Les deux représentants de Metalchroniques pour cet entretien détestent improviser une interview : apprendre à 21h qu’il vont en faire une le lendemain à 14 n’est pas vraiment un rêve devenu réalité. Particulièrement quand le dernier album du groupe concerné est sorti la veille, qu’ils l’ont acheté dans l’après-midi… et qu’ils doivent l’écouter et regarder ce cher dvd bonus en une nuit, dans l’espoir d’y trouver de l’inspiration pour des questions. Mais ça fait aussi du charme d’un webzine, et dans le fond si vraiment nous n’aimions pas cette improvisation généralisée nous arrêterions. Tout comme attendre que le musicien que nous devons interviewer se réveille peut avoir son charme… c’est que le manager a visiblement peur de la réaction de Kai Hansen s’il ne se réveille pas tout seul ! Finalement, pour cet entretien, nous avons décidé de ne pas trop nous focaliser sur To the Metal, le fameux album sorti deux jours avant l'interview, puisque nous n’avons pas pu l’écouter suffisamment pour trouver des questions intéressantes (ou supposées l’être). A la place, voici une conversation de 30 minutes avec Kai Hansen, principalement axée sur la manière avec laquelle le groupe travaille et sur ce que Kai pense du business musical d’aujourd’hui… et de demain.

Metalchroniques : Après Land of the Free Part II, quelle a été votre approche pour ce nouvel album ?
Kai Hansen : Pas de direction ou de ligne particulières, si ce n’est peut-être deux choses : nous voulions que les chansons redeviennent plus courtes, et qu’elles ne soient pas trop confuses. Des titres plus simples en fait, réduits au strict nécessaire. C’est tout ce que nous avions en tête, à partir de là chacun était libre de faire tout ce qui lui passait par la tête.

M. : Cet album a été enregistré dans votre nouveau studio d’enregistrement : comment vous y sentez-vous jusqu’à présent ?
K. : En fait c’est presque chez nous [ndlr : à Hambourg] : bien entendu c’est très pratique de ne pas avoir à aller ailleurs et économiquement c’est plus intéressant pour nous d’avoir notre propre studio. Nous aimons vraiment cet endroit, cela n’a rien à voir avec notre ancien studio. Nous sommes directement au bord de l’eau, le long d’une petite rivière, un affluent de l’Elbe. Nous avons une grande baie vitrée qui donne directement sur l’eau ainsi que les régies : il est agréable d’y passer du temps.
 

M. : Il y a quelques années, à l’occasion de la sortie du premier Avantasia, Tobias Sammet avait évoqué la manière avec laquelle Henjo travaille en studio… qui pourrait se résumer par « très chaotique » : s’agissait-il d’une période particulière ou…
K. : Non (rires). En réalité, il s’est amélioré depuis ! Normalement, c’est le genre de personne qui fournit toujours son travail à la dernière minute. Pendant un certain temps vous n’avez plus de nouvelles, même par téléphone, et vous ne savez pas ce qu’il peut bien faire. Mais au dernier moment il réapparait et vous envoie des fichiers. Ceci-dit parfois nous devons travailler dans l’urgence : nous lui demandons de nous envoyer son travail un peu plus tôt, de manière à ce que, si certaines choses doivent être modifiées, nous puissions avoir le temps de le faire.

