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Vous avez décidé de maintenir le groupe dans la programmation malgré le dérapage de Phil Anselmo, le chanteur de Down, qui a fait un salut nazi sur scène le 22 janvier, à Los Angeles… 

« Anselmo s’est excusé à plusieurs reprises. Il a même proposé de quitter le groupe pour ne pas nuire à ses camarades, qui doivent d’ailleurs être dégoûtés de ce qui arrive. Tout le monde est d’accord sur le fait que c’est inacceptable et que la scène metal n’est ni raciste ni antisémite. Je connais très bien Phil Anselmo, qui est venu à de nombreuses reprises à Clisson. Et je suis persuadé que ses excuses sont sincères. Au Hellfest, on n’a jamais eu ce genre de comportement, on ne l’a jamais vu arborer ni signe distinctif, ni discours, en concert comme en loge. Je crois profondément que c’est quelqu’un de bien. C’est un provocateur qui joue les gros bras et qui perd pied quand il est ivre. Il a fait une énorme erreur. Mais des gens qui font des raccourcis populistes et qui disent des horreurs quand ils ont trois grammes d’alcool, on peut en trouver beaucoup, y compris en Vendée. » (Source : Ouest-France)

On doit vraiment te rappeler le score du FN en Pays de Loire, Ben ? 19 % au second tour. L'alcool n'excuse pas tout.

Et puis, cette décision de maintenir Down à l'affiche est-elle vraiment courageuse ? Ben Barbaud serait-il devenu le chantre de la liberté d'expression du monde du Metal ? Doit-on VRAIMENT rappeler les annulations d'Anal Cunt (dont le regretté frontman avait un seul talent : celui de trouver les titres de chanson les plus provocateurs au monde) et de Satanic Warmaster (et je me souviens encore de la réaction des gars de Tsjuder quand je leur avais appris que Satanic Warmaster avait été annulé) pour des motifs comparables ? 

En maintenant Down à l'affiche, Ben ne prend AUCUN risque. Tout simplement parce que le sale boulot a déjà été fait par les autres orgas, le Fortarock en premier, qui ont décidé de retirer Down de leur affiche. Le nombre de dates diminue, le groupe est bien parti pour annuler sa mini-tournée européenne et, au final, si Down ne foulera pas les planches du Hellfest, ce sera parce que le groupe aura annulé lui-même. Et soyons tout à fait honnêtes : s'il veut vraiment Down, il pourra le faire venir en exclu s'il met la main au portefeuille (mais irait-il jusqu'à faire cela ?).

Et puis, que serait-il arrivé s'il avait décidé de virer Philou et ses potes, concrètement, pour le Hellfest ? Rien. Le festival est sold out depuis des lunes (et les caisses sont donc pleines), les éventuels mécontents revendraient leur combi à la vitesse de l'éclair à d'autres fans qui discernent personnalité et musique (ou qui s'en foutent, ou qui sont aussi cons que Phil Anselmo), et l'année prochaine, le Hellfest sera à nouveau sold out. Parce que les fans ont la mémoire courte. 

Mais je vais devancer leur décision : qu’ils gardent leur subvention de 20 000 €.

C'est clair, sur un budget total de 16 millions (selon Ouest France), ces 20.000 euros sont une goutte d'eau… Pourquoi avoir alors plié face aux pressions il y a 5 ans ? Le Hellfest avait-il davantage besoin de cette subvention (et ce serait donc uniquement une question d'argent) ? Ou est-ce qu'annuler Phil Anselmo est impensable de par son "importance" et son statut dans la scène Metal ? Quoi qu'il en soit, en maintenant Down, Ben Barbaud fait plaisir à son "électorat", exactement comme il le reproche à Bruno Retailleau, qui, je cite "a voulu faire plaisir à son électorat et aux anti-Hellfest qui ont relayé ce buzz, qui avait déjà fait le tour des sites de metal.". Je ne sais pas si je dois m'en réjouir…

philipanselmo-wpowerEh oui, comme beaucoup d’entre nous, je n’ai pas pu échapper à cette nouvelle qui a secoué le monde du Metal sans la moindre note, ni le moindre décès. Vous l’aurez compris, nous allons parler de notre ami Phil Anselmo, un frontman de génie, toujours fourré dans les bons coups musicaux, mais aussi pas avare en déclarations sulfureuses et en controverses en tout genre. Cette fois, nous avons droit à, selon l’intéressé, une « inside joke mal comprise », un salut nazi et un bon vieux White Power lancé à la face du public lors du Dimebash.

