Alors que Helloween s'acharne à poursuivre sa route avec un chanteur tenant plus du chat asthmatique que d'autres choses et que Gamma Ray se répète de disques en disques, Michael Kiske est devenu avant tout un session-man plutôt couru dans le monde du hard rock. Malgré les diatribes souvent infantiles (mais pas toujours infondées) qu'il lança jadis contre notre genre musical préféré, force est de constater que le chanteur allemand n'a pas réussi à sortir du style qui l'a fait connaître il y a vingt ans de cela au grand public. On le retrouve donc avec un plaisir certain chantant dans Avantasia, dans le projet de Timmo Tolki Revolution Renaissance, voire sur des disques plus obscurs. Par contre, il faut reconnaître que lorsqu'il chante sous son propre nom les choses sont bien moins convaincantes – son dernier disque de reprise de ses propres titres en version acoustique est là pour le rappeler. 

Mais ici, avec ce deuxième disque de Place Vendome, nous atteignons peut-être ce qu'a fait de mieux Michael Kiske depuis quelques temps déjà. Non que son implication pour le deuxième volet du projet soit totale puisque Kiske n'écrit ni musique ni parole et qu'il se contente de poser sa voix sur des compositions de musiciens d'AOR signés en général chez Frontiers : Magnus Karlsson, Robert Sall de Work of Art etc. Quant à l'instrumentation, elle est assurée principalement par Gunther Werno (Vanden Plas) pour les claviers, et par les membres de Pink Cream 69 pour le reste. Denis Ward s'est même dédoublé pour assurer, outre la basse, une production globalement impeccable, pleine de finesse mais aussi du zeste de mordant pour ne pas verser dans le sirupeux.

Ainsi, encore une fois, ce qui pourrait ressembler à un patchwork indigeste est assez bluffant car la qualité est réellement au rendez-vous. Outre celle du son et de l'instrumentation, on remarquera évidemment que la voix de Michael Kiske reste toujours aussi somptueuse, aussi adaptée aux montées lyriques (« My Guardian Angel » et son refrain entêtant) qu'aux intonations plus chaleureuses (la vraie-fausse ballade « I'die For You » qui finit de manière symphonique à la manière d'un Robby Valentine). Michael Kiske a répété un peu partout dans ses interviews que même s'il n'était pas l'auteur des chansons, il s'était réellement impliqué dans ce disque ; on pourra le constater à l'écoute des refrains du West Coast « Valery » (très Toto dans l'esprit) ou du plus vigoureux (« A Scene In Reply ») car à chaque fois les mélodies vocales font mouche. Et l'entendre atteindre avec une facilité déconcertante les mêmes aigus qu'il y a vingt ans auparavant en impressionnera plus d'un.
Il est toutefois un peu triste de remarquer que quelques titres (deux ou trois) emportent moins la conviction et auraient pu être évincés sans états d'âme. Mais les contraintes de remplissage des CDs sont ce qu'ils sont. Ce bémol empêche de faire de ce Streets of Fire, un incontournable du rock mélodique. Mais ce disque nous rassure encore sur les capacités de Michael Kiske à proposer une qualité mélodique et de chant qu'on n'attendait plus.

Baptiste (8/10)

 

Frontiers / 2009

Tracklist (53:18) : 01. Streets Of Fire 02. My Guardian Angel 03. Completly Breathless 04. Follow Me 05. Set Me Free 06. Believer 07. Valery (The Truth In Your Eyes) 08. A Scene In Reply 09. Changes 10. Surrender Your Soul 11. Dancer 12. I'die For You