M. : J’ai lu quelques chroniques de To the Metal et la plupart du temps, le chroniqueur adore ou déteste, pas de juste milieu. Comment expliquez-vous que cet album puisse créer des réactions si extrêmes ? 
Eh bien c’est génial, car comme disait Gene Simmons « adoré ou détesté mais jamais ignoré ». Ca s’applique à cet album, ça nous va. J’ai lu certaines chroniques qui étaient plus équilibrées, les gens n’aimaient pas certains titres mais affirmaient qu’il s’agit d’un bon album dans l’ensemble mais pas meilleur que… Et c’est ça qui est amusant avec Gamma Ray, ça n’est pas comme si les gens arrivaient à se mettre d’accord pour désigner -l’album-. Bien sûr Land of the Free (part 1) est peut-être préféré par une majorité. Mais en dehors de cet album, les avis sont très différents : cela peut-être Somewhere Out in Space, même Sigh No More etc…
Nous en sommes donc venus à la conclusion que nous ne devions pas donner trop d’importance à tout cela, c’est juste une histoire de goûts… Un nouvel album pour un groupe qui en a déjà sorti tellement est quelque chose de très épineux, très effrayant. Il ne faut pas faire trop attention à ce que disent les gens, ce sont plutôt vos valeurs et vos tripes qui vous disent si l’album est bon.
Ce que je peux dire c’est que nous sommes très heureux de cet album, nous l’aimons vraiment beaucoup. La production a été longue, le mixage et le mastering n’ont pas été sans douleurs, avec par exemple un premier mastering complètement raté, etc… A la fin de tout ce processus, quand nous avons fourni le produit fini, je me disais vraiment : « je ne peux plus l’entendre, je ne veux plus l’entendre ». Et puis, un ou deux jours plus tard, je l’ai écouté dans ma voiture et je l’ai laissé tourner. Ca, parce que c’est inhabituel, c’est quelque chose qui me fait dire que je le sens bien et que je l’aime sincèrement. Je pense aussi que nous avons eu de bons retours jusqu’à maintenant.

M. : Comment travaillez-vous avec Hervé Monjeaud qui a realisé toutes vos pochettes depuis des années? Lui fournissez-vous une idée précise, juste un titre… ?
K. : Ca peut-être les deux. Je le contacte toujours en premier, bien sûr je lui donne le titre de l’album, je lui donne aussi un résumé des idées du groupe sur le visuel, à quoi cela pourrait ressembler et toutes ces choses. Parfois, je lui envoie même quelques chansons en démo pour qu’il ait une première impression sur la musique : je pense que ça aide toujours à faire émerger des idées, des visions d’une certaine manière.

M. : Et cette fois vous lui avez demandé trois dessins ?
K. : Non, c’est s’est simplement avéré comme ça au final, nous ne lui en avons demandé qu’un au départ. Il a fait quelques ébauches, quelques essais et il nous les a envoyés. Au départ nous avions simplement cette idée avec les motards qui aurait dû devenir la pochette principale. Sa première réalisation a été la pochette finale de l’album, un simple croquis à ce moment-là [ndlr : à voir sur le site d’Hervé : http://www.hervemonjeaud.com/artwork/News/index.html]. Ca avait l’air génial mais nous l’avons mis de côté pour creuser l’idée des motards qui correspondait mieux aux idées que nous lui avions soumises pour symboliser To the Metal : « cheers to the metal » [« gloire au métal »] « pedal to the metal » [ndlr : expression de biker signifiant « rouler à fond / pied au plancher »] et une direction « to the metal » [« vers le métal »]. Tous ces éléments se retrouvent dans cette pochette.
Mais alors que tout était terminé, nous nous sommes dits : « c’est un très bon dessin mais, d’un autre côté, cet autre dessin est beaucoup plus puissant ». Nous lui avons donc demandé de terminer sa première proposition. Il l’a fait, si bien que nous nous retrouvions avec deux dessins. Enfin, il y avait ce Fangface en train de boire parmi les premières ébauches d’Hervé : nous l’aimions tellement que nous lui avons demandé de le terminer lui aussi afin de pouvoir l’utiliser au moins sur des T-Shirts. Au final, tous les dessins étaient si bons que nous avons décidé avec notre label de les utiliser tous les trois pour les différentes versions de l’album, pourquoi pas après tout ?

M. : Mais Henjo est aussi graphiste, pourquoi ne réalise-t-il pas vos pochettes plus souvent ?
K. : En réalité, dans le passé et comme vous le savez peut-être, il a beaucoup travaillé sur le graphisme de nos albums. Mais il n’est pas du genre à dessiner des pochettes, il est plutôt celui qui va rassembler toutes les pièces. D’habitude il s’investissait beaucoup dans ce domaine, mais la dernière fois, sur Land of the Free Part 2, il n’ pas été en mesure de le faire à cause d’une infection aux yeux qui lui interdisait de travailler sur un ordinateur. Cette fois-ci, nous avons convenu qu’il n’y travaillerait pas car il fallait déjà qu’il s’occupe de ce qu’il avait à faire à la guitare. Sinon il s’en serait chargé aussi…. et cela se serait avéré impossible : l’album ne serait pas encore disponible, nous serions en plein chaos (rires).

