Rien n’arrête Benighted. Depuis une vingtaine d’années, la formation menée par Julien Truchan ne cesse de monter en puissance malgré de nombreux changements de line-up. Depuis le monstrueux Insane cephalic production, jusqu’au délicieux Dogs always bite harder than their master, les Stéphanois sont d’une régularité impressionnante. A force de motivation et de tournées incessantes, cette constance les porte au pinacle du death-grind international.
Obscene repressed nous présente un quintet en grande forme. Benighted déroule une formule qui a fait ses preuves. Les musiciens sont aguerris aux méthodes de destruction massive : les riffs tranchent avec sévérité ; basse et batterie assurent une assise vigoureuse. Quant au chant agressif de Julien Truchan, il se nuance avec le temps mais continue d’effrayer la ménagère de moins de cinquante ans.
Ce neuvième opus est à l’image de son prédécesseur Necrobreed : immédiat et sans concession. La production « maousse costaud » donne une ampleur et un vrai relief à l’ensemble (« The starving beast »). Les trois premiers morceaux emportent la mise avec une formule à base de speederies musicales, de chœurs virils et de refrains mémorisables (« Brutus ») ! La suite ne fait pas débander le chaland. Le concassage continue avec les brutaux « Implore the negative » (son intro percutante, ses riffs « mélodiques », son feeling deathcore) et « Casual piece of meat » (intro indus, puis matraquage en règle). Et ainsi de suite.
Mieux encore, Benighted réussit à surprendre son monde. On décèle ici et là des influences jazzy (le break de « Muzzle »), quelques touches indus et tribales. De précieuses secondes salutaires qui permettent de souffler.
En douze titres, Benighted met à l’amende la plupart de ses concurrents et se classe d’emblée parmis les indispensables de cette année.
01. Obscene Repressed 02. Nails 03. Brutus 04. The Starving Beast 05. Smoke Through The Skull 06. Implore The Negative 07. Muzzle 08. Casual Piece Of Meat 09. Scarecrow 10. Mom, I Love You The Wrong Way 11. Undivided Dismemberment 12. Bound To Facial Plague
Depuis Roorback, Sepultura vit une vraie renaissance artistique. Le quatuor évite la redite et ne cesse de monter en puissance. Après le complexe The mediator between head and hands must be the heart, les Brésiliens ont encore un peu plus enfoncé le clou avec le définitif Machine Messiah. Pour enchaîner trois ans plus tard sur Quadra.
D’entrée, Sepultura frappe très fort. « Isolation », « Means to an end » et « Last time » présentent un groupe à son meilleur. Ces trois titres bien thrash sont des classiques immédiats ; d’une efficacité à faire pâlir les frangins Cavalera. Les percussions de « Capital Enslavement » nous rappellent que Sepultura est le plus tribal des groupes de thrash tandis qu’« Ali » possède une touche moderne rappelant le meilleur de Fear Factory. « Raging void » montre avec son refrain imparable que Sepultura sait se faire accessible. La suite passionne tout autant.
Le groupe tente l’audace et fait mouche. « Guardians of earth » impressionne avec son mélange de guitares acoustiques, de chant lyrique et de thrash vigoureux. « Pentagram » est un instrumental brillant prouvant que Andréas Kisser est un guitariste qui se bonifie au fil des années. L’album se termine par trois titres passionnants (« Autem », « Agony Of Defeat », « Fear; Pain; Suffering » ). Le groupe s’affranchit enfin de son lourd passé.
Quadra nous présente un Sepultura en grande forme. Que ce soit scéniquement ou sur disque, on sent que le quatuor ne lâchera rien. Vous l’aurez compris, ce quinzième album est ambitieux et d’une solidité à toute épreuve. Il marque aussi au fer rouge l’intégration d’Eloy Casagrande, monstre à la batterie et excellent compositeur. Un album qui claquera le beignet à tous les pisse-vinaigre ne jurant que par Chaos A.D et Arise. Une chose est sûre, Quadra est un album vers qui l’on risque de revenir régulièrement.
01. Isolation 02. Means To An End 03. Last Time 04. Capital Enslavement 05. Ali 06. Raging Void 07. Guardians Of Earth 08. The Pentagram 09. Autem 10. Quadra 11. Agony Of Defeat 12. Fear; Pain; Suffering
Nos compatriotes d’HEVIUS affichent une saine philosophie. Malgré les embûches et les difficultés, ils poursuivent leur chemin et se font avant tout plaisir. Après quelques années pour se trouver une identité musicale et construire un line-up solide, les franciliens enregistrent un premier album, Derrière la lumière, en 2005. Les bases sont posées, le groupe distille un métal mélodique direct et inspiré à même de plaire à un large public. La suite mettre de temps à voir le jour entre les concerts, les changements de musiciens et les contraintes du quotidien. Prenant le temps de bien faire et de bien s’entourer, HEVIUS reprend progressivement sa route et fini par mettre en boite un second opus au courant de l’année 2019. Voici le résultat de tout ce travail, Millénaire, onze nouvelles compositions complétées de deux reprises.
La première écoute laisse une bonne impression. Le travail accompli et le sérieux de l’entreprise forcent le respect. Nos amis s’inscrivent dans la longue tradition du métal mélodique, des grands anciens comme IRON MAIDEN ou HELLOWEEN au plus récents FREEDOM CALL ou encore GLORYHAMMER. Certains titres parviennent à titiller notre attention et invitent à approfondir sa découverte de Millénaire. En quatre à cinq minutes pour chaque composition, HEVIUS déploie son univers. Les guitares mènent les débats mais les claviers ne sont pas en reste et ajoutent une touche mélodique bienvenue. La section rythmique n’est pas en reste, le duo basse / batterie posent de solides fondations sur lesquelles peuvent s’égailler leurs camarades.
Difficile de résister à un « Aux armes » percutant et facilement mémorisable. De l’autre côté du spectre, HEVIUS n’hésite pas à non plus à se confronter à des chansons plus longues et complexes à l’image « d’Armée d’acier » ou « De l’autre côté du miroir ». Pas de fausse note ou de faute de goût majeure à déplorer, la marchandise attendue a été livrée. Bien sûr tout n’est pas parfait sur Millénaire, la production reste très correcte mais ne possède pas la force et l’impact des groupes plus argentés. Terminons enfin en saluant l’état d’esprit et la bonne humeur qui suinte de ce disque. Il suffit de parcourir le livret et de s’amuser de la reprise des Inconnus pour s’en convaincre.
Alors que la tendance métal mélodique semble moribonde entre groupes confirmées qui font du surplace et petits nouveaux qui peinent à percer, saluons la démarché des membres d’HEVIUS qui vivent, avant tout, leur passion à fond. Ils n’ont pas à rougir de ce Millénaire propre et bien réalisé tant sur la forme que sur le fond. Les amateurs feraient bien de s’intéresser à leur cas, ils ne pourront être qu’agréablement surpris.
Autoproduction – Season of Mist / Ellie Promotion / 2020 Tracklist (50:28 mn) 01. Millénaire 02. Une Autre Vie 03. Aux Armes 04. De l’autre côté du miroir 05. Émissaire 06. Liberté 07. Armée D’acier 08. Je te donne l’enfer 09. Alpha & Omega 10. Pouvoir de l’étrange 11. Le prix du sang 12. Hevius et Versa (reprise) 13. Nous sommes des rois ( ré-enregistrée)