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Depuis ses débuts, Carach Angren est un groupe « entier ». Jamais dans la demi-mesure, les Néerlandais se sont forgé une identité forte. En tutoyant régulièrement le ridicule, sans jamais y tomber, le groupe de Seregor (chant, guitares) a pris le risque de déplaire. C’est sans compter sur une horde de fans acharnés, prête à suivre le duo dans ses délires les plus fous. Le dernier en date : Franckensteina Strataemontanus.

« Here in german woodland » annonce la couleur. Il s’agit ici d’un album concept basé sur la vie de l’alchimiste Johann Conrad Dippel, qui aurait inspiré Mary Shelley pour son roman « Frankenstein ».
Franckensteina Strataemontanus est-il l’équivalent musical d’un épisode de Scooby-Doo ou d’un vieux film de James Whale ? La réponse est un grand OUI ! Et c’est la principale qualité de ce sixième album.

Seregor et Ardek (préposé aux claviers) ont bien bossé leur copie. Un réel travail qui s’avère payant. Les compos accrochent l’oreille. « Scourged ghoul undead », le titre éponyme et « The necromancer », trio de tête imparable, s’incrustent directement dans le cerveau. Si « Sewn for solitude » et surtout « Operation compass » forment le ventre mou de l’affaire, l’album reprend du poil de la bête avec « Monster ». Un futur tube en puissance. Et la suite est tout aussi réussie…

Constamment dans une surenchère réjouissante, les orchestrations sont en adéquation avec le sujet conté. Elles apportent une réelle valeur ajoutée à ce black symphonique grandiloquent. Au point d’enterrer une concurrence en perte de vitesse (Dimmu Borgir, Cradle Of Filth…).

Franckensteina Strataemontanus est, ni plus ni moins, le meilleur effort de Carach Angren. Kitch, peut-être. Mais efficace, sûrement.

Nico (9/10)

Site Officiel : https://www.carach-angren.nl/

Season Of Mist /2020

01. Here in German Woodland 02. Scourged Ghoul Undead 03. Franckensteina Strataemontanus 04. The Necromancer 05. Sewn for Solitude 06. Operation Compass 07. Monster 08. Der Vampir von Nürnberg 09. Skull with a Forked Tongue 10. Like a Conscious Parasite I Roam 11. Frederick’s Experiments

Bütcher – 666 Goats Carry My Chariot

Sur le papier, Bütcher, c’est un peu l’album parfait pour les vieux. Ça leur rappelle l’époque où ils pouvaient mettre un perfecto sans ressembler à Johnny et où ils arrivaient à avoir une érection sans Viagra. L’âge d’or du Metawl, des débuts de Slayer, de Venom, de Bathory, du cuir, des clous, des riffs joués à fond de caisse. Et je les entends dire « de mon temps, ça, c’était du vrai Metal, on a tout inventé ».

Ok Böömer.

Le problème avec ce type de groupes, c’est qu’on peut vite tomber dans le parodique. L’hommage plus appuyé que la sortie de Schumacher sur Battiston. Et dans un monde où l’auditeur peut découvrir 10 sorties chaque semaine, les probabilités de perdre son temps avec un ersatz de Slayer époque Show No Mercy sont très limitées. On a pas que ça à foutre, bordel.

Heureusement, Bütcher arrive à rester sur le fil du rasoir. Alors, certes, l’originalité n’est pas au rendez-vous. Une pincée de Slayer, une touche de Bathory, un poil de Venom, on secoue le tout, on ajoute un pschiiit d’odeur de cuir et voilà, l’affaire est jouée, c’est le genre d’album que les Sud-Américains chient le matin. Par contre, en termes d’exécution, c’est très maîtrisé, ça rappelle un peu Evil Invaders dans le trip nostalgique (les deux groupes partagent d’ailleurs un guitariste) et c’est frais. Tout l’album dégage une impression d’énergie et de punch, avec juste ce qu’il faut de ralentissement sur le titre éponyme.