M. : Concentrons-nous maintenant sur la tournée en cours : aujourd’hui aura lieu le quatrième concert, comment cela se déroule-t-il jusqu’à présent ? Pourriez-vous également nous en dire plus sur la première date de la tournée : il devait y avoir beaucoup d’excitation pour ce premier concert, chez vous, à Hambourg ?
K. : Eh bien nous n’étions pas très fiers à l’approche de ce premier concert… Je n’aime vraiment pas commencer une tournée chez nous, dans notre ville. Si cette date est calée à la fin d’une tournée, tout est bien en place, il n’y a pas d’erreurs, les automatismes sont là et nous nous comprenons instantanément.
Nous savions que ce show à Hambourg allait rassembler beaucoup de monde : des amis, des fans etc.. C’est pour ça que je n’étais pas vraiment rassuré, avec la première utilisation du décor et de tout le matériel. Mais cela s’est bien, très bien déroulé. Nous avons pris beaucoup de plaisir, notamment grâce à toutes les personnes qui nous entourent, l’équipe pour la tournée : tout le monde a fait du bon travail. Bien sûr nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour répéter, deux semaines à vrai dire. Nous avons beaucoup de nouvelles chansons et… quand la production vient juste d’être terminée, le groupe n’est pas forcément capable de reproduire les différents titres de manière immédiate. Chacun à joué ses parties pendant l’enregistrement, bien sûr nous avons répété autour de ces chansons avant de commencer à enregistrer mais après… Par exemple je joue un solo pour l'enregistrement mais après je l’oublie. Je le mets de côté et je m’attaque au suivant. Alors il faut tout réapprendre, et pour que les choses soient bien claires, bien posées il faut du temps. Mais comme je l’ai dit ces concerts se sont très bien passés, nous avons fait le plein à Hambourg et c’était la même chose en Belgique où la salle était presque sold-out. Même chose hier, donc nous ne pouvons pas nous plaindre. L’ambiance de tous ces concerts était géniale.

M. : A-t-il été difficile de construire la setlist ?
K. : Ah, c’est un des plus grands paris que l’on puisse imaginer, en particulier pour un groupe qui a tant d’albums derrière lui. Règle numéro un : vous ne pouvez contenter personne, pas « pas tout le monde » mais vraiment personne. Parce que, quoi que vous jouiez, tout le monde dira qu'il lui manquait quelque chose. C'est pour ça qu'il faut prendre des décisions, et cette fois-ci nous avons pris une décision inhabituelle pour nous : nous jouons beaucoup de titres du nouvel album. Nous en avons répété six et il y en a cinq sur la set-list. C’est beaucoup, en particulier pour un album qui vient de sortir : nous ne nous attendons pas à ce que les fans connaissent ces chansons sur le bout des doigts bien sûr. Mais c’est notre choix. Et jusqu’à présent ça passe bien, j’espère que ça continuera comme ça.
En plus de cela, il faut choisir entre les grands classiques, les chansons que nous jouons toujours et que les gens attendent, d’une façon ou d’une autre. Mais d’un autre côté, certains peuvent dire « ah non, pas encore celle-là, ils la font à chaque fois, blah blah blah ». C’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit, nous avons tranché et nous nous sentons bien avec le concert tel qu’il est.

M. : Y-a-t-il des chansons dont vous vous êtes lassé à force de les jouer ?
K. : Oui, et… elles sont exclues du show. J’en ai vraiment marre de jouer « Land of the Free » parfois… mais cela dépend de mon humeur du moment aussi. Par exemple cette fois-ci nous avons ajouté « Man on a Mission » : ma première réaction à été « oooh non… ». Mais vu la façon avec laquelle elle est incluse dans le set, je la trouve bien et je l’apprécie vraiment.

