Il est parfois compliqué d’expliquer pourquoi un album nous touche tellement. Parfois, les mots sont vains, ils ne suffisent pas à dévoiler pleinement l’impact d’un morceau, d’une composition sur son auditeur. Cela fait deux ans que j’écoute Peripeteia, troisième album des Américains d’Anagnorisis, et j’ai supprimé au moins dix fois mes ébauches de chronique. Parce que ces quelques lignes n’étaient qu’un pâle reflet de ce que cet album évoquait pour moi. Et encore maintenant, alors que je m’apprête enfin à pondre cette chronique, j’ai le sentiment que tout ne sera pas dit. Ou que, de toute façon, vous ne comprendriez pas parce que vous n’êtes pas moi. Et tant pis/mieux pour vous.

Peripeteia est une ode au regret. À l’amertume. Tout au long de l’album, parsemé ici et là de samples d’enregistrements du chanteur et de son père lorsqu’il n’était encore un enfant, le chanteur règle ses comptes avec sa famille, déversant un torrent de rancœur. À l’instar d’un Death Karma, Anagnorisis s’écarte des thèmes habituels du genre, privilégiant ici la vie, la vraie vie, avec son lot de déceptions. Et le résultat est poignant. Sans sombrer dans la noirceur dépressive d’un groupe de DSBM, Anagnorisis véhicule une noirceur différente, comme usée jusqu’à la corde. Les morceaux sont variés et proposent tantôt des déferlantes de blast, tantôt des passages apaisés, mélodieux et mélancoliques. Rien n’est gratuit, chaque élément, chaque ajout vient magnifier le propos.

Cet album est un voyage. La plupart des albums s’écoutent avec plaisir. Celui-ci se vit. C’est du moins mon expérience personnelle. Entre puit de noirceur et ascension vers la lumière, Peripeteia est un coup de maître. 53 minutes et pas une seconde superflue.

Mister Patate (9,5/10)

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Vendetta Records / 2016
Tracklist (53:00) 1. Transparent – 2. Disgust & Remorse, Pt I 3. Disgust & Remorse, Pt II 4. 5306 Morningside 5. Night Skies over Nothingness 6. Peripeteia 7. Metamorphosis 8. Transparent +