Archive for mai, 2011

Aenaon – Cendres et sang

oshy_17052011_AenaoFormés en 2005 par des musiciens issus de groupes plus ou moins connus au sein de la scène extrême grecque (Varathron, Tortured, Nethescerial, Dunkel etc.), Aenaon nous propose avec Cendres Et Sang son premier full length, versant dans un Black Metal résolument moderne et pour ainsi dire avant- gardiste. C’est en effet grâce à l’ajout d’éléments provenant d’autres horizons qu’Aenaon tire son épingle du jeu en se démarquant : la base est clairement d’un Black Metal solide et puissant, presque brutal par moments (« Grand Narcotic Harvest »), sur lequel vient se greffer une multitude d’éléments n’ayant rien à voir avec le style de départ. Saxophone (« Suncord »), piano (« In Heaven »), rythmiques et progressions jazzy (« Black nerve »), mais aussi voix féminines viennent donc ouvrir le style d’Aenaon en donnant à son Black Metal une saveur toute particulière, versatile et assez imprévisible.

Bien entendu, le registre reste clairement extrême, avec des riffs lourds et tranchants, une section rythmique écrasante et des vocaux haineux et puissants. Aucun souci quant au résultat final car l’ensemble tout en étant dense reste cohérent de bout en bout. Les longues compos (plus de cinq minutes en moyenne) sont servies par une très bonne production qui permet de saisir toutes les nuances, et il y en a beaucoup. Les grecs arrivent à insuffler un léger vent de folie à leur musique, un aspect barré et complexe assez prenant.

On ressent clairement que le groupe est formé par des musiciens ayant déjà fait leurs armes auparavant, car la maitrise du sujet est évidente et la maturité indéniable. Le potentiel est de plus très intéressant, surtout quand il est mis au service d’un concept aussi fort que celui de la folie, dont le groupe arrive à dépeindre les différentes facettes avec intelligence, notamment en alternant parfois chant hurlé Black et chant clair.

On pense parfois à la rencontre, sous fond de brutalité psychotique, de groupes comme Code, DHG et Virus…d’excellentes références donc, et si cela ne vous met pas l’eau à la bouche, je ne peux rien pour vous ! Il s’agit là d’un excellent album, qui dévoile au fil des écoutes sa richesse et ses subtilités. Je gage qu’en mettant un peu plus de finesse dans son jeu et en donnant un peu plus d’espace aux éléments qui viennent se greffer sur le Black Metal de départ, Aenaon devrait pouvoir élargir encore son champ d’action. J’attends donc la suite avec curiosité, car ce premier album est plein d’une originalité pleine de promesses.

Sheol (07,5/10)

Site Officiel:  www.aenaon-band.com 

MySpace Officiel:  www.myspace.com/aenaonband

FaceBook Officiel:  /www.facebook.com/aenaonband

Code666 – Aural Music / 2011

Tracklist (52 mn)
1. Kafkaesque 2. Suncord 3. Psychonautic Odyssey 4. Grand Narcotic Harvest 5. Once Finite 6. Carnivora's Lair 7. Necroscope 8. Kraanerg 9. Black Nerve 10. In Heaven

 

 

Whitesnake – Forevermore

La métaphore est facile : si Whitesnake est un groupe qui mut régulièrement et connaît de nombreuses incarnations, la musique proposée est bien rarement décevante (qui pourrait citer un disque du Serpent Blanc franchement mauvais ?). Le dernier album en date du groupe de David Coverdale, Good To Be Bad, écrit après une longue hibernation, était déjà d'une qualité inespérée et l'on avait pu constater que la collaboration entre Coverdale et le nouveau-venu Aldritch fonctionnait bien. Je dirai à l'écoute de ce second opus co-écrit avec le guitariste blond, que la combinaison semble mieux fonctionner que jamais. 

En effet, Forevermore est franchement supérieur à son prédécesseur qui manquait quand même de morceaux très marquants. Cette fois ce n'est pas le cas, sans doute car l'orientation plus bluesy et groovy du nouveau disque de Whitesnake sied maintenant mieux à la personnalité plus apaisée de David Coverdale. Si la production reste toujours impressionnante et le groupe très en place (légèrement modifié puisque Brian Tichy a pris les fûts à la place de Chris Frazier), le supplément d'âme fait de ce Forevermore un petit « must » en lui-même. « All Out Of Luck » rappellera avec bonheur l'époque de Saint & Sinners (le titre est si bon qu'on l'aurait préféré au single, bon mais sans plus, qu'est « Love Will Set You Free ») alors que « I Need You (Shine A Light) » évoque, lui, les meilleurs moments de la période la plus américaine du groupe.

Malgré quelques titres puissants à la lisière du heavy pur et dur (« Tell Me How » ou « Dogs In The Street »), ce sont sans doute les moments les plus lents qui correspondent aux sommets du disque : après une belle ballade classique comme « Easier Said Than Done » qui met très bien en avant la sensibilité romantique de Coverdale, on goûtera le presque folk « One Of These Days », le poignant « Fare Thee Well » et surtout le titre éponyme en deux parties, qui articule les moments acoustiques avec un final très musclé. Sur ce morceau Coverdale est exemplaire, bien qu'à vrai dire ce soit sur l'entièreté du disque qu'il nous rassure sur ses capacités vocales. 