M. : Au contraire, y-a-t-il une chanson dont vous ne pourriez sans doute jamais vous lasser, même après l’avoir jouée des millions de fois ?
K. : Je n’en suis pas sûr… Certains titres parviennent toujours à créer une nouvelle magie, d’une certaine manière. « Rebellion in Dreamland » en fait partie, mais ils y en surement d’autres.
Hier nous avons fait quelque chose de très spontané : Il y a quelques temps, pendant que nous étions en train de tourner une vidéo, nous avons joué « Heading for Tomorrow », juste pour le plaisir, pour la première fois depuis… un siècle. Et hier, une personne du public l’a réclamée, nous étions dans les rappels je crois… oui nous revenions sur scène sur scène et nous étions censés jouer « New World Order ». Quelqu’un a crié quelque chose, il y a eu un instant de confusion et une personne a réclamé « Heading for Tomorrow » alors que j’allais annoncer le prochain morceau. Evidemment tout le monde a crié « Yeaahh !!! ». Nous nous sommes regardés les uns et les autres, nous demandant si nous allions la faire, et finalement nous l’avons faite. Du moins nous en avons joué la moitié, ensuite nous nous sommes arrêtés et nous avons enchainé sur « New World Order ». C’était marrant.

M. : Quand vous avez été confrontés aux problèmes financiers de votre label SPV, avez-vous envisagé de vendre votre album et votre musique directement à travers votre site web ? Certains groupes ont désormais franchi ce pas…
K. : Oui, nous nous sommes penchés sur la question bien sûr. En tant que groupe en ce moment, si l’on considère ce qui se passe avec les maisons de disques et les changements induits par Internet, c’est une réflexion que l’on se doit d’avoir. Cependant, les quelques personnes avec qui j’en ai parlé jusqu’à présent m’ont affirmé que pour un groupe de notre calibre, en tenant compte du prix pour réaliser un nouvel album et tous ces coûts normalement pris en charge par une maison de disque… si nous prenons tout ça en main et même si nous en tirons des revenus plus importants avec les ventes etc., le bénéfice réellement réalisé à la fin n’est pas beaucoup plus important. C’est au mieux la même chose, voir moins. Parce que nous n’avons pas les structures nécessaires, dont dispose une maison de disque : il faudrait les construire nous-mêmes ou trouver des gens capables de le faire professionnellement… et les payer ! C’est pourquoi nous avons décidé de nous en tenir au schéma traditionnel, tant qu’il fonctionne.

M. : Après toutes ces années, quelle est la source de votre créativité ? Quel est votre quotidien, d’où vient la magie ?
K. : Je ne sais pas, de quelque part dans les cieux… Il faut toujours croire en soi, croire que l’inspiration va venir… à nouveau. Parfois après une tournée, nous sommes épuisés, vidés, si bien qu’il faut s’éloigner de la musique pour un temps. Il m’arrive même probablement d’avoir des périodes de faible créativité, sans idées, sans inspiration. Puis, après un certains temps, je conduis ma voiture ou quoi que ce soit et des idées émergent, des mélodies jaillissent dans ma tête. Ou bien je joue de la guitare et je me dis « ah, je tiens quelque chose ». Et à partir d’un certain point je me lance et je commence à enregistrer ou à travailler mes idées pour une démo. A ce moment-là je me plonge dedans, c’est juste un processus naturel et ça a été comme ça depuis des années.

M. : Sur le DVD bonus de To the Metal, vous dites que vous écrivez les paroles pendant que vous chantez… Pourriez-vous nous en dire plus ?
K. : Oui, c’est vrai. Je ne construis pas un concept ou une histoire avant. Parfois je peux avoir des « espoirs de vers », si je peux les appeler ainsi. C’est très lié à la phonétique en fait, parce que je pense que les paroles doivent s’accorder avec la musique. Si bien qu’en entendant un accord précis ou selon la façon de le jouer, je sais immédiatement comment les mots devraient sonner. Si cela doit être un [i], un [o] ou un autre. Avec ces bases, je me lance et je commence à chanter sur une démo pre-enregistrée. Et quel que soit le résultat ça a toujours du sens à 80 %, d’une manière ou d’une autre, alors qu’avant de commencer je n’avais absolument aucune idée de ce dont j’allais parler. Bien que le plus souvent ça tourne autour de la liberté. Je crois que je me répète, mais peu importe, c’est simplement parce que c’est ce que j’ai en tête : en théorie ça peut être n’importe quoi.

