nord 4. Sale Famine Von Valfoutre 5. La Condi Hu