Avant toute chose, et pour donner un peu de contexte, je suis un grand fan de Phil Anselmo, et sans une succession de concours de circonstances allant d’une maladie à la naissance de ma fille en passant par un apéro mémorable dont je n’ai plus le moindre souvenir au Hellfest 2010 si ce n’est que j’ai bu du pastis et mangé du chou-fleur cru pendant l’averse qui nous a arrosés de midi à 18 heures, j’aurais déjà pu m’extasier une bonne chiée de fois devant cet artiste hors normes. Ce gars est un génie sur le plan musical, tout ce qu’il a fait me colle un barreau indécent dans le slip et rien que de penser au riff d’entrée de « Five Minutes Alone », mon cœur s’emballe et une petite goutte de joie liquide perle sur mon gland.

Mais putain, cette énième provoc’ à la con nous rappelle aussi qu’avant d’être un artiste génial, Phil Anselmo est surtout un humain, avec toutes ses qualités et surtout ses défauts : redneck, bas du front, avec cette petite touche racisto-sexiste qui n’est peut-être pas réellement pensée (j’ai mes doutes, mais je laisse le bénéfice du doute), mais qui dérange quand même. C’est facile de déballer les plus grosses conneries au monde pour ensuite se rétracter, s’excuser et tout coller sur « l’humour », ou dire « mais vous avez pas tout le contexte, vous pouvez pas comprendre, White Power, c’est parce qu’on buvait du vin blanc, LOL ». Beh ouais, Philou, à chaque White Russian que je me suis enfilé au Summer Breeze, je faisais un petit salut nazi avec une faucille en main, et quand je pète dans ma voiture, je demande à tous mes passagers si personne n’est juif. C’est tellement fun. Je suis un joyeux drille et, avec un peu de contexte, tout le monde rirait de mes blagues douteuses…

Je ne vais pas pour autant boycotter l’artiste. Comme il le dit, il faut avoir le cuir un peu plus épais pour ne pas prendre tout au pied de la lettre et s’offusquer de la moindre déclaration… Mais il semble oublier qu’il y a une limite ténue entre l’humour (même noir) et le mauvais goût pur et simple, et qu’en tant que personnage public lors d’une performance en public, il était évident que quelqu’un filmerait ça, le posterait sur le web et déclencherait une énième polémique. J’aurais tellement préféré qu’il fasse parler de lui avec un nouveau projet musical qu’avec une blague même pas drôle…

Mais ce qui me gêne le plus, c’est ce raz-de-marée de personnes qui prennent la défense de Phil, qui banalisent ces propos (même s’ils n’étaient pas pensés et, je le répète, j’accorde le bénéfice du doute), une marée humaine face à quelques-uns qui ouvrent leur gueule pour dénoncer cette banalisation du racisme, cet « humour » qui n’en est pas et une écrasante majorité de gens qui ferment leur gueule. Je suis moins dérangé par l’auteur du geste que par cette foule silencieuse qui ne lève pas le doigt et s’en fout royalement…

 

Dans notre univers, il y avait quelques repères, immuables, des choses qui ne changeaient pas. Comme la position de la main de Lemmy Kilmister sur le manche de sa basse depuis 20 ans, disait cette bonne vieille blague pourrie qui me faisait sourire à chaque fois. Mais aujourd'hui, même avec toute la bonne volonté du monde, le sourire se fige quelque peu. Parce qu'avec le décès de Lemmy, c'est un de ces repères qui vient de disparaître.

Et pourtant, je n'ai pas été tendre avec lui depuis bien longtemps déjà. Entre albums qui n'apportaient plus rien (si ce n'est les petits coups de canif à la légende) et concerts de plus en plus laborieux, Motörhead agonisait à petit feu, suspendu au fil devenu bien fragile de la santé de son frontman. Mon dernier souvenir de Motörhead en live était le Fortarock 2013, avec un Lemmy usé jusqu'à la corde. "On achève bien les chevaux", avais-je dit alors à un pote présent à Nimègue.

Certes, je n'ai pas découvert Motörhead aussi tôt que certains de mes confrères. Je n'ai "que" 34 ans, un petit merdeux, en somme, qui n'était encore qu'une vague idée dans les couilles de son père quand Dieu crachait Ace Of Spades à la gueule du monde. J'ai donc raté l'âge d'or de ce groupe, et tous leurs albums sortis à partir de la date à laquelle je me suis intéressé à Motörhead sont anecdotiques face aux premiers opus. Et pourtant je connais Ace Of Spades (l'album entier, pas juste le titre éponyme) quasiment par coeur. Et malgré toutes les blagues et tout ce que j'ai pu dire de négatif sur Lemmy ces dernières années, je ressens un pincement au coeur. Peut-être même encore plus qu'au décès de Dio. Sacré coming out pour le fan de Black, de Death et de Grind que je suis. 

Lemmy ne jouait pas du Rock. Il incarnait le Rock comme très peu de personnes peuvent le faire. Avec lui, c'est une page qui se tourne. Avec lui, c'est une partie du Rock qui est morte. 

Für mich wird er unsterblich sein. Ein Mythos für die Ewigkeit. (c) Onkel Tom