M. : Avez-vous vu le film/documentaire consacré au groupe Anvil ?
K. : Je l’ai sur mon ordinateur mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir.

M. : Ok, alors seriez-vous d’accord si je disais que le succès vient du travail mais aussi de la chance ? Avez-vous dans votre carrière été confronté à ces carrefours où un chemin peut mener au succès et l’autre à l’échec ? Par exemple quand vous avez décidé de quitter Helloween ?
K. : Je n’ai pas eu de doutes quand j’ai quitté Helloween, parce que je savais que je ne pourrais plus jamais avoir ce genre de succès en partant. C’était très clair pour moi. Même quand j’ai fait Heading for Tomorrow, certaines personnes autour de moi, les maisons de disque par exemple, parlaient d’un album double-platine, ce genre de choses. J’ai dû les ramener sur terre et leur dire : « vous ne pouvez pas espérer cela, Helloween était un gros groupe et je ne suis qu’un des membres. Et il s’agit d’un nouveau projet, comment serait-il possible de surpasser ou même d’égaler Helloween ? Aucune chance ! » J’étais très réaliste à ce sujet.
C’est comme être au bon endroit et persévérer dans ce que l’on fait : si tu fais un bon album et que tu ralentis, cela ne peut plus marcher ensuite. Avec Gamma Ray, je pense que nous avons bien fait les choses. Très bien même. Je suis très heureux de notre situation : après 20 ans de carrière nous sommes toujours là, nous avons toujours du succès, avec de nombreux fans et nous jouons la musique que nous aimons.

M. : Quand vous avez commencé à jouer au début des années 80, avec un groupe appelé Iron Fist (rires face à la mine contrite de Kai, qui ne semble pas très fier à la mention du nom de ce groupe), pouviez-vous vous imaginer en train d’enregistrer des disques et de faire des tournées encore 30 ans plus tard ?
K. : Je ne me suis jamais projeté aussi loin. Et c’est toujours le cas aujourd’hui : je ne pense pas à ce que je ferai dans 2,3,4 ou 5 ans, je ne pense qu’à l’étape suivante. Rien de plus, je ne regarde pas plus loin. Je ne regarde pas non plus en arrière, je ne vis pas à travers mon passé en me disant : « ah, c’était de bons moments, ça aussi c’était aussi de bons moments ». Je sais que j’ai vécu des moments fabuleux et je prends plaisir à me les remémorer mais je ne vis pas à travers eux en me disant qu’il n’y a rien de mieux. Je suis dans le présent et je regarde vers l’étape suivante, rien d’autre.

M. : En dehors d’un problème de santé, quelque chose pourrait-il vous faire arrêter de jouer de la musique, d’enregistrer et de tourner  ?
K. : Je ne sais pas, peut-être la frustration causée par tous ces problèmes liés à Internet. Je veux dire… cela a été très frustrant pour nous : nous avons travaillé pendant un an sur cet album, nous avons fait de notre mieux pour le protéger, le garder derrière des portes fermées et il n’y a pas eu de fuites. Et peut-être 2 semaines avant sa sortie, la maison de disque à chargé l’album sur un serveur pour le mettre à la disposition de certaines personnes du business et des journalistes. Mêmes watermarkés, ils l’ont mis en ligne, un c**nard l’a diffusé et bam ! une ou deux semaines avant la sortie deux brésiliens l’ont mis sur le net. J’aurais pu détruire le monde entier en voyant cela. Vraiment, j’étais très, très énervé. Je ne parle pas en termes de ventes ou du fait que les gens ont pu l’avoir gratuitement et qu’ils n’achètent plus rien désormais. Il s’agit simplement de la déception de voir qu’un c**nard estime avoir les droits sur notre musique et qu’il s’autorise à l’offrir à tout le monde gratuitement. Vous n’iriez pas chez votre voisin pour lui prendre sa voiture et l’offrir à quelqu’un d’autre. Parce que c’est comme la p**ain de voiture de votre voisin. Ca ne se fait pas ! Cette déception, tout l’effet de surprise… Les gens sont curieux, ils se demandent comment l’album va sonner etc. : tout cela disparaît avec Internet. Certains commencent même à demander la setlist avant le début d’une tournée. Où est la surprise ? Je comprends que cela puisse intéresser des gens et que l'on regarde ce qui est disponible sur le net, mais d’un autre côté je trouve vraiment tout cela pourri. Parce que toute la tension, l’excitation que je connais quand on va à un concert, nous demandant « mon Dieu, quel sera le premier titre joué, quelle sera la set-list… » et que l’on en discute. Tout cela a disparu ! « Oh oui, ils jouent “Gardens of the Sinner”, ha ha ha » Ouah, quelle excitation ! Je n’ai même plus besoin d’aller à un concert dans ce cas, puisque je sais tout à l’avance : je peux le regarder depuis chez moi.
Alors oui, si la situation empire encore et continue à nous échapper, je pense que je n’y prêterai même plus attention, un peu comme si je me disais… « pourquoi ? »

