Archive for août, 2011

AirRace – Back To The Start

Airrace_backStefano Perugino de Frontiers est un grand nécromant puisqu'il a réussi à faire revenir à la vie AirRace, un combo de AOR auteur en 1984 d'un seul et unique album (récemment réédité chez Candy Rock). Le groupe avait en effet très vite splitté à la suite d'une tournée désastreuse en première partie d'AC/DC (les bougres avaient eu le malheur de remplacer au pied levé Motley Crüe au plus grand mécontentement des fans qui le leur ont fait payer). Vingt-cinq ans après, les mages de Frontiers ont réussi leur rite de rappel à la vie puisque regroupé autour du guitariste Laurie Mansworth et du chanteur Keith Murrell, le groupe est de nouveau sur pied, même si cette fois Jason Bonham n'est pas de la partie.

Passer vingt-cinq ans sous terre ne donne que rarement une perspective novatrice, notamment artistique ; AirRace ne déroge pas à la règle. En effet à grand renfort d'influences glanées chez Journey (« Keep On Going »), Foreigner (« Two Of A Kind ») voire chez Trillion période Clear Approach (« Call Me Anytime »), le groupe assène une musique à la croisée de l'AOR et du Hard mélodique. Toutefois, une petite inflexion est sensible par rapport à leur premier disque, Shaft Of Light, le ton s'est durci et les guitares sont cette fois plus présentes que les claviers. On pouvait déplorer le son trop cotonneux du premier album : ici le reproche n'est pas de mise. Au niveau des compositions, l'ensemble reste très agréable, avec quelques titres forts (notamment les sus-cités), même si l'originalité est hors propos. Après vingt-cinq ans d'hibernation AirRace n'allait sans doute pas proposer du free jazz ! Cela eût été bien étonnant.

Baptiste (07/10)

 myspace.com/airraceband

Frontiers / 2011

Tracklist (43:24) :
01. Keep On Going 02. Two Of A Kind 03. When Baby 04. Call Me Anytime 05. So Long 06. Back to The Start 07. Just One Kiss 08. Wrong Way Out 09. One Step Ahead 10. Enough Of You Lovin 11. You Better Believe It 12. What More Do You Want From Me

 

Satan Jokers – Addictions

Satan Jokers mark II est donc un groupe stable, qui signe avec ce Addictions, son troisième opus en trois ans. SJ 2009 avait déjà posé les bases de cette nouvelle mouture dont – rappelons-le – Renaud Hantson est le seul membre originel : un hard rock chanté en français toujours très technique, mais dont les éléments de technicité s'étaient déplacés vers les parties lead et les harmonisations virtuoses, plus que vers les complexités rythmiques (malgré la présence d'un Pascal Mulot au rôle croissant). La fin du chant double, puisque Hantson se charge de toutes les parties vocales, instaurait une césure sur un autre point. Pour finir le son avait été clairement modernisé et s'avérait beaucoup plus puissant, faisant de Satan Jokers un groupe plus heavy que jadis. 

Le meilleur Satan Jokers ? 

Addictions ne change pas vraiment la donne, même si on remarquera cette fois que la basse de Mulot est bien plus mise en avant. Bondissante et tourbillonnante, elle participae plus nettement au son du disque (« Substance récompense » ou le très rapide « Appétit pour l'autodestruction »). Quant à Michel Zurita, sa technicité qui reste toutefois très mélodique, est un des autres points forts du disque. Si Renaud Hantson se charge de toutes les parties vocales et délaisse la batterie, on ne peut que constater que ce choix – peut-être douloureux – a été payant : ses lignes vocales sont ici franchement excellentes, le disque proposant un cocktail de refrains très très (j'insiste) accrocheurs, notamment sur « Euphorie », « Substance récompense » ou « Lune de Miel ». Globalement Addictions est un excellent disque de hard rock chanté en français et sans doute le meilleur de Satan Jokers toute époque confondue, notamment car il connaît très peu de moments faibles, tout en se montrant varié. 

Un thème fort

Mais l'essentiel n'est pas là, selon moi. Car le thème du disque qui transparaît à travers toutes chansons par les paroles est non seulement très fort mais le transcende directement pour en faire quelque chose de tout à fait mémorable. Ainsi « Une Semaine en enfer » aurait pu se contenter d'être juste une excellente power ballade mais elle est plus que cela. Le thème de la drogue et de l'addictions qui est à l'origine du disque est un élément essentiel. Il est un reflet de la vie de Renaud Hantson puisque celui-ci a entamé récemment une thérapie pour venir à bout d'une addiction à la cocaïne tenace avec le professeur Laurent Karila, celèbre addictologue.

