Archive for mars, 2012

Meshuggah – Koloss

Meshuggah n’est pas de l’étoffe des suiveurs. Plutôt que de se placer gentiment dans une des cases créées par ses prédécesseurs, les gars de Meshuggah se sont retroussé les manches et sont sortis du cadre, explorant ainsi de nouveaux horizons et se démarquant du reste de la scène Metal. Évidemment, qui dit originalité dit, dans son sillage, une nuée de clones plus ou moins efficaces. En quelque sorte, et pour oser une image que ne renierait pas Éric Cantona (que j’ai croisé ce matin à Bruxelles en allant au bureau, vrai de vrai) : Meshuggah est le chalutier suivi par des mouettes qui se disputent les déchets rejetés par-dessus-bord. Alors, l’annonce d’un nouvel album de Meshuggah fait toujours l’effet d’une sensation, d’un petit séisme, tout le monde attend avec impatience la nouvelle déflagration, et une seule question brûle les lèvres : jusqu’où iront-ils cette fois ?

Meshuggah a réussi à faire monter la pression, petit à petit, distillant ici et là quelques infos et deux morceaux qui, s’ils étaient indéniablement intéressants, ne me semblaient pas pour autant de grandes claques. Bon, il y a la touche Meshuggah, omniprésente, étouffante, mais le tout sonnait convenu, facile presque. Là où le groupe arrivait, sur ses efforts précédents, à créer en moi une sensation de tension, il me semblait ici en roue libre, accessible. Cependant, cela renforçait encore mon impatience : était-ce là l’annonce du déclin du Colosse ou au contraire un moyen, pour le groupe, de mieux nous prendre par surprise avec un album complet plus « orthodoxe » ?

Au final, je dirais : ni l’un, ni l’autre. Koloss est un album solide, et la majorité de la scène « Djent » (il faut bien utiliser ce qualificatif, faute de mieux), voire même son intégralité, est loin de ce niveau de maîtrise. Mais Meshuggah n’est pas n’importe quel membre de cette  scène, il en est le géniteur, le père fondateur, en constante évolution vers le haut depuis des années, et on pouvait donc attendre mieux, bien mieux. Or, nous avons ici un album qui, tout solide qu’il est, n’apporte aucune avancée par rapport à Obzen. Pis encore : le groupe semble s’être contenté de faire plus simple, plus dépouillé, plus accessible. Un Meshuggah light, en quelque sorte.

Doit-on leur reprocher cette évolution ou, au contraire, l’applaudir ? Tout dépendra de votre relation avec le groupe. Personnellement, mon cœur balance entre satisfaction et déception. Sans atteindre le niveau d’opus précédents, Koloss reste tout de même un, voire deux crans au-dessus de la concurrence. 

[8/10] Mister Patate

Site officiel : www.meshuggah.net
Myspace officiel : www.myspace.com/meshuggah

Nuclear Blast Records – 2012
Tracklist 1. I Am Colossus  2. The Demon's Name Is Surveillance 3. Do Not Look Down 4. Behind the Sun 5. The Hurt That Finds You First 6. Marrow 7. Break Those Bones Whose Sinews Gave It Motion 8. Swarm 9. Demiurge 10. The Last Vigil

 

Money, Sex & Power est déjà le troisième album des jeunes allemands, nés au début des années 90: oui, ce sont de petits gamins. A peine nés alors que les groupes de glam-metal/sleaze se mourraient, et pourtant ils ont décidé d'officier dans ce genre! Leurs albums précédents avaient plus de morceaux ou passages « heavy-metal », tout ce qu'ils en gardent sur Money, Sex & Power est un côté « oomphesque », aussi appelé hargneux-direct-dans-ta-face. Ca joue bien, le chanteur est très bon pour son âge, pas de note sur-aiguë pour vous tapper sur les nerfs: quand il fait une note c'est qu'il sait la faire, ça change dans un groupe de jeunes!

En soit, cet album a à peu près tout pour plaire: des riffs accrocheurs et efficaces (un peu kitschouilles parfois, mais je pense que ça fait partie de leur style, de ce qu'ils ont choisi de faire), de bons musiciens et une ambiance générale qui vous ferait sautiller un comateux. Mais, car je suis sure que vous sentiez venir le « mais » fatal, toutes les chansons sont construites suivant ce schéma, à peu près: une bonne intro, une bonne première moitié avec ce qu'il faut d'évolution etc., et la répétition du refrain + pre-refrain (et ses environs) dans la deuxième moitié, toute la deuxième moitié. D'où un côté assez répétitif qui gâche pas mal les choses, et c'est dommage: au lieu d'accrocher de bout en bout, on finit par lutter pour ne pas appuyer sur le bouton « suivante », tellement on a fini par comprendre de quoi ils parlent dans ce refrain à la noix… Une recherche d'efficacité peut-être, ou d'accroche facile en concert, parce qu'il est évident que tous ces titres ont avant tout été faits pour « balancer la sauce » sur scène… ou simplement mauvaise habitude germanique du « la musique de toute manière c'est surtout un bruit de fond pendant que l'on boit des coups avec les potes » (ahem). En tout cas ça gâche beaucoup le plaisir de l'écoute à la maison: dommage, il n'en fallait pas beaucoup plus pour faire de cet album un très bon album.