M. : Avez-vous des projets pour un Somewhere Out in Space Part II ?
K. : Pas de projet de ce type à vrai dire. Mais nous avons une idée comme un Skeletons in the Closet Tour Part II, je pense que cela pourrait être intéressant puisque, même pour construire la set-list, nous avons dû écarter énormément de chansons que nous aimons et que nous voudrions ré-enregitsrer ou refaire à notre sauce, tels que nous sommes aujourd’hui. Alors peut-être que nous modifierions tous les arrangements ou que nous les modifierions pour que nous les aimions aujourd’hui.
M. : Soit une démarche proche de celle de Blast from the Past ?
K. : Oui tout à fait, c’est un peu ça. Mais nous l’envisageons plus comme un projet live. Vous savez, jouer ces titres live, les enregistrer live et ensuite les publier. Cela pourrait être quelque chose d’intéressant.
En ce qui concerne Somewhere Out in Space Part II… cela pourrait être intéressant car ce thème est très inspirant, avec des histoires dans l’espace… j’aime la science-fiction de toute manière. Oui, cela pourrait être bien mais ça n’est pas prévu.
M. : Et y-a-t-il une chanson que vous voudriez jouer en concert, mais vous n’en avez pas encore eu l’occasion ou pas si souvent ?
K. : Oui, « The Cave Principle », d’Insanity and Genius. J’aime beaucoup cette chanson mais jusqu’à maintenant elle n’a jamais fait partie des favorites de qui que ce soit. Mais je pense que c’est une des chansons que j’aimerais beaucoup refaire.

M. : Comme d’habitude, le questionnaire Métal Chroniques pour conclure cette interview :
Quelle est votre chanson favorite ?
Mon Dieu ! il y en a tellement… Mais si je dois vraiment n’en mentionner qu’une… ok, allons-y : « Breaking the Law ».

M. : Premier album acheté ?
K. : Kiss – Alive

M. : Dernier album acheté ?
K. : Tenacious D – Pick of Destiny

M. : Votre juron favori ?
K. : [ndlr : cela plonge Kai dans une intense réflexion, pas facile à dire comme cela du but en blanc… avec une fille en face de lui, un gentleman]
Eh bien… Fuck !

M. : Quel son ou bruit aimez-vous le plus ?
K. : Une guitare metal saturée.

M. : Quel son ou bruit détestez-vous ?
K. : Un batteur en train de répéter.
[ndlr : cette interview s’est en partie déroulée pendant la balance de Dan Zimmermann.]

M. : Quelle profession voudriez-vous exercer, si vous n’étiez pas musicien ?
K. : Cela devrait être quelquechose de créatif. J’ai toujours voulu être un inventeur.

M. : Si le paradis existe, qu’aimeriez-vous entendre Dieu dire à votre arrivée ?
K. : « Bienvenue, mon ami ! »

– Interviewé par Oshyrya et Polochon, le 10 février 2010. –
[Compte-rendu du concert au Trabendo, le 10 février 2010.
Chronique de To the Metal.]