666, c’est le nombre de chèvres nécessaires pour atteindre les 88 miles à l’heure, comme la DeLorean. Mais c’est plus trve. Bütcher fait donc partie de ces « jeunes » groupes (on relativise quand même fortement, le groupe est né en 2002 et a mis 15 ans avant de sortir son premier album) qui reprennent le flambeau du vrai Metawl et, soyons honnêtes, ils ne sont pas les plus maladroits à ce petit jeu. Un album plus que correct qui ravira les nostalgiques de cette belle époque.

Mister Patate (8/10)

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Osmose Productions – 2020
Tracklist (36:36) 1. Inauguration of Steele 2. Iron Bitch (Unholy Wielder of the Blade) 3. 45 RPM Metal 4. Metallström/Face the Bütcher 5. Sentinels of Dethe 6. 666 Goats Carry My Chariot 7. Viking Funeral 8. Brazen Serpent 9. Exaltation of Sulphur

Ultha – Converging Sins

C’est donc en plein confinement, dans un monde où la connerie humaine et le coronavirus se chamaillaient le titre de « pire fléau de l’humanité 2020 », que j’ai enfin eu la chance de (re)découvrir Ultha, et plus particulièrement Converging Sins sorti en décembre 2016. D’Ultha, je ne connaissais que l’EP Belong, un deux titres sorti chez Vendetta Records. Et justement, le nom de ce label revenant régulièrement lorsqu’il est question de Black Metal de qualité (la claque Anagnorisis, pour ne citer qu’elle), Converging Sins est devenu la bande-son de mes sorties nocturnes, loin des gens, loin du bruit.

People cling closer, as the world falls apart

Et c’est peut-être justement cette combinaison de la musique et des promenades dans l’obscurité qui rend le tout si beau, si majestueux. Ultha ne cherche pas à faire bonne impression dès la première écoute. Le quintet prend le temps de poser l’ambiance, et ce, dès l’opener : 17 minutes qui passent en un éclair tant le morceau est bien construit. Montée en puissance, explosion, apaisement, lourdeur, sérénité… En un seul morceau, Ultha nous emmène dans un rollercoaster d’une noirceur peu commune. Si les différents mouvements qui composent ce morceau avaient été quelque peu allongés, le groupe aurait pu en faire un EP à part entière.

Et nous n’en sommes qu’à un quart de l’album entier.

Avec l’ajout d’un chant féminin (par Rachel Davis d’Esben And The Witch) sur « Mirrors in a Black Room », on passe encore à un niveau supérieur en termes d’ambiance. Ici aussi, la montée en puissance se fait tout en douceur, jusqu’à ce que la mélancolie laisse place à une déferlante… et ce final, avec la combinaison du chant féminin et du chant hurlé !

Tout au long des 63 minutes de cet album, Ultha parvient à rester pertinent. À aucun moment, je n’ai ressenti une lassitude ou une envie de passer en accéléré sur un passage ou un morceau. Chaque élément est à sa place, les compos ne souffrent d’aucun temps mort. Au contraire, les interludes plus calmes viennent alléger certains morceaux et sont autant de petites pauses avant un nouvel assaut.

Cerise sur le gâteau : le son, avec un enregistrement et un mixage effectués par Andy Roszcyk, un des membres du groupe. C’est clair, c’est net, le mix est bien équilibré… à tel point qu’au final, Ultha ne mérite pas cette simple étiquette « Black Metal ». Converging Sins rend presque anecdotique tous ces groupes pour qui le Black équivaut à blaster sans cesse en criant à la gloire de Satan avec un son pourri. Ultha transmet une chiée d’émotions humaines : la mélancolie, le regret, la colère. Converging Sins est cathartique. Et c’est peut-être pour cela qu’il est si efficace. Un des meilleurs albums de Black Metal de la décennie 2010-2019, tout en haut avec Peripeteia d’Anagnorisis.

Mister Patate (9,5/10)

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Vendetta Records – 2016
Tracklist (63:31) 1. The Night Took Her Right Before My Eyes 2. Mirrors in a Black Room 3. Athame | Bane Emanations 4. You Will Learn About Loss 5. Fear Lights the Path (Close to Our Hearts)