Alors que le groupe avait dû interrompre la tournée de Good To Be Bad du fait des graves problèmes de chant de son leader, ici, à plus de soixante ans, et même s'il cherche moins les intonations très graves qu'à une époque et bien qu'il ait un peu perdu en puissance dans certains aigus, Coverdale reste un chanteur de très grande classe et toujours aussi unique. Sa présence n'étouffe pas un Doug Aldritch très présent sur le disque et qui vole la vedette à un Reb Beach à l'importance très secondaire. Nous attendons maintenant avec impatience d'entendre les prestations live du groupe, pour constater si leur qualité va se tenir à la hauteur de cet excellent nouveau cru.

Baptiste (8,5/10)

Site officiel du groupe

 

Frontiers / 2011

Tracklist (63:30) : 01. Steal Your Heart Away 02. All Out Of Luck 03. Love Will Set You Free 04. Easier Said Than Done 05. Tell Me How 06. I Need You (Shine A Light) 07. One Of These Days 08. Love And Treat Me Right 09. Dogs In The Street 10. Fare Thee Well 11. Whipping Boy Blues 12. My Evil Ways 13. Forevermore

 

Chroniques de Whitesnake sur le site :

Whitesnake – Live In The Still Of The Night  Whitesnake – Live In The Shadow Of The Blues 
Whitesnake – Good To Be Bad Whitesnake – Live At Donington 1990
Whitesnake – Forevermore Whitesnake – Made In Japan
Whitesnake – Made In Britain

C'était définitivement une autre époque. Whitesnake était alors un monstre du hard rock et non un groupe pour nostalgiques (ou connaisseurs si l'on préfère) vieillissants. À la suite des dix millions de disques vendus de 1987, David Coverdale avait goûté à un succès amplement mérité. Slip Of The Tongue, sorti en 1989, devait totalement enfoncer le clou en choisissant Adrian Vanderberg pour remplacer John Sykes aux guitares et à l'écriture des morceaux aux côtés de Coverdale. Vanderberg souffrant du poignet, ce fut finalement l'étoile montante de la guitare, Steve Vai, qui fut appelé à se charger de toutes les guitares.

Whitesnake made in USA

Accompagné de Tommy Aldridge à la batterie et de Rudy Sarzo, le groupe avait tout du combo de grandes stars et s'affichait très loin des premiers pas hard-bluesy de Whitesnake. L'inflexion « américaine » et commerciale était encore plus marquée que sur 1987 et l'on peut d'ailleurs s'étonner que les ventes fussent, cette fois, très inférieures à celles du disque précédent (1 million de disques vendus). La faute sans doute à la disparition de toute trace blues et boogie au profit d'une musique puissante, racée mais un peu trop lisse. Une tête d'affiche au fameux festival des Monsters of Rock devait couronner un tel édifice rutilant. 

C'est ce live, dont de nombreux bootlegs existaient depuis longtemps, que Frontiers publie aujourd'hui. Il s'agit donc d'un live retraçant un moment clé de la carrière du groupe, à savoir la période « américaine ». Pour quelque chose de plus représentatif de l'ensemble de la carrière de Whitesnake, il faut mieux s'orienter vers le Live… in the Shadow of The Blues ou le DVD, Live In The Still Of The Night, tous deux hautement recommandables. Ici on retrouvera principalement des titres de Slide It In1987 et Slip Of The Tongue et deux titres du disque solo de Steve Vai, Passion and Warfare, qu'il avait réussi à imposer à Coverdale en échange de ses services de mercenaire de la six-cordes.

Une mécanique bien huilée, trop bien huilée

Vingt ans plus tard, on constatera que ces morceaux n'avaient bien rien à faire dans un concert de Whitesnake et que l'on aurait préféré entendre franchement autre chose que « For The Love Of God » et l'insupportable « The Audience Is Listening » à l'humour complètement dépassé. Par ailleurs, je continue à penser que Vai et Vanderberg faisaient une mauvaise paire de guitaristes pour Whitesnake et il n'est pas surprenant que le tout n'ait pas tenu bien longtemps. Ainsi, si le groupe joue globalement bien il manque clairement de quelque chose qui pourrait transcender l'ensemble. Cette impression de « trop propre pour être honnête » avait déjà été perçue par les spectateurs de l'époque. Tout comme le caractère totalement artificiel du combo.

Il reste toutefois le plaisir d'entendre la voix de David Coverdale même s'il ne s'agit sans doute pas de sa meilleure prestation à ce jour. Et aussi celui d'entendre des compositions un peu oubliées car issues de Slip Of The Tongue comme le morceau-titre ou « Cheap 'n Nasty ». Dans tous les cas, ce live, malgré ses défauts, est un incontournable pour les amateurs du groupe. 

Baptiste (7,5/10)

PS : On jettera ici un voile pudique sur le DVD du concert : images affreuses dont les couleurs bavent, cadrage incertain, nombre très limité de caméras. Cet enregistrement sans doute pensé pour une quelconque émission (au hasard Headbanger's Balls ?) n'avait sans doute pas pour objectif d'être un jour commercialisé. Il est joint au CD sans doute pour contrecarrer les producteurs de DVD pirates.

 

Frontiers / 2011

Tracklist (103:39) : 

CD 1 : 01. Slip Of The Tongue 02. Slide It In 03. Judgement Day 04. Slow An Easy 05. Kitten's Got Claws 06. Adagio For Strato 07. Flying Dutchman Boogie 08. Is This Love 09. Cheap An' Nasty 10. Crying In The Rain (featuring Tommy Aldridge drum solo)

CD2 : 01. Fool For Your Loving 02. For The Love Of God (Steve Vai) 03. The Audience Is Listening (Steve Vai) 04. Here I Go Again 05. Bad Boys 06. Ain't No Love In The Heart Of The City 07. Still Of The Night