De manière inattendue c'est de ce dernier – un grand fan de métal devant l'éternel – qui a proposé d'écrire des paroles retravaillées par la suite par Hantson. On y perçoit une très bonne connaissance de l'univers du toxicomane, ce qui nous permet de suivre au fil du disque la plupart des moments clés de l'histoire d'un drogué s'adonnant à la cocaïne. Le ton n'est pourtant pas du tout « clinique » car l'empathie du docteur est assez forte pour qu'il nous fasse réellement entrer dans un univers intime très spécifique – celui du toxicomane – en nous faisant parcourir toute la palette des sentiments éprouvés. Le tout n'est pas pour autant morbide, glauque ou moralisateur, mais se montre très prenant et participe pleinement du succès du disque. À recommander.

Baptiste (8,5/10)

 

XIII bis / 2011

Tracklist (48:15) : 1. Reine Cocaïne 2. Dealer (Docteur Vice) 3. Substance Récompense 4. Appétit pour l'autodestruction 5. Euphorie 6. Une Semaine en Enfer 7. L’Effet Parano 8. Detox 9. Lune de Miel 10. Mephedrone 11. Puzzle Cérébral 12. Chute, Rechute 13. Ma Vie sans

Arkona – Slovo

oshy_21082011_ArkoAprès la mise en bouche de l'EP Stenka Na Stenku (chronique ici) voici que les russes d'ARKONA avancent le plat principal sous la forme de Slovo, le sixième album des slaves. Et les premières mesures du disque sont très impressionnantes. L'argenterie est de sortir, les petits plats ont été mis dans les grands pour en mettre plein les oreilles à l'auditeur. Le résultat est très ambitieux et impressionne vraiment.
Ce nouveau chapitre s'ouvre sur « Az' », une très belle introduction instrumentale gorgée de feeling, les orchestrations sont magnifiques, fines et intelligentes. La cornemuse est de sortie et imprime la mélodie principale. Le ton monte crescendo, les chœurs rentrent dans la partie et font une belle transition vers le rugissement des guitares de la première chanson « Arkaim »". Comme sur Goi, Rode, Goi ! ARKONA s'est donné les moyens de ses ambitions et a fait appel au talent de nombreux artistes complémentaires. Et cela s'entend par l'impression de puissance, l'ampleur des compositions.

Avec Slovo, ARKONA frappe un grand coup et confirme son statut. Ils ont largement réussi à se hisser au niveau des meilleurs formations du genre. Les russes n'ont vraiment pas à rougir face aux ELUVITIE, ENSIFERUM ou SVARTSOT. Les arrangements sont très nombreux et complexes. On se trouve parfois devant de très belles parties orchestrales qui rappellent parfois THERION. L'utilisation de nombreux chœurs va aussi dans ce sens. Les mélodies sont finement travaillées pour obtenir l'impact maximum. La base rythmique est particulièrement solide, tantôt martiale tantôt furieuse à coup de blast beats, d'attaques doubles à la basse et de rythmique de guitares pachydermiques. 
Au niveau du chant, différents registres se mêlent et s'entremêlent avec réussite. La part du lion revient bien entendu à Maria (Masha) Scream Arhipova mais pas seulement. Les growls masculins énergisent les compositions et apportent un plus indéniables. Arhipova elle-même varie intelligemment son chant et parvient à faire passer beaucoup d'émotions. Le son et la production de l'album sont très soignés et souligne encore la qualité du travail accompli.
Plus que jamais via Slovo, ARKONA met l'accent sur la dimension épique de sa musique. On s'approche vraiment d'une bande originale de film avec des passages rapides et détonants puis des ambiances plus calmes afin de pouvoir reprendre son souffle. La dimension folklorique n'est pas non plus oubliée avec des introductions ou des moments plus doux à l'accordéon. L'originalité et la patte slave si spécifique permet à tout un chacun de tomber sous la charme.

Avec Slovo, ARKONA vient de réussi un très beau défi et inscrit durablement la Russie dans la carte du Pagan Folk Métal européen. Reste pour le groupe à encore améliorer ses prestations scéniques qui peuvent parfois s'avérer décevantes (cf notre live report du Hellfest de cette année 2011).

Oshyrya (08.5/10)

www.arkona-russia.com

myspace.com/arkonarussia

Napalm Records / 2011
Tracklist (57:30 mn) 01. Az' 02. Arkaim 03. Bol’no Mne 04. Leshiy 05. Zakliatie 06. Predok 07. Nikogda 08. Tam Za Tumanami 09. Potomok 10. Slovo 11. Odna 12. Vo Moiom Sadochke 13. Stenka Na Stenku 14. Zimushka