Site officiel: http://www.kissin-dynamite.de/
MySpace officiel: http://www.myspace.com/kissindynamiterocks

[07/10] Polochon

AFM Records – 2012
Tracklist (39:39) : 01. Money, Sex & Power 02. I Will Be King 03. Operation Supernova 04. Sex Is War 05. Club 27 06. Dinosaurs Are Still Alive 07. She's A Killer 08. Sleaze Deluxe 09. Ego-Shooter 10. Six Feet Under
Entretien avec Johannes Braun et Jim Müller.

Eklipse – A Night in Strings

Sans vouloir raconter ma vie, un peu désœuvré ce soir, je faisais le point et classais méticuleusement mes chroniques en attente. Je suis alors à nouveau tombé sur le mail d’annonce de ce premier album du groupe allemand EKLIPSE. Je dois avouer être admiratif de la construction marketing qui se déploie gracieusement sous mes yeux. Franchement c’est la classe et nos amis teutons sont décidemment trop forts. Ce n’était pas vraiment prévu mais comme je sens que la muse de l’inspiration m’habite désormais, je m'en vais rédiger dans la foulé cette chronique.

Alors voyons, un quatuor à cordes reprend des chansons célèbres, des standards, et les réinterprètent sous forme d’instrumentaux, sans fioritures, sans batterie… Bizarre, cela me rappelle quelque chose mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus. Les initiateurs de ce projets tout à fait original auraient-ils vécu dans une caverne depuis plus d'une décennie ? Auraient-ils pu manquer le phénomène APOCALYPTICA qui a connu un très gros succès en Europe et particulièrement en Allemagne ? On dirait bien, je ne peux imaginer qu’ils auraient ainsi osé pomper aussi lamentablement une telle idée.

Mais je suis décidemment mauvaise langue car il existe des différences. APOCALYPTICA c’est 4 garçons, EKLIPSE c’est 4 filles. Franchement c’est vachement mieux, elles ont toutes la vingtaine et elles sont super mignonnes. APOCALYPTICA a repris des classiques métal, EKLIPSE reprend à sa sauce des tubes pop/rock. Vous voyez bien, rien à voir en fait. Ah ah ah, je suis naïf, mes plus plates excuses pour ce procès d’intention. En tout cas, les producteurs ont vraiment mis tous les atouts de leurs côtés : les visuels sont très soignés, style gothique avec un soupçon d’érotisme (cuir, corset, lingerie, sado chic) et la biographie accompagnant le Cd annonce la diffusion prochaine de matériel « explicite ». De quoi plaire à la cible marketing des jeunes cadres dynamiques masculin. Soulignons quand même que les teutons se réveillent un peu tard car les russes de SILENZIUM exploitent déjà largement ce créneau des « jolies filles qui reprennent des tubes aux violons ».

Tout cela s’est bien beau, très brillant, strass et paillettes mais au fond et l’album dans tout ça ? Musicalement c’est un vrai boulevard, c’est archi facile. On connait tous quasiment par cœur ces tubes, les mélodies sont ultra-efficaces donc le résultat fait mouche. Presque tous les métalleux ont pleuré de bonheur en redécouvrant « Nothing Else Matters » ou « Refuse, Resist » interprétés par APOCALYPTICA ? Et bien là pareil, il est très agréable de retrouver « Home » (DEPECHE MODE), « In the End » (LINKIN PARK) ou « Clocks » (COLDPLAY) dans ces versions allégées, épurées. C’est beau et souvent assez touchant. Par contre le choix des reprises est très discutable, le fruit d’intérêts marketing avec du LADY GAGA, JUSTIN TIMBERLAKE, de célèbres thèmes de BO de films… Bref de quoi plaire à tous les publics de 7 à 77 ans.

J’espère que le public de NIGHTWISH sera compréhensif car sinon EKLIPSE, qui assure la première partie des finlandais en Europe, risque de souffrir. Mais avec leurs jolies minois et quelques poses lascives, tout devrait rentrer dans l’ordre. Je sais, je suis méchant mais franchement ce type de produit pré-maché et pré-digéré ne vole pas beaucoup plus haut que les produits made in TF1 ou M6. Helena, Viola, Miss E. et Scarlett, on vous devine talentueuses, maitriser un instrument comme le vôtre nécessite de très longues années de pratique alors, que venez-vous faire dans cette galère ? Un beau gâchis…

[03/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://www.e-k-l-i-p-s-e.com

MySpace Officiel: ***

FaceBook Officiel : http://www.facebook.com/eklipsemusic

 

2012, Mrs Green Records / Premium / Soulfood

Tracklist (48:46 mn) 01. Wonderful Life 02. In the End 03. New Moon-Theme 04. Home 05. Cry Me A River 06. Cloudbusting 07. Paparazzi 08. Run 09. Mumbai 10. Clocks